RDC: les drones de l’ONU livrent leurs premières images
(RFI 07/02/14)
Deux mois après la mise en service des premiers drones, le Conseil de sécurité des Nations unies a pu visionner les premières images recueillies par ces appareils de surveillance déployées au-dessus de la région de Goma. Les membres du Conseil ont visionné un film censé montrer la pertinence de ce déploiement.
Une moto qui circule sur un chemin de terre, un groupe de gens assis sur le seuil d’une maison, un homme qui creuse le sol : ces images d’une précision étonnante ont été capturées à plus de 4 000 mètres d’altitude par l’un des drones de surveillance de l’ONU, au-dessus de Goma. La vidéo de six minutes est une démonstration destinée à montrer aux membres du Conseil de sécurité l’utilité des drones déployés en RDC depuis le 3 décembre 2013.
Equipés de caméras infrarouges détectant les sources de chaleur, ces appareils pilotés depuis un centre de commandement de l’ONU à Goma peuvent voir la nuit, par temps couvert et sous une certaine épaisseur de forêt. Deux mois après le lancement de deux premiers drones, les officiels onusiens ne tarissent pas d’éloges sur ce nouvel instrument. « Nous pouvons voir les mouvements des personnes observées, leurs activités. Si vous restez au-dessus d’une certaine zone, les drones permettent de transmettre des informations en temps réel. Cela est très utile pour renseigner nos forces sur le terrain sur la position des groupes armés et leur permettre de se déployer pour empêcher une attaque », avance Nick Birnback, le porte-parole du département des opérations de maintien de la paix à New York.
Précision étonnante
Les drones peuvent détecter sans problème les armes portées par les combattants. Il est même possible, grâce à la signature thermique, de déterminer le point d’origine d’un tir de mortier. « Pour l’instant, nous faisons voler les appareils à basse altitude. Le but est de se faire entendre et de dire aux groupes armés que nous sommes là. Nous cherchons un effet dissuasif », confie l’un des responsables du programme. En prenant de l’altitude, le bourdonnement de cet œil invisible sera imperceptible.
L’ONU est déjà capable d’observer avec précision les mouvements des groupes armés et les déplacements de civils et des réfugiés. « Si nous avions eu cet outil lors de la prise de Goma, nous aurions pu voir et anticiper tous les mouvements du M23 », regrette le militaire. La nuit, les drones observent également des colonnes humaines traverser la frontière vers le Rwanda, sans doute chargées des précieux minerais exploités dans les Kivu et exportés illégalement.
Renforcement du dispositif
Le programme est encore en phase de test. Un appareil a été endommagé le 15 janvier suite à un atterrissage mal contrôlé. « Une simple erreur de pilotage », se rassure-t-on à l’ONU. Deux appareils sont actuellement en service. Ils seront cinq au mois d’avril. L’ONU s’est assuré les services d’une société italienne qui fournit les appareils, la maintenance et le pilotage des drones.
Le feu vert au déploiement de ces drones a été difficile. L’ONU a dû surmonter la réticence d’Etats membres suspicieux à l’idée de voir l’organisation s’équiper de moyens de surveillance. Les drones ne peuvent être déployés qu’avec l’accord du pays concerné.
Les drones sont peu coûteux. Ce programme est évalué à 15 millions de dollars par an. A peine 1% du budget global de la Monusco, la force de l’ONU en RDC, forte de plus de 20 000 hommes. « Les drones ne sont pas une solution miracle, mais cela permet à nos forces d’avoir plus d’impact là où c’est nécessaire, assure Nick Birnback convaincu que le maintien de la paix est entré dans l’ère moderne ».
Déjà les officiels onusiens parlent de l’étendre ce programme à d’autres terrains, au Soudan du Sud ou en Centrafrique si une mission de maintien de la paix doit y voir le jour.
Par Karim Lebhour