Discours sur l’Etat de la Nation : KABILA DEJOUE LE PIEGE DES OPPOSANTS


La tradition constitutionnelle a été une fois de plus respectée en RDC par le Président Joseph Kabila. En effet, le lundi 15 décembre 2014 devant les deux Chambres du Parlement réunies en congrès, le Chef de l’Etat a prononcé son discours sur l’état de la nation, ainsi que l’exige la Constitution de la RDC dans le deuxième alinéa de son article 77 qui stipule Qu’«il prononce, une fois l’an, devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès, un discours sur l’état de la nation».
Ce discours, comme d’ordinaire, a donné lieu à des réactions diverses de la part des Congolais et des médias étrangers. Si, généralement, les acteurs politiques de la Majorité présidentielle expriment leur satisfécit, les opposants par contre émettent des avis liés à leur utilité ou à leurs intérêts. Ceux-ci étant la position de Kabila sur la révision constitutionnelle pour sur sa nouvelle représentation au scrutin présidentiel de 2016 ainsi que le respect du calendrier électoral qui prévoit la présidentielle en 2016.
Propos de quelques opposants
Pour des questions internes, le député national de l’opposition, Delly Sessanga a déclaré : «Sur les grandes questions aujourd’hui – c’est la régularité du cycle électoral, c’est la non-révision de la constitution, c’est la tenue des échéances [électorales] en 2016 – sur ces questions le Président de la République n’a pas apporté d’éléments de réponses». De son côté, Franck Diongo, un autre député national de l’opposition, a estimé que le Président Kabila a esquivé les vrais questions et problèmes des Congolais, a prononcé un discours déconnecté des réalités du pays et a énervé la population.
Pour la partie du discours ayant porté sur la communauté internationale, Jean Lucien Busa, lui, a réagi en appelant à cesser de considérer la communauté internationale comme le bouc émissaire de la situation qui prévaut en RDC. Busa y fait allusion en ces termes : «beaucoup d’incises notamment à l’égard de la communauté internationale qui nous aide depuis de bien longues années [...] La posture souverainiste n’est pas là pour défendre réellement cette indépendance nationale. Je crois que nous sommes dans un monde de coopération et ce ton me paraît assez fort.»
L’évidence s’impose
L’évidence qui s’impose est que les opposants, dans leurs analyses, ont manifesté des réactions axées sur leurs intérêts ou attentes et ont ainsi menti en parlant d’énerver le peuple, car il s’agit en réalité de leur propre désappointement. Ils s’attendaient à ce que le Chef de l’Etat donne des réponses à leurs préoccupations personnelles liées à la révision constitutionnelle ou à sa représentation à la présidentielle de 2016. Leur piège n’a pas fonctionné, puisqu’en réalité, à la différence du Burkina Faso et du Burundi, les institutions publiques de la RDC n’ont jamais débattu de cette question qui est, jusqu’aujourd’hui informelle. Seul Léon Kengo wa Dondo l’avait évoqué dans son discours d’ouverture de la session de septembre dernier, entrainant un tollé que l’on connait lorsqu’il a été reproché d’user de la tribune officielle du Sénat pour exprimer une opinion personnelle sur un débat informelle.
On ne pouvait donc pas demander à un Chef de l’Etat en fonction de se prononcer sur ce qui n’est, à ce jour, qu’une polémique privée, alors que le débat n’est pas officiellement ouvert au sein des institutions.
Par ailleurs, il découle de l’analyse des propos des opposants en relation avec les incises du Chef de l’Etat, que leur ferveur à critiquer ce dernier leur fait perdre le sens de la raison au point d’oublier l’histoire de la RDC, depuis le lendemain de son indépendance à ce jour. En effet, depuis de longues années, la RDC a subi des revers par la volonté de la communauté internationale de la gérer à ses convenances en y entretenant des conflits entre acteurs politiques, en y créant des sécessions, en appuyant Mobutu pour s’assurer de leurs intérêts et influences en RDC, en soutenant des pseudo-rébellions menées par les Etats du Graben aux frais de la RDC. L’ingérence occidentale était si avérée que les propos de ses hommes d’Etats, même s’ils ne sont pas raisonnables ou véridiques, sont relayés par des acteurs politiques de la sédition en RDC qui en font des clés de voûte de la résolution, comme par enchantement, des problèmes de la RDC. En géostratégie, n’est-il pas connu que les néocolonialistes de la communauté internationale lèvent le ton lorsqu’ils veulent pousser le pouvoir combattu d’un pays du tiers-monde à leur donner plus d’avantages ou lorsqu’ils estiment qu’ils ne peuvent rien tirer d’un pouvoir nationaliste ? Les opposants ignorent-ils vraiment cet aspect des choses pour accepter l’immixtion de la communauté internationale dans leurs affaires internes? Il n’existe pas, en plus, de formule standard dans le monde pour arriver au progrès économico-industriel ; l’ascension des Etats asiatiques non démocratiques (Chine, Inde, …) s’inscrivent en faux contre les prétentions et prétextes des néocolonialistes pour sévir dans les pays du tiers-monde.
La coopération avec les Etats néocolonialistes n’est-elle pas plus en leur faveur qu’à notre faveur ? Ne sont-ce pas eux qui imposent des contrats léonins aux pays du tiers-monde ? Si Jean Lucien Busa s’outillait davantage, il comprendrait que la communauté internationale est, de tout temps, le bouc émissaire dans les conflits récurrents en RDC. Il est même antinationaliste qu’un acteur politique de son acabit fasse une telle déclaration, car il pose un faux diagnostic des maux congolais, au point donc qu’il ne pourrait jamais les résoudre au cas où il briguait le pouvoir dans le pays.
Les opposants congolais auront donc troqué l’honnêteté et l’élégance intellectuelles avec leurs visées de critiquer pour critiquer un discours qui a bien porté sur l’état de la Nation. Et lorsque ces opposants prétendent que le Chef de l’Etat n’a pas abordé les grandes questions de l’heure, c’est une insulte qu’ils font au peuple congolais. Les tueries de Beni ne sont-elles pas des grandes questions de l’Est ? La problématique de l’amélioration des revenus sur l’exploitation minière n’est-elle une question brûlante de l’heure ? Le devenir de l’enseignement supérieur et universitaire face à la problématique de la main d’œuvre n’est-il pas une question de l’heure par rapport au chômage ?
L’éducation et la santé des Congolais ne préoccupe-t-elle personne ?
En allant au Palais du peuple, Joseph Kabila avait pour démarche de faire les comptes sur l’état de la Nation tel qu’elle a marché au cours de l’année 2014. Que l’on sache, aucune élection n’a été organisée cette année et les projections électorales de 2015 et 2016 n’ont affecté en rien la marche de cette Nation.
Joseph Kabila n’avait donc pas tort de stigmatiser l’attitude de cette classe politique qui critique pour critiquer sans rien apporter. La patrie ou le parti, il faut savoir choisir.
Yvon RAMAZANI
Le Mercredi 17 décembre 2014 16h10, "Ikonga Wetshay presence4@hotmail.com [hinterland1]"<hinterland1-noreply@yahoogroupes.fr> a écrit :
Des interrigations on ne peut plus pertinentes soulevées ci-dessous (face à une adresse à la Nation qui se veut rassurante ?).
Le rôle des Congolais avisés est toujours de questionner (au sens de passer sous la loupe) toute adresse, tout discours politique de fixation sur l'état du pays ou la conduite des affaires publiques. Ne jamais être strictement adhérant, strictement opposant, ou strictement neutre. L'attitude intellectuelle appropriée conseille de discerner ce qui est dit et d'en relever les forces et les faiblesses afin d'en tirer le meilleur choix pour le Congo et les Congolais via un combat qui reste toujours à mener pour le relevement définitif du Congo de Lumumba. De son vivant, celui-ci n'a pas cessé de questionner les attitudes et les comportements de ceux qui, de l'intérieur ou de l'extérieur, prétendaient aimer et vouloir aider son Congo.
À tenir pour la suite.
Ikonga Wetshay.