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LA CUPIDITE DES « FAMILLES PRESIDENTIELLES » A LA BASE DU RETARD ECONOMIQUE DE L’AFRIQUE / Le Magazine des Mines

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par FreeDiomi le 28 décembre 2014
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*Le Magazine des Mines – INTERVIEW de Loïk Le Floch-Prigent
Monsieur Le Floch-Prigent, vous avez passé beaucoup de temps en Afrique, et particulièrement dans les deux Congos, vous avez publié en début d’année vos mémoires, « le Mouton Noir où il est beaucoup question de notre continent. Que pensez-vous de l’évolution de nos pays ?
Tout d’abord j’ai vécu en Afrique une partie de ma vie, et j’y ai de merveilleux souvenirs qui ne sont pas entachés par ma dernière mésaventure en Côte d’Ivoire et au Côte d’Ivoire, mésaventure qui est contée dans la première partie de mon livre. J’ai rencontré des gens merveilleux dans tous les pays où je me suis rendu et je pense avoir travaillé pour l’émergence d’une économie saine et avec des dirigeants compétents. Mais les progrès sont lents et je suis de nature impatiente.
Il y a encore beaucoup de blocages pour arriver à ce que les Africains exploitent correctement leurs richesses pour le profit du plus grand nombre, richesses dans le pétrole et le gaz, richesses minérales et agricoles …
Quels blocages ?
Le premier blocage est d’ordre politique. Les Etats, pour la plupart constitués à partir des domaines coloniaux, manquent d’unité, et on a plaqué sur des ensembles artificiels une démocratie à base d’élections qui n’avait rien à voir avec les traditions africaines. La gouvernance de ces Etats fonctionne donc mal, il y a des dictatures héréditaires comme au Togo, des Présidents qui n’abandonnent le pouvoir que pour aller au cimetière, Côte d’Ivoire, Gabon Cameroun… des Présidents qui veulent modifier les Constitutions pour faire le mandat de trop…

Et puis il y a aussi les familles des Présidents qui prennent les rênes du pouvoir économique, ce que j’appelle le « népotisme. Pour un pays qui a été capable de bien fonctionner à cet égard, le Ghana, combien d’échecs permanents et douloureux pour les populations !

Dans la mesure où beaucoup, à l’extérieur du pays, trouvent leur intérêt dans ce type de fonctionnement, les dettes des pays sont effacées et les aides multiples continuent à être octroyées sans contrôle tandis que les ONG affluent pour résoudre les problèmes de la population. Mais la réalité c’est que des oligarchies familiales captent les liquidités qui pourraient permettre aux pays de décoller vraiment.
Et il y a des solutions ?
C’est très compliqué, et il faut que tout le monde s’y mette, pays occidentaux, Chine, Inde, Russie. L’Afrique doit trouver son chemin vers un fonctionnement plus respectueux de ses peuples qui s’appellera démocratie mais cela ne peut pas être le processus électoral qui est la base du jugement porté par ce que l’on appelle « la communauté internationale Droits de l’homme, pas plus de deux mandats pour un Président, contrôle des fonds d’intervention, il y a encore du chemin à faire ! Mais c’est impératif et il ne faut plus transiger.
Alors les Africains eux-mêmes vont inventer un statut d’ancien Chef d’Etat comme avec Mandela en Afrique du Sud ou J.J. Rawlings au Ghana.

On aura déjà fait un grand pas vers un paysage politique nouveau où les familles des Présidents seront plus discrètes et où des hommes nouveaux pourront émerger sans aller en prison ou s’expatrier tandis que le Tribunal International de La Haye ne sera plus utilisé pour satisfaire les Présidents en place

… Je ne demande pas l’ingérence, c’est tout le contraire, ceux qui demandent des aides, remises de dettes ou subventions diverses devront avoir un certain type de fonctionnement respectueux de leurs peuples .
Et l’économie repartira ?
Les richesses pétrolières, minérales et agricoles sont considérables, les hommes d’affaires africains existent mais la vie n’est pas toujours facile pour eux ils sont à la merci d’un fonctionnaire zélé, obéissant à ses maîtres et les hommes politiques corrompus veillent, ils peuvent donc tout perdre en un instant car il n’est pas besoin de justifier des actes répressifs, j’en ai fait l’expérience au Togo dernièrement et cela fait froid dans le dos.
Il est clair qu’il y a tout pour réussir industriellement en Afrique , mais rien ne démarre vraiment, les raffineries sont des vestiges du passé, les chemins de fer aussi, les routes connaissent une existence éphémère, une construction peu adaptée aux conditions climatiques et une maintenance honteuse, il n’y a pas d’installations de transformation des richesses africaines, les minerais, le pétrole, les produits agricoles sont exportés, tout ceci doit changer, mais les Africains eux-mêmes doivent protéger leurs entrepreneurs et leurs investisseurs de l’arbitraire, je suis le témoin du retard dramatique à cet égard.
Vous visez des pays en particulier ?
Ecoutez, à part le Ghana, l’Afrique du Sud et l’Ethiopie, je pense pouvoir vous montrer le népotisme partout, et ce népotisme va avec le retard industriel et les aides multiples des institutions internationales. Je suis très critique avec certains régimes où de vrais voyous sont à la tête des institutions et ceci est catastrophique.

Tout est possible sur le continent, il y a l’énergie, les matières de base, et le personnel car les jeunes gens dynamiques et formés existent, venant de tous les pays, mais les meilleurs n’ont pas forcément envie de revenir au pays pour subir la jalousie et la cupidité des familles des Présidents en place !

Source : MINE MAGAZINE – N°3 – NOVEMBRE – DÉCEMBRE 2014
Interview réalisée par Didier Julienne

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