Alternance 2016 :
«Nouvelle Constitution» : Mugalu en campagne au Maniema

Le "Pasteur" Théodore Mugalu, chef de la "Maison civile" de "Joseph Kabila"
Chef de la «Maison civile» du chef de l’Etat congolais, le «Pasteur» Théodore Mugalu a décidé de battre campagne non pas pour la révision de la Constitution promulguée le 18 février 2006. Il «veut», lui, une toute nouvelle constitution «fondée sur des valeurs chrétiennes». Si la nouvelle de ce déplacement était confirmée, il s’agit d’un démenti cinglant à l’encontre de quelques «aboyeurs de la République». C’est le cas notamment du ministre des Médias et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende. Celui-ci soutient avec une «admirable» mauvaise foi qu’il n’a jamais été question de modifier l’article 220 de la loi fondamentale - lequel verrouille la durée et le nombre de mandat présidentiel. Selon Mende, les critiques des "antirévisionnistes" portent sur des intentions et non sur des faits. La descente dans l’arène politique du chef de la Maison civile de «Joseph Kabila» démontre que celui-ci ne sait plus à quel saint se vouer. La disparition d’Augustin Katumba Mwanke en février 2012 a laissé un vide.
Indécision au sommet de l’Etat
«Augustin Katumba Mwanke a manifestement emporté avec lui le mode d’emploi.» C’est la phrase ironique prononcé par un député national étiqueté «Majorité présidentielle» (MP). L’homme venait de participer à la réunion tenue le mardi 7 octobre dernier à la Ferme de Kingakati sous la présidence de «Joseph Kabila», l’autorité dite morale de ce regroupement. Un regroupement qui prend de plus en plus les allures du MPR-Parti Etat au lendemain du discours du 24 avril 1990, prononcé par le président Mobutu Sese Seko, annonçant la fin du parti unique et la restauration du pluralisme politique. Il s’en est suivi un «sauve-qui-peut» général.
Dans un entretien téléphonique avec l’auteur de ces lignes, ce parlementaire qui a naturellement requis l’anonymat assure que l’ambiance devient de plus en plus pesante au sein de la «MP». «Tout le monde se méfie de tout le monde, dit-il. Joseph Kabila dissimule à peine sa haine autant qu’une certaine condescendance à l’égard de tous ceux qui ont osé lui déconseiller toute idée de révision de la Constitution. C’est tout juste s’il ne les qualifie pas de traitres».
Notre interlocuteur de poursuivre : «Nombreux sont les participants qui ont été stupéfaits par l’indécision lors de la réunion de mardi dernier». Invité à clarifier sa pensée, il ajoute : «Des députés ont été peinés de constater l’incapacité du chef de l’Etat à fixer la date de la publication du gouvernement de cohésion nationale, près d’une année après son allocution du 23 octobre 2013 devant les deux chambres du Parlement réunies.» Après avoir rappelé que le Congolais Denis Sassou N’guesso et la présidente de l’Union africaine Nkosazana Dlamini Zuma étaient témoins, le député de donner son explication : «Joseph Kabila semble redouter que les personnalités de sa majorité qui n’auront pas des postes juteux ne passent avec armes et bagages dans le camp des antirévisionnistes». Et de conclure : «Certains députés commencent à regretter l’époque où AKM (Ndlr : Auguste Katumba Mwanke) jouait le rôle de coordonnateur voire de négociateur des affaires politiques. A ce titre, il rassemblait par son empathie.» Est-ce pour cette raison que le «raïs» confie désormais son «destin» au chef de sa Maison civile, le très sulfureux Théodore Mugalu ?
« Valeurs chrétiennes »
Selon des sources bien informées, Mugalu devrait prendre "incessamment" un vol non régulier du réseau domestique. Destination : Kindu. Dans le chef-lieu de la Province du Maniema, le «Pasteur» devrait "prêcher" la bonne parole en ressassant un discours déjà entendu. Conscient de l’impopularité grandissante du «raïs» au Katanga, dans les deux Kivu et dans la Province Orientale, Mugalu aurait fait croire à « Joseph » que le Maniema pourrait lui servir de « base de reconquête » de l’opinion via la «fibre chrétienne». Pour lui, il faut doter le Congo démocratique d’une «nouvelle constitution» fondée sur des «valeurs chrétiennes». Sans d’autres précisions.
Dans une intervention, samedi 30 août, devant des membres de la jeunesse salutiste, le chef de la Maison civile déclarait notamment que « le Congo a besoin d’une Constitution stable qui tienne compte des valeurs chrétiennes et des aspirations des pères fondateurs de la nation congolaise». Pour lui, la charte fondamentale en vigueur ne serait qu’«une pâle copie de la loi belge». A partir de quelle année a-t-il fait ce constat? Cynique, Mugalu ajoutera : «Pour instaurer la bonne gouvernance des affaires de la Cité, les Congolais doivent donc associer Dieu, car il n’y a de bon que Dieu». Le «Pasteur» Mugalu semble ignorer que la "vérité" est une des valeurs cardinales du monde chrétien.
La vérité. Quelle est la vérité? Elle est assez simple. «Joseph Kabila» a été
«élu» en 2006 et «réélu» en 2011. Il achève actuellement son second et dernier mandat à la tête de l’Etat. "Joseph Kabila" et les "faucons" de son régime ont oublié que le 6 décembre 2006 et le 20 décembre 2011, l’actuel chef de l’Etat avait fait le serment solennel devant… Dieu et la nation «d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la République.» L’article 220 de cette loi fondamentale interdit toute révision constitutionnelle touchant tant à la durée qu’au nombre de mandats présidentiels. C’est un secret de Polichinelle de relever ici que «Joseph Kabila» rêve d’instaurer le suffrage universel indirect pour l’élection aussi bien des députés provinciaux que du Président de la République. Chef du groupe parlementaire PPRD à l’Assemblée nationale, Ramazani Shadari confierait à qui voudrait l’entendre que chaque député national recevrait un montant de 300.000 $US, après vote. Echaudés par des promesses non-tenues, certains parlementaires confient : «Lors de la modification de certains articles de la Constitution en janvier 2011, le chef de l’Etat avait promis 60.000 $US à chaque député national de la Majorité. Les plus chanceux ont reçu à peine 20.000 $US, à ce jour...».
« Deux mandats, ça suffit ! »
Dans une tribune libre intitulée «Deux mandats et puis s’en va», publiée dans l’édition n°2804 de l’hebdomadaire parisien «Jeune Afrique» (voir page 42), la secrétaire d’Etat adjointe, chargée des Affaires africaines pour les Etats-Unis, Linda Thomas-Greenfiedl, commence par rappeler que lors du sommet USA/Afrique qui s’est tenu en août dernier à Washington, le président Barack Obama et les leaders africains présents ont débattu «des stratégies à adopter pour stimuler à adopter pour stimuler la croissance».
Selon elle, «la démocratie fut l’un des éléments clés de ces discussions ». Voilà un démenti aux propos fanatisés de Lambert Mende selon lesquels il n’a jamais été question du respect de la Constitution dans la capitale américaine. «Il est essentiel de mettre des limites au nombre de mandats présidentielles pour répondre aux attentes démocratiques des populations», souligne la secrétaire d’Etat adjointe en se fondant sur plusieurs sondages d’opinion réalisés à travers des pays du continent.
Après avoir rappelé que d’ici 2016, quatorze élections à la magistrature suprême sont prévues sur le continent, elle note que si quelques pays présentent un certain ancrage dans la culture démocratique, «ailleurs», la limitation du nombre de mandat «se trouve menacée». Et de poursuivre : «La modification des Constitutions et la suppression des verrous légaux réduisent la confiance des peuples et leurs institutions, affaiblissent la gouvernance dans son ensemble et ne servent au final que les intérêts d’une seule personne, celle qui est au pouvoir, ou d’un seul parti.» Linda Thomas-Greenfield de conclure par les propos tenus par le secrétaire d’Etat John Kerry dans son allocution devant le Forum de la société civile. C’était à la veille de l’ouverture du sommet de Washington : « (…), les Etats-Unis allaient continuer à défendre les limites constitutionnelles aux mandats, comme ils l’ont fait dans des pays du monde entier, y compris en Afrique». Dans son speech, "le chef de la diplomatie US a dit que les Etats-Unis exhortaient les dirigeants à ne pas modifier les Constitutions nationales au profit d’intérêts personnels ou politiques."
«Joseph Kabila» et ses «derniers des Mohicans» du genre Théodore Mugalu continuent à faire la sourde oreille et à narguer non seulement la nation congolaise toute entière mais aussi la "communauté internationale". Il est vrai que le "raïs" et les "durs" de son entourage paraissent incapables de lire l’Histoire immédiate du Congo-Zaïre. Ils ne comprennent que le langage de la force. Le parlementaire MP de conclure : «Il incombe aux Congolais de relever le défi qui leur est lancé…».
«Augustin Katumba Mwanke a manifestement emporté avec lui le mode d’emploi.» C’est la phrase ironique prononcé par un député national étiqueté «Majorité présidentielle» (MP). L’homme venait de participer à la réunion tenue le mardi 7 octobre dernier à la Ferme de Kingakati sous la présidence de «Joseph Kabila», l’autorité dite morale de ce regroupement. Un regroupement qui prend de plus en plus les allures du MPR-Parti Etat au lendemain du discours du 24 avril 1990, prononcé par le président Mobutu Sese Seko, annonçant la fin du parti unique et la restauration du pluralisme politique. Il s’en est suivi un «sauve-qui-peut» général.
Dans un entretien téléphonique avec l’auteur de ces lignes, ce parlementaire qui a naturellement requis l’anonymat assure que l’ambiance devient de plus en plus pesante au sein de la «MP». «Tout le monde se méfie de tout le monde, dit-il. Joseph Kabila dissimule à peine sa haine autant qu’une certaine condescendance à l’égard de tous ceux qui ont osé lui déconseiller toute idée de révision de la Constitution. C’est tout juste s’il ne les qualifie pas de traitres».
Notre interlocuteur de poursuivre : «Nombreux sont les participants qui ont été stupéfaits par l’indécision lors de la réunion de mardi dernier». Invité à clarifier sa pensée, il ajoute : «Des députés ont été peinés de constater l’incapacité du chef de l’Etat à fixer la date de la publication du gouvernement de cohésion nationale, près d’une année après son allocution du 23 octobre 2013 devant les deux chambres du Parlement réunies.» Après avoir rappelé que le Congolais Denis Sassou N’guesso et la présidente de l’Union africaine Nkosazana Dlamini Zuma étaient témoins, le député de donner son explication : «Joseph Kabila semble redouter que les personnalités de sa majorité qui n’auront pas des postes juteux ne passent avec armes et bagages dans le camp des antirévisionnistes». Et de conclure : «Certains députés commencent à regretter l’époque où AKM (Ndlr : Auguste Katumba Mwanke) jouait le rôle de coordonnateur voire de négociateur des affaires politiques. A ce titre, il rassemblait par son empathie.» Est-ce pour cette raison que le «raïs» confie désormais son «destin» au chef de sa Maison civile, le très sulfureux Théodore Mugalu ?
« Valeurs chrétiennes »
Selon des sources bien informées, Mugalu devrait prendre "incessamment" un vol non régulier du réseau domestique. Destination : Kindu. Dans le chef-lieu de la Province du Maniema, le «Pasteur» devrait "prêcher" la bonne parole en ressassant un discours déjà entendu. Conscient de l’impopularité grandissante du «raïs» au Katanga, dans les deux Kivu et dans la Province Orientale, Mugalu aurait fait croire à « Joseph » que le Maniema pourrait lui servir de « base de reconquête » de l’opinion via la «fibre chrétienne». Pour lui, il faut doter le Congo démocratique d’une «nouvelle constitution» fondée sur des «valeurs chrétiennes». Sans d’autres précisions.
Dans une intervention, samedi 30 août, devant des membres de la jeunesse salutiste, le chef de la Maison civile déclarait notamment que « le Congo a besoin d’une Constitution stable qui tienne compte des valeurs chrétiennes et des aspirations des pères fondateurs de la nation congolaise». Pour lui, la charte fondamentale en vigueur ne serait qu’«une pâle copie de la loi belge». A partir de quelle année a-t-il fait ce constat? Cynique, Mugalu ajoutera : «Pour instaurer la bonne gouvernance des affaires de la Cité, les Congolais doivent donc associer Dieu, car il n’y a de bon que Dieu». Le «Pasteur» Mugalu semble ignorer que la "vérité" est une des valeurs cardinales du monde chrétien.
La vérité. Quelle est la vérité? Elle est assez simple. «Joseph Kabila» a été
«élu» en 2006 et «réélu» en 2011. Il achève actuellement son second et dernier mandat à la tête de l’Etat. "Joseph Kabila" et les "faucons" de son régime ont oublié que le 6 décembre 2006 et le 20 décembre 2011, l’actuel chef de l’Etat avait fait le serment solennel devant… Dieu et la nation «d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la République.» L’article 220 de cette loi fondamentale interdit toute révision constitutionnelle touchant tant à la durée qu’au nombre de mandats présidentiels. C’est un secret de Polichinelle de relever ici que «Joseph Kabila» rêve d’instaurer le suffrage universel indirect pour l’élection aussi bien des députés provinciaux que du Président de la République. Chef du groupe parlementaire PPRD à l’Assemblée nationale, Ramazani Shadari confierait à qui voudrait l’entendre que chaque député national recevrait un montant de 300.000 $US, après vote. Echaudés par des promesses non-tenues, certains parlementaires confient : «Lors de la modification de certains articles de la Constitution en janvier 2011, le chef de l’Etat avait promis 60.000 $US à chaque député national de la Majorité. Les plus chanceux ont reçu à peine 20.000 $US, à ce jour...».
« Deux mandats, ça suffit ! »
Dans une tribune libre intitulée «Deux mandats et puis s’en va», publiée dans l’édition n°2804 de l’hebdomadaire parisien «Jeune Afrique» (voir page 42), la secrétaire d’Etat adjointe, chargée des Affaires africaines pour les Etats-Unis, Linda Thomas-Greenfiedl, commence par rappeler que lors du sommet USA/Afrique qui s’est tenu en août dernier à Washington, le président Barack Obama et les leaders africains présents ont débattu «des stratégies à adopter pour stimuler à adopter pour stimuler la croissance».
Selon elle, «la démocratie fut l’un des éléments clés de ces discussions ». Voilà un démenti aux propos fanatisés de Lambert Mende selon lesquels il n’a jamais été question du respect de la Constitution dans la capitale américaine. «Il est essentiel de mettre des limites au nombre de mandats présidentielles pour répondre aux attentes démocratiques des populations», souligne la secrétaire d’Etat adjointe en se fondant sur plusieurs sondages d’opinion réalisés à travers des pays du continent.
Après avoir rappelé que d’ici 2016, quatorze élections à la magistrature suprême sont prévues sur le continent, elle note que si quelques pays présentent un certain ancrage dans la culture démocratique, «ailleurs», la limitation du nombre de mandat «se trouve menacée». Et de poursuivre : «La modification des Constitutions et la suppression des verrous légaux réduisent la confiance des peuples et leurs institutions, affaiblissent la gouvernance dans son ensemble et ne servent au final que les intérêts d’une seule personne, celle qui est au pouvoir, ou d’un seul parti.» Linda Thomas-Greenfield de conclure par les propos tenus par le secrétaire d’Etat John Kerry dans son allocution devant le Forum de la société civile. C’était à la veille de l’ouverture du sommet de Washington : « (…), les Etats-Unis allaient continuer à défendre les limites constitutionnelles aux mandats, comme ils l’ont fait dans des pays du monde entier, y compris en Afrique». Dans son speech, "le chef de la diplomatie US a dit que les Etats-Unis exhortaient les dirigeants à ne pas modifier les Constitutions nationales au profit d’intérêts personnels ou politiques."
«Joseph Kabila» et ses «derniers des Mohicans» du genre Théodore Mugalu continuent à faire la sourde oreille et à narguer non seulement la nation congolaise toute entière mais aussi la "communauté internationale". Il est vrai que le "raïs" et les "durs" de son entourage paraissent incapables de lire l’Histoire immédiate du Congo-Zaïre. Ils ne comprennent que le langage de la force. Le parlementaire MP de conclure : «Il incombe aux Congolais de relever le défi qui leur est lancé…».
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2014
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