Comme les partis d'extrême droite ici en Europe, face aux dysfonctionnements de leurs sociétés au détriment des citoyens les plus faibles (notamment les plus pauvres, catégorie dans laquelle sont fortement représentés leurs citoyens d'origine étrangère), Ne Muanda Nsemi pose plusieurs questions très pertinentes sur notre "vivre-ensemble", mais il y apporte une mauvaise réponse et y distille un gros mensonges ainsi qu’une considération de jugement spirituel très subjectif.
La mauvaise réponse est celle de la reconstitution de l'empire Kongo, sur les cendres des quatre Etats modernes qui l'ont absorbé (Angola, RD Congo, Congo-Brazza et Gabon). D'une part, c'est ignorer que l'empire Kongo lui-même a résulté de l'agrégation à son noyau central de parties de territoires et de peuples qui n'en faisaient pas partie initialement, car cela constitue le processus historique de formation des ensembles étatiques. D'autre part, Bundu dia Kongo, comme ses pendants angolais et congolais (Brazza) auparavant, surestime et dissipe ses forces en s'attaquant à des Etats déjà constitués. Ces Etats seront obligés de défendre leur intégrité territoriale reconnue au plan international. "Le Grand Maître de la Sagesse Kongo" Ne Muanda Nsemi serait plus sage de plutôt irriguer ces quatre Etats de la sagesse Kongo, de cette discipline infusée par l’Archange comme il dit: requinqués et retrouvant les élans créatifs de nos ancêtres, nous lui serions tous reconnaissants, y compris dans nos livres d'Histoire et dans nos reconversions identitaires en héritiers de l'empire Kongo dans ses meilleurs aspects.
Son approximation factuelle, voire un mensonge net, c'est de prétendre que seuls les Bakongo partagent des liens avec leurs frères en Angola et au Congo-Brazza. En effet, c'est aussi les cas des "Bangala", car les rives du fleuve Congo et de l'Oubangui, au nord de l'espace Kongo, sont habitées par des "Bangala" qui se font face et continuent à entretenir (différemment certes) leurs liens sociaux séculaires. Tout comme les Chokwe et les Lunda de la RDC ont aussi leurs frères d'ethnies en Angola. Il y a même préservation de leur chefferie traditionnel en ce qui concerne les Lunda, le Mwant Yav ayant sa capitale en RDC – l’empire Kongo ayant vu ses héritiers du trône disparaître de l’officialité depuis belle lurette (ce qui est un des problèmes de la société des Ne Kongo, comme de celle des Luba par exemple).
L'élément subjectif du discours de Ne Muanda Nsemi, c'est de faire croire que seuls les Bakongo disposent d'un héritage de sagesse, soi-disant transmis par un Archange. C'est un ethnocentrisme de bon aloi... et qui se retrouve dans pratiquement chaque groupe humain. Chez moi aux Maniema, nous sommes les "civilisés" et les autres sont donc des "barbares", des "sous-hommes". Il faut dépasser ces visions dichotomiques, binaires et donc primaires, démenties par les avancées les moins réfutables des sciences sociales!
Réalisons que nous sommes dans le même bateau RDC qui prend de l'eau de toutes parts. Sachons que si nous ne nous sauvons pas ensemble, nous périrons ensemble!
Ceci est d'ailleurs vrai pour l'Afrique globalement, voire pour l'humanité!
Mais le discours de Ne Muanda Nsemi garde son utilité, car il soulève des questions pertinentes de notre cohabitation et "cohésion". Ceux qui ont voulu exterminer les membres de Bundu dia Kongoen 2007 (Joseph Kabila et ses complices Raus Chalwe et cie) sont les vrais "barbares", les ennemis de notre nation contre lesquels nous devons lutter de manière mieux concertée! Floribert Chebeya, dont nous méditons sur le quatrième anniversaire (01.06.2010-01.06.2014) de son assassinat par les sbires de Joseph Kabila, n’est-il pas mort justement (et en tant que Juste) dans ce combat en faveur des droits des membres Bundu dia Kongo, lui qui est un « Shi », un natif des collines du Kivu montagneux ?
Salutations patriotiques!
Nzogu bin Kyantede P R