Quantcast
Channel: Une nouvelle Afrique voit jour
Viewing all articles
Browse latest Browse all 7879

Matata, le dauphin

$
0
0

Matata reste. C’est une certitude. En poste depuis avril 2012, le Premier ministre est parti pour rempiler. Après recoupement, tous les pronostics penchent en sa faveur. Et dans l’hypothèse où le chef de l’Etat ne devait plus se représenter en 2016 – l’article 220 de la Constitution ayant tout verrouillé – Matata voit s’ouvrir devant lui un grand boulevard qui le positionne en dauphin idéal pour la prochaine présidentielle.  Jouissant d’une grande estime auprès du chef de l’Etat, Matata devra cependant concilier des avis et des intérêts divergents au sein de son parti et de sa famille politique, la Majorité politique (MP). Ce sera la grande bataille avant l’assaut final de 2016.
Plus de suspense dans la succession de Matata au poste de Premier ministre. Tous les faits convergent vers le maintien de l’actuel Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, à son poste. En effet, entre lui et le chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, il s’est créé une complicité telle qu’il ne sera pas facile pour le président de la République de se débarrasser de son Premier ministre.
Sur le terrain, le bilan de Matata joue en sa faveur. Arrivé à son poste en avril 2012, à la surprise générale, alors que personne ne pariait sur lui, il a placé, par sa méthode et son mode de gestion, la barre tellement haut que succéder à Matata ne passe pas pour un simple jeu de pirouette. Pas étonnant qu’il ait résisté jusqu’à ce jour à la vague déferlante qui a fait suite aux concertations nationales.
Personne ne lui donnait encore, au sortir de ce grand forum national, la chance de conserver son poste. Mais, plus de cinq mois après la clôture de ces assises, l’homme est toujours là, bien présent à l’hôtel du gouvernement où il continue à conduire l’action gouvernementale, loin des conjectures qui alimentent le microsome politique congolais.
Alors que la question de la formation d’un probable gouvernement de cohésion nationale accapare les esprits, à la Primature, c’est l’ambiance habituelle. Les dossiers sont traités en toute sérénité et les projections sur certains projets sont étalés sur plusieurs années, sans qu’on se soucie le moins du monde du lendemain. Un climat qui présage du maintien – sans doute acquis – de Matata à son poste. Dans tous les cas, renseignent des sources généralement bien informées, il ne devait en être autrement. Partout ailleurs, tous les signaux vont dans le sens du maintien de Matata. 
Des critiques politiques sont tout aussi formels. En deux ans des commandes de l’action gouvernementale, Matata a donc posé des actes qui comptent et qui lui ont finalement permis d’avoir la totale confiance du chef de l’Etat. Si bien que pour le président de la République, remplacer Matata dans les conditions actuelles, c’est donner un coup d’arrêt fatal à l’ambitieux programme qu’il exécute sur la base des axes prioritaires du projet de la « Révolution de la modernité ».
Est-ce à dire que Matata est parmi ces quinze collaborateurs zélés et déterminés que le chef de l’Etat cherchait depuis un temps ? Certainement. Le moment serait-il propice pour le remplacer ? Pas évident. 

PARTI POUR RESTER
Dans tous les cas de figures, Matata est parti pour rester. Il devait rester jusqu’en 2016, prédisent des observateurs avertis de la scène politique congolaise. Lui trouver un remplaçant n’est pas chose facile pour le chef de l’Etat. Sinon, il l’aurait déjà fait depuis bien longtemps. Mais, en fin connaisseur de la vie politique congolaise, le président de la République a pris du recul jusqu’à se faire une idée claire sur la personne appropriée pour l’aider à concrétiser son rêve d’un Congo émergent, prêt à rebondir pour s’affirmer comme une grande nation au cœur de l’Afrique.
Comme dans un puzzle, Matata a été cette pièce manquante, ce chainon manquant que le chef de l’Etat a pu finalement dénicher. Bien sûr, la bonne prestation de Matata ne fait pas les frais de ses concurrents qui se recrutent en premier lieu dans sa propre famille politique.
Présenté à sa nomination plus comme un fin technocrate qu’un politicien aguerri, Matata a mûri avec le temps. Aujourd’hui, il dispose de reins assez solides pour résister à toute attaque. Il l’a d’ailleurs prouvé lors de sa dernière conférence de presse.
Alors qu’il se présente désormais comme potentiel dauphin à la présidentielle de 2016, Matata aura besoin de plus d’envergure pour résister à toutes les flèches mouchetées qui seront dorénavant orientées vers lui. En effet, son maintien  - plus que jamais une certitude – au poste de Premier ministre lui ouvre grandement la voie à la grande course de 2016.
Dans l’hypothèse où Joseph Kabila ne se présente plus en 2016, Matata est bien placé pour combler le vide. Et pour Kabila, Matata conviendrait bien à endosser la nouvelle étoffe. En deux ans, Matata s’est véritablement inscrit dans la logique du chef de l’Etat. Si bien qu’entre les deux, il s’est tissé une complicité que Kabila pourrait bien utiliser pour se refaire une nouvelle identité après 2016. De ce point de vue, Matata a le profil idéal. Il a les atouts nécessaires pour pérenniser l’œuvre de Kabila.
Si tel est le cas, Matata devra au préalable se livrer à une âpre bataille. Dans un premier temps, c’est dans son propre parti politique, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), puis dans sa famille politique, la MP, que Matata se butera à une forte résistance.

LA GRANDE BATAILLE
Matata reconduit au poste de Premier ministre, les chefs des partis de la Majorité devront encore se faire de soucis. En 2012, il a nettement privé ses préférences en écartant de la course au gouvernement les plus en vue des chefs des partis de la Majorité. Il n’en a finalement retenu qu’un échantillon – sans doute par la volonté du chef de l’Etat.
Mis en chômage involontaire, ces chefs des partis n’ont jamais digéré cet affront. Ils ne sont pas non plus prêts à le lui pardonner. Ce sont ceux-là qui continuent à s’opposer à son maintien. Et Matata le sait. Acceptera-t-il alors de travailler avec ces adversaires ? Rien n’est évident. Pourtant, pour s’affirmer en 2016, Matata aura besoin de fédérer plus d’adhésion autour de sa candidature. Même si cela ne dépend que de Kabila, le succès de 2016 dépendra aussi de l’apport de chaque parti et regroupement politique de la MP. Ainsi, une exclusion n’irait nullement en faveur de Matata. Bien au contraire, il devra composer avec tout le monde.
C’est en s’appuyant sur cette stratégie que Kabila a passé avec succès le cap de 2006, pour rééditer l’exploit cinq ans après, en 2011. Matata devra donc suivre cette voie de la sagesse, le chemin emprunté par le maître.
Pour l’instant, une chose est sûre : Matata reste à son poste. Par conséquent, il se met en pole position pour jouer au dauphin en 2016. Même si Kabila ne s’est pas encore prononcé sur le sujet, tous les indicateurs convergent vers Matata Ponyo Mapon, le dauphin.
__._,_.___

Viewing all articles
Browse latest Browse all 7879