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25/10/14/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

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25/10/14/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)
Parmi les sujets évoqués par la presse congolaise ce week-end figure, entre autre, la volonté des autorités de Ouagadougou de réviser la Constitution pour accorder un autre mandat à Blaise Compaoré. Magnifique occasion, évidemment, de « jouer au billard à 3 bandes » et de commenter des faits qui ne sont pas exclusivement burkinabés !
Révision de la Constitution (de Ouagadougou ?)
Le Potentiel consacre sa manchette au Burkina Faso, qui selon lui, fait fausse route en ce qui concerne la révision constitutionnelle. Pour ce quotidien congolais, Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, est mal parti. Dans sa folie de s’éterniser au pouvoir, il a perdu le nord en se lançant en solitaire sur la voie de la révision de la Constitution de son pays. Avec ce forcing qui part de Ouagadougou, c’est la démocratie africaine qui est mise à rude épreuve, estime le confrère. En décidant d’ouvrir le bal, Blaise Compaoré vogue à contre-courant de l’histoire et fait fausse route. Mauvais exemple pour ses pairs africains, fait remarquer LePotentiel.         
(Blaise Compaoré n’est pas « le premier » à donner ce mauvais exemple. Pour ne parler que de voisins immédiats de la RDC, Sassou Nguesso, Nkurunziza et Paul Kagame l’ont déjà précédé dans cette voie. De tous les présidents concernés, à ce jour seul Boni Yayi a manifesté son peu d’intérêt pour un mandat supplémentaire, sans toutefois se prononcer de façon claire et absolue. Tous les autres se démènent pour changer les règles ou, comme JKK, gardent un silence prudent tout en laissant leurs partis s’agiter.      
Or, les Présidents « en fin de course » d’ici fin 2017 sont au nombre de 17 ! Si tous – ou, disons, une dizaine seulement -, cédaient à la fièvre « révisionniste », les diplomaties d’Europe et des USA courraient-elles le risque de se brouiller avec autant de pays à la fois ? Joli casse-tête en perspective. NdlR)

La Prospérité publie, sur les questions de l’heure (au Congo, cette fois, pas au BF) les réflexions de Pico Mwepu,  pasteur autoproclamé et Député National, élu de la circonscription électorale de Malemba Nkulu, dans la province du Katanga, sur la liste MP lors des calamiteuses élections de 2011[1].         
 « 
Pico Mwepu Kanyanta s’est confié à La Prospérité, pour évoquer les derniers faits d’actualités en République Démocratique du Congo, notamment, le cas de Scott Campbell du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme et l’attaque, ou mieux l’agression d’un prêtre à Lodja, plus précisément à Tshumbe. S’agissant du premier point, Pico Mwepu a salué la décision du gouvernement de son pays, pour avoir déclaré Scott Campbell Persona non grata, suite au rapport qu’il a publié, accusant ainsi les agents de la PNC des exécutions sommaires des Kulunas. ‘’La RDC est un Etat indépendant et souverain. On n’a pas besoin d’avoir la permission de qui que soit pour prendre une décision. Les Kulunas ont tué des enfants, femmes et hommes pendant plusieurs temps, où était Scott Campbell pour faire aussi un rapport ? Je suis choqué par ce rapport, car je ne sais pas si Campbell mesure la gravité des faits perpétrés par ces criminels. Ce rapport est truffé des mensonges. Il a des positions comme si c’était un opposant’’, a-t-il martelé. Analysant la réplique de l’ONU sur cette décision du Gouvernement, Pico Mwepu a dit clairement que la RDC ne dépend pas de l’ONU, le Congo est plutôt un membre de cette organisation. De ce fait, il appelle l’ONU a envoyé quelqu’un d’autre pour remplacer Campbell.       

S’agissant de ce qui s’est passé à Lodja, le Député de la majorité présidentielle pense qu’il est question de replacer les choses dans son contexte. ‘’Il faut savoir de quoi il s’agit, c’est quelle lettre, et elle a été lue où ? Puisque chaque chose a son temps’’, a-t-il dit. Pasteur de son état, Pico Mwepu est allé plus loin pour rappeler la mission de l’Eglise. A la question de savoir ce que doit faire un Pasteur, l’élu de Malemba Nkulu a répondu  en ces termes : ‘’ Comme vous le savez, dans le monde, il y a subdivision de travail et de rôle. Par rapport à la mission prophétique même de l’église, elle n’est pas de provoquer le malheur, des calamités ou de présager l’hécatombe. La mission que le Seigneur Jésus nous a laissée dans la continuité, c’est de prêcher l’amour et la paix pour que l’avènement de son fils se concrétise. C’est ça le rôle de l’église. Jésus a dans sa parole, dit « aller partout et faites de toutes les nations mes disciples ». C’est ce que nous, hommes de Dieu,  sommes appelés à faire’’. Poursuivant son idée, il a dit que les comportements des Evêques, ce dernier temps, ne reflètent pas la mission prophétique même de l’Eglise. ‘’Depuis un certain temps, nous tous, nous suivons de très près l’actualité. Le comportement des Evêques n’est pas louable. Ils se sont donnés le luxe d’outrepasser leur mandat en tant qu’église confessionnelle. Alors, je ne saurai vous apprendre le rôle de l’église. Soit, ils parlent en tant qu’église et l’église en tant que telle, a son rôle qui est déterminé par Dieu lui-même, par Jésus-Christ, notre Seigneur. Alors maintenant, nous nous  posons la question de savoir si cette lettre est conforme à la volonté et à la vocation de l’église. A l’église de Dieu, l’on ne peut enseigner que la parole de Dieu. C’est cela que Christ nous a recommandé’’, a-t-il déclaré.

Plus loin dans sa réflexion, ce Député prend même l’exemple des grandes puissances et se pose des questions : ‘’Avez-vous déjà vu les Evêques américains s’immiscer dans les affaires ? Je ne vois pas les étrangers s’ingérer dans les problèmes de la France par exemple où l’on parle aujourd’hui des mariages gays. Je ne vois pas un étranger qui s’invite dans ce débat là. Il y a eu dernièrement la sécession de l’Ecosse, où tout le monde a prétendue, d’après les enquêtes que c’était le moment venu pour que le pays se détache de la Grande Bretagneet on a suivi la procédure normale, qui est le référendum, c'est-à-dire, on a consulté le souverain primaire et le souverain primaire a tranché.  Je n’ai pas vu les Evêques boycotter cette démarche’’.
Cet élu veut à tout prix que les pays étrangers respectent la souveraineté de la RDC et que les Evêques puissent remplir, conformément aux saintes écritures, leurs missions ».
SNEL
A propos du déficit d’électricité à Kinshasa, Le Potentiel fait état d’une motion de défiance à l’Assemblée nationale à l’encontre d’Eric Mbala, l’Administrateur délégué de la SNEL (Société nationale d’électricité).    
Les réponses de l’AD de la SNEL s’étirent dans le futur, alors que le peuple attend des solutions immédiates, estime l’auteur de la question orale avec débat relative au déficit de l’électricité. Clément Kanku enclenche ainsi la procédure en vue de faire tomber l’actuelle équipe dirigeante de la SNEL.    

A ce même sujet, La Prospérité rapporte que Clément Kanku a avancé l’idée d’une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur les tarifs préférentiels appliqués par la SNEL. Le député de Dibaya a laissé entendre qu’on ne peut pas faire partir le comité de gestion Mbala sans savoir qui touche réellement l’argent de la SNEL, société qui, à l’en croire, est devenue une vache à lait et où tout le monde vient se servir.
CPI
La République annonce le retour à Kinshasa depuis jeudi dernier du député MLC Fidèle Babala sous le régime de la liberté provisoire lui accordée par la CPI. 
Pour Thomas Luhaka, secrétaire général de MLC, cette liberté provisoire est un bon augure pour la suite. « C’est une bonne nouvelle que Fidèle Babala soit libéré. Cela nous pousse à espérer la libération de notre leader Jean-Pierre Bemba », a fait savoir le n° 2 du MLC à l’AFP.

Presse et documents étrangers

Kamerhe d’accord pour dialoguer avec Kabila mais pas pour partager le pouvoirPropos recueillis par Christophe RIGAUD – Afrikarabia - 19 oct 2014

Dans un entretien à Afrikarabia, Vital Kamerhe répond à l’invitation d’un dialogue autour de Joseph Kabila mais refuse tout poste au sein de l’exécutif. Le leader de l’UNC craint également un glissement du calendrier électoral et promet de nouvelles manifestations dans la rue.
Afrikarabia – Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a déclaré au cours d’une émission de la RTNC que le président Joseph Kabila serait favorable à un dialogue avec l’opposition. Le président serait donc prêt à discuter avec vous, Etienne Tshisekedi et les partis qui n’ont pas participé aux Concertations nationales. Accepterez-vous une telle invitation ?
Vital Kamerhe – Gouverner, c’est dialoguer de façon permanente. Cela évite les mauvaises interprétations, les malentendus… et les suspicions. Nous sommes pour le dialogue selon le format d’Addis-Abeba et de la résolution 2098. Nous devons éviter d’être une opposition qui dit non à tout. Le président Kabila peut nous consulter sur lessujets sensibles, mais il faut qu’il mette les formes : comment allons-nous dialoguer et sur quoi doit porter ce dialogue ? Dans cette émission de la RTNC, monsieur Mende dit que nous pourrons évoquer les sujets tabous, mais nous disons qu’il faut aussi parler des questions qui sont dans l’accord-cadre d’Addis-Abeba. Cela nous donnera l’occasion de tirer les conséquences des mauvaises élections de 2011, afin de baliser le chemin vers les bonnes élections.
Afrikarabia – Si ce face à face a lieu, vous aimeriez que Joseph Kabila vous en dise plus sur ses intentions en 2016 ?
Vital Kamerhe – J’aurai effectivement l’occasion de lui poser la question. Je lui rappellerai que dans la Constitution qu’il a lui-même promulgué le 18 février 2005, il y a des articles verrouillés, intangibles. Il y les articles 220 (dans lequel le président ne peut briguer plus de deux mandats consécutifs – ndlr) et le 197 (relatif aux élections des députés provinciaux – ndlr). Et nous devons tous respecter cette Constitution, la majorité comme l’opposition. J’aurai aussi l’occasion de lui poser cette question : « en 2016 vous aurez fait 15 ans au pouvoir, que comptez-vous faire encore que vous n’avez pas fait en 15 ans ? Est-ce que moyennant des garanties (Vital Kamerhe propose un statut spécial pour les anciens présidents de la République – ndlr), vous ne pouvez pas laisser le pays avancer, parce que nous allons visiblement vers des affrontements ? ». Il n’y a aucun consensus pour modifier la Constitution en RDC. Tout le monde est contre : l’opposition, la Société civile, le président du Sénat et même une partie de la majorité, avec notamment  le MSR de Pierre Lumbi, qui dit lui aussi « non à la révision constitutionnelle ». Même le gouverneur du Katanga ne soutient pas cette initiative. Il y a donc risque de déflagration au niveau national. Nous accepterons donc ce dialogue pour parler de ces questions et savoir comment faire pour éviter un drame national.
Afrikarabia – Souvent, qui dit dialogue, dit partage du pouvoir. Si Joseph Kabila vous proposait de partager le pouvoir, est-ce que vous accepteriez ?
Vital Kamerhe – Non ! Nous devons être très clair là-dessus. Pour nous, le 19 décembre 2016 à minuit, il faut absolument qu’il y ait un autre président de la République en RDC. De l’opposition, de la majorité ou de la Société civile… mais dans tous les cas de figure, la Constitution interdit qu’une même personne puisse cumuler trois mandats. Ce n’est donc pas un combat contre le président Kabila, mais pour les valeurs républicaines et du droit. Pour nous, c’est clair : nous ne sommes pas demandeurs de postes. Et concernant notre mouvement, l’UNC, nous avons même des documents d’engagement pour ceux qui seraient tentés d’entrer dans le gouvernement. Laissons le président Kabila terminer son cycle et entrer ensuite dans l’alternance. Pendant ce temps, nous affinons nos propositions pour offrir aux Congolais une alternative crédible. Que comptons-nous faire que le président Kabila n’a pas pu faire ? Voilà notre combat.
Afrikarabia – Est-on sûr qu’il y aura des élections en 2016 ? Un grand recensement de la population est annoncé. Cela prendra sans doute beaucoup de temps. Y-a-t-il un risque de voir le mandat du président Joseph Kabila se prolonger ?
Vital Kamerhe – Les signaux qu’envoie le pouvoir actuel laissent entrevoir quelques scénarii. Premier scénario : le président Kabila veut réviser la Constitution par le Parlement et faire le forcing. Avec la déclaration du président du Sénat, qui est contre, la division de la majorité et l’unité au sein de l’opposition, Joseph Kabila sent bien que ce sera très difficile. Le deuxième scénario est de passer par le référendum. Mais le président hésite. Avec le climat social qui règne dans le pays, pourra-t-il organiser correctement ce référendum ? Avec bien sûr le risque que le peuple dise non. Le troisième scénario constitue à lancer un vaste recensement. Le pays n’a pas de voies de communication et  environ 70 millions d’habitants à recenser. Cela prendra au minimum 3 ou 4 ans. En commençant ce recensement fin 2015, il terminera vers 2020. Au bas mot, Joseph Kabila aura gagné un mandat supplémentaire de 5 ans. Ce scénario, c’est le glissement du calendrier. Enfin, le quatrième scénario  est de créer des troubles partout, aux quatre coins du pays… avec des groupes armés comme les ADF-Nalu, Cobra Matata, les Simba, les Bakata Katanga. On se dit que la victoire supposée du gouvernement sur le M23 n’a été que de courte durée pour les Congolais du Nord-Kivu. Le gouvernement nous avait expliqué qu’il avait anéanti les ADF-Nalu, comment expliquer leur retour à Beni ? Dans ce quatrième scénario, Joseph Kabila veut créer un régime de peur pour instaurer une gouvernance d’exception. Mais Joseph Kabila sent que les marges de manoeuvre se réduisent. Et je pense que des 4 scénarii, il risque de privilégier le glissement et jouer les prolongations.
Afrikarabia – Que peut faire l’opposition s’il y a glissement du calendrier électoral ?
Vital Kamerhe – Nous n’allons pas attendre le glissement du calendrier. C’est pourquoi, après notre meeting du 4 août, notre marche du 13 septembre, nous avons prévu un sit-in le 20 octobre devant les bureaux de la Monuscoà Kinshasa. Pourquoi la Monusco ? Parce que la voix de la communauté internationale est devenue inaudible. Avec les dernières nominations dans l’armée, on voit que le décor de la répression est planté. Pendant ce temps, le président Kabila reçoit les ambassadeurs et  fait des annonces. Il annonce la création d’un gouvernement de cohésion nationale. Une année  après, il n’y a toujours pas de nouveau gouvernement et la communauté internationale ne dit rien. Elle voit que la production de cuivre augmente, que le Premier ministre annonce un taux de croissance « exceptionnel »… alors que le peuple est toujours dans la misère. On n’assiste pas un peuple en danger, il y a quelque chose qui nous étonne.
Afrikarabia – Vous avez l’impression que la communauté internationale a encore un poids suffisant pour influer sur les décisions de Joseph Kabila ?
Vital Kamerhe – Pour faire avancer les choses il faut la conjonction de deux facteurs : à 10-15% nous comptons sur la communauté internationale et pour le reste nous comptons sur le peuple congolais. Et nous l’opposition, nous ne devons pas avoir peur des bombes lacrymogènes ni des balles réelles comme nous l’avons fait à Bukavu. On a démontré que, quand un leader tient le flambeau, le peuple suit. Mais si vous restez à la maison, il est normal que le peuple ne bouge pas.
Afrikarabia – Cela veut dire que vous allez maintenir la pression dans la rue en organisant des manifestations très régulièrement ?
Vital Kamerhe – Absolument. Après le sit-in du 20 octobre, il y aura un grand meeting dans un autre quartier populaire de Kinshasa avant de commencer une grande tournée au mois de janvier au plus tard dans toutes les provinces du pays.

La terreur revient à BeniCarnet de C. Braeckman - 21 octobre 2014

Le déchaînement de violence à Beni, où des massacres ont fait plus de 80 morts, suscite une vive émotion dans un Nord Kivu qui n’a pas oublié la guerre qui, voici un an, s’est terminée par la victoire des forces gouvernementales sur les rebelles du M23.
A ce moment, les forces armées congolaises, soutenues par les Casques bleus de la Monusco et la Brigaded’intervention africaine, forte de 3000 hommes, avaient promis de réduire tous les autres groupes armés sévissant dans l’Est du pays, dont essentiellement les rebelles hutus des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) et les rebelles ADF-Nalu, d’origine ougandaise et opérant dans le « grand nord » du Nord Kivu, du côté de Beni. Un an plus tard, on est loin du compte : les FDLR, refusant d’être délocalisés à Kisangani ou dans l’Equateur ou de rentrer pacifiquement au Rwanda, ont obtenu un nouveau répit, jusque janvier 2015.         
Quant aux combattants ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), ils mènent des opérations de terreur : en moins de deux semaines, ils ont tué environ 80 civils. La dernière tuerie a eu lieu à Eringeti, une localité de 2000 habitants. Selon des témoins interrogés par l’AFP, hommes, femmes, enfants et nourrissons sont tombés sous les coups de tueurs opérant à l’arme blanche et vociférant : « où sont vos protecteurs ? Si vous voulez rester en paix, il ne faut plus nous envoyer vos soldats… » Il s’agissait là d’une allusion à l’offensive gouvernementale que les combattants ADF souhaitaient décourager en menant des représailles contre les populations civiles. Selon les habitants d’Eringeti, le massacre a duré deux heures et demie, durant lesquelles les assaillants se sont livrés à des actes de terreur pure : sans commettre de vols ou de viols, ils ont décapité et amputé à la hache et à la machette.        
Cependant, si l’émotion est aussi vive dans la région et si une journée « ville morte « a été décrétée à Goma, la capitale du Nord Kivu, mais aussi à Lubero, c’est aussi parce que la population s’interroge sur l’inaction des autorités : selon des sources locales, la compagnie affectée à la garde de l’état major local n’a pas bougé et un petit groupe de soldats aurait même fait demi tour après avoir tiré quelques coups de feu au début de l’attaque.
Des associations de femmes ont demandé au chef de l’Etat de sanctionner les autorités qui ont failli à leur mission de sécuriser la population et demandent des explications au Ministre de la Défense. 
Les observateurs relèvent que l’offensive contre les rebelles ougandais, entamée au début de cette année, avait engendré de bons résultats, mettant hors d’état de nuire des centaines de combattants. La mort soudaine du général Lucien Bahuma, décédé d’un arrêt cardiaque fin août à mis fin à cet optimisme sans doute prématuré : considéré comme l’artisan de la victoire contre le M23, le général Bahuma, un officier chevronné, diplômé de Saint Cyr, menait avec succès l’offensive congolaise . Depuis sa disparition, que d’aucuns ont même jugée suspecte, l’offensive militaire marque le pas et la localité d’Eringeti a pu être attaquée en dépit de la présence de deux régiments cantonnés à proximité. La méfiance est d’autant plus vive qu’un autre héros de la guerre contre le M23, le général Mamadou N’Dala, avait été, au début de cette année, victime d’une embuscade sur la route de Béni, attribuée aux ADF mais résultant vraisemblablement d’une trahison au sein des forces gouvernementales. Joint par téléphone, un habitant de Béni, souhaitant demeurer anonyme, nous a d’ailleurs confié « qu’il n’est pas certain que ces atrocités soient réellement l’œuvre des ADF, il y a beaucoup de divisions au sein des forces gouvernementales elles-mêmes et nous assistons à d’étranges jeux politiques… »
Cet interlocuteur nous a également confirmé la réalité d’un « péril islamiste » dans le « grand nord » du Kivu : «les ADF sont en contact avec les shabab somaliens et certains de mes employés, qui avaient été enlevés puis relâchés, ont confirmé que leurs ravisseurs étaient bien des musulmans radicaux… »

Mukwege: le prix Sakharov récompense un authentique héros congolais Carnet de C. Braeckman - 22 octobre 2014

Le « prix Sakharov pour la liberté de l’esprit » qui vient d’être décerné au docteur Denis Mukwege est sans conteste la plus « politique » des distinctions remportées par le médecin-chef de l’hôpital Panzi, à Bukavu. Dans son intitulé en effet, ce prix, créé en 1988, récompense des personnalités ou des collectifs qui luttent contre l’intolérance, le fanatisme, l’oppression. Il a été créé en mémoire du physicien russe Andréi Sakharov, l’inventeur de la bombe à hydrogène, qui, après avoir dénoncé les dangers de la course aux armements nucléaires, fut aussi le fondateur du Comité pour la défense des droits de l’homme et la défense des victimes politiques. Le célèbre dissident reçut en 1975 le prix Nobel de la Paix. Il est devenu une référence pour tous ceux qui, partout dans le monde, osent s’opposer à des régimes dictatoriaux et réclamer des droits fondamentaux, à l’instar de la jeune Pakistanaise Malala Yousafsai, aujourd’hui Prix Nobel de la Paix, qui fut agressée dans son pays pour avoir revendiqué le droit des jeunes filles à l’éducation.
Si le docteur Mukwege s’inscrit dans la prestigieuse lignée des « prix Sakharov » où l’on retrouve aussi les leaders du printemps arabe c’est parce que cet homme, gynécologue, obstétricien de formation n’est pas seulement un chirurgien exceptionnel qui, au cours des vingt dernières années, a examiné et opéré plus de 40.000 femmes dans son hôpital de Panzi, spécialisé dans le traitement des victimes de violences sexuelles et de femmes atteintes de fistule.      
C’est aussi parce que, témoin de premier plan des guerres qui se sont succédé dans l’Est du Congo, praticien se portant au secours des victimes des groupes armés, le médecin, qui est aussi pasteur, a aussi ajouté l’engagement à son action thérapeutique. Depuis plus de quinze ans, invité partout dans le monde, le Dr Mukwege harangue la « communauté internationale » et la supplie d’intervenir pour mettre fin à la violence qui vise spécifiquement les femmes du Kivu, à cette terreur sexuelle qui a pour but de détruire et d’asservir des         
communautés dont le seul tort est de vivre à proximité de ressources âprement convoitées. Les plaidoyers du médecin l’ont conduit à la tribune des Nations unies, dans toutes les capitales occidentales et son engagement lui a valu plusieurs tentatives d’assassinat la dernière ayant eu lieu voici deux ans. In fine, s’ajoutant à d’autres témoignages, son action a mené au renforcement de la présence onusienne dans l’Est du Congo et à une action plus déterminée des autorités nationales et internationales, à tel point qu’aujourd’hui, en dépit des chiffres excessifs qui sont parfois trop légèrement diffusés, le nombre de femmes victimes de viols soignées à Panzi est en nette régression, même si de nouvelles pratiques apparaissent comme le viol de petites filles.    
Médecin, témoin, Mukwege se veut également citoyen et estime qu’à ce titre, il a droit à une parole plus politique. C’est ainsi qu’il s’est publiquement exprimé contre une modification de la Constitution congolaise, qui ouvrirait la voie à un troisième mandat présidentiel et qu’il appelle de ses vœux une « révolution morale » qui partirait de la base. C’est en cela que, militant des droits de la femme, défenseur des droits de l’homme au sens large, exerçant pleinement sa liberté d’esprit et de jugement, le médecin congolais s’inscrit dans la logique du prix Sakharov.         
Faut-il ajouter que ce prix prestigieux récompense aussi le courage de milliers de femmes congolaises qui, victimes des pires humiliations, ont cependant réussi à se redresser; à renouer avec la vie? Un tel prix, très politique, est aussi un signal adressé à tous les Congolais, si facilement enclins à se déprécier, à raboter tous ceux qui dépassent, à croire plus aux interventions extérieures qu’à leurs propres forces: le prix Sakharov récompense un authentique héros congolais, qui n’est pas une créature de l’Occident, mais un homme simple, bon et courageux, profondément ancré dans sa propre société et qui a su se lever pour dire non à l’insupportable. Il faut dire aussi que ce héros là, dont tous les Congolais peuvent être fiers, n’est pas un homme seul: il est le plus visible de ces “combattants de l’ombre” de ces résistants qui ont dit non à la guerre, à l’occupation, à l’exclusion. C’est grâce à des hommes comme Mukwege que le Congo a échappé à la balkanisation, est toujours debout et peut croire en l’avenir. Au delà de leurs jalousies, de leurs intérêts à court terme, de leurs petits calculs, puissent les hommes politiques congolais, les élus du peuple, se joindre un jour à l’hommage que le monde rend au médecin chef de Panzi…
La République démocratique du Congo n'a pas réussi à former un gouvernement rassemblant des membres de la majorité, de l'opposition et de la société civile comme l'avait annoncé, il y a tout juste un an, le président Joseph Kabila.
"Dans le cadre de ma politique d'ouverture (. . . ), un gouvernement de cohésion nationale sera bientôt mis en place", avait déclaré M. Kabila le 23 octobre 2013 devant le Parlement. Il s'exprimait après un grand forum national où quelque 900 délégués de la majorité et d'une partie de l'opposition et de la société civile s'étaient réunis afin de consolider la cohésion nationale, fragilisée par les élections présidentielle et législatives contestées de 2011. A l'issue de ces assises, "des recommandations ont été faites (. . . ) et la plus importante était la mise en place d'un gouvernement de cohésion nationale qui doit appliquer toutes les autres recommandations", rappelle Henri-Thomas Lokondo, député de la majorité ayant pris part au forum.
Mais douze mois après la promesse présidentielle, la constitution du nouveau gouvernement se fait attendre. "La mise en place d'un gouvernement de cohésion nationale était une volonté du chef de l'Etat mais une année après, personne ne nous dit pourquoi cela ne se fait pas", déplore Jonas Tshiombela, un cadre de la société civile qui avait participé aux assises. Les membres de l'actuel gouvernement, que le Premier ministre Augustin Matata Ponyo dirige depuis 2012, auraient déjà touché leurs indemnités de sortie, affirment certaines sources, démenties par Kinshasa.
Quoi qu'il en soit, le maintien du gouvernement va à l'encontre les résolutions qui avaient été prises à l'issue de cette réunion nationale, estime Henri-Thomas Lokondo. A quand le nouveau gouvernement? "Il n'y a que lui ( M. Kabila) qui en détient le secret", tranche M. Tshiombela. Un sentiment que partagent aussi bien des membres de la majorité que ceux de l'opposition. En attendant, les rumeurs sur l'annonce "imminente" d'un remaniement se multiplient, on pronostique sur le maintien ou non de M. Matata Ponyo, on spécule sur de probables "premier-ministrables" qui pourraient, comme l'actuel chef des ministres, avoir la confiance de la communauté internationale.
- 'part du gâteau' -             M. Lokondo se prête, comme d'autres, au jeu: "J'ai la conviction que ça ne prendra pas plus d'une semaine" avant que la nouvelle équipe ne soit nommée, prédit-il.  
La presse n'est pas en reste: "Gouvernement en sursis, plénière incertaines au Parlement. Le pays au point mort", "Gouvernement de cohésion nationale, révision constitutionnelle: le jeu du chat et de la souris" ou encore "Gouvernement de cohésion nationale: les chefs de partis exigent leur part du gâteau!".      
Si certains semblent considérer qu'un gouvernement de cohésion nationale n'est plus une nécessité, d'autres estiment qu'il faut du sang nouveau pour qu'avance le pays, riche en ressources naturelles (minerais, pétrole, gaz, forêts, eau. . . ) mais qui figure au dernier rang de l'indice de développement humain de l'ONU, et où deux tiers des 70 millions d'habitants vivent dans une grande pauvreté.
Toutefois, le député de l'opposition José Makila estime que pour avoir une réelle "cohésion nationale" il ne faut pas tout miser sur les nominations, mais sur les actions. "On peut sortir un gouvernement mais si les autres mesures qui ont été prises pendant ces concertations ne sont pas appliquées, ce gouvernement ne servira à rien", a-t-il insisté.
En 2013, M. Kabila avait indiqué que le futur gouvernement aurait pour "mission de restaurer la paix et de rétablir l'autorité de l'Etat, consolider la cohésion nationale, la poursuite de la reconstruction du pays en partie ravagé par la guerre, l'appui au processus électoral et l'amélioration des conditions de vie des Congolais". 
La paix représente un défi de taille: depuis deux décennies, des groupes armés locaux et étrangers s'affrontent pour des raisons économiques, ethniques ou foncières, commettant au passage de graves exactions (massacres, viols, enrôlement d'enfants, pillages. . . ). Et malgré des victoires sur la rébellion congolaise M23, défaite début novembre 2013, ou sur les islamistes ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), qui ont perdu d'importants bastions depuis janvier, l'armée et la Mission de l'ONU - présente depuis 1999 et désormais forte de 20. 0000 hommes - n'ont jamais pacifié durablement le pays. Preuve récente de l'instabilité, le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu (Est), a été ensanglanté par une succession de massacres attribués à l'ADF: en moins de quinze jours en octobre, environ 80 hommes, femmes et enfants, ont été assassinés à l'arme blanche, et parfois décapités.

«Des amnisties trop sélectives et discriminatoires »Propos recueillis par Christophe RIGAUD – Afrikarabia - 24 oct 2014

Le défenseur des droits de l’homme, Paul Nsapu (FIDH), dénonce les conditions d’exécution de l’amnistie accordée par Kinshasa aux groupes armés. Selon lui, les libérations se déroulent « au bon vouloir » d’une commission composée exclusivement des principaux organes de sécurité du régime. Paul Nsapu est défenseur des droits de l’homme congolais, responsable de la Ligue des électeurs et secrétaire général de la FIDH pour l’Afrique subsaharienne © Ch. Rigaud – Afrikarabia
Afrikarabia – Environ 850 personnes ont bénéficié de la loi d’amnistie en République démocratique du Congo concernant des faits de guerre, insurrectionnels ou infractions politiques entre 2006 et 2013. Cette amnistie était-elle nécessaire pour pacifier le pays ?
Paul Nsapu – D’un certain point de vue, cette amnistie était nécessaire. Elle a permis la libération de personnes innocentes qui avaient été arrêtées sans motif valable sinon pour  des raisons discriminatoires ou idéologiques. Mais au départ, il faut se souvenir que le gouvernement ne voulait l’amnistie que pour le M23. Il a été ensuite contraint par la société civile, une partie de l’opposition politique, ainsi que la diaspora, d’élargir la liste des bénéficiaires.
Afrikarabia – Comment s’est déroulée la mise en oeuvre de cette amnistie par les autorités congolaises ?
Paul Nsapu – L’exécution de la loi d’amnistie est problématique. En principe, ce sont les instances judiciaires (les Parquets), les Cours et Tribunaux où les bénéficiaires étaient déférées, qui devraient s’en occuper. En fait, c’est une commission mixte sécuritaire, composée des agents de l’ ANR (les renseignements congolais), de la DEMIAP,la Police, de la présidence de la République, ainsi que l’auditorat, qui a décidé des libérations. Les libérations se sont déroulées par vagues, selon le bon vouloir des membres de cette commission. C’est ainsi que dans un groupe, certaines personnes ont été libérée alors que d’autres sont encore en détention. Ces libérations sont sélectives et discriminatoires. On a vu que lorsque le M23 a haussé le ton, ainsi que les Bakata Katanga, on a aussitôt libéré une centaine de personnes de leurs groupes, tandis que les détenus qui sont isolés, à deux ou trois… restent maintenus en prison.
Afrikarabia – Dans quelles conditions ces prisonniers amnistiés ont été libérés ?
Paul Nsapu – Lors de ces libérations, les civils ont regagné leur domicile alors que les policiers et militaires étaient cantonnés dans un centre à la périphérie de la ville. Dans ce centre de l’Inss à Mama Mobutu, les conditions sanitaires sont déplorables et il y a une forte surpopulation. Il faut également souligner que lors de leur arrestation, la plupart de prisonniers se sont retrouvés dépouillés de leurs biens : véhicules, argent et cartes bancaires. Il y a notamment le cas d’Eric Kikunda, propriétaire d’une jeep Hyundai, qui voit désormais son véhicule rouler avec une plaque militaire ! Il y a visiblement une consigne du premier Président de la Haute CourMilitaire interdisant aux juges de remettre les biens saisis. C’est clairement un enrichissement répréhensible par la loi.
Afrikarabia – Ces amnisties ne sont-elles pas synonymes d’impunité pour les victimes ?
Paul Nsapu – Oui, pour beaucoup l’amnistie est synonyme d’impunité car il n’y a eu aucune enquête, aucun procès pour déterminer les responsabilités dans les différents crimes commis. C’est seulement sur la base de listes que les actes d’engagement sont délivrés. Ces personnes ne sont pas identifiés comme il se doit. Je pense que même des enquêtes sommaires sur les lieux des crimes auraient permis d’identifier certains auteurs de ces crimes.
Afrikarabia – Les anciens rebelles du M23 ont déclaré être déçus par ces amnisties. Ils en attendaient 4.000 alors que seuls 193 noms ont été publiés. N’est-ce pas un risque de voir le M23 reprendre les armes ?
Paul Nsapu – La tentation est grande pour les rebelles de faire figurer sur la liste un maximum de noms et notamment de faire passer des non-nationaux. Il est donc difficile de  confirmer le chiffre de 4.000 ex-M23 étant donné qu’il fallait exclure ceux qui se seraient rendus coupables des crimes graves. Comment le savoir pour les exclure? Quels critères utilisés? Difficile de dire que l’amnistie va pacifier le pays car, à chaque fois, ceux qui prennent les armes trouvent toujours un prétexte dans le non-respect des accords avec le gouvernement pour reprendre le chemin de la rébellion. Il y a eu le RCD, puis le CNDP avec Laurent Nkunda, plus tard c’est Bosco Ntaganda, puis enfin le M23. Le problème de fond ce sont les conflits entre dirigeants : rwandais, burundais, ougandais et congolais. Il faut un vrai débat sur toutes ces questions. Il revient donc aux différents États signataires de ses accords de peser de tout leur poids pour que ces ex-rebelles ne reprennent plus les armes. Je pense notamment au Rwanda et à l’Ouganda qui les hébergent encore.
Afrikarabia – Le nouveau plan DDR III de démobilisation et de réinsertion des groupes armés tarde à se mettre en place. Que peut-on faire des anciens miliciens ? Doit-on les réintégrer dans l’armée régulière ?
Paul Nsapu – Il est vrai que le programme de DDR traîne et c’est cela le danger qui nous guette. Il y a effectivement un risque de voir un autre mouvement rebelle naître à partir de ce cantonnement. Il y a un réel problème de prise en charge des anciens groupes armés. Par contre, je ne pense pas qu’il faille encore réintégrer les anciens miliciens qui, au vu de différents mouvements rebelles et de leurs présence dans ces derniers, ont pris l’habitude de recourir à chaque fois aux armes pour défendre leurs intérêts et pas ceux des populations.


© CongoForum, le samedi 25 octobre 2014

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