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RDC : Retour au mobutisme

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imageMobutu, le Marechal



Plus on s’approche de 2016, plus des alliances se multiplient au sein de l’Opposition politique. Un peu comme à l’époque de Mobutu où l’appât d’un Gouvernement d’union nationale suffisait pour aussitôt voir les opposants se regrouper à la vitesse de l’éclair, dans l’unique but de prendre place à bord du train en gestation. Mais, une fois que l’enjeu disparaît, l’alliance s’écroule comme un château des cartes. Cela n’empêche nullement une autre alliance de prendre forme, soit en fonction d’un énième enjeu, soit simplement pour combattre le Gouvernement convoité au départ. C’est un cercle vicieux qui a longtemps fait ses preuves au point même de prendre les politiciens en otage.


« Opposition républicaine », « Front populaire », « Debout congolais » … Autant d’alliances dans le camp de l’Opposition politique en RDC. A cette allure, d’ici 2016, le nombre de regroupements politiques dans les rangs ira croissant. Comme on dit généralement, en politique, les alliances se font et se défont. Ce qui explique actuellement le rapprochement entre l’UDPS, l’UNC, l’ECIDE et autres. A priori, rien de substantiel ne lie ces formations. 


Apparemment, comme sous la transition mobutienne, le seul fait de s’en prendre au régime en place suffit pour que les alliances justifient leur création ou leur existence. Donc, aucun lien solide, pour ne pas dire idéologique ne réunit généralement les partis ou regroupements politiques en RD Congo.

DES ALLIANCES DE CIRCONSTANCE PARCE QUE NON BASEES SUR UN PROGRAMME

Mais, dans le fond des choses, qu’est-ce qui lie les partenaires dans ce genre d’alliances ? En tout cas, pas l’idéologie ou le programme. Mais, certains enjeux politiques tels que le Gouvernement. C’est le cas du Gouvernement de cohésion nationale dont l’annonce, avant même les travaux des Concertations nationales, avait suffi pour que des opposants se bousculent aux portes, prennent part et justifient la messe initiée par le Chef de l’Etat dans le but d’avoir des postes. 


Tous les calculs tombent à l’eau lorsqu’ils s’entendent dire que les choses se dérouleront « avec méthode et sans précipitation ». Autrement dit, c’est vraiment l’expression latine « festina lente ».
Un couac qui a justifié la naissance d’autres alliances selon qu’on est fatigué d’attendre ou que l’on craint que le Pouvoir roule l’Opposition dans la farine. On durcit le ton que l’on avait baissé pour le besoin de la cause. Chose curieuse, depuis la transition de Mobutu, on assiste à des alliances de circonstance où les unitaristes peuvent composer avec les fédéralistes, les conservateurs font bon ménage avec les progressistes, les socio-démocrates convolent en justes noces avec les libéraux … Bref, aucune idéologie n’est mise en pratique. De la bouillabaisse au bout du compte et rien d’autre. Le seul programme en vigueur, c’est le fait de s’opposer à la révision constitutionnelle et de souhaiter le départ de Joseph en 2016.

L’ANTI-MOBUTISME SUFFISAIT AUTREFOIS POUR JUSTIFIER LE STATUT D’OPPOSANT

« Un jour, Mobutu partira, mais vous resterez des mobutistes sans Mobutu ». Cette phrase, apparemment banale, mais combien profonde, dite en son temps par un sage, suffit pour résumer la situation actuelle. Car, hormis la vague des politiciens arrivés dans la gibecière de Laurent-Désiré Kabila et son AFDL, la plupart des politiciens d’aujourd’hui ont forgé leurs armes sous la bannière de Mobutu. Ils ont tellement été formatés à l’époque de la MOPAP (Mobilisation, propagande et animation politique) pour les uns et ont fait leurs premiers pas sous la transition de Mobutu pour les autres, qu’ils ne font finalement que reproduire des modèles dits stéréotypés émanant de leur école.


Sous le régime de Mobutu, il suffisait d’injurier le Maréchal pour aussitôt revêtir la toge d’opposant. Aucun programme, aucune idéologie politique n’était en vogue. C’est de la sorte qu’au premier Gouvernement d’union nationale, les rangs de l’Opposition se vidaient. Plusieurs vagues avaient suffi pour qu’en fin de compte, Mobutu se tape un cortège d’opposants au rythme de l’appât. C’est de la sorte que l’Union sacrée de l’opposition radicale (USOR) avait la forme d’un panier à crabes ou même d’un pot pourri. Dans ce tableau, ce sont finalement de vrais opposants au régime qui étaient ainsi devenus le dindon de la farce pendant que certains se prélassaient au sein des Gouvernements.

UNE RUPTURE AVEC DES ALLIANCES AUTHENTIQUES DE LA PREMIERE REPUBLIQUE

Lors de la première République, on a assisté à des vraies alliances parce que des cartels se faisaient sur base d’un programme, d’une vision commune. C’est comme cela qu’il y avait des unitaristes, des fédéralistes, des nationalistes … Ce sont les idéologies qui primaient et non pas la recherche des gains faciles comme c’est le cas aujourd’hui. 


Chaque idéologie était défendue bec et ongles au point que cela constituait pratiquement l’unité de mesure pour justifier la création d’une alliance, en dehors de la lutte commune pour l’accession de la RDC à la souveraineté nationale et internationale. Les politiciens de la première heure avaient au moins des ambitions nobles, un idéal à défendre. 


L’Opposition rd-congolaise devrait plus se préoccuper d’abord de son unité pour devenir une force réelle en prévision des enjeux électoraux. Il ne suffit pas de contraindre Joseph Kabila à ne pas se représenter en 2016 pour aussitôt obtenir gain de cause et croiser les bras. Car, en 2011, lors de l’élection présidentielle, on a vu à quel point les opposants étaient incapables de parler le même langage pour affronter en bloc le candidat de la Majorité. Tous les prétextes étaient bons pour éviter de discuter d’homme à homme. 


On se laisse ainsi distraire sans aborder des questions de fond sur la nature des alliances. A cette allure, un autre enjeu politique peut tout remèttre en question. 
[M. M.]

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