Journal Le Phare, le 13 Avril 2014

Le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) a battu le rappel de ses troupes sur l’ensemble du pays, le dernier week-end, dans le cadre de l’organisation de son mini-Congrès, du samedi 12 au dimanche 13 avril à Mbandaka, dans la province de l’Equateur. Le prétexte évoqué était la célébration du douzième anniversaire de la création du parti présidentiel.
Dans son discours d’orientation générale, Evariste Boshab, son Secrétaire général, a fait savoir aux 800 cadres et militants réunis dans l’Amphithéâtre de l’Institut Supérieur Pédagogique de Mbandaka, que leur mission était de réfléchir autour des stratégies de nature à pérenniser les actions de leur « Autorité morale », Joseph Kabila.
En d’autres termes, les « Congressistes » devraient imaginer le discours à tenir et les actions à mener en vue de permettre à leur parti et, partant, à son « fondateur », de conserver le pouvoir. A cet effet, plusieurs commissions de travail ont été mises en place. On croit savoir que les échanges ont essentiellement porté sur les voies et moyens d’amener la classe politique, la Société Civile et l’électorat de la RDC à avaler, sans trop rechigner, l’amère pilule du changement du mode de vote pour certaines échéances du processus électoral : élections des chefs des secteurs, des conseillers municipaux, des bourgmestres, des conseillers urbains, des députés provinciaux, des gouverneurs de provinces, des sénateurs, du président de la République.
Mbandaka devrait, aux yeux de nombreux observateurs, consacrer le passage en force la Majorité présidentielle pour obtenir la révision de plusieurs articles de la Constitution, de manière à mettre tout le monde devant le fait accompli. D’aucuns pensent que la participation du président de l’Assemblée Nationale, Aubin Minaku, à la grande messe politique de Mbandaka était pour préparer les esprits, au sein de la majorité parlementaire que détient jalousement le PPRD, à la Chambre basse, à renvoyer l’ascenseur à son parti dès qu’une requête en révision de la Constitution lui serait adressée.
S’agissant du Sénat, Evariste Boshab se trouve devant une porte ouverte, car son président, Léon Kengo wa Dondo, avait déjà annoncé, à l’ouverture de la session parlementaire actuelle, le lundi 16 mars 2014, que la révision de la Constitution figurait au nombre des matières inscrites à l’ordre du jour.
Tels qu’on connaît les effets dévastateurs de la majorité mécanique de la famille présidentielle lors du vote des matières ultra-sensibles au Parlement, il n’ y pas de doute que si les participants au mini-Congrès de Mbandaka décident de faire charcuter la Constitution avant la fin de la session actuelle, l’Opposition parlementaire serait une fois de plus balayée, malgré le tintamarre que font ses membres au sujet de leur refus de toute révision constitutionnelle.
Congo profond : la grande inconnue
S’il y a d’un côté la volonté affirmée du PPRD de se battre à fond pour conserver le pouvoir à travers un énième mandat présidentiel à donner à Joseph Kabila, son « Autorité morale », il y a de l’autre le Congo profond, où émanent des sons discordants quant à l’initiative « pprdienne » de révision constitutionnelle. Ce qu’il faut craindre, c’est une nouvelle fracture du Congo, au regard des pétitions et campagnes formellement menées par des acteurs politiques de l’Opposition, avec le soutien des églises et de la Société Civile, en vue de barrer la route à toute modification des articles 220, 197 et autres relatifs à la limitation des mandats présidentiels à deux et au mode de scrutin fondé sur le suffrage universel pour les conseillers municipaux et les députes provinciaux.
La RDCongo court le risque de connaître une nouvelle crise de légitimité, alors que celle de novembre 2011 n’est pas encore résolue, en dépit de l’organisation des Concertations Nationales, de la promesse de mise en place d’un gouvernement de cohésion nationale et du vote d’une Loi d’Amnistie qui fait la part belle aux auteurs des crimes de guerre et crimes contre l’humanité issus du Mouvement du 23 mars 2009 (M23).
Au moment où le peuple congolais attend que la CENI lui fasse oublier les tristes feuilletons de fraudes électorales de 2006 avec la CEI de l’Abbé Malumalu et la CENI du pasteur Daniel Ngoy Mulumba, il serait triste que le processus électoral soit de nouveau galvaudé par des compatriotes qui prétendent être respectueux de la volonté du souverain primaire.
Cafouillages à l’embarquement
A l’image des assises précédentes, marquées par la circulation désordonnée des listes des participants, le mini-Congrès de Mbandaka a fidèlement respecté la tradition. Il y a eu beaucoup d’appelés au bas de la passerelle, le vendredi 11 avril 2014,à l’embarquement, mais certains ont dû regagner leurs domiciles avec leurs bagages. A ces « refoulés » du protocole du PPRD se sont ajoutés d’autres.
En effet, pour des raisons techniques, le vol qui devait joindre Mbandaka le vendredi n’a pu atterrir à l’aéroport de cette ville, la piste n’étant pas balisée. Le pilote a dû revenir en catastrophe sur Kinshasa. Pris de peur, plusieurs dizaines de participants n’ont pas répondu à l’appel, le samedi 12 avril, se faisant automatiquement remplacer par la foule d’exclus de la veille.Le second aéronef a dû également revenir dans la capitale, quelques minutes après son décollage, un des moteurs ayant avalé un oiseau.
C’est finalement le troisième vol, intervenu le même samedi, qui a été le bon, avec la participation des inconditionnels, auxquels se sont mêlés des casse-cou. Au bout du compte, il y a eu plus de peur que de mal. Kimp