La réunion d’évaluation de l’accord-cadre d’AddisAbeba sur la paix, la sécurité et le développement de l’Est de la RDC et la région des Grands Lacs réserve bien de surprises. La principale surprise est le sort attendu sur Rwanda, particulièrement, quant à ses engagements pour la paix par rapport à cet accord. Un récent rapport d’enquête de l’ONU le met, en effet, en sérieuse difficulté. Kigali est, en effet, de nouveau pris la main dans le sac en soutenant la réorganisation du M23 en vue de nouvelles attaques contre la RDC.
Washington est monté au créneau pour condamner cette attitude, tandis que des parlementaires britanniques ont demandé au Gouvernement londonien de sanctionner Kigali. Hier à une réunion du Conseil de sécurité, le représentant permanent de la RDC a vertement tancé son homologue rwandais et dénonce le double langage du Rwanda« qui dit oui, mais pense non ». IgnaceGataMavita a également dénonce l’arrogance de Kigali qui fait obstacle à recherche concertée de la paix.
En retour, le diplomate Rwanda s’est perdu dans une agitation qui n’a eu d’égal que, justement, l’arrogance que venait de dénoncer son homologue congolais. Mais face à toutes les évidences de la mauvaise foi du Rwanda qui, depuis toujours, se pose en obstacle à la paix dans les Grands Lacs, les regards sont à nouveau tournés vers la communauté internationale, particulièrement l’ONU, qui a parrainé l’accord-cadre d’AddisAbeba. Jusqu’à quand continuera-t-elle dans sa commisération en faveur du Rwanda ?
Parcours sans faute pour la RDC
Pour sa part, la RDC peut se satisfaire d’avoir eu un comportement exemplaire en faisant droit à tous ses engagements pris dans cet accord. Kinshasa est, en effet, en plaine réforme de son armée et de ses services de sécurité pour renforcer l’autorité de l’Etat et assurer efficacement la défense du territoire national. Le Gouvernement congolais a aussi contribué à la fin de la guerre en défaisant le M23 sur terrain jusqu’à obtenir, sur papier, sa disparition.
De même, le Gouvernement a produit un projet de loi d’Amnistie tel qu’il s’était engagé dans sa déclaration de Nairobi, tandis qu’un programme de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) a déjà été élaboré.
Enfin, le Président de la République a organisé les concertations nationales qui se sont voulu un cadre de dialogue pour la réconciliation et la cohésion nationale.
Le bilan catastrophique du Rwanda
En retour, quel bilan Kigaliapporte-t-il de ses engagements ? Tout ce que l’on retient est la poursuite de son soutien au M23, tandis que, très récemment, un émissaire onusien a déploré l’absence des libertés d’expression et d’association qui rend impossible toute forme de contrepoids au pouvoir de Paul Kagamé. L’autre bilan c’est cet assassinat, officiellement revendiqué par Paul Kagamé en personne, de PatrickKaregeya, preuve de l’intolérance du pouvoir de Kigali qui compte aussi de nombreux prisonniers politiques dans ses geôles.
On n’oublie, par ailleurs, pas le fait que le Rwanda a accueilli sur son sol les éléments du M23, allant ainsi à l’encontre de ses engagements.
Enfin, JakayaKikwete, Président de la Tanzanie, avait été avant-gardiste en appelant à la tenue des dialogues politiques au Rwanda et en Ouganda. On connaît la suite que Kigali y a réservée, avec son arrogance habituelle.
C’est ce tableau d’ensemble que la communauté internationale devrait considérer pour prendre les dispositions qui s’imposent si l’on veut vraiment le retour de la paix dans les Grands Lacs.
Pascal DebréMpoko