Chers compatriotes,
Amis (amies) de la RDCongo,
Paix chez vous!
Il est difficile de comprendre Monsieur le journaliste quand on ne comprend pas la mentalité des gens qui tournent autour du pouvoir à Kinshasa, laquelle mentalité est, malheureusement, devenue la mentalité congolaise. L’idée essentielle du journaliste consiste à disqualifier VKamerhe dans ses ambitions par toutes les voies, y compris le fait qu’il n’ait pas volé pour bâtir routes, écoles, hôpitaux, hôtels et autres apparats de richesse ici et là en RDCongo et, surtout, au Kivu. Car, en RDCongo, le pouvoir consiste à subtiliser les biens de l’État à ses fins. Plus on a du pouvoir, plus on peut ainsi nuire… Tout ce dont il se rassure, en contrepartie, est que quelqu’un paie l’œuvre anti-patrie de ses écrits tendancieux pendant ce temps.
Monsieur, on le comprend bien, est à l’aise avec ces chefs d’État et ministres africains qui, partout où ils passent, distribuent de l’argent du contribuable à ses fanatiques. Chaque œuvre étatique qui, en fait, n’est qu’une obligation administrative simple, passe pour du mécénat. Ceci nous conduit à ces gestions opaques des finances publiques, ce qui favorise la naissance et l’entretien d’une maffia locale qui, pour sa survie, sollicite une maffia internationale qui la protège d’en haut. Comme corolaires, on a des contrats léonins, des compagnies secrètes, des fonds cachés dans les paradis fiscaux… Dans ce dangereux processus surprotégé par la grande maffia, on paupérise son peuple pour une richesse personnelle dont on risque de ne jamais jouir entièrement. On n’a qu’à penser aux seuls huit millions que la Suisse avait trouvé pour la famille Mobutu, lui qu’on disait posséder plus de dix milliards en comptes à
l’étranger. Et, comme l’État congolais ne s’en est pas intéressé, contrairement aux Philippines dans le cas Marcos, même les huit millions volés au peuple zaïro-congolais ont fini par atterrir entre les mains des héritiers du Voleur (moyennant soutien politique !).
Pour revenir au fameux « Diagnostic prémonitoire », monsieur le journaliste qui, quand on se réfère à la « facturation » de LMende, doit être certainement choyé par des individus au pouvoir mais visiblement contre l’intérêt supérieur de la Nation, essaie on ne sait par quels mécanismes de la pensée d’ôter la faute où elle est pour la transférer ailleurs.
Ici, je ne veux aucunement dire que VKamerhe n’a pas d’ambition ni qu’il ne parle pas beaucoup certaines fois. Il se pourrait même que sa façon de faire ou d’être puisse heurter les intérêts ou les sentiments de certains milieux. Il se pourrait qu’il soit un individu si excentrique qui ne verrait que lui dès qu’il pense au poste le plus élevé de la Nation… Tout ceci est légitime ; c’est le Citoyen, s’il lui est permis de jouer son rôle, qui le sanctionnera le jour venu. Un journaliste se préoccuperait, me semble-t-il de ce qui heurte l’intérêt public, sans parti-pris. Cette approche le conduirait, pareillement, à éplucher les actes du pouvoir qui heurtent l’intérêt public et leur motivation. On ne peut pas être « journaliste de quelqu’un » tout en demeurant journaliste. On peut, quand on n’est pas griot, devenir un chroniqueur de… ou tout autre production médiatique que du journalisme.
Des erreurs de VKamerhe qui le disqualifierait de ses prétentions, aucune ne tient. Sauf pour le système. La première, la plus grossière dans la perspective du journaliste porte sur ce qu’on appelle erronément « affaire Moleka ». Il n’existe aucune « affaire Moleka » ; c’est une construction. Je m’explique.
L’élection est une question d’intérêt public. C’est une des institutions qui participent au fonctionnement démocratique dans un pays. Elle est supposée être une organisation indépendante (de la chose politique) et autonome (de l’administration publique qui, elle, est le prolongement de l’activité gouvernementale). Dans son autonomie, elle gère ses activités, y compris les écarts (ou fautes) qui s’y présentent. Une faute électorale, qui est une faute d’intérêt public ne devrait aucunement se retrouver entre individus devant des cours de droit commun. C’est une surcharge inutile des cours. Tout problème électoral devrait être résolu par l’institution, avec prévision d’une révision judiciaire et un recours en appel devant une cour compétente appropriée, ici la Cour constitutionnelle, pour une partie qui se dit lésée.
Pourquoi ceci ? C’est simple et cela ne demande pas une grosse tête, ni un « journaliste ». Ma mère et beaucoup d’autres hommes et femmes qui n’ont jamais été à l’école le comprendraient facilement. L’affaire Moleka, si elle en était une, présuppose que Moleka, tout comme toute candidate et candidat, qui se sentirait attaqués personnellement – réputation, etc. – pour un commentaire relatif au processus électoral pourrait saisir la Cour ordinaire contre n’importe qui (tout ce monde qui grouille autour d’une élection et même le commun de la Cité !) aurait ouvert sa bouche en ce sens. Alors, il n’y aurait pas suffisamment de policiers, de juges, d’avocats, de tribunaux… dans tout le pays. Et que ferait cette personne contre les observateurs étrangers (saisir le Conseil de sécurité) ? Face à une catastrophe apocalyptique du genre, nous n’avons d’autre choix que de revenir à ce qui est sensé.
Quand on se porte candidat ou candidate à une élection, on sait qu’on ne va pas enseigner ni planter des choux. On postule, auprès des électeurs, à un emploi public : devenir député national. Cela a ses exigences et procédures. Cela a ses conséquences également, y compris le risque que le vote ne se passe pas bien à un endroit donné. Cela ne doit même pas être de la responsabilité d’un candidat, mais du processus tout court. Des noms peuvent être cités ici et là ; c’est une action publique d’intérêt public. C’est donc dans la normale. Dire qu’il y a eu fourrage de bulletin ici et là n’est pas une responsabilité individuel mais du système. C’est à lui de mener des enquêtes et d’en déclarer le résultat. Un individu, Moleka, soit-il ne peut s’approprier ce processus, le personnaliser et se trouver une cause en diffamation.
Pour avoir une cause présentable en cour, une règle s’impose : avoir de l’intérêt. Un intérêt personnel distinct. Moleka n’a pas d’intérêt personnel distinct qui lui donne une cause personnelle contre qui que ce soit dans un processus public électoral. La dite « affaire Moleka » aurait, en réalité, dû être traitée comme une « procédure abusive (du système électoral) et vexatoire (contre l’accusé) » et par conséquent rejetée. Soutenue par une « puissante main noire » (politique ou financière), elle aurait été considérée comme une poursuite-bâillon : poursuivre afin de faire taire une (ou des) revendication légitime. C’est à ce constat sur lequel un homme raisonnable aurait du aboutir dans l’affaire Moleka et recommander à ce que le régime abandonne cette sorte de tactique. Car, s’il est tellement imbu de son pouvoir qu’il n’en voit plus les limites, il ne faudrait pas que les idéologues aveugles de
ce pouvoir accusent l’Union européenne ou d’autres pouvoirs d’ingérence. Il faut noter qu’en régime démocratique, il est presque impossible à une personne qui brigue ou exerce un mandat public de prouver une cause en diffamation dans l’exercice de ses activités. Raison ? Personne ne veut décourager la vigilance du public, à travers les médias surtout, sur la chose publique. Ainsi, par exemple, si madame Julie Gayet peut avoir gain de cause pour bris de sa vie privée, Hollande n’en peut rien.
Secundo, comme disait le journaliste : « la location de la résidence officielle du ministère de l’Information et Presse ». Cette affaire, s’il y en a une, est venue révéler le cafouillage dans la gestion des biens de l’État congolais. Déjà dire qu’un ministre du gouvernement, le porte-parole, organise une conférence de presse pour une gestion simple d’un logement est rabaissant pour tout le pays et les personnes et institutions impliquées. Cette « affaire » montre combien ce régime est accroc aux biens de l’État. Je revois cet ambassadeur respectable qui, pour se défendre d’une fausse accusation venue d’un internaute au fait qu’il aurait vendu une propriété d’une ambassade, déclina que toute l’opération était faite avec la bénédiction ou la main de la présidence ! On voit encore feu Sakombi souffrant aux mains d’un certain Zoé Kabila pour une résidence de l’État congolais. On peut encore voir que deux
ex-épouses de LDKabila continuent d’occuper une « résidence officielle » qu’habitait LDKabila… Bref, faire déguerpir VKamerhe ou quiconque d’une résidence doit être une opération de gestion régulière des biens de l’État et non d’une mesure politique. C’est la conception de cette gestion qui élève une simple gestion régulière d’immeubles de l’État en une mesure politique ; pas VKamerhe. Tout citoyen, dans sa situation particulière, s’en serait plaint sans que cela n’alerte l’opinion publique dans une situation de gestion normale régulière.
Tercio, ce qui est appelé « récupération politicienne de l'initiative dite " Caravane de la paix"». À moins qu’on ne soit dans un État stalinien où chaque citoyen a un surveillant, tout individu a le droit de se déplacer dans son pays. Pas besoin de permissions si ce n’est que, dépendamment de ce qu’il compte faire où il va, quelques mesures administratives locales peuvent s’appliquer. La centralisation à outrance est ce qui apparaît dans les interdictions répétitives de voyage. Nous savons que les provinces ont des « gouvernements » provinciaux complets. Il ne servirait donc à rien de tout expliquer à Kinshasa si on respecte les juridictions provinciales. On parle de « décentralisation » mais il me semble que Kinshasa centralise plus qu’avant. Le pouvoir à Kin paraît sincèrement atteint de paranoïa. Et les victimes ne se compte plus, n’est-ce pas ! C’est cette crainte citoyenne qu’un journaliste devrait creuser
pour éveiller l’autorité aux risques prévisibles… Aussi, rappeler que la Place de l’indépendance se trouve entièrement dans la zone urbaine d’Ibanda et non à l’intersection des trois zones urbaines de Bukavu. J’ai également l’impression que les agents présents auraient amplement suffit pour jouer à la « police de la circulation routière » au lieu de tirer sur l’accueil paisible d’un chef politique ; petit ou grand soit-il !
Quarto, juste frôler une vidéo sur Youtube, par « Baraza la Kongo », à la « Ngbanda ». Parmi les autres causes d’inéligibilité de Sieur VKamerhe, un témoignage singleton à l’effet que le père (et non la mère) serait un rwandais de Cyangugu. Eh bien, deux constats : (1) de par sa mère seule, il serait entièrement un citoyen congolais d’origine ; (2) toujours curieux de savoir où les contradicteurs de VKamerhe mettent leur raisonnement quand un seul témoin, qui a du mal à parler de l’individu et visiblement étranger aux Shi mais aussi jeune pour parler du père Kamerhe, peut suffire pour contredire les millions de son bassin électoral !!!
Quinto, un « By the Way », une certaine rédaction a parlé de « Diaspora utile ! » ; ce qui suppose évidemment une inutile. De ce qui est rapporté d’utile – divers investissements – je crois que seuls les gros arbres ont été vus ; pas la forêt. La Banque mondiale ne rapporte-t-elle pas souvent que la diaspora congolaise renvoie plus d’argent en RDCongo que tous les autres partenaires, y compris la Banque mondiale elle-même ? C’est une question de choix des membres de la Diaspora. Celui-ci investit dans les immeubles, celle-là dans l’éducation des enfants de la famille, cet autre dans la santé et le bien-être des parents vieillissants, souvent sans retraite, etc. L’essentiel, c’est de penser à ses racines quand on en a les moyens… Parlant de moyens, ce n’est pas souvent chose facile ! D’où aussi le fait que la même plume, pour être juste, équitable et compatissant, aurait pu parler des difficultés, des
prisonniers… du bon monde bien intentionné mais qui sont tombés dans les mailles d’un système pas toujours humaniste. Et ce monde, car congolais, devrait obtenir de l’assistance de l’État congolais : les services consulaires. Les plus vulnérables d’entre nous devraient obtenir l’assistance de l’État congolais ; c’est ce qui fait la force des grands États. La fierté étatique, c’est cela ; pas les millions cachés dans les paradis fiscaux ! Et, croyez-moi, ceux qui cachent des millions dans des paradis fiscaux ne font jamais la fierté de leurs États. Ils finissent, quant ils sont « chanceux », comme le président ukrainien.
Enfin, dire que nous sommes nombreux, très nombreux, d’avoir manqué le point dans ce qu’on appelle les « agitations de VKamerhe ». En fait, « agitations » par rapport à quoi ? C’est par rapport à l’action étatique… Suivez-moi, s’il vous plaît, dans la pensée. L’État n’est pas un individu quelconque ; c’est une superstructure citoyenne. C’est le pouvoir suprême que le citoyen confie solennellement, directement ou indirectement, à un ensemble d’institutions : gouvernement ou exécutif (premier ministre et/ou président) pour l’administration ; parlement (une ou deux chambres) pour légiférer et surveiller les actes gouvernementaux) et le Judiciaire pour l’interprétation des lois et l’arbitrage juridictionnel entre les institutions. L’État est au service du citoyen et doit expliquer, sauf exception majeure (les raisons d’État !), tous ses actes à ce dernier. Au lieu donc de demander des comptes à un
citoyen (ou un groupe de citoyens), VKamerhe soit-il, c’est toujours à l’État qu’il faut imposer cette obligation. Un citoyen a le droit d’agir, même contre l’État, mais il revient à l’État d’expliquer ses actions ou ses omissions dès qu’il est impliqué dans la vie du citoyen. Pourquoi ? Parce qu’il existe un principe d’équité qui veut qu’on protège, d’abord et toujours, la partie la plus vulnérable lors d’une altercation. C’est pour cela, par exemple, que même en matière criminelle où le citoyen est soupçonné d’avoir commis un crime, l’État doit lui assurer un avocat. Cette obligation n’existe pas en matière civile qui, généralement, engage des « parties égales en droit ».
Merci beaucoup pour votre patience et votre temps précieux !
Mastaki Bayange 24fév2014
Amis (amies) de la RDCongo,
Paix chez vous!
Il est difficile de comprendre Monsieur le journaliste quand on ne comprend pas la mentalité des gens qui tournent autour du pouvoir à Kinshasa, laquelle mentalité est, malheureusement, devenue la mentalité congolaise. L’idée essentielle du journaliste consiste à disqualifier VKamerhe dans ses ambitions par toutes les voies, y compris le fait qu’il n’ait pas volé pour bâtir routes, écoles, hôpitaux, hôtels et autres apparats de richesse ici et là en RDCongo et, surtout, au Kivu. Car, en RDCongo, le pouvoir consiste à subtiliser les biens de l’État à ses fins. Plus on a du pouvoir, plus on peut ainsi nuire… Tout ce dont il se rassure, en contrepartie, est que quelqu’un paie l’œuvre anti-patrie de ses écrits tendancieux pendant ce temps.
Monsieur, on le comprend bien, est à l’aise avec ces chefs d’État et ministres africains qui, partout où ils passent, distribuent de l’argent du contribuable à ses fanatiques. Chaque œuvre étatique qui, en fait, n’est qu’une obligation administrative simple, passe pour du mécénat. Ceci nous conduit à ces gestions opaques des finances publiques, ce qui favorise la naissance et l’entretien d’une maffia locale qui, pour sa survie, sollicite une maffia internationale qui la protège d’en haut. Comme corolaires, on a des contrats léonins, des compagnies secrètes, des fonds cachés dans les paradis fiscaux… Dans ce dangereux processus surprotégé par la grande maffia, on paupérise son peuple pour une richesse personnelle dont on risque de ne jamais jouir entièrement. On n’a qu’à penser aux seuls huit millions que la Suisse avait trouvé pour la famille Mobutu, lui qu’on disait posséder plus de dix milliards en comptes à
l’étranger. Et, comme l’État congolais ne s’en est pas intéressé, contrairement aux Philippines dans le cas Marcos, même les huit millions volés au peuple zaïro-congolais ont fini par atterrir entre les mains des héritiers du Voleur (moyennant soutien politique !).
Pour revenir au fameux « Diagnostic prémonitoire », monsieur le journaliste qui, quand on se réfère à la « facturation » de LMende, doit être certainement choyé par des individus au pouvoir mais visiblement contre l’intérêt supérieur de la Nation, essaie on ne sait par quels mécanismes de la pensée d’ôter la faute où elle est pour la transférer ailleurs.
Ici, je ne veux aucunement dire que VKamerhe n’a pas d’ambition ni qu’il ne parle pas beaucoup certaines fois. Il se pourrait même que sa façon de faire ou d’être puisse heurter les intérêts ou les sentiments de certains milieux. Il se pourrait qu’il soit un individu si excentrique qui ne verrait que lui dès qu’il pense au poste le plus élevé de la Nation… Tout ceci est légitime ; c’est le Citoyen, s’il lui est permis de jouer son rôle, qui le sanctionnera le jour venu. Un journaliste se préoccuperait, me semble-t-il de ce qui heurte l’intérêt public, sans parti-pris. Cette approche le conduirait, pareillement, à éplucher les actes du pouvoir qui heurtent l’intérêt public et leur motivation. On ne peut pas être « journaliste de quelqu’un » tout en demeurant journaliste. On peut, quand on n’est pas griot, devenir un chroniqueur de… ou tout autre production médiatique que du journalisme.
Des erreurs de VKamerhe qui le disqualifierait de ses prétentions, aucune ne tient. Sauf pour le système. La première, la plus grossière dans la perspective du journaliste porte sur ce qu’on appelle erronément « affaire Moleka ». Il n’existe aucune « affaire Moleka » ; c’est une construction. Je m’explique.
L’élection est une question d’intérêt public. C’est une des institutions qui participent au fonctionnement démocratique dans un pays. Elle est supposée être une organisation indépendante (de la chose politique) et autonome (de l’administration publique qui, elle, est le prolongement de l’activité gouvernementale). Dans son autonomie, elle gère ses activités, y compris les écarts (ou fautes) qui s’y présentent. Une faute électorale, qui est une faute d’intérêt public ne devrait aucunement se retrouver entre individus devant des cours de droit commun. C’est une surcharge inutile des cours. Tout problème électoral devrait être résolu par l’institution, avec prévision d’une révision judiciaire et un recours en appel devant une cour compétente appropriée, ici la Cour constitutionnelle, pour une partie qui se dit lésée.
Pourquoi ceci ? C’est simple et cela ne demande pas une grosse tête, ni un « journaliste ». Ma mère et beaucoup d’autres hommes et femmes qui n’ont jamais été à l’école le comprendraient facilement. L’affaire Moleka, si elle en était une, présuppose que Moleka, tout comme toute candidate et candidat, qui se sentirait attaqués personnellement – réputation, etc. – pour un commentaire relatif au processus électoral pourrait saisir la Cour ordinaire contre n’importe qui (tout ce monde qui grouille autour d’une élection et même le commun de la Cité !) aurait ouvert sa bouche en ce sens. Alors, il n’y aurait pas suffisamment de policiers, de juges, d’avocats, de tribunaux… dans tout le pays. Et que ferait cette personne contre les observateurs étrangers (saisir le Conseil de sécurité) ? Face à une catastrophe apocalyptique du genre, nous n’avons d’autre choix que de revenir à ce qui est sensé.
Quand on se porte candidat ou candidate à une élection, on sait qu’on ne va pas enseigner ni planter des choux. On postule, auprès des électeurs, à un emploi public : devenir député national. Cela a ses exigences et procédures. Cela a ses conséquences également, y compris le risque que le vote ne se passe pas bien à un endroit donné. Cela ne doit même pas être de la responsabilité d’un candidat, mais du processus tout court. Des noms peuvent être cités ici et là ; c’est une action publique d’intérêt public. C’est donc dans la normale. Dire qu’il y a eu fourrage de bulletin ici et là n’est pas une responsabilité individuel mais du système. C’est à lui de mener des enquêtes et d’en déclarer le résultat. Un individu, Moleka, soit-il ne peut s’approprier ce processus, le personnaliser et se trouver une cause en diffamation.
Pour avoir une cause présentable en cour, une règle s’impose : avoir de l’intérêt. Un intérêt personnel distinct. Moleka n’a pas d’intérêt personnel distinct qui lui donne une cause personnelle contre qui que ce soit dans un processus public électoral. La dite « affaire Moleka » aurait, en réalité, dû être traitée comme une « procédure abusive (du système électoral) et vexatoire (contre l’accusé) » et par conséquent rejetée. Soutenue par une « puissante main noire » (politique ou financière), elle aurait été considérée comme une poursuite-bâillon : poursuivre afin de faire taire une (ou des) revendication légitime. C’est à ce constat sur lequel un homme raisonnable aurait du aboutir dans l’affaire Moleka et recommander à ce que le régime abandonne cette sorte de tactique. Car, s’il est tellement imbu de son pouvoir qu’il n’en voit plus les limites, il ne faudrait pas que les idéologues aveugles de
ce pouvoir accusent l’Union européenne ou d’autres pouvoirs d’ingérence. Il faut noter qu’en régime démocratique, il est presque impossible à une personne qui brigue ou exerce un mandat public de prouver une cause en diffamation dans l’exercice de ses activités. Raison ? Personne ne veut décourager la vigilance du public, à travers les médias surtout, sur la chose publique. Ainsi, par exemple, si madame Julie Gayet peut avoir gain de cause pour bris de sa vie privée, Hollande n’en peut rien.
Secundo, comme disait le journaliste : « la location de la résidence officielle du ministère de l’Information et Presse ». Cette affaire, s’il y en a une, est venue révéler le cafouillage dans la gestion des biens de l’État congolais. Déjà dire qu’un ministre du gouvernement, le porte-parole, organise une conférence de presse pour une gestion simple d’un logement est rabaissant pour tout le pays et les personnes et institutions impliquées. Cette « affaire » montre combien ce régime est accroc aux biens de l’État. Je revois cet ambassadeur respectable qui, pour se défendre d’une fausse accusation venue d’un internaute au fait qu’il aurait vendu une propriété d’une ambassade, déclina que toute l’opération était faite avec la bénédiction ou la main de la présidence ! On voit encore feu Sakombi souffrant aux mains d’un certain Zoé Kabila pour une résidence de l’État congolais. On peut encore voir que deux
ex-épouses de LDKabila continuent d’occuper une « résidence officielle » qu’habitait LDKabila… Bref, faire déguerpir VKamerhe ou quiconque d’une résidence doit être une opération de gestion régulière des biens de l’État et non d’une mesure politique. C’est la conception de cette gestion qui élève une simple gestion régulière d’immeubles de l’État en une mesure politique ; pas VKamerhe. Tout citoyen, dans sa situation particulière, s’en serait plaint sans que cela n’alerte l’opinion publique dans une situation de gestion normale régulière.
Tercio, ce qui est appelé « récupération politicienne de l'initiative dite " Caravane de la paix"». À moins qu’on ne soit dans un État stalinien où chaque citoyen a un surveillant, tout individu a le droit de se déplacer dans son pays. Pas besoin de permissions si ce n’est que, dépendamment de ce qu’il compte faire où il va, quelques mesures administratives locales peuvent s’appliquer. La centralisation à outrance est ce qui apparaît dans les interdictions répétitives de voyage. Nous savons que les provinces ont des « gouvernements » provinciaux complets. Il ne servirait donc à rien de tout expliquer à Kinshasa si on respecte les juridictions provinciales. On parle de « décentralisation » mais il me semble que Kinshasa centralise plus qu’avant. Le pouvoir à Kin paraît sincèrement atteint de paranoïa. Et les victimes ne se compte plus, n’est-ce pas ! C’est cette crainte citoyenne qu’un journaliste devrait creuser
pour éveiller l’autorité aux risques prévisibles… Aussi, rappeler que la Place de l’indépendance se trouve entièrement dans la zone urbaine d’Ibanda et non à l’intersection des trois zones urbaines de Bukavu. J’ai également l’impression que les agents présents auraient amplement suffit pour jouer à la « police de la circulation routière » au lieu de tirer sur l’accueil paisible d’un chef politique ; petit ou grand soit-il !
Quarto, juste frôler une vidéo sur Youtube, par « Baraza la Kongo », à la « Ngbanda ». Parmi les autres causes d’inéligibilité de Sieur VKamerhe, un témoignage singleton à l’effet que le père (et non la mère) serait un rwandais de Cyangugu. Eh bien, deux constats : (1) de par sa mère seule, il serait entièrement un citoyen congolais d’origine ; (2) toujours curieux de savoir où les contradicteurs de VKamerhe mettent leur raisonnement quand un seul témoin, qui a du mal à parler de l’individu et visiblement étranger aux Shi mais aussi jeune pour parler du père Kamerhe, peut suffire pour contredire les millions de son bassin électoral !!!
Quinto, un « By the Way », une certaine rédaction a parlé de « Diaspora utile ! » ; ce qui suppose évidemment une inutile. De ce qui est rapporté d’utile – divers investissements – je crois que seuls les gros arbres ont été vus ; pas la forêt. La Banque mondiale ne rapporte-t-elle pas souvent que la diaspora congolaise renvoie plus d’argent en RDCongo que tous les autres partenaires, y compris la Banque mondiale elle-même ? C’est une question de choix des membres de la Diaspora. Celui-ci investit dans les immeubles, celle-là dans l’éducation des enfants de la famille, cet autre dans la santé et le bien-être des parents vieillissants, souvent sans retraite, etc. L’essentiel, c’est de penser à ses racines quand on en a les moyens… Parlant de moyens, ce n’est pas souvent chose facile ! D’où aussi le fait que la même plume, pour être juste, équitable et compatissant, aurait pu parler des difficultés, des
prisonniers… du bon monde bien intentionné mais qui sont tombés dans les mailles d’un système pas toujours humaniste. Et ce monde, car congolais, devrait obtenir de l’assistance de l’État congolais : les services consulaires. Les plus vulnérables d’entre nous devraient obtenir l’assistance de l’État congolais ; c’est ce qui fait la force des grands États. La fierté étatique, c’est cela ; pas les millions cachés dans les paradis fiscaux ! Et, croyez-moi, ceux qui cachent des millions dans des paradis fiscaux ne font jamais la fierté de leurs États. Ils finissent, quant ils sont « chanceux », comme le président ukrainien.
Enfin, dire que nous sommes nombreux, très nombreux, d’avoir manqué le point dans ce qu’on appelle les « agitations de VKamerhe ». En fait, « agitations » par rapport à quoi ? C’est par rapport à l’action étatique… Suivez-moi, s’il vous plaît, dans la pensée. L’État n’est pas un individu quelconque ; c’est une superstructure citoyenne. C’est le pouvoir suprême que le citoyen confie solennellement, directement ou indirectement, à un ensemble d’institutions : gouvernement ou exécutif (premier ministre et/ou président) pour l’administration ; parlement (une ou deux chambres) pour légiférer et surveiller les actes gouvernementaux) et le Judiciaire pour l’interprétation des lois et l’arbitrage juridictionnel entre les institutions. L’État est au service du citoyen et doit expliquer, sauf exception majeure (les raisons d’État !), tous ses actes à ce dernier. Au lieu donc de demander des comptes à un
citoyen (ou un groupe de citoyens), VKamerhe soit-il, c’est toujours à l’État qu’il faut imposer cette obligation. Un citoyen a le droit d’agir, même contre l’État, mais il revient à l’État d’expliquer ses actions ou ses omissions dès qu’il est impliqué dans la vie du citoyen. Pourquoi ? Parce qu’il existe un principe d’équité qui veut qu’on protège, d’abord et toujours, la partie la plus vulnérable lors d’une altercation. C’est pour cela, par exemple, que même en matière criminelle où le citoyen est soupçonné d’avoir commis un crime, l’État doit lui assurer un avocat. Cette obligation n’existe pas en matière civile qui, généralement, engage des « parties égales en droit ».
Merci beaucoup pour votre patience et votre temps précieux !
Mastaki Bayange 24fév2014