onsieur Tony Brusselen,
Je viens de lire avec intérêt votre interview sur le site progressiste de M. Michel Collon, qui insiste sur "l'agenda caché des USA en RD Congo", tout comme j'avais apprécié les données et analyses contenues dans votre livre sur notre pays - qui m'ont rappelées la mémoire, pour moi précieuse, de l'engagement de feu Ludo Mertens!
Les quelques remarques, hâtivement rédigées (d'où de coquilles qu'il faudra excuser) et que je vous soumets en toute sincérité et en toute camaraderie, sont les suivantes:
(1) L'agenda impérial voire impérialiste des USA concernant la RD Congo n'est pas caché, car il fait partie de l'agenda de domination que les USA développent partout au monde, et dans notre pays depuis sa création en 1885 comme "Etat indépendant du Congo" (EIC), "propriété" du roi des Belges Léopold II. C'est aux dirigeants RD Congolais et à leurs populations qu'il importe de renforcer leurs moyens collectifs de défense, pour élargir leurs capacités d'action et de d'autonomie (donc la "souveraineté" de notre Etat national de la RDC) .
(2) Vous me semblez complaisant avec la gouvernance, médiocre au vu des résultats, de Joseph Kabila. Vous notez sans autre la modicité du budget de l'Etat RD Congolais, en comparaison notamment avec ses voisins moins nantis, moins peuplés et eux aussi soumis à des agendas impérialistes (Angola, Congo-Brazza, Cameroun, etc;), sans analyser l'implication de Joseph Kabila et de ses familles politique (Boshab, Ilunga Ilunkamba, Muzito, etc.) et biologique (son frère Zoé et sa sœur Janet, ainsi que leur mère Sifa Mahanya) dans les pillages et dilapidations des ressources naturelles de notre pays. Joseph Kabila et ses complices agissent en lien avec des aventuriers comme Dan Gertler (cf. les révélations résultant du "SwissLeaks" ces derniers temps) ou des multinationales prédatrices comme GLENCORE basée en Suisse (pays dont les banquiers voraces ont déjà fait disparaître les sommes énormes qu'avaient pillées Moïse Tshombe puis Joseph-Désiré Mobutu).
(3) Concernant toujours le même Joseph Kabila, vous minimisez son choix politique aberrant de tenter de bâtir sa gouvernance non sur un parti avec une idéologie claire, mais sur sa personne considérée comme "autorité morale" d'un conglomérat désigné comme PPRD, noyau d'une "majorité présidentielle" (MP) aux animateurs assez louches. Dans le contexte historique de la RDC, cela ressemble à l'aventure "solitaire" (???), qui a coûté cher à notre pays et à notre peuple, de "l'homme seul" Mobutu. C'est à bon escient que vous notez que certains hommes ont pu marquer l'histoire de leurs pays et peuples, au-delà des institutions, mais convenons qu'au vu de ses quatorze ans au pouvoir (2001-2015, soit autant que Napoléon Bonaparte), Joseph Kabila n'a pas le profil de tels "grands hommes"! Qu'avait-il à se créer un nouveau parti "attrape-tout", dévoué à sa personne et non à la cause de notre pays et de notre peuple, alors qu'il pouvait ou s'inscrire dans la continuité du parti de son père, dont l'assassinat lui a permis d'être coopté au pouvoir en janvier 2001, ou du mouvement lumumbiste dont son père se réclamait, et dont se réclament encore une majorité des RD Congolais même nés après l'assassinat en 1961 de Patrice Lumumba? Sa tentative de se bâtir une sorte de figure de "caudillo", en fait un dictateur tropical typique (le charisme en moins) plutôt qu'un dirigeant épris de changements révolutionnaires dont a besoin la RDC pour s'extraire d'AGENDAS NON CACHES de divers impérialismes et convoitises (dont les convoitises régionales et "vampiristes" du Rwanda et de l'Ouganda).
(4) C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre les échos rencontrés par les analyses de M. Honoré Ngbanda. Ce dernier, homme d'extrême-droite comme vous le remarquez pertinemment, apporte certes des mauvaises réponses et injecte diverses intoxications mensongères, mais pose aussi quelques BONNES QUESTIONS et délivre quelques constats documentés et vérifiables sur la malgouvernance dans notre pays et au détriment de nos populations. Au même titre que l'extrême-droite en Occident, dont la gauche ne peut se désintéresser des questions posées et des frustrations populaires légitimes qui sont exploitées!
(5) Vu tout ce que j'articule comme remarques ci-dessus, il me semble salutaire, pour l'émergence d'une idéologie révolutionnaire au sommet de l'Etat de la RDC, que Joseph Kabila soit sommé, en respect de la Constitution, de passer la main à un dauphin pour représenter son groupe politique. La mafia familiale, et complice de multinationales prédatrices, que le népotisme a créée autour de lui sera ainsi peut-être décapitée. En plus, le PPRD va choisir de survivre en devenant un parti combatif et progressiste, au lieu de rester un simple appareil partisan de mauvaise gestion de notre pays en encensant un homme qui n'a pas les qualités de leadership requises! Ou alors, au sein de la MP, ce PPRD devrait passer le flambeau à des partis plus résolument révolutionnaires, notamment ceux de la tendance lumumbiste. A Joseph Kabila, qui pour moi a atteint son seuil d'incompétence, il importe de se dédouaner historiquement et politiquement en favorisant une passation "paisible" du siège présidentiel (au mieux vers un des membres de son groupe politique). Et si vraiment, il y aura un "désir populaire" de le voir revenir au pouvoir, il est assez jeune pour le faire après son éclipse durant un ou plusieurs mandatures, et peut-être après sa maturation hors de la présidence de la République!
Merci, cher camarade Brusselen, de m'avoir donné l'occasion d'exprimer l'analyse ci-dessus et de la partager avec toutes nos lectrices et tous nos lecteurs!
Nzogu bin Kyantede P R,
Lumumbiste et panafricain