A Limete les combattants sont en ébullition en entendant « la nouvelle ». Le 16 janvier, le Président élu, Etienne Tshisekedi sera au mausolée du Palais de la Nation en mémoire de Mzee Kabila. Ce geste marque le début d’une autre ère, celle de la réconciliation et unité d’un Peuple pour sa libération. Pour éviter que J. Kabila vienne profaner la mémoire de cet héros, en souvenir de son testament « ne jamais trahir le Congo ». Nous les lumumbistes, sommes prêts à accompagner le Président élu, le 16 et 17 janvier 2013, déposer des gerbes des fleurs aux deux héros nationaux. Un vibrant appel est lancé au Peuple Congolais, de se mobiliser afin d’honorer la mémoire de ces deux «nationalistes», qui ont défendu les mêmes idéaux politiques avant de connaître le même sort.
Aujourd’hui l’héritage social des héros est mal géré
Le peuple congolais ne se retrouve pas dans l’héritage social qui lui a été légué par Patrice-Emery Lumumba, Premier ministre du premier gouvernement de la République démocratique du Congo, et Laurent-Désiré Kabila, successeur de Mobutu Sese Seko qu’il a chassé de la magistrature suprême du pays le 17 mai 1997.
Dans son discours «surprise» à la cérémonie de proclamation officielle de l’indépendance du Congo-Belge le 30 juin 1960, le Premier ministre Lumumba avait déclaré que ce moment consacrait «une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage, qui nous était imposé par la force».
Et s’il n’avait pas eu le temps d’exécuter son programme gouvernemental pour avoir été neutralisé en septembre 1960 par le colonel Joseph-Désiré Mobutu, l’histoire retient de lui sa détermination de mettre un terme définitif au «travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers».
Puis vint, trente-sept (37) années plus tard, le président Laurent-Désiré Kabila avec sa «révolution (qui) a pour objectif final la libération des paysans de la misère et de la déconsidération». Son plan triennal visait une «reconstruction du tissu économique du pays inspirée par les principes d’autosuffisance alimentaire et d’auto-prise en charge pour amener le peuple congolais à créer lui-même sa richesse».
Durant son bref mandat (17 mai 1997-16 janvier 2001), il créa des «cités agricoles» sur la base des principes de l’autosuffisance alimentaire et de «ne compter que sur ses propres efforts». Et pour réaliser sa politique d’autosuffisance alimentaire, il mit en place en 1998 le Service national (SN) placé sous la direction du général Denis Kalume Numbi.
En fait, le Service national était chargé d’assurer l’encadrement des «bâtisseurs» recrutés sur l’ensemble du territoire national et regroupés dans les centres de production agricole ouverts à Kanyama Kasese (Katanga) et dans «au minimum un centre dans les provinces non encore occupées par les mouvements rebelles». Il avait la mission de «garantir l’indépendance alimentaire de la RDC et de faire sortir le pays du recours aux importations des produits alimentaires de base».
En effet, le gouvernement congolais devait faire face à une grave insécurité alimentaire faisant de la RDC «le pays qui a connu la plus grande augmentation de la proportion des sous-nourris sur la période 1990-92 à 1997-99, (avec) à peu près 70% des personnes sont mal nourries», selon un rapport de la FAO.
«Jusqu’avant l’agression ougando-rwando-burundaise (août 1998, ndlr), il y a lieu de relever au plan socio-économique la stabilisation de la monnaie, du taux de change, des prix des produits manufacturés, des denrées alimentaires et du carburant ; la réhabilitation de certaines routes dans la capitale et à l’intérieur du pays ; la réforme mettant en circulation le Franc congolais permettant ainsi d’uniformiser les nombreuses zones monétaires ; la stabilité des prix de transport en taxi, taxi-bus, fula-fula, kimalu-malu...», note le chercheur Lobho Lwa Djugudjugu.
Par ailleurs, la création des «cantines populaires» - approvisionnées par les pouvoirs publics et qui vendaient à un prix relativement bas les denrées alimentaires - répondait à la «nécessité d’éliminer les intermédiaires et autres spéculateurs à l’origine de la flambée des prix».
Enfin, le souci d’améliorer les conditions sociales dans l’administration publique justifia la signature en 1999 du barème salarial de Mbudi entre le gouvernement et les syndicats. Réactivé et renégocié en 2004 sous la transition politique (2003-2006) en fixant à 208 USD le salaire de l’huissier et à 2080 USD celui du secrétaire général, ce barème bute sur une application progressive (par paliers) mal gérée.
«Aujourd’hui, avec 39 USD payés au fonctionnaire du bas de l’échelon et 1033 USD au plus au gradé, on est très loin du compte», se plaignent les syndicats, pendant que le gouvernement se défend en affirmant que «les recettes de l’Etat sont maigres et ne peuvent couvrir les 42 milliards de FC (56 millions de dollars) de la masse salariale».
Quant aux cent dollars américains (100 USD) de solde mensuelle payés aux policiers et soldats sous M’Zee Kabila, c’est une autre «longue histoire». A ce jour, les Congolais n’ont toujours «pas de pouvoir d’achat», reconnaissent les officiels.
Par Freddy Monsa Iyaka Duku