
Texte par FRANCE 24
Dernière modification : 03/10/2014
Pour la première fois depuis 33 ans, juifs et musulmans célébreront, samedi, les fêtes de Yom Kippour et de l'Aïd al-Adha au même moment. Une concomitance placée sous haute surveillance en Terre sainte.
Ce n'était pas arrivé depuis 33 ans. Cette année, les célébrations de Yom Kippour et de l'Aïd al-Adha, respectivement les fêtes les plus sacrées du judaïsme et de l'islam, qui observent pourtant des calendriers lunaires différents, auront lieu en même temps. Ainsi, les juifs entrent vendredi soir et jusqu'à samedi 3 octobre, dans les célébrations du grand pardon, tandis que les musulmans commencent, samedi et jusqu'à mardi, la fête du sacrifice, qui commémore la soumission d'Abraham à Dieu. Jeûne, prière et expiation d'un côté, sacrifice de mouton, prières et festivités de l'autre.
Si cette concomitance reste anecdotique partout dans le monde, la situation est toute autre en Terre sainte. Ainsi, Jérusalem, Hébron ou Acre seront sous haute surveillance à partir de vendredi, par crainte de violences à l'occasion de ces deux fêtes religieuses majeures.
"La police israélienne sur le qui-vive"
La grande inquiétude des autorités, surtout samedi, c'est que des membres de l'une ou l'autre communauté ne se livrent à des provocations ou qu'ils ne ressentent comme telles certains comportements. Et pour cause, à Jérusalem ou dans le reste du pays, juifs et musulmans célèbreront leur fête à peu de distance les uns des autres.
"La police israélienne est sur le qui-vive et prévoit un déploiement renforcé", a déclaré sa porte-parole, Luba Samri, à l'AFP, des incidents ayant eu lieu par le passé lors de Kippour. Concernant Jérusalem-est, théâtre chronique de heurts encore plus nombreux cet été, lors de l'opération Bordure protectrice, la police concentrera ses efforts sur le site hautement sensible de l'Esplanade des mosquées (le Mont du temple pour les juifs), a ajouté Luba Samri. Des dizaines de milliers de fidèles sont attendus à la mosquée al-Aqsa, notamment pour la prière de l'aube, la plus importante de la journée de samedi, premier jour de l'Aïd. Un défi organisationnel pour la police, ce troisième lieu saint de l'islam surplombant le Mur des lamentations, lieu le plus sacré du judaïsme.
Les Territoires palestiniens seront, eux, entièrement bouclés de jeudi soir à samedi soir par l'armée, comme lors de chaque grande fête juive, a annoncé un communiqué militaire. Pendant toute la fête juive, les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza auront interdiction de se rendre à Jérusalem ou en Israël. Les points de passages seront rouverts dès dimanche matin. Des aménagements sont toutefois prévus par l'armée pour permettre à quelques centaines de Palestiniens de retrouver leurs proches pour les festivités de l'Aïd, a également annoncé l'armée.
Accord entre les communautés
En Israël, à Saint-Jean-d'Acre, un accord a été conclu entre les communautés pour éviter une répétition des affrontements de 2008, a déclaré à l'AFP Abbas Zakour, dignitaire musulman. À l'époque, une émeute de cinq jours avait éclaté, après qu'un automobiliste arabe a bravé l'interdiction (tacite) de circuler en voiture lors de Yom Kippour. L'incident a dégénéré lorsque la rumeur a couru qu'un Arabe avait été tué.
À Hébron, où l'armée et la police maintiennent en permanence des dizaines de check-points et où des heurts opposent quasi-quotidiennement les Palestiniens aux colons et aux soldats israéliens, la situation est explosive.
Dans cette ville du sud de la Cisjordanie, musulmans et juifs viennent se recueillir sur le Caveau des patriarches. Le monument est en général divisé en deux - une mosquée d'un côté, une synagogue de l'autre - depuis qu'un extrémiste juif a abattu 29 Palestiniens alors qu'ils priaient en 1994.
Les musulmans ne sont habituellement pas appelés à la prière le samedi, jour de culte pour les juifs, a rappelé Hijazi Abou Snina, responsable de la mosquée. Mais, "à l'occasion de l'Aïd, l'appel à la prière de l'aube a été autorisé". La totalité du tombeau sera réservée aux juifs vendredi soir; il sera de nouveau partagé samedi, avant de n'être ouvert qu'aux musulmans dimanche.
À Jaffa, dans l'agglomération de Tel-Aviv, et dans d'autres villes où cohabitent les deux communautés, les défilés festifs des musulmans ont été repoussés à samedi soir, plutôt qu'en journée, selon la police israélienne.
Avec AFP