Le 12/12/2013

Le Ministre de l’Intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières, Richard Muyej Mangez Mans a été pour la nième fois devant les Députés nationaux. Il a répondu hier, mardi 11 décembre 2013, en plénière, à la question orale avec débat sur les ‘‘tueries’’ de Kuluna à Kinshasa.
Le Député Bertrand Ewanga, auteur de cette question, a voulu savoir, entre autres, l’ordonnateur de la ‘‘tuerie’’ sommaire et sans jugement de 15 de ces jeunes délinquants. Il a regretté la manière dont cette ‘‘exécution’’ sommaire a été opérée et ce, malgré la gravité des faits par eux commis. Se référant à la loi fondamentale, l’UNC Ewanga a fait savoir que même l’Etat n’a pas le droit de porter atteinte à la vie d’un citoyen. L’Honorable Ewanga a demandé au Ministre Muyej d’expliquer aux Députés, en vertu de quelles dispositions Constitutionnelles légales il s’est donné le droit de ‘‘tuer’’ les kuluna, sans jugement. Enfin, le Ministre devrait dire si l’Etat congolais n’avait pas de responsabilité sur la naissance et l’ampleur prise par ce fléau ?
Dans ses éléments de réponse, le Ministre a, d’entrée de jeu, tenu à préciser trois choses. La constitution n’autorise a qui que ce soit de porter atteinte à la vie d’un citoyen. En second lieu, il a soutenu que l’ordre n’a pas été donné de tuer quelqu’un dans l’opération «Likofi» et, en troisième lieu, il a indiqué que la naissance du banditisme urbain appelé Kuluna constitue un phénomène complexe qui tire ses origines de diverses contradictions enregistrées dans notre société depuis quelques décennies. Il a rappelé que les services chargés de la sécurité publique ont lancé, il y a plus de trois semaines, une vaste opération «Likofi» (traduisez coup de poing). Cette opération, qu’il a initiée, a pour objectif d’éradiquer ce phénomène de criminalité qui se développe dans les villes et grandes agglomérations du pays et qui se caractérise par les actes de banditisme en bandes organisées : vol, viol, voie de faits, consommation de stupéfiants, extorsion, vandalisme etc. Selon lui, ces délictueux utilisent les armes blanches voire des armes à feu. «Tel que nous le savons tous, les kuluna défient l’Autorité de l’Etat et constituent une sérieuse menace à la paix sociale, à l’ordre public et à la cohésion nationale », a déclaré le Ministre, avant de relever qu’ils empoisonnent le climat dans la ville.
Mettre fin au phénomène kuluna
Déterminé à y mettre fin, le Ministre de l’intérieur a monté un plan en terme de mesures préventives, répressives et correctives ainsi que la réinsertion sociale. Il a indiqué qu’en dépit des tentatives limitées sous forme de bouclage, de réinsertion et de récupération professionnelle en dehors de Kinshasa, le phénomène kuluna n’a fait que s’amplifier. Au point de saper les efforts entrepris et porter atteinte à la sureté et à la sécurité du pays. Voilà le sens, a-t-il dit, de la mise en œuvre de l’opération «Likofi». C’est une démarche conçue par les ministères de l’intérieur et de la justice et droits humains. «Cette opération est le fruit d’un plan stratégique de lutte contre les kuluna qui comprend la constitution et la formation d’une unité antigang et l’actualisation de la cartographie sécuritaire dans la ville de Kinshasa», a révélé le Ministre Muyej. L’ANR, a-t-il indiqué, a produit un document où il a répertorié toutes les écuries de kuluna à Kinshasa, avec des adresses précises. Il a ajouté qu’il y a augmentation de sous commissariat dans les zones à haut risque.
Résultat de l’opération «Likofi»
Depuis sa mise en application, renseigne le Ministre de l’Intérieur, plus de 100 personnes ont été interpellées parmi lesquelles il y a des mineures qui sont envoyés au tribunal pour enfant. Il y a, aussi, des bandits qui tuent, attaquent des magasins et résidences. Les services spécialisés sont à pied d’œuvre pour démanteler tous les réseaux de malfaiteurs. Brazzaville a déjà rapatrié plus de 40 kuluna en fuite. Une sévère mise en garde a été lancée par le Ministre contre quiconque entretiendrait les Kuluna. Les statistiques de l’opération ‘‘Likofi’’ font état de 669 kuluna interpellés, 349 déférés au parquet, 67 relaxés, 28 mineures arrêtés, 23 mineures transférés au juge naturel, 5 mineures relaxés, 5 policiers interpellés et déférés devant la justice, 5 audiences foraines et 225 dans les maisons d’arrêts. Tout compte fait, a dit le ministre, il y a eu mort d’homme.
Dans le débat, les Députés nationaux ont soutenu la poursuite de l’opération «Likofi» et ont souhaité que le gouvernement puisse entrevoir la possibilité de la rééducation.
La Pros.