- PUBLIÉ LE 4 DÉCEMBRE 2013
Les vendredi 6 et samedi 7 décembre, 37 chefs d'Etat et de gouvernement de 42 pays africains vont se retrouver autour de leur homologue français François Hollande pour le 20ème sommet France-Afrique. Même le Soudan et le Zimbabwe y seront représentés en dépit de l'absence des présidents de ces deux pays considérés comme indésirables par la communauté internationale. Cela prouve à suffisance que ce forum revêt une importance capitale tant pour la France que pour l'Afrique.
Les relations entre Paris et le continent africain ont pris un coup d'accélérateur avec l'institution annuelle de ces assises qui, au départ, ne concernaient que les pays francophones avant de s'étendre aux autres pays. Ce mariage est devenu par la force des choses indissoluble. Aucun chef d'Etat français ne peut s'amuser aujourd'hui à remettre en cause ces liens qui unissent la France et le continent africain. L'histoire démontre que les présidents socialistes, une fois au pouvoir, se démarquent vite de leurs discours qu'ils tiennent lorsqu'ils sont dans l'opposition. A ce propos, nous nous souviendrons de François Mitterrand. Très critique envers la Françafrique, il n'a pas tardé à succomber aux mêmes tentations que ses prédécesseurs. Les chefs d'Etat africains qui étaient dans son collimateur lorsqu'il se trouvait dans l'" autre camp "étaient devenus ses grands amis au grand désappointement des opposants qui croyaient que Mitterrand les aiderait à se débarrasser de ces dictateurs. Comble de tout, le fils à papa du nom de Jean Christophe Mitterrand, a fini par être nommé ministre chargé de la Coopération. Lorsqu'on connaît ce que vaut ce poste dans les relations France-Afrique, l'on n'a qu'à vite conclure et comprendre pourquoi F. Mitterrand a ainsi jeté son dévolu sur son propre fils.
Cet exemple pris à la volée démontre à suffisance par-dessus tout que les relations franco-africaines sont construites sur des fondements qui dépassent une certaine objectivité. De là nous pouvons nous demander à juste titre si Paris peut se passer du continent noir ou vice versa ? Cela est d'autant plus vrai que lorsqu'on analyse les investissements de la France en Afrique par rapport aux autres pays occidentaux, l'on peut vite déduire que les deux parties sont condamnées à cohabiter quelles que soient les circonstances. La France et l'Afrique se trouvent ainsi dans la position d'un couple dont on ne peut pas envisager une quelconque séparation.
Les événements survenus dernièrement au Mali dans la partie Nord de ce pays et ce qui se passe en ce moment en Centrafrique montrent à quel point la France constitue un partenaire incontournable pour les Africains. Si l'armée française n'était pas vite intervenue au Nord Mali, cette partie du pays serait peut-être encore jusqu'aujourd'hui entre les mains des Islamistes rétrogrades. La Centrafrique est actuellement au bord de l'implosion sociale étant donné les atrocités qui s'y commettent par différentes factions armées qui n'obéissent qu'à leurs instincts bestiaux. Une fois de plus, Paris est à l'avant-plan. Grâce à sa légion militaire qui vient d'atterrir à Bangui, il est presque certain que dans les jours à venir, les bandes armées seront anéanties et ce pays va retrouver la quiétude.
Cependant, en dépit de ces relations privilégiées entre l'Hexagone et l'Afrique, la génération actuelle des Africains se demande, non sans raison, à quoi auront servi tous ces sommets. C'est bien beau que les chefs d'Etat de France et d'Afrique puissent se retrouver chaque année pour échanger en vue du progrès africain. Mais si sur le terrain rien de concret n'est observable, il y a de quoi se poser des questions sur le sens à donner à ces forums. L'autre question est celle de savoir à qui incombe la faute si les vœux exprimés lors de différentes assises ne sont pas traduits en actes ?
C'est à ce niveau qu'il faut interpeller la conscience des chefs d'Etat du continent noir qui répondent souvent nombreux à l'invitation de leur homologue français. Qu'est-ce qui les empêche de sortir tant soit peu leurs pays du marasme économique et social dans lequel ils se trouvent à cause généralement de leur mal gouvernance ? Aujourd'hui par exemple, certains chefs d'Etat sont l'objet d'instruction judiciaire en France parce que soupçonnés de détournements d'importantes sommes d'argent au détriment de leurs pays, sommes qu'ils ont logées dans des banques françaises alors que leurs compatriotes croupissent dans une misère noire.
Jusqu'à quand l'Afrique continuera-t-elle avec sa politique de la main tendue ? Jusqu'à quand le continent noir sera -t-il un éternel assisté ? Dans notre monde, c'est celui qui a la poche garnie qui se permet le tout jusqu'à humilier l'assisté. Pour preuve, en juin 1989, lors du sommet de La Baule, François Mitterrand n'a-t-il pas brûlé la politesse à ses hôtes en déclarant sans gêne : " Il y aura une aide normale de la France à l'égard des pays africains, mais il est évident que cette aide sera plus tiède envers ceux qui se comporteraient de façon autoritaire, et plus enthousiaste envers ceux qui franchiront, avec courage, ce pas vers la démocratisation ".
Comment réagiraient aujourd'hui les chefs d'Etat présents à l'Elysée si le président Hollande leur tenait un tel langage proche de l'admonestation ? La coopération est inévitable mais nous devons garder haut l'étendard de notre souveraineté en nous prenant en charge quand il le faut.
Rombaut Ot