Écrit par Yvon RAMAZANI
Aux concertations nationales finissantes, l’opinion se souviendra que le Président Kabila, dans son discours pour la circonstance, avait déclaré qu’il délaisserait, de propos délibérés, la logique Constitutionnelle, qui veut que celui qui a gagné les élections gère le pouvoir, en faveur d’une sorte de jurisprudence politique pour inclure, dans l’équipe d’un gouvernement de large union nationale ou de cohésion nationale, les membres issus de l’opposition. Depuis cette annonce, c’est naturel, nombre d’opposants ont montré leur impatience quant à l’effectivité de la promesse présidentielle. Lorsque le 21 mars 2014, l’autorité morale de la MP a réuni les siens à Kingakati, elle leur a déclaré que la session parlementaire du mois de mars 2014 ne prendrait pas fin sans que le gouvernement promis ne soit constitué.

Ladite session a pris fin le samedi 14 juin et toujours pas de gouvernement formé. Des critiques, même de la part de ceux qui avaient boycotté ces assises, abondent maintenant sur quand ce gouvernement va être constitué étant donné que 8 mois se sont déjà écoulés depuis la fin des travaux des Concertations nationales.
La situation politique en RDC
Elle est telle que les ambitieux politiques de la RDC veulent tous briguer le pouvoir et que l’annonce de la formation d’une équipe gouvernementale issue des concertations a donné l’opportunité aux uns et aux autres d’exprimer leur volonté de faire partie de cette équipe gouvernementale. Les dossiers des prétendants aux fauteuils ministériels, apprend-t-on de sources concordantes, surabondent sur la table de travail du Chef de l’Etat. Ce qui a pour effet de compliquer ses choix.
Les visées du Chef en désaccord avec les ambitions des uns et des autres
Les concertations nationales avaient pour objectif principal, la réalisation de la cohésion nationale. Ce qui ne signifie pas, estiment les analystes, une opportunité d’engranger des consensus pour le partage équilibré du pouvoir afin de contenter les renards et les autres prédateurs de la faune politique congolaise. Une chose est donc leur ambition de faire partie de l’équipe gouvernementale, une autre en est celle de rencontrer les défis sécuritaires et sociaux du peuple, le peuple exigeant de plus en plus que la croissance économique du pays se répercute positivement et se fasse sentir sur son vécu quotidien.
Pour un large spectre d’analystes, la crise politique factice de la RDC vise, pour les politiques qui l’entretiennent, à talonner le pouvoir afin qu’ils aient part au pouvoir. La promesse du Chef de l’Etat leur sert d’un prétexte vrai et d’un argument a fortiori. Ils veulent le pouvoir pour la gloire et l’enrichissement personnel. Ainsi lorsqu’ils se retrouvent au pouvoir, ils cessent ipso facto de tirer sur les ficelles occultes de crise artificielle. Au fait, pour nombre d’analystes, les attitudes, les prises de position, les actions de ces catégories d’opposants constituent une sorte de pression exercée sur le Chef de l’Etat afin qu’il satisfasse leurs désidératas.
Le Chef de l’Etat, avancent également les analystes, connaît par l’expérience les fauves et prédateurs de la faune politique congolaise. Il sait qui est qui et qui est capable de quoi. Après la réconciliation et la cohabitation rendues possibles par les recommandations de l’Accord Global Inclusif, le Chef de l’Etat a été déçu par l’esprit magouilleur et tortueux des cadres congolais. Il l’a dit lorsqu’il regrettait de ne pouvoir disposer de quinze oiseaux rares avec la collaboration de qui réaliser optimalement son programme quinquennal de la mandature passée. L’expérience réalisée lui a donné la sagesse de raisonner sept fois avant de former une équipe gouvernementale. Raison de plus, car c’est ce gouvernement qui va donner corps à son programme de révolution de la modernité pour le bien de toute la RDC. Ainsi, il est impérieux que le gouvernement soit composé des personnes probes et compétentes dont le civisme managérial et la grande faculté de réalisation des performances vont aider à faire vaillamment face aux défis de la RDC.
En plus, font remarquer les observateurs, il y a le tempérament du Chef de l’Etat. Dans bien des cas, il n’est compris qu’in extremis par les gens. Il prend son temps car la qualité des individualités à nommer l’emporte sur tout autre critère afin d’éviter les erreurs du passé et la réprobation populaire suite aux contreperformances ou à la mauvaise gérance de tel ou tel autre ministre du gouvernement. L’esprit calme, d’écoute et de prévoyance du Chef de l’Etat pèse de tout son poids ici pour qu’on ne forme pas un gouvernement pour ne rien changer en RDC. D’où la justification de son exhortation aux Congolais à prendre leur mal en patience. La patience, ne dit-on pas, est amère mais son fruit a toujours été délicieux.
Yvon RAMAZANI