Après Wade, Brahimi, Masire, Niasse, Mbeki, Swing et Meece
L'Udps en train de s'offrir la tête de Martin Kobler ?
Le mérite à reconnaître à l'offensive diplomatique promise par Félix Antoine Tshisekedi pour donner du tonus à l'Udps à l'intérieur du pays est celui d'abord d'avertir de rendre au peuple compte des réunions convoquées (sic) Martin Kobler. Les communiqués "pour diffusion immédiate" publiés à partir de Bruxelles par le cabinet du secrétaire national aux Relations extérieures de l'Udps avec - curieusement - avec l'adresse de Kinshasa trahissent en réalité le chef de la Monusco. La question est de savoir si Martin Kobler préfère se taire (comme pour cautionner la com' de l'Udps) ou s'en plaint et constate, à ses dépens, que le fils du lider maximo en fait à sa tête. Le dernier communiqué en date annonce pour ce 3 juin 2014 "La grande messe des envoyés spéciaux à Kinshasa". En voici le contenu intégral :
"Bruxelles/Le 30 mai, 2014/SNRE/Cabinet. Les envoyés spéciaux Russ Feingold (Etats-Unis), Mary Robinson (ONU), Boubacar Diarra (Union africaine) et Koen Vervaeke (Union européenne) ont convié l'UDPS à la 4ème Table ronde, le mardi 3 juin prochain dès 7h30 à la résidence de Martin Kobler, résidence de Martin Kobler, Représentant spécial de l'ONU en RDC.
" Le Secrétaire Général, Bruno Mavungu et le Secrétaire National aux Relations Extérieures, Félix Antoine Tshisekedi, constitueront la délégation du Parti et porteront le message du Président Elu de la RDC, Son Excellence, Dr Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA, en vue de la résolution du contentieux électoral de 2011 et en préparation des élections futures, qui se veulent transparentes et crédibles.
" Début mai, l'UDPS avait remis un cahier des charges à Martin Kobler, proposant des pistes claires et réalisables, afin de décanter la crispation politique et sociale qui s'est emparée de la RDC, depuis l'opération 'Tshisekedi a gagné, Kabila reste' menées armes aux points en 2011 et 2012.
" La grande messe des envoyés spéciaux à Kinshasa envoie un signal fort en direction de M. Kabila qui pensait instaurer la fraude électorale comme mode d'accès aux mandats publics et l'exercice du pouvoir suprême en RDC. L'UDPS s'y oppose depuis plus de trente ans et lutte pour 'le peuple d'abord'".
Ce communiqué - ne portant aucun numéro de référence à l'instar de tous les communiqués précédents émanant du cabinet bruxellois du fils Tshisekedi - a la singularité de porter des numéros téléphoniques de Bruxelles et de Kinshasa, mais l'adresse (siège) de Kinshasa seulement. Partant, on se sait pas très bien si c'est le père ou le fils qui engage le parti; le premier ayant l'habitude de désavouer les engagements que prend le second.
Les attentes de l'Udps
Ce plan de sorti de crise une fois remis au chef de la Monusco, le cabinet Félix Antoine Tshisekedi le révèle dans le communiqué du 5 mai 2014 intitulé "Consultation à la Monusco 2ème round ce lundi à Kinshasa". En voici, également, l'intégralité : "Bruxelles/Le 05 mai, 2014/SNRE/Cabinet. Le secrétaire général, Bruno Mavungu, conduira de nouveau la délégation de l'UDPS au 2ème round des discussions, convoqué par Martin Kobler, Représentant spécial de l'ONU en RDC, ce lundi 5 mai à 15h30 au siège de la Monusco à Kinshasa. Il sera accompagné de son adjoint, Mme Divine Malumba et du Secrétaire National aux Relations Extérieures, Félix Antoine Tshisekedi.
"A la 1ère réunion, le Secrétaire général, Bruno Mavungu, a été plus que percutant. Il avait remis sur la table les prescrits de l'Accord global et inclusif ainsi que le hold-up électoral de novembre 2011. Martin Kobler s'est dit fort impressionné par les observations de l'UDPS qui était aussi la seule délégation à lui remettre un mémo détaillé sur la conjoncture politique actuelle.
" Le premier round avait réuni, notamment, outre Mr Kobler, les ambassadeurs des Usa, de la France, de la Belgique et de l'Union européenne ainsi que des hommes politiques Ewanga (Unc), Martin Fayulu (Ecidé), Thomas Luhaka (Mlc) et Mr Bongongo représentant Léon Kengo.
"La pomme de discorde, Apollinaire Malu-Malu s'était présenté en compagnie de son Rapporteur, le député J-P Kalamba, élu de l'UDPS. 'Nous sommes déterminés à redresser la situation politique en RDC, la Monusco l'est tout autant. Cette fois, nous entrons dans le vif du sujet', affirme Félix Antoine Tshisekedi, empêché en dernière minute de participer au premier rendez-vous. Il a été remplacé par Bruno Tshibala, Secrétaire général adjoint".
Entre le 5 et le 30 mai 2014, le cabinet bruxellois va mettre sur le Net des communiqués datés respectivement du 12, du 24 et du 27 du même mois. Tous se caractérisent par la ridiculisation systématique et systémique du camp adverse. Tenez !
Du communiqué du 12 mai intitulé "Crise multisectorielle en RDC, L'UDPS relance le vrai débat national : Imposture à la tête de l'Etat", le premier paragraphe est formulé en ces termes :"Toute solution durable à la crise actuelle passe indéniablement par l'établissement de l'unique Président Elu le 28 novembre, 2011, en l'occurrence Son Excellence Etienne Tshisekedi wa Mulumba, dans ses fonctions'. C'est ce que souligne l'UDPS dans le cahier des charges remis à la Monusco le 5 mai dernier, tel que souhaité par Martin Kobler...". Le troisième est formulé en ces termes : "Depuis le coup d'Etat électoral de 2011, l'imposteur Kabila ne fait que du patinage politique à la tête du pays, pour distraire la population et l'enfoncer davantage dans la misère', déclare depuis Kinshasa, Félix Antoine Tshisekedi, Secrétaire National aux Relations Extérieures. 'Son plan est de créer un Etat de 70 millions de clochards, mais nous ne le laisserons pas faire', souligne Félix Tshisekedi qui prépare une offensive diplomatique sur fond du cahier des charges de l'UDPS".
Même tonalité dans celui du 24 mai 2014 introduit par ce paragraphe : "L'UDPS, vainqueur usurpé des élections de 2011, affrontera directement, pour la première fois, les ténors du putsch électoral, au cours du 3ème round des discussions, qui aura lieu le mari 27 mai prochain à la Monusco". Du dernier paragraphe, on peut retenir cette phrase : "L'UDPS demeure fermement debout par le contentieux électoral de 2011 qui doit être préalablement vidé avant les futures échéances électorales', déclare Félix Antoine Tshisekedi, prêt pour les prochaines batailles".
Le communiqué du 27 mai a cet étrange titre : "Crise multisectorielle en RDC, Martin Kobler se met à la table à dessin" ! Il mérite une reproduction intégrale : "Bruxelles/Le 27 mai, 2014/SNRE/Cabinet. Au nom de la communauté internationale, le Représentant spécial de l'ONU au Congo, Martin Kobler, présentera sous peu, la première mouture du plan, susceptible de conduire la RDC vers la sortie de la crise multisectorielle qu'elle connaît depuis la fraude électorale de novembre, 2011.
"M. Kobler a reçu mandat au cours de la 3ème rencontre avec les acteurs politiques qui s'est tenue ce mardi 27 mai à sa résidence. Le Secrétaire général de l'UDPS, Bruno Mavungu et le Secrétaire National aux Relations Extérieures, Félix Antoine Tshisekedi ont ébranlé la crédibilité du controversé président de la CENI, Apollinaire Malu-Malu, en décortiquant, pièce par pièce, son chronogramme électoral, qui contient des astuces pouvant l'amener jusqu'en 2018 sans que les élections présidentielles soient organisées.
"Les participants à la rencontre ont néanmoins, commencé à élaborer les principes qui mèneront aux élections crédibles et la Monusco a offert sa médiation. Martin Kobler s'est mis à la table à dessin pour formuler une proposition qui tiendrait compte des exigences des uns et des autres.
"Etaient au débat, entre autres, Olivier Kamitatu (ARC), Thomas Luhaka (MLC), Vital Kamerhe (UNC), Bongongo (UFC), Willy Makiadi (PALU), Malu-Malu (CENI) et le ministre Kashuesue, de la majorité kabiliste (Agriculture)".
En attendant de savoir pourquoi l'Udps massacre le nom du représentant du Palu, dégage l'Arc de la majorité présidentielle et n'identifie pas par son vrai nom le ministre de l'Agriculture, force est de constater que ce titre est suffisamment révélateur de ses attentes. En d'autres mots, l'Udps met pression sur la Monuc (comme à l'époque de Swing) et la Monusco (comme à l'époque de Meece), exactement comme ce fut le cas par le passé sur Moustapha Niasse, Ketumile Masire, Thabo Mbeki, Lakdhar Brahimi et Wade...
Pas de contentieux électoral
Car, la "grande messe des envoyés spéciaux" annoncée avec pompe par l'Udps pour le mardi 3 juin 2014 n'aboutira nullement à la restitution du fameux "impérium"à Etienne Tshisekedi, seul et unique candidat à la présidentielle au monde à se révéler incapable, deux ans et demi après le scrutin électoral, à donner le score exact de sa victoire. Lui-même s'était octroyé 75 % et laissé à Joseph Kabila 28 ou 27 %, sans rien laisser aux 9 autres concurrents. Son parti l'a proclamé vainqueur à 52,06 % sur base d'une compilation arrêtée à moins de 10 %. Son secrétaire général Shabani, son conseiller politique Mubake et son "partenaire" Diomi Ndongala lui ont attribué 54 % ! Kamerhe - qui l'a proclamé vainqueur (sans indiquer cependant le score !) - n'a jamais produit devant l'organe de loi les preuves promises.
Dans le communiqué du 24 mai 2014, l'Udps annonce le séjour à Kinshasa de Russ Feingold du 2 au 5 juin et "soupçonne" (sic) des concertations "axées sur l'Accord-cadre d'Addis-Abeba"avec pour participants au " premier dialogue post-électoral" (resic)" le camp légitime, les usurpateurset l'opposition".
Or, l'Accord-cadre prévoit pour la partie congolaise 6 engagements, à savoir :
* Continuer et approfondir la réforme du secteur de la sécurité, en particulier en ce qui concerne l’armée et la police;
* Consolider l’autorité de l’Etat, en particulier à l’est de la République démocratique du Congo, y compris en empêchant les groupes armés de déstabiliser les pays voisins;
* Effectuer des progrès en ce qui concerne la décentralisation;
* Promouvoir le développement économique, y compris au sujet de l’expansion des infrastructures et de la fourniture de services sociaux de base;
* Promouvoir la réforme structurelle des institutions de l’Etat, y compris la réforme des finances; et
* Promouvoir les objectifs de réconciliation nationale, de tolérance, et de démocratisation".
Il est clairement démontré qu'il n'y est pas question de contentieux électoral.
L'Udps met la barre plus haut
Par voie de conséquence, l'Udps en sortira sans obtenir l'impérium. Elle actionnera son vieux stratagème de victimisation remontant à avril 1990 pour s'en prendre à la communauté internationale qu'elle accusera de nouveau d'être à la base des "malheurs" du peuple congolais; ce qui va encore apporter de l'eau au moulin des fameux combattants de la Diaspora, nourrie de haine ethnotribale et même de racisme.
Ce qui est toutefois sûr, c'est que ce parti entend mettre très haut la barre pour obtenir de la "grande messe" l'assurance de la fameuse alternance démocratique préconisée par les ONGDH réunies en séminaire-atelier au Cepas en prévision du séjour du secrétaire d'Etat américain John Kerry à Kinshasa le 4 mai 2014. Autant dire l'assurance d'un vrai hold-up électoral, dès lors que l'on voudrait ordonner à la Majorité présidentielle d'échouer impérativement aux échéances électorales de 2015-2016 et à l'Opposition de gagner absolument, même sans coup férir.
La question, la vraie, serait alors de savoir ce qui se passerait si la Mp venait à boycotter cette messe en même temps qu'elle ne se rendrait plus aux rounds de la Monusco convoqués par Martin Kobler et refusait à se faire hara-kiri lors à l'occasion des scrutins à venir...