LA RESPONSABILITE HISTORIQUE
De l’agitation s’observe en RDC à propos de la révision constitutionnelle depuis 2013. Une session extraordinaire du Parlement commence ce 29 décembre et, à son sujet, les opposants déclarent la boycotter si elle ose aborder des matières relatives à tout ce qui peut servir de prétexte à une quelconque révision constitutionnelle. Alors que d’autres sujets de la vie nationale devraient préoccuper les Congolais, estiment les observateurs et la Majorité Présidentielle, les opposants congolais ont ouvert, avec des intentions qui font débat, le front contre cette révision et jurent de mettre la RDC à feu et à sang, si le pouvoir ose s’embarquer dans ce navire. Le débat est engagé, mais l’issue souhaitée par le peuple congolais a du mal à s’esquisser.
Aujourd’hui, les premiers acteurs politiques de la RDC, Joseph Kasa-Vubu, Patrice Lumumba, Moïse Tshombe, Albert Kalonji, Joseph Mobutu et qui savons-nous encore ne sont plus en vie. Des rares comme Etienne Tshisekedi, Antoine Gizenga, Christophe Gbenye sont encore en vie, mais devenus très affaiblis par l’âge et ne pèsent plus comme dans leur fleur de l’âge sur la vie politique nationale. Les actes que les uns et les autres ont posé durant leur parcours politique ont eu à influer, d’une manière ou d’une autre, sur la situation ou le devenir du pays. Qui peut évaluer les impacts des actions des uns et des autres dans la vie politique actuelle de la RDC ? Qu’est-il arrivé au pays à cause des erreurs ou des défauts des personnalités citées ? (…)
L’histoire se répète, dit-on, tout comme les mêmes erreurs produisent les mêmes effets ! Qu’est-ce que les Congolais en général et, plus précisément, la classe politique actuelle a retenu des erreurs passées des premiers acteurs politiques de la RDC ?
Epinglons, dans cette inculpation et /ou cette quête de responsables de quelque situation historique malheureuse de la RDC, le rôle joué par le néocolonialisme des Belges et Américains notamment. Les Belges ont créé des adversités au jeune Etat qui ont poussé, à en croire les historiens et divers auteurs, Kasa-Vubu et Lumumba à demander la rescousse des Nations Unies. Face au mal pressant ainsi créé par les Belges qui avaient déjà matérialisé la sécession katangaise, Kasa-Vubu et Lumumba ne pouvaient pas supporter l’attente et s’adressèrent aux Soviétiques et Chinois qui, durant les discussions aux Nations Unies, se sont révélés favorables à la demande du pouvoir congolais portant sur une intervention étrangère en RDC, pour dompter les intentions maléfiques des Belges. Cela coûtera à Lumumba d’être pris pour un communiste alors qu’il ne l’était pas et qu’il n’était motivé que par la préoccupation ardente de trouver la solution à la sécession katangaise.
Kasa-Vubu, pour préserver son pouvoir et, sans doute, manipulé par les Belges, dut révoquer Lumumba. Ce dernier, hélas, répondit, à l’effet d’une impulsivité qui empira la situation de la RDC et permit aux prédateurs de plus sévir en RDC. Kasa-Vubu plus tard commettra, selon les historiens, la même faute face à Tshombe dont le succès électoral en 1964 lui fit ombrage. Des troubles créés par les appréhensions de perte d’influence en RDC de Kasa-Vubu, en 1960 face à Lumumba, et en 1964 face à Tshombe, ont donné le prétexte à Mobutu, déjà recruté et soutenu par les Américains, à intervenir. Dans un premier temps, il a remis le pouvoir aux civils, mais ensuite il se l’est approprié pour régner pendant 32 ans comme dictateur et criminel, ainsi que l’histoire nous apprend.
Pourquoi Mobutu a tant tué pour raffermir son pouvoir en RDC ? Pourquoi avait-il agréé le coaching américain ? La paix apparente du Zaïre-RDC sous Mobutu n’était explicable que par le fait qu’il assurait aux néocolonialistes belges, français, américains, britanniques, allemands leurs intérêts gloutons. Le tempérament de Mobutu, le système qu’il a créé en RDC, sans doute, sur l’instigation de ses amis occidentaux hypocrites qui, la journée, essayaient de montrer qu’ils aimaient le Zaïro-congolais alors que, sous coulisses de connivence avec Mobutu, ils tissaient le fil de ses malheurs cardinaux, manipulant, avec adresse, les ingrédients du chaos dans le pays de Simon Kimbangu !
Pensez-vous que la classe des prédateurs mondiaux aime le peuple congolais ? Pas le moins du monde ! Ils ne veulent pas, veillent-ils, qu’ils soient reconnus comme des korrigans par le peuple congolais. En essayant de critiquer les dérapages des dirigeants de la RDC, ils s’emploient à berner le peuple zaïro-congolais en lui faisant croire qu’ils l’aiment et qu’ils ne sont pas les bourreaux, tout en faisant passer pour bourreaux ses propres dirigeants. Mais qui donne injonctions, qui contraint, de plusieurs façons, le pouvoir congolais à donner la part exorbitante des richesses congolaises à la classe d’émerillons planétaires, sinon ceux-ci ? Ils opèrent tout à fait comme le diable, le mystère du mal universel, qui ne veut pas être pris pour tel !
Le peuple et la classe politique congolais doivent prendre conscience de ce qu’ils font en RDC ! Leurs actes déterminent le bonheur ou le malheur de la RDC. Le cas de la RDC est délicate parce qu’elle est, en permanence, sous le collimateur des prédateurs qui ajoutent le leur à l’aggravation ou à la complication du mal congolais. La société congolaise ne doit pas faire semblant d’ignorer les conséquences à court, moyen et long termes de ses actions, attitudes, désirs, propos et entreprises sur la RDC. Le sort de la RDC est encore entre ses mains : que veut-elle voir la RDC devenir ? Aujourd’hui, on critique sans ménagement tous les premiers acteurs politiques de la RDC dont les aberrations ou l’inconséquence ont fait prendre la tangente à la RDC. De même demain, l’on censurera les aberrations ou l’inconséquence de la classe politique actuelle. La société congolaise doit donc poser des actions en veillant à ce que la situation de la RDC ne s’aggrave ni ne se complique.
Pourquoi la classe politique congolaise n’apprend-t-elle pas à privilégier l’essentiel ? L’essentiel étant l’ensemble formé par la paix, l’unité et le progrès dans le pays. Pourquoi la classe politique ne s’en tient-elle pas aux vrais problèmes de la RDC pour bien les résoudre ? A-t-elle déjà identifié, comme il se doit, les ennemis du Congo qui le font suffoquer depuis qu’il a été constitué comme Etat ? Chacun, dans son foyer, ne prend-t-il pas des mesures qu’il estime bonnes pour faire marcher les choses chez lui ? Est-ce que tous les foyers ou familles du monde ont les mêmes réalités ? Chaque chef de famille ne gère-t-il pas son foyer en tenant compte de moyens dont il dispose ?
Tel s’amuse à faire des déclarations sulfureuses, tel autre se plaît à mener des démarches d’hypothèque de la souveraineté de la RDC ou de livraison de son coup au lasso de la voyoucratie, mais l’un et l’autre savent-ils à qui ils s’adressent et ce que leur démarche va coûter au pays de Lumumba ? Mais pourquoi les querelles de positionnement ou les démarches en vue de la conquête, à tout prix, du pouvoir de la part des politiques congolais doivent-elles, à ce point, sacrifier la RDC et lui faire encourir des dangers imprévisibles ?
Les acteurs politiques de la RDC parlent de poser des actes, multiplient des initiatives et appels à la reproduction, en RDC, du modèle burkinabé. Ils ne se retiennent plus de dire ou de faire tout ce qui leur passe par la tête ! Ils vont jusqu’à prendre pour juges ceux qui sont juges et parties dans les malheurs et sinistres de leur pays, ignorant que le nationalisme et le patriotisme congolais ne les apprécient guère et les condamneront à jamais. Mais pourquoi acceptent-ils que les prédateurs tirent profit de la RDC alors que les Congolais ont la capacité de résoudre eux-mêmes leurs problèmes ? La culture des concessions ne leur dit-elle rien ? Mais par quel principe les couples arrivent-ils à la vieillesse sans se disloquer ? Pensent-ils qu’un étranger aime les Congolais plus qu’eux-mêmes pour qu’ils osent établir pour juges ceux-là mêmes qui leur taillent de la besogne dans le noir ? Mais pourquoi ne peuvent-ils pas comprendre que l’arbitre qu’il sied à la RDC n’est pas le néocolonialiste ? En seraient-ils donc complices du flageolleur de leurs frères et sœurs au nom d’un égocentrisme ineffable quand ils en appellent à l’arbitrage du prédateur pour résoudre les problèmes de la RDC ? Pourquoi s’humilier à ce point ? Pourquoi s’aliéner à ce niveau ?
Tout ce que les Congolais de cette époque font sera jugé un jour. Quelle est leur responsabilité politique dans tout ce qui se passe en RDC ? Comment veulent-ils que les générations futures les jugent ? Comment ne peuvent-ils pas cultiver les mers calmes et la tradition des concessions ? Comment n’arrivent-ils pas à comprendre que tous ne peuvent devenir en même temps présidents dans un pays ? Pourquoi, ne se contentent-ils pas de devenir célèbres, chacun, dans son domaine d’actions ? Pourquoi ne suivent-ils pas la sagesse tirée des longueurs des doigts de la main et du fonctionnement du corps humain ? La RDC doit-elle périr du fait des aberrations volontaires ou violentées des Congolais ? Le Congo doit-il se tordre de douleurs à cause de l’irréflexion, de l’orgueil, de l’inconséquence, de l’inconscience, de la jalousie et de la haine des Congolais les uns à l’endroit des autres ?
De même que les premiers acteurs politiques de la RDC sont jugés, de même les futures générations jugeront les actuels acteurs politiques du Congo. Qui donc court le risque d’être indexé comme le bouc-émissaire, tout compte fait, de la RDC ? La gérance des ambitions et l’humilité ne feraient-elles pas le bonheur des Congolais, s’ils les manipulaient bien ?
Samy BOSONGO