Nouveau gouverneur du Kasaï Occidental : Alex Kande, après le
plébiscite … les défis
Enfin, le Kasaï Occidental a un nouveau gouverneur, en la personne
d’Alex Kande Mupompa. Il a obtenu 44 voix sur les 47 députés
provinciaux ayant pris part à l’élection du gouverneur et
vice-gouverneur, organisée hier jeudi 13 décembre dans l’avant-midi à
Kananga par la Ceni, en vue de combler le vide laissé à la tête de la
province à la suite de la déchéance d’Hubert Kabasubabu en juin
dernier. Son colistier s’appelle Deller Kawino Ndongo, ancien
secrétaire exécutif du PPRD/Tshikapa.
Bénéficiaire d’un indiscutable plébiscite avec 93% des suffrages
exprimés, il reste maintenant au nouveau gouverneur de faire face aux
nombreux défis qui l’attendent à la tête d’une province dépourvue de
tout.
Premier défi : réconciliation
Alex Kande n’ignore pas que sa province est minée par de vives
tensions tant ouvertes que latentes entre fils et filles
ouest-kasaïens. Lui-même en fut victime à un moment, particulièrement
dans l’affaire du chef Luandanda.
Il faut aussi signaler dans ce chapitre des sentiments d’inimitié
développés par certains acteurs politiques de la province au point de
ne pas se parler. Et la cohabitation difficile entre les leaders des
districts de la Lulua et du Kasaï, à cause de la mauvaise distribution
des cartes de postes dirigeants par ceux qui en avaient le privilège,
etc.
Pire encore, les conflits au Kasaï Occidental ont même touché le
pouvoir coutumier, où certains chefs traditionnels se comportent en
chiens de faïence face à leurs homologues. Idem en ce qui concerne le
monde religieux.
Bref, Alex Kande a cette lourde responsabilité de réconcilier les
fils et filles du Kasaï Occidental pour qu’ils se mettent ensemble
afin de reconstruire leur province, aujourd’hui en état de
délabrement.
Mais, grâce à son comportement non conflictuel, le nouveau gouverneur
qui n’a apparemment pas de barrière, parce que causant avec les uns et
les autres, peut puiser dans ce gros avantage pour approcher les «
frères ennemis » d’hier en vue de leur prêcher l’évangile de la
réconciliation et de l’unité. Cela, en leur montrant que chacun peut
faire beaucoup de choses dans son domaine ou fief en vue de contribuer
à l’émergence de la province.
Deuxième défi : infrastructures
Le Kasaï Occidental, à l’instar de la plupart des provinces du pays,
n’a pas d’infrastructures. Celles héritées majoritairement de la
colonisation, sont en état de délabrement général.
Pas de routes de desserte agricole ou celles qui reliaient hier les
territoires et districts, ou encore qui connectaient la province à
d’autres du pays. Dans la foulée, on peut rappeler la longue voie qui
allait de Tshimbulu à Ilebo, en passant par le chef-lieu Kananga. Tout
comme la route qui a connu un intense trafic de Tshikapa à Mbuji Mayi,
via Kananga. Même chose en ce qui concerne la route qui desservait le
territoire de Luiza (grenier agricole) et Dibaya.
Quant à la voirie urbaine, on ne peut rouler sur 3 kms asphaltés sans
qu’il ait des trous dans la ville de Kananga. De grandes artères à
l’instar de l’avenue Lulua ou Révolution, route Ilebo … sont devenues
impraticables. Difficile d’y rouler avec une voiture.
Alors que tous les Congolais avaient vécu en live les engins dits de
cinq chantiers qui avaient fait une forte démonstration le 30 juin
2008, lors des festivités marquant le 48ème anniversaire de notre
indépendance, où sont-ils partis ?
Le nouveau gouverneur a le devoir de faire un état des lieux et dire
à ses frères et sœurs la vérité pour ne pas endosser la responsabilité
des « péchés » qu’il n’a pas commis. Cela permettra de bien répartir
en imposant une gestion plus proche des gouvernés.
Cette triste réalité de sous-développement concerne aussi bien le
secteur de l’éducation que celui de la santé. La plupart des écoles de
réputation n’existent à ce jour que de nom. Les bâtiments sont dans un
état de délabrement très avancé. Même chose pour ce qui est des
institutions sanitaires.
Troisième défi : Katende ou rien !
Maintes fois le début des travaux annoncé, avec pompe avec la
descente sur le terrain du chef de l’Etat Joseph Kabila au lendemain
des festivités de l’indépendance, le barrage hydroélectrique de
Katende demeure toujours un slogan. Il est loin de devenir réalité.
Or, dans le monde moderne, on ne peut jamais prétendre au
développement sans énergie électrique.
Faut-il rappeler, à ce sujet, plusieurs tentatives notamment
l’initiative de la CODESKO – CODEKOR vers les années 90, la décision
du gouvernement Muzito, jusqu’à la pose à deux reprises de la première
pierre par Joseph Kabila? Malgré tout, Katende reste une chimère pour
les Ouest-Kasaïens, tout comme pour leurs frères du Kasaï Oriental.
Il y a de bonnes raisons d’espérer qu’Alex Kande va réchauffer le
dossier de cette œuvre tant attendue, étant lui-même d’abord homme
d’affaires, avant de faire la politique.
Car, le progrès de la province avec à l’affiche l’investissement en
dépend. C’est ici que le nouveau gouverneur devra également faire
appel au sens managérial pour attirer les investisseurs tant nationaux
qu’étrangers à venir s’installer dans la province en vue d’exploiter
les nombreuses potentialités dont elle regorge.
Cette démarche devra aussi inclure les ressortissants de la province
ayant des possibilités au pays ou à l’étranger, mais qui n’ont
jusqu’ici posé aucun geste d’investissement au bercail.
Dom