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«Joseph Kabila» a peur de la démocratie

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Joseph Kabila 4
Emily Hoyos et Olivier Deleuze devraient démissionner dans les jours à venir. Ces deux patronymes ne disent sans doute pas grand-chose à de nombreux Congolais.
Hoyos et Deleuze assument la co-présidence du parti Ecolo en Belgique francophone. L’annonce de cette imminente démission a été faite la semaine dernière par la ministre sortante Ecolo Evelyne Huytebroeck dans un entretien avec le quotidien bruxellois «La Libre Belgique».
Que reproche-t-on à ce tandem? Rien de bien personnel. Sauf que le 25 mai dernier, les Belges ont été aux urnes pour élire leurs députés au niveau régional, fédéral et européen. Le parti Ecolo a subi une « bérézina électorale » tant en Wallonie qu’à Bruxelles.
Au nom de la «culture de rendre compte»,
«Emily» et «Olivier» incarnent désormais l’«équipe qui perd». Peut-on envisager l’avenir avec espoir et sérénité en maintenant aux affaires un leadership défaillant ? Assurément pas ! Cet exemple est pris à titre de simple illustration.
Depuis plusieurs mois, «Joseph Kabila» – dont le second et dernier mandat doit s’achever le 19 décembre 2016 – joue au chat et à la souris avec l’opinion congolaise.
En dépit d’un bilan globalement calamiteux, l’homme parait décidé à faire modifier la Constitution pour briguer un troisième mandat. Certes, l’intéressé n’a jamais évoqué le sujet en public. Il laisse ce rôle à quelques supplétifs zélés et autres «petits soldats».
Plus à raison qu’à tort, il est prêté à «Joseph» – qui est à sa treizième année de présence à la tête de l’Etat – l’intention de modifier le mode de scrutin en instaurant le suffrage universel indirect non seulement pour l’élection des députés provinciaux mais aussi pour celle du président de la République. Il est sans aucun doute plus facile de corrompre 500 députés nationaux ventripotents qu’à soudoyer 35 millions d’électeurs écrasés par la misère économique, l’injustice sociale et l’oppression politique.
« Joseph Kabila » a peur de la démocratie et de l’Etat de droit.
Il a peur des élections libres, transparentes et équitables où le peuple pourra jouer effectivement un rôle décisif. C’est-à-dire le «pouvoir du dernier mot». « Joseph Kabila » a peur de la liberté d’expression. « Joseph Kabila » a peur de l’Etat de droit qui tempère l’exercice du pouvoir et protège les citoyens. Il a peur d’une presse libre. « Joseph Kabila » a peur de la liberté de réunion et de la séparation des pouvoirs.
Au total, cet homme a peur de perdre le pouvoir d’Etat de peur de devoir « rendre compte » de tout le mal causé à ce pays ainsi qu’à son peuple.
Dans l’exposé des motifs de la Constitution congolaise promulguée le 18 février 2006 par… « Joseph Kabila », le législateur énumère sept « préoccupations » qui lui ont servi de « balise ».
Pour l’essentiel, on pourrait citer : assurer le fonctionnement harmonieux des institutions ; instaurer un Etat de droit ; contrer toute tentative de dérive dictatoriale ; garantir la bonne gouvernance ; lutter contre l’impunité et assurer l’alternance démocratique.
L’organisation périodique des élections est le pivot de la démocratie. Le vote constitue pour les citoyens, l’occasion de reconduire les dirigeants sortant ou de promouvoir l’alternance en sanctionnant ceux qui ont failli.
En dépit de son échec patent, «Joseph Kabila» veut s’accrocher au pouvoir en recourant à la fraude et à la violence. L’article 64 de la loi fondamentale impose à tout Congolais le devoir de résister «à tout individu ou groupe d’individus » qui prend le pouvoir par la force ou l’exerce en toute illégalité.
Le Congo-Kinshasa a plus que jamais besoin d’une alternance démocratique. «Joseph Kabila» a échoué. Il a échoué sur le plan social, sécuritaire, politique et diplomatique.
Echec social, politique, sécuritaire et diplomatique.
D’abord sur le plan social. En septembre 2000, 191 pays membres des Nations Unies décrétaient les Objectifs du Millénaire (2000-2015). Les Nations Unies « recommandaient » à ces Etats notamment de : réduire l’extrême pauvreté et la faim; assurer l’éducation primaire à tous; promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes; réduire la mortalité infantile; améliorer la santé maternelle; combattre le VIH/SIDA, le paludisme et autres maladies.
Le 26 janvier 2001, « Joseph Kabila » succédait à LD Kabila à la tête de l’Etat soit un an après le lancement de ces Objectifs dont le bilan sera dressé en septembre 2015. « Ma première priorité, c’est la situation sociale. Elle est dramatique dans tout le pays, mais surtout dans les provinces occupées : (…)», déclarait-il dans une interview accordée au « Soir » de Bruxelles daté du 7 mars 2001.
Le rapport annuel publié par le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) sur l’indice de développement humain est éloquent. Selon cette Agence onusienne, 87,7 % de la population congolaise vivait en dessous du seuil de pauvreté fixé à 1,25 $US/ par jour. Qu’en est-il de l’alphabétisation et de la lutte contre le VIH-Sida? Les secteurs de l’éducation et la santé ont toujours été les parents pauvres. Et ce, depuis la naissance du Congo en tant qu’Etat.
Sur le plan social toujours, 27% seulement de la population congolaise ont accès à l’eau. Ce coefficient pourrait atteindre 40% d’ici à…2016. L’annonce a été faite le 27 septembre 2012 par le ministre congolais du Plan Célestin Vunabandi.
Sur le plan sécuritaire, le Congo démocratique de « Joseph Kabila » s’est illustré par son incapacité à garantir les conditions minimales de sécurité pour les personnes et les biens. L’impuissance publique a atteint une sorte de sublimation au niveau de la défense du territoire. L’Etat-PPRD s’est rendu coupable de plusieurs cas avérés de violations des droits humains.
Le pouvoir rend sourd et aveugle.
Sur le plan politique, « Joseph Kabila » a fragilisé la cohésion nationale en s’appuyant sur un groupe des Congolais contre d’autres. Il a renforcé le tribalisme et le régionalisme. Il a, par ailleurs, miné un des fondements de la démocratie. A savoir : la séparation des pouvoirs. L’appareil judiciaire est devenu un « service auxiliaire » à la Présidence de la République.
Au plan diplomatique, le Grand Congo a perdu toute sa souveraineté au point de passer pour une « sous-colonie » de l’Angola, de l’Ouganda et du Rwanda. Le pays est redevenu « l’homme malade » de l’Afrique centrale.
Si « Joseph Kabila » avait un brin de sens de l’honneur, il n’aurait pas peur de la démocratie et de l’Etat de droit. Il mettrait fin au débat ubuesque en cours en rappelant aux «durs» de son régime son serment solennel «d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la République». Le respect de la Constitution n’impose-t-il pas d’assurer l’alternance démocratique?
Le pouvoir rend sourd et aveugle. Gare au retour de la manivelle à force de pousser à bout la patience d’un peuple en quête d’un autre avenir…
BAUDOUIN AMBA WETSHI/CI

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