10.05.2013 - 10:19 - STÉPHANIE FERRÈRE
PLANÈTE FINANCE – L'ancien secrétaire général des Nations-Unies dévoile, aujourd’hui, au Cap pour le Forum économique mondial, un rapport sur la façon dont certains pays africains sont lésés dans la gestion de leurs ressources naturelles.
« La République démocratique du Congo (RDC) a perdu environ 1,4 milliard de dollars US de revenus en vendant des gisements de cuivre et de cobalt sous-évalués, contrôlés maintenant par Glencore Xstrata Plc et Eurasian Natural Resources Corp », affirme Kofi Annan, à la tête de l'Africa Progress Panel (APP), aujourd'hui, et repris par Bloomberg.
L'ENRC est l'un des principaux groupes de ressources naturelles spécialisés dans l'exploitation minière intégrée, la transformation, l'énergie, la logistique et les opérations de marketing, selon son site internet.
La Corporation opère au Kazakhstan, en Chine, en Russie, au Brésil et en Afrique (République démocratique du Congo, Zambie, Mozambique et Afrique du Sud).
Selon le rapport, il y aurait délit de « négociation opaque des concessions », rapporte The Financial Times.
L'ENRC aurait acquis des concessions au Congo via des véhicules offshore contrôlés par Dan Gertler, un homme d'affaires israélien proche du président Joseph Kabila. Ce dernier est soupçonné d'avoir joué un rôle central dans les transactions secrètes dans le pays riche en minéraux, au cours de la dernière décennie.
« La privatisation du secteur des minéraux de la RDC est en proie à une culture du secret, d'ententes informelles et d'allégations de corruption », souligne le rapport.
« Des concessions ont été vendues à des conditions qui semblent générer d'importants profits pour les investisseurs étrangers - la plupart d'entre eux sont inscrits dans des centres offshore -avec des pertes proportionnelles pour les finances publiques du pays ».
Pour l'heure, Dan Gertler nie le fait que les actifs aient été sous-évalués et a défendu le prix d'achat comme ayant eu lieu à une période d'instabilité au Congo, lorsque personne ne voulait acheter. L'ENRC a déclaré que toutes les acquisitions réalisées depuis son premier appel public à l'épargne en 2007 avaient suivi les « meilleures pratiques de réglementation et de conseil approprié ».
Si le journal Le Monde souligne l'important travail de Kofi Annan de chiffrer pour la première fois l'impact de ce pillage, il précise néanmoins qu'il avait déjà donné l'alerte en octobre 2010 et n'hésite pas à railler l'hypocrisie soudaine de La City.
La publication du rapport intervient à un moment délicat pour l'ENRC. Le groupe basé au Kazakhstan fait l'objet d'une enquête du Serious Fraud Office (SFO) britannique, concernant des allégations de fraude et de corruption, en Afrique et au Kazakhstan.
Un autre revers pour ENRC. Fin avril, la Deutsche Bank et Morgan Stanley, qui ont recommandé l'introduction en bourse, ont démissionné à titre de courtiers pour ENRC, dont le cours a perdu près de la moitié de sa valeur au cours des 12 derniers mois