Des milliers de personnes ont manifesté dimanche soir à Times Square à New York, au lendemain de l'acquittement très controversé d'un agent de sécurité qui avait tué en Floride l'an dernier un adolescent noir, Trayvon Martin. De nombreux manifestants arboraient des pancartes avec le portrait de l'adolescent de 17 ans, tué en février 2012 par George Zimmerman.![f25c045f815d8d79e4931f3a8ea0af091ff451c4_1671111_465x348[1]]()
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Certains avaient choisi, en dépit de la canicule, de porter un sweatshirt à capuche, en mémoire de l'adolescent. Beaucoup disaient leur colère face à l'acquittement, certains leurs inquiétudes. "J'ai peur d'avoir un fils qui me ressemble" expliquait une manifestante noire.
Les protestataires s'étaient réunis en début d'après-midi à Union square, dans le sud de Manhattan. De plusieurs centaines, ils sont devenus plusieurs milliers, qui ont remonté dans la soirée la 6e avenue, pour se rendre à Times Square sous forte surveillance policière.
"Le peuple dit +coupable+", scandaient les manifestants. "Nous voulons la justice, et nous la voulons maintenant". "Je suis consternée", confiait Carli VanVoorhis, une jeune coiffeuse de 21 ans. "Le gamin n'était pas armé, et l'homme avec l'arme à feu s'en sort. Si nous disons que ce n'était pas une question raciale, nous nous mentons à nous-même. C'est une affaire dont nous nous souviendrons dans 50 ans", ajoute-t-elle.
Dans la foule qui scande "pas de justice, pas de paix", de nombreux noirs, mais aussi des blancs et des hispaniques.
"Emprisonnez les racistes, pas les jeune noirs", lit-on sur une pancarte. "Zimmerman est un terroriste" affirme une autre. "Nous avons un gros problème racial, et nous avons un autre problème avec les armes à feu", explique un intervenant, Rodney Rodriguez. "Si Zimmerman n'avait pas eu d'arme, il n'aurait pas pu tuer Trayvon Martin". "Nous sommes tous Trayvon. Tout le système est coupable", affirment de nombreuses pancartes. Dans la foule un manifestant porte un tee-shirt sur lequel est écrit "Je suis noir, s'il vous plaît ne tirez pas". "Nous sommes là parce que nous sommes en colère et nous sommes inquiets", explique Derreck Wilson, 46 ans, venu de Harlem avec un portrait en pied de l'adolescent. "C'est cathartique", ajoute-t-il, très déçu de la décision du jury. "C'étaient six femmes, dont cinq mères", s'indigne-t-il. "Nous avons tous les mêmes désirs", dit-il encore. "Je veux que mon fils puisse rentrer à la maison le soir".
Rhada Blank est elle aussi venue de Harlem avec des amies. A l'énoncé du verdict, elle dit avoir envisagé de quitter les Etats-Unis. "Aujourd'hui, je ne me sens pas bien d'être Américaine", explique-t-elle.
"Les gens pensent qu'on a avancé, parce qu'Obama est devenu président. Mais ce verdict montre qu'on n'a pas dépassé la question raciale. Il nous reste un long chemin à faire", ajoute cette ancienne éducatrice qui écrit pour le théâtre.
"Le verdict montre les peurs qui existent toujours aujourd'hui. La peur du jeune noir", regrette-t-elle.
L'affaire Zimmerman a opposé depuis ses débuts ceux qui pensent que l'agent de sécurité de 29 ans -- dont le père est blanc et la mère péruvienne -- a tué le jeune noir par racisme, et ceux qui sont convaincus qu'il s'agissait d'un cas de légitime défense.
L'affaire Zimmerman a opposé depuis ses débuts ceux qui pensent que l'agent de sécurité de 29 ans -- dont le père est blanc et la mère péruvienne -- a tué le jeune noir par racisme, et ceux qui sont convaincus qu'il s'agissait d'un cas de légitime défense.
Plusieurs autres manifestations de protestation ont eu lieu dimanche, notamment à Chicago, Philadelphie, Washington, Atlanta ou encore San Franciso.
Par Guylain Gustave Moke
WordPress/AFP