CDPS : UN NOUVEAU PARTI, QUELLE PROMESSE POUR LE PAYS ?

Ce parti a été agréé le 9 juin dernier. Sa sortie officielle a été organisée avec éclat le samedi 9 juillet 2011, dans la cour du Collège Saint Joseph, au centre-ville de Kinshasa. La cérémonie était haute en couleurs et grouillait de monde. Plus d’un millier d’adhérents, des dizaines de hauts représentants des partis politiques du pays, une brochette de diplomates et personnel d’ambassades, des dizaines de personnalités invitées, des artistes et divers hommes de culture, une cohorte bien en vue des bicyclettes où juchaient des dizaines de personnes handicapées auxquels étaient venus se mêler des centaines de badauds… Sous l’animation des Jeunes de Kenge, tout baignait dans la fête et dans un air indéfinissable d’espoir en rebond.
En maître de cérémonie, et sur un ton assuré de pontife convaincu et convaincant, le président intérimaire du CDPS, l’ambassadeur honoraire Beltchika Kalubye François-Xavier, a articulé un discours digne des plus hauts prétoires. Le CDPS, a-t-il ponctué, a un marquage au centre gauche de l’opposition, une filiation avec les premiers combattants de la démocratie en 1982 dont certains sont dans ses rangs, une vision généreuse de paix et de progrès à partager, un combat ardu à livrer en faveur de la paix, de la justice, du bien-être et de la dignité de tous les congolais, des alliances politiques à proposer sur la seule base de programme concerté, une offre spontanée de paix et de solidarité aux autres peuples et nations, des milliers d’adhérents dans le Congo profond, une organisation démocratique interne, un état-major de qualité, un enracinement dans diverses diasporas congolaises, etc.
En bref, M. Beltchika Kalubye a présenté l’identité historique et idéologique du CDPS, révélé la nature et les principes de sa lutte politique, et assuré quant à l’enracinement populaire du CDPS. Il a proclamé haut et fort le brin de fraîcheur et d’espoir dont ce nouveau parti est porteur. Enfin, il a promis de renforcer le combat en faveur d’une éthique politique tournée vers davantage de responsabilité.
LE VERTIGE DU NOMBRE
C’est le vertige du nombre. Déjà près de quatre centaines de formations politiques au Congo-Kinshasa ! C’en est un peu trop. Les Congolais n’auraient aucun tort de s’en inquiéter. Les raisons sont légion. L’action des partis politiques est fort peu perceptible dans la population et dans les institutions. Des états-majors politiques se sont disloqués et évanouis, aussitôt après les élections de 2006. Les électeurs d’hier peinent à retrouver les présidents, vice-présidents et autres secrétaires généraux des partis ayant à peine sollicité leurs suffrages. Seuls les élus – députés, sénateurs, ministres et gouverneurs devenus d’inabordables et intouchables « Honorables » et « Excellences » – sont très nombreux à se rappeler au bon souvenir des Congolais. Et de quelle manière ? Par l’oubli de la plupart de leurs promesses électorales. Par leur absence ou leur inexplicable silence dans tous les hémicycles. Par leur insouciance et leur amateurisme dans l’exercice de leurs mandats au sein des gouvernements central et provinciaux. Par leurs inexplicables dérobades et déficits d’imagination devant les vraies questions de la nation : défense et sécurité, paix, justice, corruption et impunité, emploi, revenus, habitat, santé, éducation, eau et énergie, infrastructures, rééquipement et mutation de l’économie, renforcement des institutions et crédibilisation de l’État.
Les élus se font également remarquer par leurs débats passionnés au sujet de leurs émoluments et divers autres jetons. On en a vu la majorité réellement préoccupée par les enveloppes à empocher, la veille du vote des budgets ou de l’amendement de la constitution.
Une fois les élus accaparés par l’affairisme et plombés par l’amateurisme, la qualité elle-même de la démocratie en a pris un sacré coup ! L’écrasante majorité des élus de 2006 discourent à gauche, et votent à droite ! L’État congolais est, du même coup, descendu de plusieurs marches dans les profondeurs abyssales de la déliquescence. La désaffection et la lassitude guettent les congolais, aussitôt qu’on leur parle de la classe politique, des lois et des institutions.
Un parti politique de plus ou de moins dans ce paysage, fût-il le CDPS : quel écho pourrait-il bien avoir ? Il y a comme du vertige face au nombre exorbitant de partis politiques.
L’ABSENCE DE TOUT REPERE
Le CDPS a le malheur – ou peut-être, bien au contraire, une chance historique – de surgir dans ce paysage où tout semble avoir été dit et fermement promis, mais où rien de substantiel dans la reprise en mains du destin du pays ne semble avoir connu un moindre début de commencement. Aux yeux d’un peuple qui attend impatient les actes fondateurs de sa libération (vis-à-vis de la peur et de la violence, de la famine et de l’insécurité, de l’ignorance et de la maladie, de l’injustice et de l’indignité), tout discours est trompeur, toute nouvelle promesse est félonie.
Sans une vision qui mette du relief et de la cohérence parmi les tâches à accomplir dans la reprise en mains du pays, les repères sont désespérément brouillés. Les dénominations des partis politiques qui brillent par leur œcuménisme idéologique ne sont pas faites pour rassurer. Une boussole précise tarde à se signaler au gouvernail. Et le pays, qui est ballotté dans ces eaux troubles des plateformes et alliances politiques scellées autour des individus et stratégiquement incolores, peine à se trouver un cap.
Pragmatisme ? Non ! C’est plutôt une espèce de cécité : sur l’essentiel dans la vie d’un État, sur les méandres d’une démocratie en danger de dévoiement et sur les exigences de construction du développement.
Le personnel politique congolais a encore du chemin à parcourir avant de compter dans ses rangs de véritables hommes d’État. La population en a un vague sentiment, sinon une ferme conviction. Dès lors, les partis politiques ne sont, à ses yeux, que des ascenseurs dans la carrière politique des individus, ascenseurs aussitôt remisés au rencard une fois la carrière lancée. Aucun repère : ni idéologique, ni historique, ni encore moins éthique. Le pays a encore du grain à moudre avant de se trouver une vision et de renouer avec son destin de grande nation !
L’Inévitable rupture
L’édifice national à bâtir a, certes, sa première pierre déjà posée un certain 30 juin 1960. Mais, depuis 51 longues années, ses plans de construction ne semblent pas encore sur la table de quelque architecte. Et ses candidats bâtisseurs, qui se bousculent devant les électeurs, n’ont cure de s’inscrire dans une bonne école d’ingénieurs. En clair, la classe politique congolaise en est encore à cafouiller !
C’est dans ce contexte que vient d’apparaître le CDPS. Ce parti est fort de la détermination de ses nombreux militants et cadres qui ont longtemps refusé de bricoler, et qui ont longtemps conspué certains bricoleurs aux commandes du pays. Le CDPS ambitionne d’être un corps de bâtisseurs affermis, patiemment rassemblés depuis février 1982 pour contester, au risque de leur vie, les imposteurs que la recherche du gain facile avait improvisés, derrière le général Mobutu, sur le chantier de la République. En clair, le CDPS est né au-dedans de l’UDPS, où son noyau dur de cadres et de militants a longtemps constitué sa boussole et son principal aiguillon. Bien plus, il est sorti d’un maillage très serré : le 1er congrès de l’UDPS d’avril 2009.
Ce 1er congrès, très tardif, ne fut pas qu’un simple séisme au sein de l’UDPS. Il fut un moment d’introspection et une école pour l’UDPS dans la vie nationale. Le demi-siècle d’indépendance gaspillé par le pays, a été passé au peigne fin. Le jeu d’intérêts des gouvernants et de leurs alliés objectifs déguisés en opposants, a été décrypté. Les guerres et les diverses calamités qui endeuillent le Congo ont été froidement réexaminées. Les atouts et les exigences du Congo dans la construction de son propre destin, de la paix et de la solidarité dans le monde, ont été cernés. Les difficultés et obstacles sur ce chemin malaisé ont été dosés. Des éléments d’une nouvelle vision du destin collectif ont été épinglés. Les responsabilités éthiques, les exigences managériales et les compétences techniques de ceux qui, avec le peuple congolais, bâtiront le destin du pays dans la paix et la concorde, ont été dessinées.
Bref, le choc du drame congolais, le rebond des consciences qu’il a suscité à ces assises, ainsi que les exigences de vision et de réorganisation de la lutte politique qui s’imposaient, ne pouvaient s’accommoder ni de l’amateurisme traditionnel d’opposants baroudeurs, ni du manichéisme à relents sectaires, ni encore moins d’une gestion bonapartiste du parti, de ses projets et de ses adhérents. Le 1er Congrès fut effectivement celui de la refondation idéologique, stratégique et organisationnelle de l’UDPS.
Dans un langage aseptisé qui lui est propre, l’ambassadeur Beltchika Kalubye a dit tout cela à Sainte Anne, dans son effort visant à retracer les origines du CDPS et à présenter l’apport que ce tout nouveau parti entend faire au combat du peuple congolais. Décidément, a-t-il martelé devant un public plus qu’attentif, le moule organisationnel du passé ne pouvait plus abriter la nouvelle conscience politique, ni faire droit aux nouvelles exigences de lutte. Désormais une rupture idéologique et doctrinale d’avec le passé devenait inévitable. Dès avril-mai 2009, le CDPS existait déjà : en esprit et à travers le statut notarié issu du 1er Congrès.
Devant les assauts répétés et les agressions des conservateurs intérieurs, il ne restait plus à ce courant rénovateur que de solliciter, pour sa survie, une existence juridique propre auprès du Ministère de l’Intérieur. Le CDPS fut enregistré le jeudi 9 juin 2011. À l’épreuve du terrain, la rupture d’avec le passé s’est avérée inévitable.
L’OUVRIER DE LA DERNIERE HEURE
Dans ce contexte de grisaille, marqué par une démission des politiques congolais devant leurs responsabilités d’hommes d’État et leurs promesses électorales, le CDPS, sortant de ses fonds baptismaux, fait figure de l’«ouvrier de la dernière heure ». Le CDPS est cet ouvrier de la Bible qui, recruté tard dans un vignoble, ne mérita pas moins d’éloges et de rémunération que les autres ouvriers.
Le chantier de la reconstruction du Congo est immense, et peine à démarrer. Les bâtisseurs y atterriront à des périodes distinctes et, le cas échéant, le quitteront à des moments différents. L’heure de prise de fonction sur un si vaste chantier longtemps en friche, compte pour peu de choses. L’horizon temporel des nations n’est pas celui des individus : les gourous et autres autocrates se trompent et nous abusent souvent, à ce sujet.
L’arrivée sur scène du parti de Righini, issu du 1er congrès historique de l’UDPS, semble prometteuse à plus d’un titre. Au profit de la démocratie, au profit du pays et au profit du peuple.
… AU PROFIT DE LA DEMOCRATIE
Le CDPS se veut un parti de conviction. Sa démarche procède d’une vision précise de la démocratie. Elle est liée à une conception originelle et rigoureuse du régime démocratique comme étant d’abord une culture, un code d’éthique collectif, avant d’être un mode spécifique d’organisation et de fonctionnement de l’État.
Pour le CDPS, qui a la prétention de diriger un jour, la première exigence est d’instaurer et de vivre pleinement le régime démocratique dans son organisation propre et dans son fonctionnement quotidien. Les entorses de type autocratique, les pratiques clientélistes et les relents dynastiques au sein du parti, rendent ce dernier incapable de tenir un jour la promesse d’une gestion démocratique au sommet de l’État. « La gestion démocratique de notre parti doit préfigurer la gouvernance que ce même parti fera des institutions de l’État, une fois l’alternance au pouvoir devenue réalité », a indiqué en substance l’ambassadeur Beltchika Kalubye.
Depuis que le monde est monde, le régime démocratique est le moins mauvais et le plus exigent. La rigueur qu’il impose à la tête de l’État commence donc par la rigueur que les partis politiques doivent exercer sur eux-mêmes. Elle implique le respect strict des textes statutaires et réglementaires, au-delà de l’observance scrupuleuse des règles prônant le respect de la liberté de chacun, le courage de ses propres opinions, la courtoisie dans la confrontation d’idées et dans le partage d’expériences, le respect du vote majoritaire, le sens de responsabilité et la rigueur au travail.
Au nom du CDPS, M. Beltchika a été clair : l’éthique démocratique est incompatible avec le fait pour un individu de s’ériger en un autocrate péremptoire, arbitraire et implacable. Elle interdit à tout parti démocratique de s’ériger en une officine politicienne, de substituer la violence au débat d’idées et à la confrontation pacifique de programmes, et d’ériger la démagogie et la désobéissance civile en règles de comportement civique.
En bref, le CDPS accepte, jusqu’aux conséquences ultimes, la rigueur éthique du choix démocratique : la compétition entre démocrates n’est pas une épreuve de biceps ; elle doit demeurer une confrontation d’idées et de programmes devant le peuple souverain. Ni achat de consciences, ni chantages, ni menaces !
Pour le moins, il est immoral et cynique de chercher à bâtir une popularité sur les calamités endeuillant son propre pays. La RDC n’a aucune excuse d’échapper à ce principe universel de morale. Sur fond de l’incapacité des dirigeants (aussi bien que de leur indiscutable roublardise), la pauvreté croissante du peuple congolais et les calamités qui endeuillent le pays ont longtemps été exploitées, dans une certaine opposition, de la pire manière politicienne qui soit : c’est-à-dire avec une joie maligne et un espoir secret que ces sinistres frappant la communauté durent jusqu’au cataclysme politique.
Ce cynisme mène ça et là à un attentisme. Il amène à préférer le plus longtemps possible le lit douillet d’opposant. Il force à tourner le dos à l’obligation patriotique de se mouiller, d’aller au charbon, et de s’exposer aux critiques – voire au risque d’impopularité – en participant activement à la recherche des alternatives pour tirer son propre pays du bourbier.
Depuis 1990, que d’exemples historiques de désengagements et de rétractations spectaculaires, à des moments où notre pays était au creux du désespoir ! En vérité, derrière ce cynisme de politicien niche une peur bleue, la peur de l’épreuve face à la réalité et de la compétition avec les concurrents.
Il convient de noter que l’exploitation politicienne des calamités frappant le pays est un discours politique qui ne fait pas de détail. À dessein, l’opposant cynique confond entre elles plusieurs choses relevant de divers ordres : les actes criminels des gouvernants, leurs erreurs et manquements (souvent dus à l’incapacité, l’impréparation ou l’imprévision), et les échecs liés à l’impossibilité pour toute forme de gouvernance de changer instantanément des situations qui exigent, de par leur nature, des efforts étalés dans la durée. Tout ceci est présenté par la critique politicienne comme des « actes criminels délibérés » de la part des gouvernants, et dénoncé comme tels.
Le peuple congolais, qui souffre et étouffe depuis des décennies, acquiert ainsi un mode de pensée binaire, jusqu’à l’absurde. À ses yeux, l’État congolais est un enfer à cause de tous les citoyens (ces malhonnêtes !) qui s’impliquent dans les institutions. Toujours aux yeux de ce même peuple, l’État congolais serait, par contre, un paradis avec tous les citoyens (ces honnêtes gens !) qui évitent de «se salir les mains» dans le bourbier congolais, en fuyant toute responsabilité d’État, et en se réfugiant dans le cocon douillet de l’opposition.
On viendrait dans les institutions de l’État congolais comme vers une vaste mangeoire : «pour manger», et jamais pour servir une autre cause, quelle qu’elle soit ! Quel honnête homme prendrait le risque de servir le pays dans les institutions ?
Pour le congolais moyen, la vertu et les solutions seraient donc chez ceux qui ne s’engagent qu’à critiquer ravageusement, qui s’abstiennent d’esquisser une moindre solution pour le pays, et qui ont peur de venir dans les institutions !
Traités en ennemis publics, conspués à temps et à contretemps, chahutés à tort et à raison, les dirigeants n’ont cure, autour de la grande mangeoire, de mettre à l’avant-plan les intérêts du pays. Ils n’hésitent pas à recourir au pouvoir de l’argent et à la violence légale pour abuser, réprimer et torturer, masquant sous un même manteau leurs frasques, leurs crimes, leurs erreurs et l’impossibilité avérée pour eux – comme pour tout dirigeant – d’opérer des miracles. C’est connu : les dirigeants congolais n’ont que des bilans élogieux à claironner sur les médias publics confisqués. Placés constamment en position d’autodéfense autour de l’immense «mangeoire» qu’est l’État, ils ont la gâchette facile devant tout attroupement et devant toute velléité d’opposition. Ils ne se souviennent de la constitution du pays que placés au pied du mur par des abus du pouvoir, souvent après l’irréparable.
Sous quel régime congolais n’a-t-on pas déploré cet état d’esprit des dirigeants, ainsi que les pratiques qu’il appelle ? Sous quel régime congolais n’a-t-on pas déploré «les atteintes graves aux droits de l’homme, aux droits de l’opposition, et à la liberté de la presse» ? Quel régime congolais n’a-t-il pas, devant des forfaits et abus pourtant avérés, opposé un démenti formel « à ces accusations injustifiées » ?
En définitive, quelles peuvent être la qualité et les vertus créatrices de la démocratie congolaise ? Cette démocratie au rabais – sans aucun rêve de compromis sur quelque intérêt commun que ce soit – repose, en effet, sur un manichéisme primaire, savamment distillé dans la culture politique du pays. Dès lors, que peut-on bâtir de valable, de durable et de grandiose sur la base d’une profonde« suspicion légitime » entre une majorité narcissique au gouvernement et une opposition stérile ? Rien !
Le CDPS invite donc les congolais à s’armer de courage et de méthode pour secouer ce cocotier, pour changer cette réalité de fond.
Se rangeant dans l’opposition, le CDPS ne se veut pas un parti qui se satisfait d’aboyer. Il prône son ouverture sans exclusive, une attitude de dialogue et de compromis, et un effort minimum de loyauté face aux intérêts évidents du pays : souveraineté, sécurité, justice, et protection des droits fondamentaux de l’homme et du citoyen. Avec modestie, il propose son concours, sa collaboration et même sa solidarité aux partis et personnalités politiques en congé de la paresse, de la médiocrité morale et intellectuelle, et de la peur de s’engager.
À ce sujet, les paroles prononcées par M. Beltchika Kalubye sont sans ambigüité : « Le CDPS entend contribuer à infuser dans les mœurs politiques de la classe et l’élite politiques congolaises une culture responsable, qui tranche avec la politique politicienne en privilégiant l’intérêt général ». La promesse est claire.
La démocratie congolaise doit absolument gagner en qualité, mais aussi en créativité. Parce que les partis politiques doivent avoir le courage de porter leurs convictions, de braver les défis de leur peuple sur terrain et de brider toute tentation politicienne de n’exister que pour la vaine gloire de leurs dirigeants. La mission d’une opposition ne se borne pas à chahuter des pyromanes – vrais ou supposés tels – devant un État qu’elle reconnaît en déliquescence et une nation qu’elle dit en flammes ! Elle est de braver les flammes, de neutraliser les vrais pyromanes et de rebâtir le pays à neuf et meilleur qu’avant.
Une telle démocratie – de culture, de conviction et d’action – reste à portée ! Le Congo en a un grand besoin ! Le CDPS, qui n’est la propriété ni l’instrument d’aucun président-fondateur, compte parmi les rares formations politiques du pays à croire fermement aux vertus de l’ouverture et à forger avec détermination la culture du compromis au service de tous.
… AU PROFIT DES INSTITUTIONS DU PAYS
Le CDPS a également promis d’œuvrer au renforcement, à la stabilité et à la crédibilité (intérieure et extérieure) des institutions.
De fait, l’État congolais peine à avoir au grand complet – et surtout en l’état – les appareils nécessaires à l’exercice de ses pouvoirs régaliens. En effet, de l’aveu maintes fois répété des dirigeants eux-mêmes, l’armée du pays n’en finirait pas d’être en instance de brassage et de reconstruction. Les services de sécurité en seraient encore à résorber leurs fractures ça et là et à vaincre certaines pesanteurs liées au passé peu glorieux des régimes répressifs. L’administration et la diplomatie sont autant de vieux appareils, avec un personnel et un équipement vieillis, et à très faible efficacité. Les cours et tribunaux exigent davantage de moyens, de personnel, d’éthique et de rigueur dans la sanction des abus. Les frontières du pays restent des passoires où filtrent, aisément et en tous sens, des marchandises en fraude, des populations civiles et des armées des pays frontaliers.
En conséquence de tout ce qui précède, l’État congolais peine à renforcer, stabiliser et crédibiliser ses institutions, à défendre partout et toujours sa souveraineté et l’intégrité de son territoire, à assurer la sécurité et à garantir la dignité des citoyens. Un indice parmi tant d’autres : la présence et la signification du sigle de Monusco !
Aux fins de reprendre en mains son destin, le pays a surtout besoin d’une compétition saine entre la majorité et l’opposition, d’une compétition qui renforce, enrichit et crédibilise le pays, d’une compétition garantissant une alternance apaisée et la continuité de l’État.
Un des paris du CDPS, c’est de s’employer avec des milliers d’autres compatriotes à refonder la compétition politique sur l’exigence de défense et de reconstruction du pays. Une culture politique de responsabilité citoyenne est à bâtir patiemment, brique par brique !
… ENFIN, AU PROFIT DU PEUPLE
Aucune garantie des droits et des libertés des citoyens ne saurait exister dans un pays où le jeu démocratique est sens dessus-dessous. Où le vide sidéral du jeu politicien le plus vil dans l’opposition mène à l’héroïsme. Où vols et crimes contre l’humanité dans les institutions font mériter le titre ronflant d’«Excellence ». Et où les politiciens des deux bords – majorité et opposition – se croient justifiés de faire le bonheur des citoyens sans eux, et même contre eux.
Ne sont pas particulièrement protégés les citoyens d’un pays gouverné par défi, trahi par la couardise dans l’opposition et le narcissisme dans les institutions. Quand la couardise et la démission plombent l’opposition, et lorsque l’affairisme et la démagogie gagnent les gouvernants, le peuple est une paille constamment écrasée par la médiocrité de toute sa classe politique. Il n’y a pas de vision ; il n’y a que des mirages ! Il n’y a pas d’action en profondeur ; il n’y a que l’activisme dans le pire style du tape-à-l’œil.
Le CDPS appelle instamment à corriger cette dérive qui colle à la peau de notre classe politique. Le nouveau parti invite à une dynamique de la pensée, à une éthique de l’action et à une culture de responsabilité : le terrain de l’empoignade politicienne doit devenir le chantier de la construction nationale.
Dans son discours, le président intérimaire du CDPS est plus que clair : « Le CDPS … se garde d’une critique politicienne. Il a un œil critique responsable sur la politique et l’action du pouvoir, qu’il accompagne, le cas échéant, des propositions alternatives. Contribuant de la sorte au progrès possible de la société et démontrant sa capacité d’alternative au pouvoir ».
CONCLUSION
Le CDPS est un parti de conviction social-démocrate, dont l’idéal et la pratique politiques sont dictés par l’impératif de rendre au peuple congolais sa liberté, sa prospérité et sa dignité, et au pays sa splendeur et sa crédibilité. Dans l’ouverture démocratique des uns envers les autres, dans la solidarité de tous au sein d’une même nation, et dans une attitude permanente d’ouverture à l’Afrique et au monde.
La plus grande promesse du CDPS est de puiser à deux mains dans l’histoire politique douloureuse du pays les leçons qui s’imposent. Elle est surtout d’exploiter ces leçons pour nourrir la dynamique de changement des enjeux et du jeu politiques au Congo.
L’obstacle à lever est évident, et immense. Il faut évacuer la médiocrité de la pensée, du discours et de la pratique politique actuels. Et il faut déboucher sur une démocratie de qualité, dégagée du cynisme politicien et de la « légitime suspicion » dans la classe politique.
La compétition politique au Congo doit quitter les profondeurs nauséabondes des défis interpersonnels et du service des intérêts égoïstes. Elle doit devenir une saine compétition de visions et de programmes devant les grands défis du pays.
Le CDPS promet ainsi de contribuer à l’émergence d’une nouvelle culture politique, appelée à faciliter et dédramatiser l’alternance politique, à consolider et stabiliser les institutions démocratiques, et à mettre l’État ainsi refondé au service du pays et de son peuple.
Dans l’opposition ou au pouvoir, le CDPS bâtit son combat politique sur la foi dans la perfectibilité de l’homme et dans le destin du peuple congolais. Son éthique politique est faite à la fois d’attachement au pays, de respect pour son peuple et pour chaque citoyen, et d’ouverture sans exclusive.
Fort de cette vision et de ces valeurs, le CDPS est dégagé de tout complexe comme de toute attitude de condescendance envers qui que ce soit. Il est totalement libéré des liens d’allégeance aux individus, comme il est dégagé des rapports de clientélisme qui se tissent dans les eaux boueuses de la servitude.
La survenue du CDPS dans l’espace politique congolais est une invitation à rebattre les cartes et à les redistribuer, selon des canons inédits de la morale politique et de l’action publique au service de la communauté.
Certes, avec près de 400 partis politiques au Congo-Kinshasa, la mesure était déjà comble depuis longtemps. Mais, en l’occurrence, l’inconvénient d’un parti de trop est plus que compensé par la survenue du CDPS, ce parti qui vient en véritable « ouvrier de la dernière heure », avec une grande armée de membres, un état-major de cadres, une vision et une détermination.
Pr Kabeya Tshikuku Membre du Bureau et du Conseil National du CDPS