Vous dites, avec raison: "Que serait le Zaire si la revolution du 17 Mai 1997
n'avait pas eu lieu?Pourquoi blamer les Kabila?"
Les tombeurs de Mobutu (ou du peuple)?
La façon dont vous répondez vous-même à la question est celle d'un borgne. En effet, LDKabila, sa clique de nationalistes et le duo hégémonique de l'Est n'étaient que des pions en compétition les uns contre les autres. Seul maître: les intérêts anglo-saxons qui voulaient changer la donne régionale. Contre eux, la France n'a pas pu; pourquoi Mobutu aurait-il réussi?
Seul le peuple aurait fait obstacle
Pour une fois de notre vie nationale, nous avions une base solide pour partir. Oui, partir, avec hésitations comme tout peuple, mais partir de nous-mêmes. Nous avions un outil formidable: la constitution consensuelle issue de la CNS. Pour une fois, nous avions produit un document où nous nous sentions toutes et tous représentés... Aujourd'hui, nous avons un document produit dans une université étrangère: Liège! Qui se sent concerné? On le change comme on veut.
Mobutu ne se relevait pas du tout. Il partait: sur le plan politique et sur le plan santé. Le peuple s'organisait, timidement soit-il...
Les interventions étrangères
Nous avons vu de Montréal, toute l'élite congolaise, alors en vue, invitée et scrutée par l'Institut d'études stratégiques chez l'Oncle Sam: Tshitshi, Bwana Kabwe, Monsengwo, etc. En conclusion, l'évaluateur les avait jugés "très nationalistes". C'est là qu'il s'est fié au duo, pilier des "New Breeds Of Africa", pour lui proposer quelqu'un sur le Zaïre. Le jugeant "contrôlable", le Duo présenta LDKabila et se chargea d'éliminer le brillant, mais inattentif, Kisase Ngandu.
Aujourd'hui...
À part quelque saupoudrage ici et là, souvent fruit des soutiens extérieurs, nous sommes encore dans le rouge sur les plans politique et économique. À moins que les classifications régulières du pays ne vous parlent pas! Il y a pire. Tandis que la stratégie du chaos "contrôlé" de Mobutu avait mis fin à tout investissement -- nous n'étions pas encore en "mondialisatio!" -- le "calme" improductif et meurtrier du moment permet de solder des pans entiers du pays à la maffia internationale. Il est dit que nous risquons de nous réveiller un jour en train de revendiquer nos territoires... 89 pour cent du Katanga n'est-il pas cédé, dit-on?
La cléptocratie mobutiste était mauvaise; personne n'en disconvient. Mais de là à nous faire aimer une régime responsable de la mort des millions des congolais, d'autant d'humiliation, violence gratuite, destructuration culturelle, etc.?
Détester, critiquer ... les régimes Kabila n'est pas un retour à vanter le mobutisme. Ne nous enfermons pas dans une dualité qui nous empêche de voir le futur. Nous pouvons rejeter le mobutisme, le kabilisme et le colonialisme et VIVRE. Peut-être est-ce le meilleur choix: un fédéralisme responsable et équilibré... L'actualité nous donne encore un bon cas: l'Inde. Pour une population dans le milliard, 5.5 million ayant été exercés leur droit civique, 543 membres du Parlement seulement. Il est fort probable que le gouvernement fédéral n'aura pas plus de 25 ministres parce que les États fédérés sont fonctionnels.
Les seules personnes qui peuvent fêter, consciemment, le 17 mai sont les vainqueurs du peuple Zaïro-congolais: les INFILTRÉS CIVILS et MILITAIRES de l'Est. Espérons qu'ils vont survire à ce qui se trame, de l'Est.
À suivre!
Mastaki