Le chef de gouvernement italien Matteo Renzi a dit "non" dimanche soir à une Europe de "comptables" qui risque d'encourager politiquement les "populistes", dans une interview télévisée.
"L'Europe pour nous c'est Spinelli, De Gasperi, Adenauer, aujourd'hui on a l'impression qu'elle est formée seulement de diligents comptables qui nous expliquent ce qu'il faut faire", a déploré M. Renzi, qui, à 39 ans, est le plus jeune dirigeant de l'Union européenne.
"SI nous ne changeons pas, aux prochaines élections, ce sont les populistes qui gagneront", a ajouté le Premier ministre, arrivé au pouvoir le 23 février sur un programme énergique et audacieux, en succédant à Enrico Letta resté en place dix mois.
M. Renzi s'est dit conscient que beaucoup de gens "le regardent en se demandant: voyons si celui-ci va tomber aussi".
"Mais sur le fil d'acrobate, il n'y a pas Matteo Renzi, c'est toute l'Italie qui a une chance de prendre un virage décisif", a-t-il estimé.
M. Renzi a martelé son "orgueil d'être Italien" en rappelant que la péninsule est le deuxième pays manufacturier d'Europe derrière l'Allemagne.
La règle européenne des 3% pour la proportion entre déficit public et PIB est "dépassée sur le plan conceptuel". "Mais nous la respecterons tant qu'elle ne sera pas changée", a-t-il affirmé.
M. Renzi a insisté sur l'idée que l'Europe soit "finalement quelque chose de partagé". "Dans l'intérêt de nos enfants, outre le fait de mettre de l'ordre dans nos comptes, il faut démontrer que l'UE est capable de concevoir une politique étrangère" commune.
Interrogé sur l'Ukraine, il a souligné que Rome a agi de "concert avec l'Allemagne et la France". "Il faut demander avec détermination à la Russie de respecter les règles et les frontières internationales" tout en "maintenant le fil du dialogue", a-t-il dit. "Ce serait absurde de revenir 25 ans en arrière aux temps de la Guerre froide", a-t-il ajouté.
Sur le plan intérieur, M. Renzi a annoncé que le gouvernement entendait abaisser les impôts pour "ceux qui perçoivent moins de 1.500 euros nets par mois" et réformer le système de la protection sociale.
Une indemnité chômage sera prévue pour tous mais "au chômeur qui la recevra l'Etat demandera de donner sa contribution: il ne restera pas à la maison ou au bar, il donnera un coup de main pour les choses utiles", a souligné M. Renzi.
Autre annonce importante: la nomination prochaine du magistrat anti-mafia Raffaele Cantone à la tête d'une toute nouvelle Autorité contre la corruption.
"Dans le monde nous sommes perçus comme un pays corrompu, donc il faut commencer par arrêter de voler et que ceux qui volent payent pour ça", a souligné M. Renzi en estimant qu'avec le lancement de cette Autorité, l'Italie "regagnera 10 points dans le classement international".
Par Guylain Gustave Moke
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