01/03/14 /REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)
La RDC semble en passe de renouer avec ses succès passés dans le domaine du cuivre et a, dans ce domaine, la voie libre pour consolider sa place de leader en Afrique., mais cela ne se perçoit guère dans les recettes de ‘Etat, ni dans le quotidien des Congolais. Pourquoi ? D’autre part, le « nouveau gouvernement » et la course à la Primature continuent d’inspirer la manchette des journaux de Kinshasa. Certains titres vont jusqu’à annoncer que les prélats catholiques seraient également intéressés.
Mines
Après les années sombres de la Générale des carrières et des mines (Gecamines), la RDC vient de renouer avec le succès dans le secteur minier au point d’égaler sa voisine, la Zambie, en termes de production de cuivre, constate Le Potentiel qui titre «Mystère sur les revenus du cuivre congolais ».
En effet, forte de 920. 000 tonnes de cuivre produites en 2013, selon les chiffres officiels du gouvernement, la RDC a la voie libre pour consolider sa place de leader en Afrique. Or, fait remarquer ce quotidien, cette embellie minière n’est pas perceptible dans le budget de l’Etat. Un mystère que le gouvernement a du mal à élucider alors que les revenus des opérateurs privés du secteur explosent.
Ce record, jamais réalisé dans l’histoire minière de la RDC, suggère une amélioration sensible du quotidien des Congolais au regard de l’enviable taux de croissance fixée à 8,5% en 2013. La part des mines dans les recettes de la République ne dépassant guère les 10% du budget national, Le Potentiel se demande qui bénéficie du fruit de la bagatelle de 6 milliards USD tirés pour la seule année 2013 dans le secteur minier ? Quelle serait alors la voie de sortie ? « Elle n’est pas loin en tout cas. Car pour que l’Etat tire profit de l’embellie minière, principalement dans le cuivre et le cobalt, il doit se jeter dans la pâture en s’investissant dans la production, au lieu de se contenter de maigres perceptions fiscales.
En son temps, la Gecamines parvenait à couvrir 70% des ressources budgétaires. Cette époque est pour l’instant révolue ; l’Etat congolais ayant depuis le Code minier de 2002 décapité la Gecamines en concluant des partenariats avec des privés. Aujourd’hui que le cuivre a repris de la vigueur, ce sont ces opérateurs miniers, privés, qui tirent leur épingle du jeu.
Si, pour le moment, notent les experts du secteur minier, l’heure n’est plus à l’euphorie de la fin des années 2000, les mines africaines voient le bout du tunnel. Elles viennent de faire leur retour sur la scène internationale, prédisent-ils. Les métaux attirent à nouveau les investisseurs. C’est une des conclusions qui s’est dégagée de la conférence Mining Indaba, qui s’est achevée début février 2014 à Cape Town, en Afrique du Sud.
Regroupant les acteurs les plus importants du marché des métaux, la conférence d’Indaba prédit de belles perspectives pour les mines africaines, spécialement le cuivre. C’est dire que la RDC a tous les atouts pour franchir la barre d’un million de tonnes de cuivre en 2014. Mais, saura-t-elle cependant tirer son compte dans ce rebond de la production ? C’est toute la clé de l’énigme. ’’Qui veut, peut’’, dit-on. Il s’agit de s’y mettre, sérieusement », conclut Le Potentiel.
En effet, forte de 920. 000 tonnes de cuivre produites en 2013, selon les chiffres officiels du gouvernement, la RDC a la voie libre pour consolider sa place de leader en Afrique. Or, fait remarquer ce quotidien, cette embellie minière n’est pas perceptible dans le budget de l’Etat. Un mystère que le gouvernement a du mal à élucider alors que les revenus des opérateurs privés du secteur explosent.
Ce record, jamais réalisé dans l’histoire minière de la RDC, suggère une amélioration sensible du quotidien des Congolais au regard de l’enviable taux de croissance fixée à 8,5% en 2013. La part des mines dans les recettes de la République ne dépassant guère les 10% du budget national, Le Potentiel se demande qui bénéficie du fruit de la bagatelle de 6 milliards USD tirés pour la seule année 2013 dans le secteur minier ? Quelle serait alors la voie de sortie ? « Elle n’est pas loin en tout cas. Car pour que l’Etat tire profit de l’embellie minière, principalement dans le cuivre et le cobalt, il doit se jeter dans la pâture en s’investissant dans la production, au lieu de se contenter de maigres perceptions fiscales.
En son temps, la Gecamines parvenait à couvrir 70% des ressources budgétaires. Cette époque est pour l’instant révolue ; l’Etat congolais ayant depuis le Code minier de 2002 décapité la Gecamines en concluant des partenariats avec des privés. Aujourd’hui que le cuivre a repris de la vigueur, ce sont ces opérateurs miniers, privés, qui tirent leur épingle du jeu.
Si, pour le moment, notent les experts du secteur minier, l’heure n’est plus à l’euphorie de la fin des années 2000, les mines africaines voient le bout du tunnel. Elles viennent de faire leur retour sur la scène internationale, prédisent-ils. Les métaux attirent à nouveau les investisseurs. C’est une des conclusions qui s’est dégagée de la conférence Mining Indaba, qui s’est achevée début février 2014 à Cape Town, en Afrique du Sud.
Regroupant les acteurs les plus importants du marché des métaux, la conférence d’Indaba prédit de belles perspectives pour les mines africaines, spécialement le cuivre. C’est dire que la RDC a tous les atouts pour franchir la barre d’un million de tonnes de cuivre en 2014. Mais, saura-t-elle cependant tirer son compte dans ce rebond de la production ? C’est toute la clé de l’énigme. ’’Qui veut, peut’’, dit-on. Il s’agit de s’y mettre, sérieusement », conclut Le Potentiel.
Nouveau gouvernement et Primature
Il faut rappeler que cette problématique embrouillée remonte au refus d’admettre la nullité des les élections du 28/11/11[1]. Depuis lors, toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. Un gouvernement fut donc installé sous l’étiquette neutre de « technicien » pendant que l’on se livrait à la grande opération de débauchage des consciences baptisée « concertations nationales ». Le principal appât que l’on agita sous le nez d’une classe politique très vénale et habituée au « recyclage politique » fut la distribution des « bonnes places » dans un gouvernement fourre-tout baptisé « de consensus », appelé à succéder à celui de Matata Ponyo. Mais tout cela dura lontemps, et l’on eut le loisir de s’apercevoir que le gouvernement des « technocrates surdoués » travaillait efficacement et engrangeait des succès dans le domaine macroéconomique et la lutte contre la corruption. Même si l’on peut être sceptique quant à la crédibilité des sondages d’opinion réalisés en RDC, les résultats qui créditent Matata de plus de 50% d’avis favorables, alors qu’aucun des autres « primaturables » (Kengo, Minaku, etc…) n’atteint les 10%, reflète une certaine réalité. Comment, dès lors, se débarrasser de Matata Ponyo ?
Il faut rappeler que cette problématique embrouillée remonte au refus d’admettre la nullité des les élections du 28/11/11[1]. Depuis lors, toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. Un gouvernement fut donc installé sous l’étiquette neutre de « technicien » pendant que l’on se livrait à la grande opération de débauchage des consciences baptisée « concertations nationales ». Le principal appât que l’on agita sous le nez d’une classe politique très vénale et habituée au « recyclage politique » fut la distribution des « bonnes places » dans un gouvernement fourre-tout baptisé « de consensus », appelé à succéder à celui de Matata Ponyo. Mais tout cela dura lontemps, et l’on eut le loisir de s’apercevoir que le gouvernement des « technocrates surdoués » travaillait efficacement et engrangeait des succès dans le domaine macroéconomique et la lutte contre la corruption. Même si l’on peut être sceptique quant à la crédibilité des sondages d’opinion réalisés en RDC, les résultats qui créditent Matata de plus de 50% d’avis favorables, alors qu’aucun des autres « primaturables » (Kengo, Minaku, etc…) n’atteint les 10%, reflète une certaine réalité. Comment, dès lors, se débarrasser de Matata Ponyo ?
A en croire AfricaNews, les milieux ecclésiastiques congolais, préoccupés par l’amélioration des conditions socio-économiques des populations, se seraient résolus de proposer au Président de la République Joseph Kabila un candidat issu de leurs rangs pour briguer le mandat de Premier ministre du gouvernement de cohésion nationale. Une source proche des confessions religieuses a fait savoir à ce journal que la gestion du pays est une affaire de tous. Elle n’est pas seulement une chasse gardée des politiciens. « Bien sûr que notre Constitution stipule entre autres que le Premier ministre doit être issu de la majorité parlementaire. Mais lorsqu’il y a des problèmes qui bloquent la bonne marche du pays, on peut s’en passer de cette disposition pour désigner un Premier ministre rassembleur qui ne soit absolument pas présenté par la majorité au pouvoir », a soutenu cette source.
Qu’adviendrait-il alors de Matata ? Il serait éliminé par la formule dite, en latin ecclésiastique « Promoveatur ut amoveatur », c'est-à-dire, vulgairement « Si on lui colle de l’avancement, il devra bien f… le camp ». Selon Le Nouveau Passeport, l’actuel Premier ministre Matata Ponyo serait propulsé au niveau africain, plus précisément à la BAD, après Donald Kaberuka arrivé en fin de mandat. (Grain de sel supplémentaire : Kabruka est Rwandais, de sorte que son remplacement par un Congolais serait perçu come un bon tour joué à Kigali).
Sur la table de Joseph Kabila, toujours selon Le Nouveau Passeport deux prétendants sont en lice, Daniel Mukoko Samba, l’actuel vice-Premier ministre du Budget, et Jean-Claude Masangu, ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo.
Sur la table de Joseph Kabila, toujours selon Le Nouveau Passeport deux prétendants sont en lice, Daniel Mukoko Samba, l’actuel vice-Premier ministre du Budget, et Jean-Claude Masangu, ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo.
Presse et documents internationaux
Kabila... tel est pris qui croyait prendre?
Anicet Mobe - L’Express - le 24/02/2014
RD Congo : des assassinats impunis au coup d'état d'opérette et à l'imbroglio des concertations nationales...
Kabila craint d'être pris à son propre piège! Ainsi s'intitulait l'entretien que j'avais accordé à l'Express (30 nov.2011) lors de l'élection présidentielle en 2011. Trois ans après, Joseph Kabila se retrouve dans la nasse: les Congolais ont déjoué le piège qu'il leur a tendu lors des " concertations nationales".
D'emblée, les esprits avisés ont flairé dans ces concertations une sordide manoeuvre pour détourner l'attention de noirs desseins du Chef de l'Etat, soucieux de consolider un pouvoir issu d'élections entachées de fraudes massives avérées. Aussi s'est-il évertué à appâter des politiciens retors avec des promesses de promotion politique pour élargir le cercle des courtisans qui soutiennent son projet de se cramponner au pouvoir en violation de la constitution.
Laminées par la violence sociale qu'engendre la brutalité d'une prédation des ressources économiques dont tire profit la classe dirigeante. Brisées par la violence armée des seigneurs de guerre soutenus par le gouvernement rwandais (M23), des milices (Kulunas) agissant en toute impunité et des soldats de l'armée rwandaise dans laquelle a servi l'actuel chef de l'Etat, les masses populaires se trouvent anéanties. Rappelons qu'en 2009,il a accepté que les soldats ruandais se déploient au Congo. Le président de l'Assemblée nationale démissionna pour protester. L'amnistie accordée aux auteurs d'assassinats politiques scandalise le peuple.
Outrés par la mollesse de réaction du chef de l'Etat face aux dénégations du président Kagame, en dépit de multiples rapports de l'Onu et à l'arrogance du commandant James Kabarere qui fut son chef hiérarchique dans l'armée rwandaise, les partis d'opposition et de larges secteurs de la société civile ont finalement accepté de participer aux concertations nationales.
Quoique méfiants et sceptiques, ils étaient déterminés à s'approprier cet événement politique pour en faire un espace citoyen où ils peuvent exprimer leurs revendications, un lieu de réinvention du politique afin de reconstruire l'état. Rien n'y fit : les dés étaient déjà pipés. Joseph Kabila est embourbé dans les marécages de mécomptes de l'AFDL et de ses succédanés dont les effets pervers se trouvent aggravés par les encombrants héritages résultant du régime Mobutu et de la double crise de la colonisation et de la décolonisation.
De l'escroquerie politique de l'AFDL à la forfaiture....
La forfaiture que constituent la révision constitutionnelle de janvier 2011 et celle projetée pour contourner le prescrit constitutionnel limitant à deux le nombre de mandat présidentiel, ainsi que le holdup électoral de novembre 2011 n'est pas un simple incident de parcours. Elle illustre piteusement les multiples contradictions qui ont émaillé l'intrusion et l'ascension de Joseph Kabila dans le champ politique - grâce à l'armée rwandaise - et le renforcement de sa position dans l'appareil militaire, ainsi que sur l'échiquier politique.
Il importe de tenir compte à la fois du contexte historique et politique dans lequel s'inscrivent ces contradictions, ainsi que son équation personnelle: en 2011, sa désignation à la tête de l'Etat - dans des conditions opaques - a ouvert le sinistre bal d' une lamentable régression intellectuelle et politique qui peu à peu transforme certains pays africains en satrapies gérées comme des fiefs claniques par des "seigneurs des guerres".
En 2006, en insistant sur la nationalité, clairement établie, de tout candidat à l'élection présidentielle; les Congolais voulaient briser un engrenage infernal: depuis 1960, les ingérences étrangères ont érigé un dogme selon lequel, nul ne peut accéder aux plus hautes fonctions de l'Etat s'il n'est soutenu - voire "fabriqué" - par les gouvernements belge, américain et français depuis 1977-1978. Appréciées à l'aune de l'histoire du Congo, les tutelles diplomatiques, militaires et politiques qu'exercent le Rwanda et l'Ouganda, avec l'aval américain, sur les "rébellions " depuis 1996-1998, ainsi que sur les composantes politiques qui en sont issues, s'analysent comme une double rupture.
Rupture avec la clairvoyance politique des personnalités qui ont pensé et dirigé le mouvement d'émancipation politique - intellectuels de Conscience Africaine,de l'Abako ;leaders politiques du Mnc ,de l'Abako et du Psa en1956/1960 - ayant abouti à l'indépendance. Rupture aussi avec les engagements intellectuels du mouvement étudiant- Ugec et l'Agel- (1961-1991) résolument opposé à un régime inféodé aux parrains étrangers.
Cette régression ne cesse de s'aggraver et de s'amplifier comme l'illustrent d'une part l'indignation suscitée par la révélation en 2012 de la présence des soldats rwandais sur le territoire national alors qu'ils étaient censés être rentrés chez eux depuis décembre 2009. D'autre part le curieux itinéraire électoral qu'emprunte l'abbé Malu-Malu s'inscrit dans une vaste escroquerie politique.
Avant de débattre du calendrier électoral avec la représentations nationale, il est venu d'abord en Belgique s'assurer du soutien des parrains de Kabila pour les rassurer du sort de leur poulain. Il n'est donc pas étonnant que- fort des assurances des tuteurs - lors des discussions à l'Assemblée nationale chez nous qu'il ait envisagé -en des termes à peine voilés - l'hypothèse d'une révision constitutionnelle.
Par ailleurs, dès 2006, les Congolais voulaient éviter qu'un drame familial personnel ne se transforme en un facteur structurant de la tragédie d'un peuple. Ils n'ont pas oublié les immenses dégâts politiques et le gouffre financier occasionnés par l'esprit de lucre d'innombrables oncles maternels attitrés du Président Mobutu. Chacun d'eux gérait des multiples coteries regroupant des proches parents du Président et leurs alliés, ainsi que quelques personnalités originaires d'autres régions.
Ces coteries servaient de lieux de cooptation des individus devant intégrer la clique présidentielle et la confrérie régnante, repaires de ceux qui bénéficiaient des dons personnels du Président, notamment les nominations à de hautes fonctions dans les organes du Parti unique et de l'appareil d'Etat. Aussi, il fallait sans cesse augmenter la "dotation présidentielle" pour entretenir ces écuries en compensation de l'adoption que le clan Ngbandi accorda à l'ancrage familial du Président.
A la fin des années 1990, sur trente-sept officiers supérieurs de l'armée, la région de l'Equateur en comptait dix-huit, soit 46% ; tous les services de renseignements (civils et militaires) étaient dirigés par les Ngbandis ou, à défaut par un ressortissant de l'Equateur. Ces favoritismes ethniques n'ont guère accru l'efficacité de nos soldats comme le prouve la déroute devant l'armée rwandaise en 1996-1997.
Le clan des Balubakat fait payer aux Congolais le prix le plus fort de la "reconnaissance parentale" accordée au Chef de l'Etat. Ils ont exigé et obtenu quasiment tous les ministères régaliens du gouvernement. Craignant d'être évincés par le "clan des Tutsis" - puissamment soutenus par le Rwanda - les Balubakat intensifient les surenchères, qui parasitent le jeu institutionnel. Le devenir du Congo et le sort des Congolais sont sacrifiés sur l'autel de sinistres desseins de véreux personnages.
Ainsi le piège grossier qu'il tendait aux Congolais se retourne sur Kabila lui-même, soumis à la fois aux revendications de "ses parents" et aux exigences de ceux dont les soutiens militaires lui ont ouvert les voies du champ politique en 1996-1997; sans oublier les pressions de tuteurs qui l'ont adoubé en 2001, 2006 et 2011 et qui ne cessent de relayer les appétits insatiables des intérêts économiques qui pillent les ressources du Congo avec la complicité de la nomenklatura regroupée au tour de lui.
Qu'il soit rappelé au Chef de l'Etat que tous ceux qui ont méprisé le peuple congolais en privatisant la gestion des ressources publiques à leur profit, à celui de leurs clientèles et de leurs tuteurs étrangers ont connu une fin lamentable.
En 1908, le Roi Léopold II est contraint de "céder" le Congo à la Belgique, en dépit de nombreuses obstructions. Le 8 juillet 1960,le général Janssens, dernier commandant en chef de la Force Publique(" après l'indépendance = avant l'indépendance ") et le 16 mai 1997,le Maréchal Mobutu(" je ne dois rien aux Zaïrois,ils me doivent tout ") quittent furtivement Kinshasa, comme de quelconques quidams cherchant à échapper à une interpellation policière pour se soustraire à la justice. Ce piteux épilogue contraste avec les éblouissants fastes qu'ils déployaient du temps de leur splendeur.
De nombreux signes annonciateurs indiquent que le Congo va bientôt revivre un scénario similaire. Plus tôt, il se produira, mieux ça vaudra. Pris dans son propre piège, paralysé par les impérities de son pouvoir et la concussion des prévaricateurs de sa cour, Joseph Kabila multiplie les chausse-trappes contre les Congolais comme cet engagement des partis politiques sous la houlette du président de la commission électorale. Le Président ne s'est pas publiquement engagé à respecter le prescrit constitutionnel qui lui interdit de briguer un 3° mandat.
Les thuriféraires du pouvoir annoncent la formation imminente du gouvernement au moment où le paysage politique se recompose sous la férule d'anciens barons mobutistes. Un " deal " semble être conclu avec eux pour utiliser leurs réseaux nationaux et internationaux afin que le président brigue un 3° mandat sans l'emprise du clan " Lubakat " en s'appuyant sur l'opposition " républicaine " qui a parasité l'opposition radicale.
Peuple congolais...débout !
Le tableau dépeint ci -haut paraît si sombre qu'on serait tenté de croire que tout serait irrémédiablement perdu. Les apparences sont si trompeuses qu'elles n'offrent qu'une vision tronquée d'atouts dont peuvent disposer les Congolais.
Ce pays reste un gisement inépuisable de richesses humaines; des ressources culturelles et économiques, des compétences scientifiques et d'excellences intellectuelles. L'intense mobilisation politique des diasporas congolaises, la créativité sociale des masses congolaises et la probité intellectuelle de nombreux universitaires sourds aux sirènes du pouvoir suggèrent que l'immense majorité des Congolais refusent que leur pays soit pris en otage par des analphabètes politiques tirant leur légitimité des appuis extérieurs. Expression d'un patriotisme éprouvé, ce refus ouvre des perspectives d'espoir qu'il appartient aux diasporas de concrétiser.
Il faut se féliciter que les diasporas congolaises aient pris conscience des enjeux ;de l'ampleur, du caractère récurrent et multiforme des interventions politiques, militaires étrangères - qu'elles soient publiques ou secrètes - et leur impact sur le sort du pays. Il faut aussi se réjouir que les Congolais - surtout les jeunes - aient compris et l'expriment parfois avec véhémence que la confiscation de l'expression électorale participe d'une stratégie bien rodée pour sans cesse recycler l'odieux Pacte néocolonial noué en 1960-1961 reposant sur l'assassinat du Premier Ministre Lumumba. Cette lucidité politique met en évidence l'échec des stratégies occidentales et elle commence à inquiéter leurs chancelleries et les "faiseurs de rois" ainsi que leurs séides au Congo.
Coup sur coup, les diasporas congolaises ont réussi à obtenir une audience avec le Président de la République française pour lui demander que la France use de son influence diplomatique afin que l'ONU crée un tribunal international pour juger les auteurs de crimes contre l'humanité commis au Congo; à rencontrer l'envoyé spécial de l'UE dans la région des Grands Lacs et à faire annuler le concert d'un artiste transformé en griot du pouvoir. Il importe d'amplifier et de rationaliser cette mobilisation politique pour mieux orienter l'indispensable travail de "lobbying" afin que les Congolais soient partie- prenante du ballet diplomatique déployé autour de la tragédie qui décime leur pays.
Il faut se donner les moyens de se ménager un espace d'action dans les réseaux d'influence qui pèsent sur les décisions prises de l'étranger concernant notre pays. C'est aussi le moment de lancer une vaste opération "100 dollars pour le Congo" afin qu'à court terme, les citoyens congolais s'approprient le processus électoral en finançant les opérations de recensement obligatoire; l'achat du matériel ; les campagnes d'information et d'éducation civique pour faire respecter la constitution afin que le choix électoral s'accomplisse avec discernement.
A moyen terme, il faut songer à constituer des fonds d'investissement pour que les Congolais soustraient les importants secteurs de l'économie de la prédation et des convoitises étrangères. Les flux financiers entre les diasporas et le pays se déclinent sur le mode micro-économique des solidarités familiales. Ils peuvent se décliner aussi sur un mode macro-économique.
Peuple congolais, Debout! Tel est l'intitulé de l'éditorial de Conscience Africaine (n° nov-déc. 1956) revue éditée par un collectif des intellectuels du groupe éponyme que fonda en 1951, l'abbé Joseph Malula. L'éditorial faisait le point sur les réactions qu'avait suscitées la publication de leur Manifeste le 30 juin 1956.
58 ans après, l'éditorial reste de brûlante actualité: dans un autre contexte historique, il reste à déterminer les fondements d'une nouvelle alliance de classe entre le peuple congolais et une fraction de son intelligentsia qui se défait d'une conception cléricale de l'université et mandarinale du rôle des intellectuels pour réinventer le politique afin qu'il prenne en charge les revendications des milieux populaires.
RDC - Ceni : campagne anti-Malumalu, le vrai du fauxJeune Afrique - 26/02/2014
La campagne "Malumalu dégage" se poursuit à Kinshasa. À l'initiative de la plateforme "Sauvons la RDC" qui regroupe plusieurs partis d'opposition et des associations de la société civile, une pétition circule depuis le 18 février dans les rues de la capitale congolaise pour réclamer la démission du président de la Ceni. À tort ou à raison ?
Décryptage.
"Malumalu dégage". La plateforme "Sauvons la RDC" ne va pas par quatre chemins. Depuis le 18 février, ce regroupement de partis d'opposition exige, à travers une pétition, la démission du président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Mais que reproche-t-on à l'abbé Apollinaire Malumalu ? Six principaux griefs. Nous les passons au peigne fin pour tenter de démêler le vrai du faux.
1. "L'abbé Malumalu ne jouit pas de la confiance de la classe politique" : FAUX
Pour Martin Fayulu, député d'opposition et initiateur de la pétition, le président de la Ceni occupe son poste "par effraction". "L'église catholique ne l'avait pas désigné, car la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) avait à l'époque soutenu la candidature d'un laïc pour occuper la fonction, explique-t-il à Jeune Afrique. Mais l'abbé Malumalu nous a été imposé par la majorité mécanique à l'Assemblée nationale mais ne jouit pas de la confiance de la classe politique".
Seulement voilà, l'abbé Malumalu ne travaille pas seul. Au sein du bureau de la Ceni, il est entouré des autres personnalités issues des partis politiques de la majorité, mais aussi de l'opposition. Même la plénière de la Ceni comprend des délégués issus de cette dernière, lesquels ne se sont pas encore désolidarisés de l'abbé Malumalu. Il paraît donc inexact de prétendre que "l'abbé Malumalu ne jouit pas de la confiance de la classe politique", alors que, au même moment, les délégués de la majorité, de l'opposition et de la société civile l'accompagnent encore dans sa mission d'organisation des prochains scrutins.
Martin Fayulu répond à nos arguments par une pirouette. Pour le député, il est difficile d'envisager que les autres membres de la Ceni ne soutiennent pas Malumalu, car si ce dernier devait être éjecté, ils connaîtraient le même sort et perdraient donc leurs "indemnités"...
2. Violation de la consigne de la Cenco : VRAI
La plateforme "Sauvons la RDC" reproche également à l'abbé Malumalu de "ne pas respecter le code de bonne conduite de l'Église catholique". À la mi-mai 2013, en effet, lorsque des rumeurs sur un éventuel retour aux affaires de Malumalu se propageaient à Kinshasa, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) avait tenu à rappeler une disposition commune des évêques sur la présence des ecclésiastiques – prêtres, religieux, frères, sœurs – dans l'organe chargé d'organiser les élections. "Sauf dérogation exceptionnelle d'un supérieur, il est interdit de prendre part à la Ceni, un statut de membre électoral étant incompatible avec leur vocation d'être au dessus des clivages politiques", confiait alors à Jeune Afrique l'abbé Félicien Mwanama, secrétaire général adjoint de la Cenco.
Et à en croire plusieurs sources proches de la Cenco, Malumalu n'a jamais reçu cette autorisation expresse de son supérieur hiérarchique. En principe donc, ce dernier aurait déjà dû en tirer les conséquences et le sanctionner. Mais "celui-ci est un corrompu (...), accuse Martin Fayulu. C'est pourquoi il n'arrive à ne rien dire à Malumalu".
3. Volonté de rompre le "cycle électoral de 2011" : VRAI
Dans sa "feuille de route du cycle électoral 2013 - 2016", la Ceni prévoit d'organiser en premier lieu les élections municipales, urbaines et locales d'ici février 2015. Une façon de "vider dès le départ quelques arriérés électoraux" pour pouvoir tenir la présidentielle de 2016 en toute quiétude, se justifie l'abbé Malumalu.
Mais ses détracteurs y voient plutôt une tentative de "rompre le cycle électoral de 2011". Un processus qui a commencé le 28 novembre 2011 avec la présidentielle et les législatives. "Il devait donc se poursuivre par l'organisation de l'élection des sénateurs et des députés provinciaux", estime Martin Fayulu. Le sénat congolais et les assemblées provinciales n'ont, en effet, pas été renouvelés depuis 2006, alors que les élus qui les composent n'avaient qu'un mandat de cinq ans ! Initialement, ce sont donc les sénatoriales et les élections provinciales qui devaient précéder les scrutins locaux.
Des élections locales risquent d'entraîner des troubles énormes dans le pays.
1. "L'abbé Malumalu ne jouit pas de la confiance de la classe politique" : FAUX
Pour Martin Fayulu, député d'opposition et initiateur de la pétition, le président de la Ceni occupe son poste "par effraction". "L'église catholique ne l'avait pas désigné, car la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) avait à l'époque soutenu la candidature d'un laïc pour occuper la fonction, explique-t-il à Jeune Afrique. Mais l'abbé Malumalu nous a été imposé par la majorité mécanique à l'Assemblée nationale mais ne jouit pas de la confiance de la classe politique".
Seulement voilà, l'abbé Malumalu ne travaille pas seul. Au sein du bureau de la Ceni, il est entouré des autres personnalités issues des partis politiques de la majorité, mais aussi de l'opposition. Même la plénière de la Ceni comprend des délégués issus de cette dernière, lesquels ne se sont pas encore désolidarisés de l'abbé Malumalu. Il paraît donc inexact de prétendre que "l'abbé Malumalu ne jouit pas de la confiance de la classe politique", alors que, au même moment, les délégués de la majorité, de l'opposition et de la société civile l'accompagnent encore dans sa mission d'organisation des prochains scrutins.
Martin Fayulu répond à nos arguments par une pirouette. Pour le député, il est difficile d'envisager que les autres membres de la Ceni ne soutiennent pas Malumalu, car si ce dernier devait être éjecté, ils connaîtraient le même sort et perdraient donc leurs "indemnités"...
2. Violation de la consigne de la Cenco : VRAI
La plateforme "Sauvons la RDC" reproche également à l'abbé Malumalu de "ne pas respecter le code de bonne conduite de l'Église catholique". À la mi-mai 2013, en effet, lorsque des rumeurs sur un éventuel retour aux affaires de Malumalu se propageaient à Kinshasa, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) avait tenu à rappeler une disposition commune des évêques sur la présence des ecclésiastiques – prêtres, religieux, frères, sœurs – dans l'organe chargé d'organiser les élections. "Sauf dérogation exceptionnelle d'un supérieur, il est interdit de prendre part à la Ceni, un statut de membre électoral étant incompatible avec leur vocation d'être au dessus des clivages politiques", confiait alors à Jeune Afrique l'abbé Félicien Mwanama, secrétaire général adjoint de la Cenco.
Et à en croire plusieurs sources proches de la Cenco, Malumalu n'a jamais reçu cette autorisation expresse de son supérieur hiérarchique. En principe donc, ce dernier aurait déjà dû en tirer les conséquences et le sanctionner. Mais "celui-ci est un corrompu (...), accuse Martin Fayulu. C'est pourquoi il n'arrive à ne rien dire à Malumalu".
3. Volonté de rompre le "cycle électoral de 2011" : VRAI
Dans sa "feuille de route du cycle électoral 2013 - 2016", la Ceni prévoit d'organiser en premier lieu les élections municipales, urbaines et locales d'ici février 2015. Une façon de "vider dès le départ quelques arriérés électoraux" pour pouvoir tenir la présidentielle de 2016 en toute quiétude, se justifie l'abbé Malumalu.
Mais ses détracteurs y voient plutôt une tentative de "rompre le cycle électoral de 2011". Un processus qui a commencé le 28 novembre 2011 avec la présidentielle et les législatives. "Il devait donc se poursuivre par l'organisation de l'élection des sénateurs et des députés provinciaux", estime Martin Fayulu. Le sénat congolais et les assemblées provinciales n'ont, en effet, pas été renouvelés depuis 2006, alors que les élus qui les composent n'avaient qu'un mandat de cinq ans ! Initialement, ce sont donc les sénatoriales et les élections provinciales qui devaient précéder les scrutins locaux.
Des élections locales risquent d'entraîner des troubles énormes dans le pays.
Pour Martin Fayulu, le coordonnateur de "Sauvons la RDC", vouloir "à tout prix" organiser les élections locales avant tous les autres scrutins constitue une "manœuvre pour prolonger en douceur le mandat de Joseph Kabila", dans la mesure où "ces élections vont entraîner des troubles énormes dans le pays, lesquelles ne permettront pas la tenue de l'élection présidentielle en 2016".
4. En proposant l'élection des députés provinciaux au suffrage indirect, Malumalu viole la Constitution : FAUX
Les détracteurs de l'abbé Malumalu accusent aussi ce dernier de violer la Constitution en suggérant dans sa "feuille de route" l'organisation de l'élection des députés provinciaux au scrutin indirect. Seulement, le président de la Ceni ne compte pas imposer un scrutin indirect : il n'en a pas le pouvoir. Il appartiendra donc au Parlement de modifier, ou non, l'article 197 de la Constitution qui consacre, pour l'instant, le suffrage direct pour l'élection des députés provinciaux. "La Ceni n'exclut pas l'hypothèse du maintien du suffrage direct", confie un proche du président de l'institution électorale.
5. Opacité dans l'audit du fichier électoral : VRAI/FAUX
La Ceni a prévu par ailleurs d'organiser les élections locales "sur base d'un fichier électoral corrigé". Elle dit avoir déjà effectué l'audit en interne de ce fichier. Si l'on considère que toutes les composantes – majorité, opposition, société civile – ont voix au chapitre au sein de l'institution électorale, on peut en déduire que l'audit a eu lieu en présence de toutes les parties prenantes. Mais un tel audit est encore loin de satisfaire les recommandations des observateurs nationaux et internationaux des scrutins de 2011 qui le souhaitaient "indépendant".
Par ailleurs, pour les élections de 2016 - présidentielle et législatives -, la Ceni projette de les organiser "sur la base des résultats du recensement administratif" qui doit être lancé dans les prochains mois.
6. Recrutement du personnel de la Ceni sans appel à candidatures : VRAI
Le dernier grief reproché à l'abbé Malumalu, c'est son "clientélisme". Le président de la Ceni est accusé d'avoir recruté le secrétaire exécutif national de l'institution électorale et son adjoint en violation des dispositions légales. Pour la défense de Malumalu, son entourage argue que la décision a été prise en plénière - en présence de tous les autres membres de la Ceni issues de toutes les composantes - et qu'il ne s'agit là que d'une "mesure provisoire".
4. En proposant l'élection des députés provinciaux au suffrage indirect, Malumalu viole la Constitution : FAUX
Les détracteurs de l'abbé Malumalu accusent aussi ce dernier de violer la Constitution en suggérant dans sa "feuille de route" l'organisation de l'élection des députés provinciaux au scrutin indirect. Seulement, le président de la Ceni ne compte pas imposer un scrutin indirect : il n'en a pas le pouvoir. Il appartiendra donc au Parlement de modifier, ou non, l'article 197 de la Constitution qui consacre, pour l'instant, le suffrage direct pour l'élection des députés provinciaux. "La Ceni n'exclut pas l'hypothèse du maintien du suffrage direct", confie un proche du président de l'institution électorale.
5. Opacité dans l'audit du fichier électoral : VRAI/FAUX
La Ceni a prévu par ailleurs d'organiser les élections locales "sur base d'un fichier électoral corrigé". Elle dit avoir déjà effectué l'audit en interne de ce fichier. Si l'on considère que toutes les composantes – majorité, opposition, société civile – ont voix au chapitre au sein de l'institution électorale, on peut en déduire que l'audit a eu lieu en présence de toutes les parties prenantes. Mais un tel audit est encore loin de satisfaire les recommandations des observateurs nationaux et internationaux des scrutins de 2011 qui le souhaitaient "indépendant".
Par ailleurs, pour les élections de 2016 - présidentielle et législatives -, la Ceni projette de les organiser "sur la base des résultats du recensement administratif" qui doit être lancé dans les prochains mois.
6. Recrutement du personnel de la Ceni sans appel à candidatures : VRAI
Le dernier grief reproché à l'abbé Malumalu, c'est son "clientélisme". Le président de la Ceni est accusé d'avoir recruté le secrétaire exécutif national de l'institution électorale et son adjoint en violation des dispositions légales. Pour la défense de Malumalu, son entourage argue que la décision a été prise en plénière - en présence de tous les autres membres de la Ceni issues de toutes les composantes - et qu'il ne s'agit là que d'une "mesure provisoire".
RDC - Soudan : pourquoi Kinshasa ne peut arrêter Omar el-Béchir sur son sol
Trésor Kibangula - Jeune Afrique - 27/02/2014
Trésor Kibangula - Jeune Afrique - 27/02/2014
Profitant de la présence d'Omar el-Béchir à Kinshasa du 26 au 27 février, 88 ONG congolaises des droits humains exigent "l'arrestation immédiate du président soudanais", poursuivi pour crimes contre l'humanité. Une démarche qui met les autorités de la RDC dans une "situation bien délicate" dans sa coopération avec la CPI.
Omar el-Béchir a-t-il pris un risque en se rendant à Kinshasa ? Depuis l'annonce de l'arrivée du président soudanais dans la capitale congolaise pour participer au XVIIe sommet du Comesa (Marché commun de l'Afrique orientale et australe, NDRL) du 26 au 27 février, les ONG congolaises des droits humains se mobilisent pour demander "l'arrestation immédiate" de celui qui est poursuivi depuis 2009 pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocide.
La Cour pénale internationale (CPI) a en effet déjà émis deux mandats d'arrêts internationaux – en 2009 et en 2010 - contre Omar el-Béchir pour sa responsabilité "en tant que coauteur ou auteur indirect" des crimes graves commis notamment au Darfour, dans l'ouest du Soudan. La procureure Fatou Bensouda l'a rappelé, le 25 février, en demandant à la chambre de la Cour de rappeler à la RDC son "obligation permanente" de coopérer en vue de l'arrestation des personnes poursuivies par l'institution pénale internationale.
"Une situation bien délicate" pour la RDC
Souvent classée parmi les "bons élèves" de la CPI, la RDC – qui a arrêté et remis à la Cour encore récemment un député poursuivi pour "subornation des témoins"– va-t-elle exécuter les deux mandats émis contre Omar el-Béchir ?
La RDC est tenue à respecter la position de l'UA sur les mandats d'arrêt émis contre les chefs d'États en exercice.
"C'est une situation bien délicate", admet Lambert Mende porte-parole du gouvernement congolais. Contacté par Jeune Afrique, le porte-parole du gouvernement congolais demande aux ONG qui réclament l'arrestation d'Omar el-Béchir de "comprendre que la RDC a non seulement des obligations auprès de la CPI, mais également auprès du Comesa qui a invité le président soudanais dans la capitale congolaise". Décodage : Kinshasa ne va pas arrêter Omar el-Béchir. Mais "cela ne veut pas dire que les autorités congolaises refusent de coopérer avec la CPI", tente de nuancer Lambert Mende. La RDC s'aligne seulement derrière "une position claire de l'Union africaine par rapport aux mandats d'arrêts émis contre les chefs d'État en exercice". "C'est un cas spécifique", insiste-t-il.
La Monusco appelée à "intervenir"
Une position qui ne surprend pas les ONG. Elles s'y attendaient même."Nous avons prévu de rencontrer Martin Kobler, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, pour lui demander d'intervenir, en cas du refus des autorités congolaises", explique Me Georges Kapiamba, président de l'Association congolaise pour l'accès à la justice. Et de rappeler : "En vertu de la résolution 2098 du Conseil de sécurité, la Monusco (Mission de l'Onu pour la stabilisation de la RDC) se doit d'appuyer les initiatives qui visent à arrêter et à traduire en justice les personnes responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, notamment en coopération avec la CPI". Pour l'instant, silence radio du côté de la Monusco.
En attendant, "une grande banderole sera déroulée pour appeler à l'arrestation immédiate d'Omar el-Béchir à Kinshasa", annonce Germain Kapiamba. Les ONG, elles, comptent également déposer une plainte devant le parquet général de la république pour demander au procureur congolais d'exécuter les mandats de la Cour. Pas gagné.
Laurent Monsengwo Pasinya : un Dieu, pas de maître Tshitenge Lubabu M.K. - Jeune Afrique - 27/02/2014
Il est membre du conseil des huit cardinaux chargés de plancher sur les réformes de l'Église et n'a pas sa langue dans sa poche. Pour le Congolais Laurent Monsengwo Pasinya, pas question d'être à la botte du pouvoir politique.
En 2013, il fêtait le cinquantenaire de sa vie sacerdotale. Aujourd'hui, Laurent Monsengwo Pasinya appartient au groupe des huit cardinaux ("C8") choisis par le pape François pour réfléchir aux réformes à entreprendre concernant les finances de l'Église et de la curie romaine.
Depuis les années 1990, lorsqu'il dirigeait les travaux de la Conférence nationale souveraine du Zaïre ou qu'il présidait le Parlement de transition, ce cardinal congolais a toujours su se distinguer. À l'époque où il était président de la Conférence épiscopale du Zaïre, Monsengwo Pasinya faisait office de contre-pouvoir. Et ce n'est pas un hasard si c'est lui que le pape a désigné. "Il a un esprit très ouvert tout en étant attaché à la tradition. Et il n'hésite pas à dire ce qu'il pense vraiment", estime l'abbé Donatien Nshole Babula, secrétaire général adjoint de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
L'archevêque de Kinshasa est le seul Africain à être titulaire d'un doctorat en Écritures saintes.
L'archevêque de Kinshasa, seul Africain à être titulaire d'un doctorat en Écritures saintes, s'est toujours imposé comme un fervent défenseur de la justice, la transparence et l'intégrité. Un jour, il a déclaré : "L'Église ne fait pas de cadeaux aux délinquants", se souvient Nshole Babula.
Pour le père Joseph Ballong, directeur émérite du service des programmes en français de Radio Vatican destinés à l'Afrique, le choix de Monsengwo Pasinya s'explique par plusieurs raisons. Le pape connaît le cardinal depuis longtemps déjà. Lorsqu'il était encore Mgr Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, il logeait au même endroit que Monsengwo Pasinya chaque fois qu'un conclave se tenait à Rome. Les deux hommes avaient alors pour habitude de prendre le petit déjeuner ensemble.
L'année dernière, François l'a chargé de la prédication qui précède le carême. Selon le père Ballong, "le cardinal congolais est un brillant intellectuel, l'un des rares à savoir parler latin. C'est un homme de terrain, à la fois politique et religieux, doté d'un charisme et d'une expérience indéniables. Il a d'abord dirigé un petit diocèse, puis un plus grand, et désormais un archidiocèse".
L'année dernière, François l'a chargé de la prédication qui précède le carême. Selon le père Ballong, "le cardinal congolais est un brillant intellectuel, l'un des rares à savoir parler latin. C'est un homme de terrain, à la fois politique et religieux, doté d'un charisme et d'une expérience indéniables. Il a d'abord dirigé un petit diocèse, puis un plus grand, et désormais un archidiocèse".
"Quand le pays va mal, il en souffre beaucoup"
Dans son pays, le cardinal Monsengwo Pasinya ne laisse personne indifférent. Il n'a jamais hésité à dénoncer tout ce qu'il estime inacceptable : la mauvaise gouvernance, les élections mal organisées, la dépravation des moeurs... Il a ainsi critiqué les résultats de l'élection présidentielle de 2011 et a refusé de participer aux concertations nationales organisées à la fin de l'année 2013. "Il a une grande sensibilité politique. Quand le pays va mal, il en souffre beaucoup. C'est un homme intègre qui met sa spiritualité au service de son pays. Ses adversaires le redoutent parce qu'il est déterminé à changer les choses", souligne Philippe Biyoya, professeur de sciences politiques à Lubumbashi et à Kinshasa.
Considéré par certains comme un opposant au pouvoir, le cardinal a toujours tenu à ce que les prêtres de son archidiocèse ne soient pas à la botte du gouvernement. Il n'a pas hésité à muter un prêtre qui vantait les mérites des "cinq chantiers", l'ancien projet de société de Joseph Kabila.
À 75 ans, l'archevêque de Kinshasa est resté égal à lui-même. Dans les années 1990, d'aucuns voyaient en lui un candidat à la présidence de la République. "En aucun cas je ne retirerai ma soutane pour endosser un autre rôle", aurait-il rétorqué. À Rome, une rumeur prétend même qu'il aurait eu son mot à dire dans la création des futurs cardinaux.
La loi sur l’amnistie passe mal
Christophe RIGAUD – Afrikarabia -27 02 14
Christophe RIGAUD – Afrikarabia -27 02 14
La loi d’amnistie sur les groupes armés, adoptée début février, est fortement décriée par les ONG qui dénoncent une « prime à l’impunité » alors que les rebelles attendent une « amnistie totale ».
Le 11 février 2014, le président congolais, Joseph Kabila, a promulgué la loi d’amnistie « pour faits insurrectionnels, faits de guerre et infractions politiques ». Cette amnistie couvrira la période du 18 février 2006 au 20 décembre 2013. Un calendrier qui bénéficiera à l’ex-rébellion du MLC de Jean-Pierre Bemba, en passant par le mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo (BDK), aux miliciens sécessionistes katangais Maï-Maï Bakata Katanga et bien évidemment aux rebelles du M23. Plusieurs crimes sont exclus de l’amnistie, comme les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre ou les violences sexuelles.
Indispensable pour stabiliser le pays Pour les autorités congolaises, cette loi répond tout d’abord à l’un des engagements que le gouvernement avait pris lors de la signature de la déclaration marquant la fin des pourparlers de Kampala avec les rebelles du M23. Depuis la défaite de la rébellion, en novembre 2013, un peu plus de 1500 ex-M23 attendent en Ouganda et 200 se trouvent dans les camps de démobilisation du gouvernement. « Cette loi est indispensable pour stabiliser l’Est du pays, c’est la condition sine qua non » explique François Muamba, le coordonateur du mécanisme de suivi des accords d’Addis-Abeba. « Les prétendants à l’amnistie ont six mois pour s’engager personnellement, par écrit, sur l’honneur, à ne plus commettre des actes qui font l’objet de la présente amnistie« . Du côté de la communauté internationale, on se félicite de ce « signal positif » et de cette « réalisation historique« . Mais un certain malaise entoure cette loi à Kinshasa.
« Une prime à l’impunité »
Dans un pays caractérisé par le « recyclage systématique » dans la vie politique d’ex-rebelles ayant bénéficié de « plusieurs décennies d’impunité« , la loi consacre « la banalisation des crimes et autres graves violations des droits de l’Homme« , dénonce le Réseau national des ONG des droits de l’Homme de la RDC (Rhenadoc). « Cette loi crée une jurisprudence » tonnent d’autres ONG et donne « une prime de guerre à ceux qui tuent, pillent et violent sur son sol« . François Muamba, interrogé par Afrikarabia, affirme « comprendre l’émotion que peut susciter cette amnistie« , mais explique que contrairement aux autres accords de paix, « il n’y a pas d’amnistie en bloc des rebelles, mais une amnistie au cas par cas et individuelle« . Concernant les hauts responsables du M23, « 200 à 300 personnes » selon François Muamba, « ils sont tous concernés par des sanctions internationales et coupables de crimes de guerre, et ne sont donc pas éligibles à l’amnistie ».
Dans un pays caractérisé par le « recyclage systématique » dans la vie politique d’ex-rebelles ayant bénéficié de « plusieurs décennies d’impunité« , la loi consacre « la banalisation des crimes et autres graves violations des droits de l’Homme« , dénonce le Réseau national des ONG des droits de l’Homme de la RDC (Rhenadoc). « Cette loi crée une jurisprudence » tonnent d’autres ONG et donne « une prime de guerre à ceux qui tuent, pillent et violent sur son sol« . François Muamba, interrogé par Afrikarabia, affirme « comprendre l’émotion que peut susciter cette amnistie« , mais explique que contrairement aux autres accords de paix, « il n’y a pas d’amnistie en bloc des rebelles, mais une amnistie au cas par cas et individuelle« . Concernant les hauts responsables du M23, « 200 à 300 personnes » selon François Muamba, « ils sont tous concernés par des sanctions internationales et coupables de crimes de guerre, et ne sont donc pas éligibles à l’amnistie ».
« Une loi arbitraire » L’ordonnance du 11 février explique que la loi d’amnistie « ne porte pas atteinte » au processus de réparation en justice que pourrait lancer les victimes. Des arguments qui ne rassurent pas vraiment maître Hamuly Réty, qui prône la création d’un Tribunal pour les crimes commis en RDC. « C’est une énième fausse bonne idée« , note l’avocat, « cette loi sera inapplicable car elle repose sur l’arbitraire. Qui va décider de qui a fait quoi pendant le conflit ? Qui a violé ? Qui a pillé ? Ce ne sont pas aux politiques de décider, mais plutôt à la justice« . Hamuly Réty craint que ce processus ne serve qu’à « blanchir les membres du M23 qui entreront dans le futur gouvernement d’union nationale promis par Joseph Kabila« . Un nouveau gouvernement, qui selon nos informations, devrait voir le jour avant la reprise de la session parlementaire du 15 mars prochain.
« Amnistie totale » ? Tous les regards se tournent maintenant vers les ex-M23, pour qui, cette loi semble avoir été taillée sur mesure. Contacté par Afrikarabia, un responsable de l’ex-rébellion attend patiemment la liste des personnes éligibles pour l’amnistie et espère que « le gouvernement tiendra ses engagements« . Concernant les critères de l’amnistie, ce responsable est assez clair : « ce que nous demandons, c’est une amnistie totale, du simple caporal à Sultani Makenga » (le chef militaire du mouvement, ndlr). Une demande qui contraste avec l’ordonnance du 11 février qui prône au contraire une amnistie « sélective« . Une crainte qui « inquiète » le patron du M23, Bertrand Bisimwa, qui redoute l’exclusion des chefs rebelles de la loi d’amnistie : « nous sommes dans un pays de droit. Les principes des droits veulent que des personnes qui sont accusées et font objet des soupçons ne soient pas sanctionnées avant que leur culpabilité ne soit prouvée ».
Que fera Joseph Kabila ? Une chose est sûre, les risques de nouvelles tensions sont grandes entre ex-rebelles et gouvernement. Les choix pour Joseph Kabila sont tous délicats : accepter l’amnistie générale le mettrait en porte-à-faux avec son opinion publique, alors que faire une amnistie sélective risque de lui attirer les foudres des rebelles exclus… les dilemmes sont les mêmes concernant un gouvernement d’union nationale avec ou sans M23. Le président congolais devra donc trouver la délicate combinaison pour ménager les rebelles en donnant des gages à son opposition et ouvrir sa majorité. L’équation est complexe, mais Joseph Kabila en a maintenant l’habitude.