Jamais, mais alors jamais depuis 1982, critique de la gouvernance politique, économique et sociale du pays n'a encore égalé celle connue sous le célébrissime vocable "Lettre des 13 Parlementaires". Ni à la Cns entre 1991 et 1992, ni au Dialogue intercongolais entre 2001 et 2003, les Congolais n'ont réussi une production aussi rationnelle, aussi "bétonnée". Faisant partie des signataires, Etienne Tshisekedi passe pour l'un de ses rédacteurs. Paradoxalement, lorsqu'à partir du 24 avril 1990 l'occasion fut donnée à l'Udps de s'en servir comme arme de combat politique, le lider maximo se fourvoya plutôt dans la personnalisation de la nouvelle lutte, réduisant de ce fait le projet de société et le programme de gouvernement de son parti au départ du maréchal. Au final, le Mobutu releva le défi qu'il s'était lancé de ne jamais voir son ex-mentor de devenir Chef d'Etat. Peu sont d'ailleurs maintenant ses chances de l'être. Kamerhe lui emboîte le pas...
A la base de l'infortune de ces deux Opposants : la haine à l'état brut, sur fond de colère et de mépris !
Tous les propos d'Etienne Tshisekedi à l'égard de Mobutu entre le 24 avril 1990 et le 16 mai 1997 se caractérisaient par ce cocktail. Tout dirigeant Udps qui osait traiter le maréchal avec un langage modéré était d'office soupçonné de trahison.
Ainsi, des hommes d'Etat de la trempe de Lihau et Kibassa étaient considérés comme de vrais opposants lorsqu'ils appliquaient l'Abc de la colère, de la haine et du mépris du Dr Tshisekedi. Ils voyaient leurs notes "dégradées" dès qu'ils commençaient à adoucir leur intransigeance. Ainsi, d'autres hommes d'Etat de la trempe de Ngalula, M'Bwankiem etc. n'avaient pas voix au chapitre. Ils ne vouaient pas le maréchal aux gémonies.
Une redoutable machine à diaboliser (Presse rouge) veillait sur le comportement des uns et des autres, prête à descendre en enfer tout cadre du parti ou du regroupement sur lequel était pointé l'index assassin.
On aura d'ailleurs constaté qu'au cours de la Transition conflictuelle, le lider maximo - comme s'il se méfiait des Udépésiens - préférait s'appuyer sur des Jeunes Turcs qui n'étaient pourtant pas de son parti : Olengankoy des Fonus, Kinkela et Kabamba du Front patriotique, Badibangi de Gs etc. Des francs-tireurs. L'autre dirait des "Moudjahidin".
Un jour, si Dieu le veut, un des survivants témoignera du système ayant à sa tête Etienne Tshisekedi dans le rôle d'Ayatollah !
Dans bien des cercles politiques avisés de l'Opposition, l'on commençait tout de même à s'étonner du double langage du lider maximo. Alors que le parti prônait la non-violence, Tshisekedi posait des actes de nature à éloigner de la démocratie avidement recherchée la lutte politique pour la conquête du pouvoir. D'où l'atomisation de l'Union sacrée (premier regroupement des forces du changement) qui, en cinq ans, donna naissance à l'Usor, à Usoral et à l'Usoras.
La veille de la prise du pouvoir par l'Afdl, l'Udps - gagnée elle-même par les démons de la séparation - prit la décision de ne plus jamais évoluer dans un regroupement.
A dire vrai, le parti venait de réaliser la vanité de son combat focalisé sur la personnalisation de la diabolisation. Lointaine conséquente du ressaisissement, la fronde des 33 députés Udps qui ont défié en 2012 le lider maximo en s'en allant siéger à l'Assemblée nationale révèle l'existence d'une lame de fond vengeresse qui monte en puissance. Au demeurant, si Tshisekedi a cessé de se considérer "président de la République" pour redevenir chef du parti, c'est pour sauver ce qu'il peut (encore) sauver.
Il fuit le terrain où on l'attend
L'Unc, sous la direction de Vital Kamerhe, a sa lame de fond en mouvement lent mais sûr. Simplement parce que son président focalise lui aussi son combat sur la diabolisation de la personne de Joseph Kabila Kabange. Elle a décrété comme position fondamentale la disqualification de tout ce que entreprend le Chef de l'Etat depuis 2009.
Seulement voilà : si Tshisekedi peut se vanter d'avoir fait le procès de la gestion Mobutu dans la "Lettre des 13 Parlementaires"à mettant à contribution ses 22 ans de relations avec le futur maréchal (1960-1982), Kamerhe, lui, ne peut même pas brandir un document similaire résultant de ses 8 ans de relations avec le Raïs (2001-2009).
Aussi, réduit-il à son tour au départ du Raïs le projet de société et le programme de gouvernement de son parti. Fuyant subtilement le terrain sur lequel les observateurs avertis l'attendent, entendez la macro-économie, de peur de rencontrer des collègues aguerris comme Matata Ponyo ou Mukoko Samba, il se sent à l'aise dans l'exhibition des rapports monétaires, économiques et financiers produits par le Fmi et certaines ONG.
Les observateurs avisés constatent que même lorsqu'il lui arrive de se prononcer sur des questions relevant de la sécurité ou des infrastructures érigées ou en érection dans le cadre des 5 Chantiers, il est souvent à côté de la plaque; sa critique étant constamment mue par la colère, la haine et le mépris.
On peut supposer qu'à l'aller comme au retour de ses nombreux voyages à l'étranger (où il s'en va plaider pour la résolution de la crise de l'Est selon l'un de ses porte-voix), il ne voit pas les transformations en cours à l'aéroport international de N'djili, encore moins sur le boulevard Lumumba, pour ne prendre que ces exemples. Preuve que même lorsqu'il se rendra à Goma ou à Bukavu dans le cadre de sa fameuse caravane de la paix, il verra tout, sauf les transformations en cours de la voirie et du boom immobilier.
Tout ce que l'Unc y a trouvé, c'est du verbiage !
Il est vrai qu'en politique, on ne se fait pas de cadeaux. Mais, la politique, c'est d'abord l'art de concilier les exigences de la réalité avec celles de la vérité. En politique, l'évidence rend grands ceux qui ont l'esprit la grandeur et décadents ceux qui ont l'esprit de décadence. Les partisans et les sympathisants suivent la Grandeur ou la Décadence prônées par leurs leaders.
A un internaute congolais qui a voulu attribuer au seul Martin Kobler, chef de la Monusco, la victoire militaire sur le M.23 parce que ne voulant pas honorer Joseph Kabila, chef des Fardc, un autre internaute congolais a eu la répartie juste en insinuant que c'est encore Martin Kobler qui a recrutés et équipé les militaires congolais, c'est encore lui qui planifié les opérations sur le terrain. Cet internaute ne se souvient même plus que Kamerhe a félicité Mamadou Ndala tandis qu'Ewanga a jeté des fleurs à François Olenga. A moins que, par miracle, ces deux officiers soient aussi du contingent de la Brigade d'intervention.
Heureusement que la Monusco a, elle-même, fait preuve d'honnêteté en rétablissant, par la voix de son n°2 Abdallah Wafu, la vérité des faits. En effet, parlant des Fardc, il a déclaré au cours du point de presse hebdomadaire de la Mission onusienne que l'on " ne doit pas les priver de leur succès. Je dois tout simplement me réjouir de l'appui et du soutien que nous avions apporté aux FARDC. Mais, cette victoire est en elle-même une victoire des FARDC" ! L'internaute contestataire est, on s'en doute,kamerhiste !
Conséquence malheureuse : il n'a pas retenu du discours sur l'état de la Nation du 15 décembre 2012 l'appel lancé par le Chef de l'Etat en vue du réaménagement du mandat de la force onusienne "afin de le mettre en phase avec les réalités du terrain", cela dans le cadre des " discussions actuellement en cours au Conseil de Sécurité des Nations Unies (...)".
Il n'a pas retenu, non plus, du discours prononcé le 25 septembre 2013 à la 68ème assemblée générale ordinaire de l'Onu l'observation faite par le Chef de l'Etat à cette institution " de traiter tous les Etats membres avec la même rigueur et d'exiger de chacun le strict respect des principes de la Charte des Nations Unies", d'autant plus que " Dénoncer la violation de ces principes est certes une bonne chose ; mais sanctionner ceux qui les violent est de loin meilleur", "Surtout quand la violation est établie, persistante et répétitive".
L'Unc y a trouvé que du verbiage pendant que la Communauté internationale commençait à prêter une oreille attentive aux revendications légitimes de la RDC !
Colère ? Haine ? Mépris ?
Et c'est la même Unc qui, à l'annonce des Concertations nationales, va pousser des cris d'orfraie pour réclamer le dialogue national évoqué dans la Résolution 2098 du Conseil de sécurité et s'employer à évoquer tous azimuts l'Accord-cadre d'Addis-Abeba, allant jusqu'à dénier au Président Joseph Kabila - unique signataire dudit accord pour la RDC - le droit de convoquer ces assises.
L'Unc aura au moins reçu de la communauté internationale la réponse méritée : la présence de la délégation du Conseil de sécurité de l'Onu à la cérémonie de clôture des Concertations nationales et celle de la présidente de la Commission africaine (aux côtés du Président Denis Sassou N'Guesso du Congo-Brazzaville) au congrès convoqué à la suite de ces assises.
C'est la preuve que la communauté internationale saisit 5/5 les signaux que lance l'Unc dont celui de s'inscrire dans le schéma conflictuel avec pour protagonistes Kabila et Kamerhe, à l'image de la transition conflictuelle Mobutu-Tshisekedi dont on connaît les effets collatéraux produits sur le pays avec le délitement de l'Etat.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Kamerhe, à l'instar de Tshisekedi des années 1990-1997, est prêt à ce que ça pète de partout, pourvu que Joseph Kabila parte !
Aussi, aux yeux des décideurs ayant mis près d'un quart de siècle à réaliser les erreurs d'appréciation commises en 1990 en laissant Tshisekedi détourner le combat pour la démocratie par le règlement des comptes avec le maréchal, Kamerhe se présente en placement non crédible pour l'avenir de la RDC. Comme Tshisekedi après la Cns.
Si la colère est mauvaise conseillère, si la haine qui rend aveugle, si le mépris étouffe tout sentiment humain, on ne voit pas comment se fierait-on à un parti ou à un chef de parti dont le projet de société et le programme de gouvernement se résume à un cocktail de colère, de haine et de mépris !
Les démineurs savent ce qu'il en font de pareil cocktail : au mieux, ils le dérèglent en le démontant ; au pire, ils le font carrément exploser.
Dans les deux cas, on le rend inoffensif pour préserver la sécurité publique.
Omer Nsongo die Lema