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| Soudan du Sud: craintes de régionalisation du conflit | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

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08/03/2014 à 09:44
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Soudan du Sud: craintes de régionalisation du conflit
Soudan du Sud: craintes de régionalisation du conflit
© AFP
Depuis mi-décembre, le Soudan du Sud est le
théâtre d'un conflit qui a fait des milliers de morts et plusieurs
centaines de milliers de déplacés. Un cessez-le-feu laborieusement
signé fin janvier n'est pas respecté et les analystes craignent une
contagion régionale.
Si les combats sont partis d'un lutte de pouvoir au sein du régime
sud-soudanais entre le président Salva Kiir et son ancien
vice-président Riek Machar, ils ont aussi ravivé de vieilles alliances
et tensions régionales.

Au coeur des préoccupations: le rôle de
l'Ouganda, qui a envoyé des troupes combattre au côté de l'armée
sud-soudanaise dès le début de la crise, et la résurgence de mouvements
armés actifs durant la guerre civile soudanaise qui a opposé entre 1983
et 2005 la rébellion sudiste, désormais au pouvoir à Juba, aux forces de
Khartoum et a débouché sur l'indépendance du Soudan du Sud en juillet
2011.

"La question n'est pas de savoir si il y aura une
régionalisation du conflit, mais quand", prévient Casie Copeland, de
l'International Crisis Group (ICG).

"On s'inquiète effectivement
d'une régionalisation" du conflit sud-soudanais, confirme un diplomate
occidental sous couvert d'anonymat car "les Ougandais et les Soudanais
se détestent".

L'animosité réciproque que se vouent le président
ougandais Yoweri Museveni et son homologue soudanais Omar el-Béchir
remonte aux années de guerre civile soudanaise, le premier soutenant
alors l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), la rébellion
sudiste alors dirigée par John Garang, auquel Salva Kiir a succédé à sa
mort en 2005.

L'Ouganda a de son côté longtemps accusé Khartoum
d'armer des rébellions sur son propre territoire, notamment la sinistre
Armée de résistance du Seigneur (LRA).

Avec la présence de
troupes ougandaises en territoire sud-soudanais, notamment dans des
zones pétrolifères proches de la frontière soudanaise, les analystes
craignent que Khartoum passe à l'offensive, en réarmant - comme il l'a
fait durant la guerre civile - des mouvements supplétifs au Soudan du
Sud.

D'autant que le camp Machar affirme qu'outre l'armée
ougandaise, des rebelles soudanais du Mouvement pour la Justice et
l'Egalité (JEM), qui affronte Khartoum au Darfour (ouest du Soudan)
depuis 2003, combattent également au côté des forces
pro-gouvernementales sud-soudanaises.



- Le facteur pétrolier -



La
présence de pétrole dans certaines des régions les plus affectées par
le conflit est d'ailleurs à même d'exacerber ces tensions régionales.

En
devenant indépendant, le Soudan du Sud a récupéré les trois-quarts des
réserves pétrolière du Soudan pré-partition, mais Khartoum continue d'en
tirer d'importantes ressources, grâce aux redevances de passage de ce
brut dans ses oléoducs, sans lesquels il ne peut être exporté.

Or
plusieurs gisements sont aujourd'hui menacés par les combats et la
production sud-soudanaise de brut - quasi-unique source de revenus du
pays - a baissé de 29% depuis le début du conflit.

L'interruption
totale de la production sud-soudanaise, entre janvier 2012 et avril
2013, sur fond de litige entre Khartoum et Juba sur les redevances de
passage, avait mis à genoux les fragiles économies des deux voisins.

"Le
gouvernement (sud-soudanais) pourrait être en faillite d'ici deux à
trois mois", estime un analyste ayant requis l'anonymat.

Et
certains observateurs estiment que la présence militaire ougandaise est
payée en pétrole sud-soudanais: "J'ai entendu parler d'une concession,
ou son équivalent (en pétrole) par jour", avance le diplomate
occidental.

Le Soudan du Sud, qui estime payer trop cher le
passage par les oléoducs soudanais et par souci d'indépendance, a signé
des accords pour la construction d'oléoducs alternatifs traversant
l'Ethiopie et rejoignant la mer à Djibouti ou au Kenya.

Des
projets qui suscitent l'ire de Khartoum et auquel voudrait se raccrocher
l'Ouganda, enclavé, qui a découvert en 2006 d'importantes réserves sur
son territoire et entend commencer à extraire son brut à court terme.

"Un
scénario cauchemardesque est en train de se mettre en place dans la
région", expliquait récemment, devant une commission parlementaire
américaine, John Prendergast, de l'ONG américaine Enough project.

Outre
l'Ouganda et le Soudan, M. Prendergast s'interroge aussi sur la
possible implication de la très fermée Erythrée, soupçonnée d'alimenter
en armes le camp Machar, au risque d'irriter son grand ennemi,
l'Ethiopie voisine, à qui l'a opposé une terrible guerre entre 1998 et
2000.

Le conflit sud-soudanais "menace la région de guerre comme jamais depuis les années 1990", a-t-il averti.



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