13/09/14/REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)
Au menu de cette revue de presse, l’éventuelle formation du Gouvernement de cohésion nationale, le calendrier électoral, le séjour au Vatican des évêques membres de la Cenco, et la problématique de la fièvre hémorragique à virus d’Ebola.
Politique
« Matata II : tout se dénoue le week-end », annonce Le Potentiel dans son titre en manchette de ce matin. Ce quotidien note qu’à 48 heures du délai que JKK s’était donné pour rendre public le gouvernement de cohésion nationale, le suspense reste entier dans la ville haute. Si pour l’instant, le Premier ministre part avec toutes les faveurs du pronostic pour conserver son poste, il n’est pas exclu un profond réaménagement de Matata I. tout pourrait se dénouer ce week-end.
« Calendrier global des élections : Martin Kobler accule Malumalu ! », s’exclame La Prospérité. A en croire ce quotidien, un tête-à-tête, deux nouvelles promesses. Malumalu dit attendre du Parlement, dès l’ouverture de la session, le lundi 15 septembre prochain, les lois essentielles, pour parachever les préparatifs liés à l’organisation des élections locales, municipales et urbaines en RD. Congo. Avec le gouvernement Matata, révèle-t-il, à Martin Kobler, peu avant que celui-ci ne débute sa tournée euro-américaine, les discussions sont très avancées au sujet du budget pluriannuel qui, une fois adopté, lui permettrait d’étoffer, finalement, un calendrier global tel qu’exigé par la Communauté Internationale.
(Au vu des précédents, il en faudrait bien davantage pour se sentir pleinement rassuré au sujet du processus électoral. Il faut rappeler que les élections de novembre-décembre 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire « officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi.
Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus[1]. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. Malumalu, principal responsable de cette absurdité d’élections sans recensement préalable de la population, a été remis à la Présidence de la CENI, ce qui promet encore de beaux jours à l’avenir ! NdlR)
Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus[1]. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. Malumalu, principal responsable de cette absurdité d’élections sans recensement préalable de la population, a été remis à la Présidence de la CENI, ce qui promet encore de beaux jours à l’avenir ! NdlR)
Autre mauvais signe, Radio Okapi annonce « Kinshasa : le gouvernement provincial interdit une marche de l’opposition ».
Le ministre provincial de l’Intérieur de Kinshasa, Emmanuel Akweti, a indiqué vendredi 12 septembre que le gouvernement provincial n’a pas pris acte de l’organisation d’une marche de l’opposition prévue ce samedi. L’hôtel de ville de Kinshasa demande à la formation politique qui en a fait la demande de la programmer à une date ultérieure. Selon Emmanuel Akweti, un meeting de l’opposition ayant déjà été prévu le même jour, le gouvernement estime qu’il serait difficile d’encadrer correctement les deux activités.
«L’autorité urbaine a reçu les correspondances de deux formations politiques. Le tout premier a sollicité l’autorisation d’organiser un meeting dans la commune de Lemba, et le second a exprimé la volonté d’organiser une marche à travers la ville. Mais, il se fait malheureusement que les deux événements politiques ont été programmés pour le même jour et la même date», explique le ministre provincial de l’Intérieur de Kinshasa.
Emmanuel Akweti affirme que l’autorité publique a préféré n’autoriser que le meeting pour ce samedi 13 septembre.
«Ayant répondu favorablement à la première correspondance, l’autorité s’est vue dans l’obligation de ne pas prendre acte du 2e événement. Et elle a proposé aux organisateurs de pouvoir imaginer une autre date pour que cette marche ait lieu», explique-t-il.
Il précise que «l’autorité n’a pas refusé la marche», mais qu’elle estime «simplement … qu’il y avait des problèmes d’ordre pratique pour l’encadrement des marcheurs».
Cette marche était initiée par plusieurs groupes de l’opposition dans le but de marquer leur opposition à toute initiative de modification de la constitution. Mais déjà, à la veille de ce rendez-vous, les partis politiques Ecidé et Udemo, ainsi que des organisations de la société civile de la RDC, organisateurs de cette manifestation, ont décidé de se retirer.
Ces groupes déplorent les défaillances nuisant à la bonne organisation de cette marche.
Divers
En séjour au Vatican, les évêques catholiques de la RDC rendent compte de la vie de l’Eglise au Pape, titre Le Potentiel. Pour le confrère, les évêques catholiques de la République démocratique du Congo séjournent à Rome en Italie. En visite ad limina à Rome, en Italie, les évêques membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) devaient être reçus, jeudi au Vatican, par le Pape François. C’est ce que rapporte un communiqué du secrétariat général de la Cenco.
En séjour au Vatican, les évêques catholiques de la RDC rendent compte de la vie de l’Eglise au Pape, titre Le Potentiel. Pour le confrère, les évêques catholiques de la République démocratique du Congo séjournent à Rome en Italie. En visite ad limina à Rome, en Italie, les évêques membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) devaient être reçus, jeudi au Vatican, par le Pape François. C’est ce que rapporte un communiqué du secrétariat général de la Cenco.
Le Potentiel note encore, dans le secteur de la santé,: Fièvre hémorragique de Boende : 66 cas de contamination officiellement recensés. Selon ce journal, depuis la déclaration officielle de la fièvre hémorragique à virus Ebola dans le secteur de Djera, 66 cas de contamination ont été déjà recensés. L’épidémie d’Ebola, qui a frappé L’épidémie d’Ebola, qui a frappé le Nord de la RDC, a coûté la vie jusqu’à 37 personnes, sur 66 cas au total, a annoncé jeudi dernier le ministre de la Santé publique Félix Kabange Numbi.
Presse et documents étrangers
Comment Martin Koebler, représentant de l’ONU, veut créer des ilôts de stabilité au Congo
Entretien de Colette Braeckman avec Martin Kobler, représentant du secrétaire général de l’ONU en RDC Propos recueillis à Kinshasa le 11 septembre 2014
Entretien de Colette Braeckman avec Martin Kobler, représentant du secrétaire général de l’ONU en RDC Propos recueillis à Kinshasa le 11 septembre 2014
Depuis son entrée en fonction, voici un an, l’Allemand Martin Kobler, a donné un autre visage à la Monusco. Ce diplomate de carrière n’hésite pas à se rendre dans les coins les plus reculés, où il discute avec les officiers locaux, rencontre la société civile et prend note de ses doléances… C’est ainsi qu’on le vit récemment à Walungu, (Sud Kivu), à l’écoute des craintes de la population qui voit d’un mauvais œil le cantonnement, dans un camp gardé par des militaires congolais et des casques bleus égyptiens, de quelque 300 Hutus membres du groupe armé des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) qui refusent toujours de regagner leur pays d’origine. D’où vient à Martin Kobler ce goût de l’Afrique des profondeurs, cet engagement aux côtés de la population ?
« En fait, mes dernières fonctions m’avaient conduit en Afghanistan puis en Irak et j’ai fait toute ma carrière au Moyen Orient. Mais avec mon fils, j’ai un jour mené un projet inoubliable, durant plusieurs semaines : traverser l’Afrique du Nord au Sud en utilisant uniquement les transports publics et terrestres. Comment voulez vous qu’après une telle expérience, on ne soit pas « accroché » ? »
Placez vous le Congo dans la catégorie des pays « post conflit », ou des « pays difficiles » comme l’Irak ou l’Afghanistan ?
« Je vous assure que l’an dernier, lorsque nous avons combattu le M23, c’était un vrai conflit…Depuis lors nous avons restructuré la mission, et tout concentré sur nos activités à l’Est. Depuis le 31 août, notre quartier général reste à Kinshasa, mais nous avons redéployé nos forces à l’Est. Un tiers du staff civil est demeuré dans la capitale, les deux tiers sont à l’Est, dans ce que nous appelons des «îlots de stabilité ».
Le concept de ces « îlôts de stabilité » est qu’en des lieux reculés, qui ont connu la guerre, comme Shabunda au Sud Kivu ou Rutshuru et Kiwanja au Nord, nous aidons, avec nos civils et nos militaires, à rétablir l’autorité de l’Etat.
Sur le plan militaire, 96% de notre force se trouve à l’Est.
A Kinshasa bien sûr, nous traitons de la mise en œuvre de l’accord cadre d’Addis Abeba, nous suivons les préparatifs électoraux, nous traitons de sujets politiques avec le gouvernement. Mais sur le plan militaire, l’un de mes adjoints le général Wafy, a été transféré à Goma d’où il suit les opérations.
La troisième composante de notre effort, c’est la région : le Congo a neuf voisins, des pays qui ne sont pas toujours très faciles comme la République centrafricaine ! C’est une situation géostratégique que, comme Allemand, je comprends très bien. Il y a des tensions régionales en Centrafrique, dans les Grands Lacs, mais pour aborder tout cela, nous ne sommes pas seuls. Nous pouvons compter sur les divers « envoyés spéciaux » Said Djinnit qui remplace Mary Robinson pour l’ONU, l’Américain Russ Feingold…
Sur le plan militaire, l’Est mis à part, avez-vous dégarni toutes les frontières ?
Pratiquement, oui…Quatre cent Ghanéens sont restés à Kinshasa mais c’est tout. Ailleurs qu’à l’Est, nous n’avons pas de forces capables de combattre…
Revenons sur ce concept d’îlôt de stabilité. De quoi s’agît il exactement ?
Des territoires doivent encore être stabilisés, comme Shabunda, où se trouvait le groupe des combattants Raia Mutomboki, (ndlr.des groupes d’autodéfense congolais) ou les anciennes zones qui étaient contrôlées par le M23, (ndlr. un mouvement composé de rebelles tutsis soutenus par le Rwanda) Rutshuru, Kiwanja…
Les territoires sous contrôle du M23 connaissaient un double système d’administration. Pour se rendre d’un village à l’autre il fallait payer des taxes, acheter des laissez passer mais l’argent n’était pas réinvesti dans des écoles ou des projets de développement.
Après la chute du M23 ce système a disparu et l’infrastructure était totalement détruite. Lorsqu’il regagna ses bureaux, l’administrateur du territoire n’avait même plus une chaise ! Face à cette situation, nous avons décidé, avec le gouvernement et les autres partenaires civils des Nations unies, d’élargir peu à peu la stabilité à partir de certains îlots. Voici trois semaines, je me trouvais à Rutshuru (Nord Kivu): désormais l’administrateur du territoire a un bureau, des chaises, un téléphone… Graduellement, l’autorité de l’Etat a été rétablie. Mais il faut des programmes à long terme…Les militaires ont su, rapidement, libérer les territoires. Mais tout reste à faire, il faut des écoles, des professeurs, rétablir la sécurité. Au Nord Kivu, mille policiers venus de Kinshasa ont été déployés. Mais ils sont arrivés sans rien, sans transport, sans arme… Après un mois, la situation s’est améliorée, et maintenant, cela marche. Le soutien des capacités locales, au niveau provincial c’est le début du rétablissement de l’autorité de l’Etat.
Voyez les cartes : par rapport à septembre 2013 on voit que les axes ont été libérés, qu’on peut circuler… Certes, de la criminalité subsiste, il y a encore des bandits mais la résistance organisée a disparu. Dans le Grand Nord du Kivu, l’ADF- Nalu (des rebelles ougandais se présentant comme islamistes) ont été réduits, même s’ils n’ont pas encore totalement disparu. On va continuer à sécuriser ce qui reste…La structure de commandement de l’ADF a pratiquement disparu. Mais ce n’est pas facile à gérer, il faut rester vigilant, même si on ne peut pas dire que les ADF, qui ont une idéologie islamiste, sont en contact avec les shebabs de Somalie.
Le prochain groupe armé qui doit être réduit est celui des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) ces rebelles hutus qui se trouvent au Congo depuis 1994…
Dans le camp de regroupement de Walungu (Sud Kivu) nous avons une centaine de combattants, plus leurs dépendants. Mais les hommes sont relativement vieux et malades. J’ai même vu un aveugle parmi eux…Le plan du gouvernement, c’est de transporter ces gens à Kisangani, mais eux ne veulent pas bouger. En réalité, d’après le plan DDR (désarmement et démobilisation) tous ceux qui veulent rentrer au Rwanda peuvent le faire, Kigali est d’accord et eux, ils le savent. Les détails ont été discutés au Rwanda et tous ceux qui veulent y aller, avec leur famille, y compris des femmes congolaises, peuvent le faire. Pour répondre à leurs craintes (ils disent que dans leur pays ils seront tués…) nous avons offert à des petits groupes de faire le voyage au Rwanda, de rencontrer d’autres ex-combattants et au retour ici, de raconter leur histoire.
Depuis 2002, nous avons rapatrié 11.117 combattants et le reste, 1500 à 2000 personnes peuvent eux aussi être rapatriés mais il doit s’agir d’un processus volontaire. Quant à ceux qui ne veulent pas rentrer, ils peuvent se rendre à Kisangani où un camp quatre étoiles a été construit à leur intention et de là, ils peuvent gagner un pays tiers, si on en trouve un…
Le plan du gouvernement, conçu avec l’appui de la SADC (les pays d’Afrique australe) et de la CIRGL (conférence sur la sécurité dans les pays des Grands Lacs), c’est de préconiser le désarmement volontaire, dans un délai de six mois, qui court depuis le 1er juillet et se termine début janvier. Nous allons évaluer la situation début octobre, mais déjà nous constatons qu’il n’y a pas de progrès…
« En fait, mes dernières fonctions m’avaient conduit en Afghanistan puis en Irak et j’ai fait toute ma carrière au Moyen Orient. Mais avec mon fils, j’ai un jour mené un projet inoubliable, durant plusieurs semaines : traverser l’Afrique du Nord au Sud en utilisant uniquement les transports publics et terrestres. Comment voulez vous qu’après une telle expérience, on ne soit pas « accroché » ? »
Placez vous le Congo dans la catégorie des pays « post conflit », ou des « pays difficiles » comme l’Irak ou l’Afghanistan ?
« Je vous assure que l’an dernier, lorsque nous avons combattu le M23, c’était un vrai conflit…Depuis lors nous avons restructuré la mission, et tout concentré sur nos activités à l’Est. Depuis le 31 août, notre quartier général reste à Kinshasa, mais nous avons redéployé nos forces à l’Est. Un tiers du staff civil est demeuré dans la capitale, les deux tiers sont à l’Est, dans ce que nous appelons des «îlots de stabilité ».
Le concept de ces « îlôts de stabilité » est qu’en des lieux reculés, qui ont connu la guerre, comme Shabunda au Sud Kivu ou Rutshuru et Kiwanja au Nord, nous aidons, avec nos civils et nos militaires, à rétablir l’autorité de l’Etat.
Sur le plan militaire, 96% de notre force se trouve à l’Est.
A Kinshasa bien sûr, nous traitons de la mise en œuvre de l’accord cadre d’Addis Abeba, nous suivons les préparatifs électoraux, nous traitons de sujets politiques avec le gouvernement. Mais sur le plan militaire, l’un de mes adjoints le général Wafy, a été transféré à Goma d’où il suit les opérations.
La troisième composante de notre effort, c’est la région : le Congo a neuf voisins, des pays qui ne sont pas toujours très faciles comme la République centrafricaine ! C’est une situation géostratégique que, comme Allemand, je comprends très bien. Il y a des tensions régionales en Centrafrique, dans les Grands Lacs, mais pour aborder tout cela, nous ne sommes pas seuls. Nous pouvons compter sur les divers « envoyés spéciaux » Said Djinnit qui remplace Mary Robinson pour l’ONU, l’Américain Russ Feingold…
Sur le plan militaire, l’Est mis à part, avez-vous dégarni toutes les frontières ?
Pratiquement, oui…Quatre cent Ghanéens sont restés à Kinshasa mais c’est tout. Ailleurs qu’à l’Est, nous n’avons pas de forces capables de combattre…
Revenons sur ce concept d’îlôt de stabilité. De quoi s’agît il exactement ?
Des territoires doivent encore être stabilisés, comme Shabunda, où se trouvait le groupe des combattants Raia Mutomboki, (ndlr.des groupes d’autodéfense congolais) ou les anciennes zones qui étaient contrôlées par le M23, (ndlr. un mouvement composé de rebelles tutsis soutenus par le Rwanda) Rutshuru, Kiwanja…
Les territoires sous contrôle du M23 connaissaient un double système d’administration. Pour se rendre d’un village à l’autre il fallait payer des taxes, acheter des laissez passer mais l’argent n’était pas réinvesti dans des écoles ou des projets de développement.
Après la chute du M23 ce système a disparu et l’infrastructure était totalement détruite. Lorsqu’il regagna ses bureaux, l’administrateur du territoire n’avait même plus une chaise ! Face à cette situation, nous avons décidé, avec le gouvernement et les autres partenaires civils des Nations unies, d’élargir peu à peu la stabilité à partir de certains îlots. Voici trois semaines, je me trouvais à Rutshuru (Nord Kivu): désormais l’administrateur du territoire a un bureau, des chaises, un téléphone… Graduellement, l’autorité de l’Etat a été rétablie. Mais il faut des programmes à long terme…Les militaires ont su, rapidement, libérer les territoires. Mais tout reste à faire, il faut des écoles, des professeurs, rétablir la sécurité. Au Nord Kivu, mille policiers venus de Kinshasa ont été déployés. Mais ils sont arrivés sans rien, sans transport, sans arme… Après un mois, la situation s’est améliorée, et maintenant, cela marche. Le soutien des capacités locales, au niveau provincial c’est le début du rétablissement de l’autorité de l’Etat.
Voyez les cartes : par rapport à septembre 2013 on voit que les axes ont été libérés, qu’on peut circuler… Certes, de la criminalité subsiste, il y a encore des bandits mais la résistance organisée a disparu. Dans le Grand Nord du Kivu, l’ADF- Nalu (des rebelles ougandais se présentant comme islamistes) ont été réduits, même s’ils n’ont pas encore totalement disparu. On va continuer à sécuriser ce qui reste…La structure de commandement de l’ADF a pratiquement disparu. Mais ce n’est pas facile à gérer, il faut rester vigilant, même si on ne peut pas dire que les ADF, qui ont une idéologie islamiste, sont en contact avec les shebabs de Somalie.
Le prochain groupe armé qui doit être réduit est celui des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) ces rebelles hutus qui se trouvent au Congo depuis 1994…
Dans le camp de regroupement de Walungu (Sud Kivu) nous avons une centaine de combattants, plus leurs dépendants. Mais les hommes sont relativement vieux et malades. J’ai même vu un aveugle parmi eux…Le plan du gouvernement, c’est de transporter ces gens à Kisangani, mais eux ne veulent pas bouger. En réalité, d’après le plan DDR (désarmement et démobilisation) tous ceux qui veulent rentrer au Rwanda peuvent le faire, Kigali est d’accord et eux, ils le savent. Les détails ont été discutés au Rwanda et tous ceux qui veulent y aller, avec leur famille, y compris des femmes congolaises, peuvent le faire. Pour répondre à leurs craintes (ils disent que dans leur pays ils seront tués…) nous avons offert à des petits groupes de faire le voyage au Rwanda, de rencontrer d’autres ex-combattants et au retour ici, de raconter leur histoire.
Depuis 2002, nous avons rapatrié 11.117 combattants et le reste, 1500 à 2000 personnes peuvent eux aussi être rapatriés mais il doit s’agir d’un processus volontaire. Quant à ceux qui ne veulent pas rentrer, ils peuvent se rendre à Kisangani où un camp quatre étoiles a été construit à leur intention et de là, ils peuvent gagner un pays tiers, si on en trouve un…
Le plan du gouvernement, conçu avec l’appui de la SADC (les pays d’Afrique australe) et de la CIRGL (conférence sur la sécurité dans les pays des Grands Lacs), c’est de préconiser le désarmement volontaire, dans un délai de six mois, qui court depuis le 1er juillet et se termine début janvier. Nous allons évaluer la situation début octobre, mais déjà nous constatons qu’il n’y a pas de progrès…
La population congolaise, elle, est très hostile à cette présence des FDLR à Walungu…
C’est exact. Et pour ne pas que les FDLR s’installent à Walungu, c’est volontairement que nous maintenons ce camp dans des conditions précaires. L’idée est que ces gens quittent pour Kisangani puis cèdent la place à d’autres groupes. Mais comme toujours, les plans sont des plans, la réalité, c’est autre chose…Sur le terrain, cela ne marche pas… Après la recherche d’une solution pacifique, il faudra recourir à la force. Je le répète, l’option militaire est toujours sur la table : nous avons soutenu l’armée congolaise contre le M23, contre les ADF, maintenant va venir le tour des FDLR.
Mais nous ne pouvons combattre seuls dans des territoires aussi vastes, il nous faut l’appui et le feu vert des forces gouvernementales.
Notre mandat est de neutraliser les FDLR, mais le délai de six mois relève d’une décision prise par les ministres des pays alliés du Congo, nous ne pouvons pas nous y opposer. Il faut toujours donner une chance aux solutions pacifiques. Cela dit nous disposons de moyens très modernes, des hélicoptères de combat, des drônes, des moyens de renseignement, une Brigade africaine forte de 3000 hommes…Le président Kabila qui voulait d’abord donner à ces hommes l’occasion d’être désarmés de manière pacifique a confirmé que l’option militaire restait sur la table…Kigali a récupéré 11.000 hommes, il leur faut maintenant attendre un peu que s’organise le retour des derniers groupes, qui ne sont pas plus que 1500 hommes, 2000 au maximum…Certes, ils ne représentent plus une menace militaire, mais psychologiquement, le Rwanda ne le supporte pas, ce que je comprends très bien, au vu du traumatisme du génocide.
Mais nous ne pouvons combattre seuls dans des territoires aussi vastes, il nous faut l’appui et le feu vert des forces gouvernementales.
Notre mandat est de neutraliser les FDLR, mais le délai de six mois relève d’une décision prise par les ministres des pays alliés du Congo, nous ne pouvons pas nous y opposer. Il faut toujours donner une chance aux solutions pacifiques. Cela dit nous disposons de moyens très modernes, des hélicoptères de combat, des drônes, des moyens de renseignement, une Brigade africaine forte de 3000 hommes…Le président Kabila qui voulait d’abord donner à ces hommes l’occasion d’être désarmés de manière pacifique a confirmé que l’option militaire restait sur la table…Kigali a récupéré 11.000 hommes, il leur faut maintenant attendre un peu que s’organise le retour des derniers groupes, qui ne sont pas plus que 1500 hommes, 2000 au maximum…Certes, ils ne représentent plus une menace militaire, mais psychologiquement, le Rwanda ne le supporte pas, ce que je comprends très bien, au vu du traumatisme du génocide.
La Monusco est-elle prête, techniquement, à soutenir le processus électoral qui doit avoir lieu l’année prochaine?
Non. Nous n’avons pas d’argent. Nous avons des contacts très étroits avec l’abbé Malu Malu, président de la Commission électorale indépendante et nous pouvons assister le Congo de trois manières : la première, ce sont les bons offices. Cela ne coûte pas grand-chose et je parle avec tout le monde, la majorité et l’opposition, entre autres des projets de révision de la Constitution. Le deuxième point, c’est le soutien logistique à apporter aux élections locales. Mais sans argent, on ne peut rien planifier. Le troisième, c’est, via le PNUD, l’assistance technique. Le document de travail existe mais il faut de l’argent. Or la communauté internationale n’accorde pas le financement parce qu’on n’a pas encore un calendrier électoral complet, allant jusqu’en 2016 (ndlr. année où se termine le mandat du président Kabila…)La loi sur les élections locales est votée, quant aux élections provinciales, on ne sait pas encore si elles se dérouleront au suffrage direct ou indirect, et enfin on ne sait encore rien à propos des élections présidentielles. Y aura-t-il un referendum, fera-t-on sauter l’article 220 de la Constitution qui limite à deux les mandats du président ? Sans interférer dans leurs affaires, nous attendons que les Congolais aient pris leur décision. Mais s’ils veulent avoir notre assistance, nous posons des conditions. La communauté internationale veut que tout le calendrier électoral, y compris la hauteur du financement par les Congolais, soit sur la table.
Le Congo a-t-il encore besoin d’une longue présence de la Monusco ?Non. Nous n’avons pas d’argent. Nous avons des contacts très étroits avec l’abbé Malu Malu, président de la Commission électorale indépendante et nous pouvons assister le Congo de trois manières : la première, ce sont les bons offices. Cela ne coûte pas grand-chose et je parle avec tout le monde, la majorité et l’opposition, entre autres des projets de révision de la Constitution. Le deuxième point, c’est le soutien logistique à apporter aux élections locales. Mais sans argent, on ne peut rien planifier. Le troisième, c’est, via le PNUD, l’assistance technique. Le document de travail existe mais il faut de l’argent. Or la communauté internationale n’accorde pas le financement parce qu’on n’a pas encore un calendrier électoral complet, allant jusqu’en 2016 (ndlr. année où se termine le mandat du président Kabila…)La loi sur les élections locales est votée, quant aux élections provinciales, on ne sait pas encore si elles se dérouleront au suffrage direct ou indirect, et enfin on ne sait encore rien à propos des élections présidentielles. Y aura-t-il un referendum, fera-t-on sauter l’article 220 de la Constitution qui limite à deux les mandats du président ? Sans interférer dans leurs affaires, nous attendons que les Congolais aient pris leur décision. Mais s’ils veulent avoir notre assistance, nous posons des conditions. La communauté internationale veut que tout le calendrier électoral, y compris la hauteur du financement par les Congolais, soit sur la table.
Déjà maintenant, on est en train de planifier notre départ… Nous n’avons pas vocation à rester ici pour l’éternité et le gouvernement congolais nous dit que nous devons réduire la force. D’ici la fin de cette année, le secrétaire général de l’ONU opèrera une « revue stratégique », prévoyant la stratégie de départ de la Monusco. Attention, nous n’allons pas abandonner un pays fragile, mais nous allons prévoir la réduction de notre présence.
Après les succès militaires déjà obtenus, nous pouvons nous demander si nous avons encore besoin d’une force militaire de 19.000 hommes. Nous représentons toujours l’opération de maintien de la paix la plus coûteuse au monde, 1, 38 milliards de dollars, c’est beaucoup d’argent. Et cela alors que l’ONU doit aussi se déployer au Mali, en Centrafrique…Nous devons commencer à planifier une retraite graduelle…
Après les succès militaires déjà obtenus, nous pouvons nous demander si nous avons encore besoin d’une force militaire de 19.000 hommes. Nous représentons toujours l’opération de maintien de la paix la plus coûteuse au monde, 1, 38 milliards de dollars, c’est beaucoup d’argent. Et cela alors que l’ONU doit aussi se déployer au Mali, en Centrafrique…Nous devons commencer à planifier une retraite graduelle…
Au bout du compte, pourra-t-on dire que, pour les Nations unies, le Congo aura été une « histoire à succès » ?
Posez moi cette question dans cinq ans… Aujourd’hui c’est trop tôt. Certes, nous avons eu des succès militaires et le gouvernement a repris le contrôle de la partie du pays qui avait été dominée par les groupes armés. Mais ce succès est éphémère, la situation demeure fragile, la victoire contre le M23 remonte à moins d’un an, ce n’est pas beaucoup. La pacification est elle durable ou pas ? Il est trop tôt pour le dire. Avant-hier encore nous avons reçu une nouvelle liste de 230 ex-M23 qui ont été amnistiés pour les actes de rébellion. Après un passage dans les camps de DDR (désarmement et démobilisation) ils seront réintégrés dans la société. Ceux qui ont signé un acte d’engagement sont 1600 en Ouganda et presque 500 au Rwanda : sur une base individuelle ils ont signifié qu’ils souhaitent bénéficier de l’amnistie. C’est un processus assez long et lourd, mais qui marche plutôt bien. Graduellement, on progresse…
A part les deux Kivu, voyez vous d’autres foyers de tension potentiels ?
En Ituri, nous ne sommes pas tellement actifs, ni au Nord Katanga. Un nouveau conflit est apparu au Katanga, entre les Pygmées et les Luba, ce qui a généré 50.000 nouveaux réfugiés. Dans le pays, nous comptons 2.600.000 déplacés internes…
D’un côté on calme un conflit et d’un autre, cela recommence : la Monusco a encore du pain sur la planche…
En Ituri, nous ne sommes pas tellement actifs, ni au Nord Katanga. Un nouveau conflit est apparu au Katanga, entre les Pygmées et les Luba, ce qui a généré 50.000 nouveaux réfugiés. Dans le pays, nous comptons 2.600.000 déplacés internes…
D’un côté on calme un conflit et d’un autre, cela recommence : la Monusco a encore du pain sur la planche…
Le Congo tente de conjurer la psychose d’Ebola
Carnet de Colette Braeckman - 11 septembre 2014
Carnet de Colette Braeckman - 11 septembre 2014
Kinshasa - C’est lorsqu’ils franchissent les frontières que les Congolais découvrent que leur pays se trouve sur la liste rouge, celle des pays à risque, frappés par la fièvre d’Ebola. Lorsque se pose à Entebbe (Ouganda) un appareil venu de Kinshasa, le dispositif est spectaculaire : avant même de gagner la salle de transit ou de faire la file devant la douane, les voyageurs sont accueillis par des hôtesses gantées et masquées qui leur enjoignent de remplir un formulaire sanitaire détaillé. Avant toute autre formalité, un produit désinfectant est pulvérisé sur les mains de tout nouvel arrivant.
Jusqu’à présent cependant, le fléau demeure limité à la province de l’Equateur, dans le territoire de Boende, un terroir de 244.000 habitants composé de treize groupements dont sept sont touchés par le virus. Mais le chiffre des victimes s’élève déjà à 37 personnes et, même si les autorités soulignent que le virus qui sévit au Congo n’est pas de même souche que celui qui frappe l’Afrique de l’Ouest, nul ici n’a oublié que c’est au Congo, à Yambuku et à Kikwit dans la province du Bandundu que le terrible fléau fut identifié pour la première fois en 1995 et que par la suite il se manifesta encore en Province Orientale, dans la région d’Isiro.
C’est pourquoi toutes les provinces ont été invitées à mettre en place des plans de vigilance : ainsi par exemple, à Bukavu, capitale du Sud Kivu, des thermomètres lasers ont été installés sur la frontière avec le Rwanda afin d’identifier les voyageurs qui seraient atteints de fièvres suspectes. A Kinshasa, qui est reliée à l’Equateur par le fleuve Congo, les précautions vont en s’amplifiant : des thermomètres lasers ont été installés sur tous les ports fluviaux par où pénètrent dans la ville des voyageurs venus du Congo Brazzaville ou de l’Equateur. En outre, un document doit être délivré à tout voyageur qui quitte le pays, lui enjoignant de faire l’objet d’un suivi médical durant 21 jours.
C’est que, malgré les distances, l’épicentre de l’épidémie, à Djera, une localité en principe isolée et coupée du monde, est relié par le trafic fluvial à plusieurs provinces du pays, dont le Bandundu, le Kasaï et la Province Orientale. En outre, la mobilité est beaucoup plus grande aujourd’hui que lors de l’apparition du fléau voici deux décennies…
Les consignes de prévention étant abondamment relayées par la presse, on constate que les comportements évoluent : plus question, dans les restaurants aussi modestes soient ils, de passer à table sans se laver soigneusement les mains. En outre, à tout moment, chacun sort de sa poche des bouteilles de produits désinfectants, largement commercialisés ou même distribués gratuitement.
Le ministre de la Santé, le Docteur Felix Kabange Numbi, s’est rendu personnellement dans les zones touchées et il a ordonné aux autorités d’interdire les enterrements privés. Dorénavant, les funérailles et la mise en terre devront être organisées par les autorités publiques, chacun ayant désormais compris qu’en Afrique de l’Ouest les rites religieux, où la famille lave et touche le corps du défunt, étaient un important facteur de propagation.
Cependant, la mobilisation des autorités et la multiplication des mesures de prévention n’empêchent pas la peur de gagner du terrain : le contingent sud africain de la Force africaine d’intervention basée au Kivu et opérant aux côtés des casques bleus de la Monusco a déjà fait savoir qu’il envisageait de se retirer au cas où Ebola gagnerait du terrain tandis que les pays membres de la SADC (conférence des pays membres de l’Afrique australe) se sont réunis les 3 et 5 septembre au Zimbabwe afin d’harmoniser les mesures de protection. IL a été décidé de renforcer les contrôles aux frontières et les mises en quarantaine de toute personne suspecte. Fortement urbanisés, les pays d’Afrique australe, alliés politiques et partenaires économiques du Congo, redoutent que, si elle devait arriver chez eux, l’épidémie s’avère incontrôlable et plus dévastatrice encore que dans les régions reculées de l’Equateur et ils ont décidé d’éviter désormais tout rassemblement auquel devraient participer des personnes venant de zones infectées.
Jusqu’à présent cependant, le fléau demeure limité à la province de l’Equateur, dans le territoire de Boende, un terroir de 244.000 habitants composé de treize groupements dont sept sont touchés par le virus. Mais le chiffre des victimes s’élève déjà à 37 personnes et, même si les autorités soulignent que le virus qui sévit au Congo n’est pas de même souche que celui qui frappe l’Afrique de l’Ouest, nul ici n’a oublié que c’est au Congo, à Yambuku et à Kikwit dans la province du Bandundu que le terrible fléau fut identifié pour la première fois en 1995 et que par la suite il se manifesta encore en Province Orientale, dans la région d’Isiro.
C’est pourquoi toutes les provinces ont été invitées à mettre en place des plans de vigilance : ainsi par exemple, à Bukavu, capitale du Sud Kivu, des thermomètres lasers ont été installés sur la frontière avec le Rwanda afin d’identifier les voyageurs qui seraient atteints de fièvres suspectes. A Kinshasa, qui est reliée à l’Equateur par le fleuve Congo, les précautions vont en s’amplifiant : des thermomètres lasers ont été installés sur tous les ports fluviaux par où pénètrent dans la ville des voyageurs venus du Congo Brazzaville ou de l’Equateur. En outre, un document doit être délivré à tout voyageur qui quitte le pays, lui enjoignant de faire l’objet d’un suivi médical durant 21 jours.
C’est que, malgré les distances, l’épicentre de l’épidémie, à Djera, une localité en principe isolée et coupée du monde, est relié par le trafic fluvial à plusieurs provinces du pays, dont le Bandundu, le Kasaï et la Province Orientale. En outre, la mobilité est beaucoup plus grande aujourd’hui que lors de l’apparition du fléau voici deux décennies…
Les consignes de prévention étant abondamment relayées par la presse, on constate que les comportements évoluent : plus question, dans les restaurants aussi modestes soient ils, de passer à table sans se laver soigneusement les mains. En outre, à tout moment, chacun sort de sa poche des bouteilles de produits désinfectants, largement commercialisés ou même distribués gratuitement.
Le ministre de la Santé, le Docteur Felix Kabange Numbi, s’est rendu personnellement dans les zones touchées et il a ordonné aux autorités d’interdire les enterrements privés. Dorénavant, les funérailles et la mise en terre devront être organisées par les autorités publiques, chacun ayant désormais compris qu’en Afrique de l’Ouest les rites religieux, où la famille lave et touche le corps du défunt, étaient un important facteur de propagation.
Cependant, la mobilisation des autorités et la multiplication des mesures de prévention n’empêchent pas la peur de gagner du terrain : le contingent sud africain de la Force africaine d’intervention basée au Kivu et opérant aux côtés des casques bleus de la Monusco a déjà fait savoir qu’il envisageait de se retirer au cas où Ebola gagnerait du terrain tandis que les pays membres de la SADC (conférence des pays membres de l’Afrique australe) se sont réunis les 3 et 5 septembre au Zimbabwe afin d’harmoniser les mesures de protection. IL a été décidé de renforcer les contrôles aux frontières et les mises en quarantaine de toute personne suspecte. Fortement urbanisés, les pays d’Afrique australe, alliés politiques et partenaires économiques du Congo, redoutent que, si elle devait arriver chez eux, l’épidémie s’avère incontrôlable et plus dévastatrice encore que dans les régions reculées de l’Equateur et ils ont décidé d’éviter désormais tout rassemblement auquel devraient participer des personnes venant de zones infectées.
La fin des idées reçues sur les minerais du sang Christophe RIGAUD – Afrikarabia – 12 09 14
Dans une lettre ouverte, un groupe d’experts remet en cause l’importance du rôle des minerais dans le financement et la prolifération des groupes armés. Au Congo, seuls 8% des conflits sont liés aux minerais.
Une lettre ouverte de 70 chercheurs et experts de la région , vient de tordre le cou à l’un des clichés les plus couramment répandus pour justifier les guerres à répétition dans l’Est du Congo : la présence de minerais qui financeraient les groupes armés. Pour ces spécialistes, l’exploitation illégale des sites miniers « aide à perpétuer les conflits, mais ils n’en sont pas la cause ». Les groupes armés tirent certes profit des minerais pour financer leurs opérations, mais cela ne constitue pas « une fin en soi ». Une étude interne des Nations-unies démontre que seulement 8% des conflits en RDC sont liés aux minerais. Selon ces chercheurs, « les groupes armés ne dépendent pas des minerais pour vivre ». Les richesses naturelles du Congo (cuivre, coltan, or, cassitérite… ) constituent une ressource parmi d’autres des nombreuses rébellions congolaises, qui vivent dans une économie « 100% militarisée ».
Une loi Dodd-Frank contre-productive Cette lettre ouverte est particulièrement critique sur le bilan de la loi Dodd-Frank, censée assurer la traçabilité des minerais, de l’exploitation jusqu’à la vente. L’objectif affiché de loi : faire en sorte que les entreprises n’achètent plus de matières premières responsables de l’instabilité à l’Est du Congo. Sur ce point, les chercheurs sont très mitigés sur les effets positifs de la loi et affirment qu’il n’y a pas eu de « changements significatifs sur le terrain ». Au contraire, le texte dénonce les effets pervers de la loi américaine. « La majorité des sites reste dans l’ombre, contrainte à l’illégalité, voire au déclin » expliquent les experts. Des mineurs se sont alors retrouvés « à la limite de la légalité, alimentant le trafic des minerais ». Certains se sont retrouvés sans travail, déstabilisant ainsi l’économie locale. Selon les estimations, 8 à 10 millions de Congolais vivent de l’exploitation minière artisanale. Un comble, certains mineurs sans travail ont même fini par rejoindre les milices… par nécessité. La loi Dodd-Frank n’a donc pas porté l’effet escompté, à savoir la destruction des groupes armés. Les milices auraient tout simplement changé de secteur d’activité et se tourneraient aujourd’hui vers d’autres trafics tout aussi lucratifs : le charbon, la drogue, l’huile de palme ou plus facilement en érigeant des barrages routiers « qui peuvent rapporter des millions de dollars par an ».
Pour une approche plus globale Les signataires de la lettre ouverte expliquent enfin que « si les efforts pour améliorer la transparence des chaînes d’approvisionnement en minerais doivent se poursuivre », l’approche doit être à la fois « plus fine et plus globale ». Ces experts préconisent l’amélioration de la concertation entre le gouvernement et la société civile ainsi qu’une meilleure harmonisation des initiatives régionales. Le processus d’audit doit également être revu et « les mines et les fonderies régulièrement inspectées ». Le texte prône enfin « une compétition équitable entre entreprises internationales et producteurs congolais » afin « d’influencer, voire augmenter, les prix au niveau local ».
Les solutions sont ailleurs Cette lettre ouverte est salutaire pour qui s’est un peu penché sur l’épineux dossier des conflits à l’Est de la RDC. En démontrant que le financement et la prolifération des groupes ne sont pas uniquement liés aux « minerais du sang », ces experts pointent, en creux, les autres raisons de l’instabilité du Kivus : mauvaise gouvernance, ingérences à répétition des voisins rwandais et ougandais, corruption, répression politique, déliquescence de l’Etat et de son armée nationale… les causes sont multiples. Si la loi Dodd-Frank est certes utile et doit être améliorée, elle n’a ni éradiqué les groupes armés, ni amélioré la vie des Congolais… les solutions sont ailleurs et notamment politiques.
Ewanga : un an ferme pour offense au président de la RDC
Christophe RIGAUD – Afrikarabia – 12 09 14
Le numéro deux de l’UNC, Jean-Bertrand Ewanga, a été condamné à un an de prison pour « outrage au chef de l’Etat« , 48 heures avant une importante manifestation de l’opposition contre Joseph. La condamnation est tombée dans la soirée de jeudi. A 21h, la Cour suprême a annoncé la sentence : un an de prison ferme pour Jean-Bertrand Ewanga, secrétaire général de l’UNC, un des principaux partis d’opposition. La justice congolaise reproche à Ewanga ses propos contre Joseph Kabila tenus lors d’une manifestation de l’opposition, le 4 août dernier à Kinshasa. Le numéro deux de l’UNC est condamné « pour offense au chef de l’Etat, aux membres du gouvernement et aux membres du Parlement« .Christophe RIGAUD – Afrikarabia – 12 09 14
Un « avertissement » du pouvoir
Pour le patron de l’UNC, l’ancien président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe, « il n’existe aucune infraction qualifiée d’offense au chef de l’Etat dans notre code« . Vital Kamerhe dénonce « un procès politique et non judiciaire« . Il faut dire que la sanction de la justice congolaise intervient à moins de 48 heures d’une grande manifestation de l’opposition contre la révision de la Constitution et pour l’alternance politique en RD Congo. C’est au lendemain du dernier rassemblement en date contre la révision constitutionnelle que Jean-Bertrand Ewanga a été interpellé, placé en résidence surveillée et déféré désormais à la prison de Makala. L’opposition voit donc dans cette condamnation un « avertissement » du pouvoir.
A qui le tour ?
Vital Kamerhe s’inquiète de l’accentuation de la répression du régime contre les opposants politiques : « aujourd’hui, c’est le tour du numéro 2 du parti, l’Honorable Ewanga, demain ça sera le tour de quel autre membre du parti ? ». L’UNC, avec l’UDPS et plusieurs partis d’opposition ont appelé à manifester une nouvelle fois samedi 13 septembre au matin à Kinshasa pour protester contre les projets de révision constitutionnelle qui pourraient être présentés au Parlement au cours de la session devant commencer le 15 septembre. Vital Kamerhe sera en tête du cortège.
La Belgique préoccupée par la condamnation en RDC d'un député de l'oppositionXinhua 13/09/14
Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la Belgique, Didier Reynders, a pris connaissance "avec préoccupation" de la "lourde" condamnation en République démocratique du Congo (RDC) du député de l'opposition Jean-Bertrand Ewanga à 12 mois de prison ferme, selon un communiqué publié vendredi par ce ministère. Cette condamnation fait suite à l'arrestation du secrétaire général de l'Union pour la nation congolaise (UNC), au lendemain de la manifestation de l'opposition le 5 août 2014. Le chef de la diplomatie belge s'inquiète "en particulier" de la réduction de la liberté d'expression que cette décision pourrait engendrer en RDC. A l'aube d'enjeux électoraux importants pour le pays et la région, c'est nécessaire pour les autorités congolaises d'assurer un espace démocratique "ouvert et respectueux" des libertés civiles et politiques, a souligné le ministre Reynders
La France fait part de sa préoccupation après la condamnation, le 11 septembre, du député d’opposition Jean-Bertrand Ewanga à un an de prison ferme.
Cette décision ne va pas dans le sens d’un débat démocratique ouvert, alors que la République démocratique du Congo s’apprête à entrer dans un nouveau cycle électoral.
La France rappelle que la République démocratique du Congo s’est engagée, en signant l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération d’Addis Abeba, à « promouvoir les objectifs de réconciliation nationale, la tolérance et la démocratisation ».
Nous invitons tous les acteurs politiques congolais à inscrire leur action de façon constructive dans le respect de ces principes.
Une manifestation contre un 3e mandat de Kabila dispersée AFP Samedi, 13 Septembre, 2014
La police congolaise a dispersé samedi à Kinshasa des manifestants hostiles à tout projet qui permettrait au président Joseph Kabila de briguer un troisième mandat en 2016, interpellant plusieurs personnes dont un journaliste vidéaste de l'AFP.
Vendredi, les autorités avaient vivement "déconseillé" de se rassembler, arguant que d'autres opposants se réunissaient samedi et qu'il était "difficile (...) d'encadrer les deux manifestations", a expliqué à l'AFP le ministre de l'Intérieur, Richard Muyej.
Certains initiateurs avaient renoncé à manifester mais samedi matin des dizaines de personnes, surtout des jeunes, ont tenté d'atteindre la Gare centrale, point de départ de la marche.
Ils se sont retrouvés face à des policiers dont une centaine est intervenue pour disperser les manifestants regroupés près de l'hôtel Memling, dans le nord de la capitale, ont constaté trois journalistes de l'AFP. Au moins une grenade lacrymogène a été tirée.
Forces de l'ordre et opposants ont joué au chat et à la souris mais l'opération s'est déroulée sans incident majeur, selon ces journalistes. Les organisateurs affirment toutefois dans une déclaration qu'il y a "des blessés" et des personnes "conduites vers des destinations inconnues", exigeant leur libération.
Un vidéaste de l'AFP a été violemment interpellé par la police avec un confrère de la télévision privée Sango Malamu alors qu'ils filmaient.
Ils ont été relâchés à distance de la manifestation après avoir été forcés à monter dans un véhicule de la police pendant une quinzaine de minutes.
- Huit interpellations -
Les journalistes de l'AFP ont par ailleurs vu quatre autres personnes être interpellées et emmenées dans des véhicules de la police.
M. Muyej a expliqué qu'en tout "huit personnes", "dont un député de l'opposition", avaient été interpellées.
Il a ajouté que "toutes" avaient été "libérées" après une "cure de redressement" de la police: elles ont reçu des "conseils" pour ne plus se retrouver dans pareille situation. Mais cela n'a "rien à voir avec la dictature", a-t-il dit.
Parmi les principaux organisateurs de la manifestation figurent des responsables de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, première force d'opposition au Parlement) et de l'Union pour la Nation congolaise (UNC, troisième parti d'opposition).
Ils dénonçaient toute tentative de modification constitutionnelle qui permettrait à M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se représenter en 2016 et réclamaient la libération des détenus politiques - dont le député Jean-Bertrand Ewanga, le secrétaire général de l'UNC condamné jeudi à un an de prison ferme pour offense au chef de l'Etat.
Cet élu avait été arrêté le 5 août, au lendemain d'un rassemblement autorisé qui avait réuni à Kinshasa des milliers d'opposants à tout maintien au pouvoir de M. Kabila au-delà de son second mandat.
Samedi matin à Butembo (Est), une autre marche de l'opposition a été "dispersée" sans violence par la police, malgré des "jets de pierres", a déclaré à l'AFP un responsable de la société civile sur place.
Vital Kamerhe, président de l'UNC et ex-meilleur allié de M. Kabila, et Bruno Mavungu, secrétaire général de l'UDPS, ont promis d'organiser d'autres marches à une date non encore fixée.
"Les gens ne veulent pas de la révision de la constitution, le mandat pour le président actuel, c'est le dernier: il se termine le 19 décembre (2016) à minuit, et nous voulons de bonnes élections", a plaidé M. Kamerhe samedi devant la presse.
© CongoForum, le samedi 13 septembre 2014