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Etude nationale prospective : "Congo, vision 2035" ! E

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REVISITATION D'UNE INTERVIEW
DU 25 AOÛT 2010 à
RÉVEIL FM
 
Il y a 861 jours  -  UCDP, mercredi 25 août 2010  -  Vu 75 fois
Etude nationale prospective : "Congo, vision 2035" ! Encore une arnaque ?
 
Réfutation de "RDC, 2035", une étude alambiquée et tarabiscoté par une équipe téléguidée par Olivier kamitatu !
Par Freddy Mulongo, lundi 23 août 2010 
 
    Alors que pour les élections hypothétiques de 2011, Malu Malu vient de fixer le budget pour les élections en République démocratique du Congo (RDC) à 712 millions de dollars (quelque 500 millions d'euros), sans dire aux Congolais qui va financer ces élections. C'est une mission régalienne d'un Etat souverain de financer ses propres élections. Le véreux Olivier Kamitatu, ministre de plan, qui a prouvé son incapacité d'organiser ne fut ce que le recensement digne pour les Congolais et quelques professeurs perdiemistes viennent de pondre une étude: RDC, 2035. Cette étude est financée par le PNUD. Jean-Kalama Ilunga qui est prospectiviste de formation, qui a eu accès à l'ébauche de la fameuse étude alambiquée, a répondu aux questions de Réveil-FM. L'ancien conseiller culturel de M'zée Laurent-Désiré Kabila analyse et donne des pistes alternatives pour un Congo: différent, solidaire qui puise ses solutions dans ses ressources internes, en commençant par sa population.
 
INTERVIEW
 
1Réveil-FM : Jean Kalama-Ilunga, bonjour et merci de votre disponibilité pour avoir, encore une fois, accepté de répondre à ces quelques questions pour éclairer l’opinion ! « RDC : Vision 2035 » est l’intitulé du projet que coordonne le ministère du plan dans le cadre de l’étude nationale prospective. Ce n’est donc pas par hasard que nous nous adressons à vous! C’est parce qu’effectivement, vous disposez d’une expertise avérée sur ce domaine pointu qu’est la prospective ! Quel regard portez-vous sur cette étude pas comme les autres sur la RDC ? Parce qu’il s’agit de l’avenir, en quoi la prospective diffère-t-elle de la prédiction voire de la prévision, bref, c’est quoi donc la prospective ?
 
Jean Kalama-Ilunga : Mieux vaut tard que jamais et je suis particulièrement heureux que, sur la forme, la prospective soit introduite dans la réflexion en RD Congo pour espérer endiguer le pilotage à vue à la base de nombreuses décisions hasardeuses qui, souvent, n’apportent pas de réponses appropriées aux exigences des enjeux présents et à venir en RD Congo! Sur le fond, cette annonce tambour battant, et la manière d’aborder la question m’a fait sourire parce qu’en effet, au regard de l’intitulé « RDC : vision 2035 », on a l’impression, du fait de la carence flagrante de la délimitation du système étudié, qu’il s’agit, plutôt, de la tenue d’un séminaire de formation à la prospective pour les amateurs de l’utopie qui passeront 18 mois à ressasser leurs ’’rêves’’ dans tous les sens, avec le risque de parler de l’avenir en réécrivant le passé, à tout le moins en y faisant sans cesse référence !
 
    A la différence de la prédiction procédant de l’intuition ou de la divination comme de la prévision strictement quantitatif relevant, entre autre, de l’extrapolation des données statistiques passées, pour répondre à la seconde partie de votre question, la prospective, souvent qualifiée d’indiscipline intellectuelle, impose rigueur et méthodes en vue d’éclairer l’action présente à la lumière du futur désiré ! L’anticipation n’a de sens que pour éclairer l’action. De ce point de vue, la prospective est indissociable de la stratégie ! Et c’est là où ça pourra coincer !
 
2. Réveil-FM : A vous entendre, on perçoit une certaine réticence, un doute quant à l’efficacité de cette étude nationale prospective ! Pourtant, on a entendu les organisateurs de cette étude affirmer que : « Cette étude se veut un chantier collectif où chaque congolais, au regard de son expertise, devait apporter son expertise pour l’émergence à horizon 2035 d’un Congo prospère et « plus beau qu’avant » ! Y’a-t-il une raison particulière qui suscite votre réticence ?
 
Jean Kalama-Ilunga : Je connais suffisamment mon pays pour ne pas ignorer la perversité comportementale devenue une tendance lourde qui y sévit et je suis quasi certain qu’au terme des 18 mois impartis pour l’étude, lorsque les ’’perdiemistes’’ de tous poils, amateurs invétérés des ’’séminaires’’ et des ’’colloques’’ qui se bousculent déjà au portillon comme ’’prospectivistes en herbe’’ constateront que les caisses mises à la disposition sont vides, ces vœux pieux iront certainement logés dans les oubliettes des archives de bonnes idées ! ’’O tempora! O mores ! ’’.
 
    Certes, la phase d’anticipation se doit d’être collective par une implication du plus grand nombre. C’est, d’ailleurs, la voie obligée pour la construction de la base analytique et historique débarrassée des idées reçues, des à-priori, des déterminismes à la base d’erreurs d’analyse !
 
    Combien de fois avions-nous entendu pareil bruit qui n’avait servi que de paravent pour couvrir ce type d’occasion rêvée pour se remplir les poches ? Peut-être qu’aujourd’hui, y a-t-il une volonté affirmée de rationnaliser l’action de l’Etat en RDC en passant par la prospective? Je n’en disconviens pas et, en tout état de cause, je soutiens que l’évaluation objective et lucide sur le passé ainsi que sur les raisons qui expliquent l’état actuel de la situation en RDC soit l’étape fondamentale de toute étude qui se veut prospective! Ma réticence que vous dites perceptible au travers mon propos, procède du constat fait dès la première analyse à savoir :
  • - d’une part, l’insuffisance du temps nécessaire pour l’appropriation indispensable à l’action, parce que la prospective se conçoit selon une logique classique réflexion-décision-action et, à cet égard, non seulement, le temps imparti est insuffisant pour la réflexion approfondie, compte tenu de la complexité des problèmes à résoudre notamment ceux relatifs à la controverse inévitable autour des choix sur les priorités ! De ce fait, il ne sera pas aisé d’imposer la prospective comme un état d’esprit, une attitude des congolais face à l’avenir avant d’être présentée comme un savoir ou une discipline !
  • - d’autre part, en tant que processus d’aide à la réflexion stratégique, la prospective porte sur le long terme dans la mesure où elle suppose un monde en rapide évolution par opposition à des décisions à plus court terme c'est-à-dire dont les procédés de justification, pour être efficaces, supposent un monde relativement stable ! Or, en RDC, la superposition et l’enchevêtrement de crises sont une réalité qu’il ne faut pas ignorer ! Crise de mentalité et de comportement, crise sociale, crise politique, crise économico-financière,… Comme je l’ai toujours dit, se hasarder à en résoudre une sans les autres sera générateur d’autres crises !
  • Par conséquent, à défaut d’une crise majeure pour provoquer la nécessité du changement, c’est sur le long terme qu’il est impérieux de placer tous les espoirs de résolution des crises enchevêtrées de la RDC, mais à condition de susciter cette nécessité pour le changement futur, aujourd’hui !
3Réveil-FM : Vous avez insisté sur le fait que la prospective est indissociable de la stratégie! Le gouvernement dit vouloir bâtir une vision de développement sur la période de 25 prochaines années! D’après vous, le temps annoncé est-il assez suffisant, réaliste pour qu’en 2035, la RD Congo puisse être comptée parmi les pays en développement à moins que, en parlant de la réforme de la planification stratégique de développement alors qu’elle n’existe déjà pas, le gouvernement ne s’adonne qu’à se faire plaisir en se grattant le dos avec des mots à la mode ?
 
Jean Kalama-Ilunga : Bien entendu ! L’utilité de la prospective se justifie par sa mise au service de l’action stratégique en lui donnant un sens. De fait, on lui donne la forme d’une réflexion collective en vue de la mobilisation des esprits face aux mutations de l’environnement stratégique! D’ailleurs, je répète souvent cette phrase: « Si nous ne nous mobilisons pas, aujourd’hui, pour changer avec le monde en rapide évolution, le monde changera sans nous et très sûrement contre nous ! ».
 
    D’où la nécessité absolue de comprendre pour chacun de nous, aujourd’hui, pour mieux se défendre! Cela concerne autant les congolais, comme tous les africains ! Ainsi donc, l’appropriation indispensable pour passer de l’anticipation à l’action devra passer par la formation et la diffusion de la prospective imposée comme état d’esprit, global, systémique et à long terme ! Cela prend du temps bien sûr ! Mais, c’est un exercice indispensable si l’on tient à faire émerger des projets partagés par les forces vives !
  • L’indissociabilité de la prospective et la stratégie se perçoit au travers de ce petit questionnement à savoir : la prospective est centrée sur le Que peut-il advenir ? ;
  • Tandis que la stratégie sur le Qui suis-je ?
  • Que vais-je faire ?
  • Comment le faire ?
    Et c’est de là que procède mon souci pour mon pays que je connais très bien !  Des beaux discours purement théoriques se sont succédé depuis des années sans aucun suivi ! Combien de projets importants, pourtant nécessaires pour le développement, pourrissent dans les tiroirs des décideurs ? 
 
    A ce titre, je crains que le projet « RDC : vision 2035 » ne s’arrête qu’au Que peut-il advenir ? De toutes les façons, il suffira d’un simple remaniement gouvernemental ou d’un changement de pouvoir d’ici 2035 pour que les belles résolutions, obtenues après 18 mois de réflexion collective, trouvent à jamais le chemin des oubliettes tant qu’aucune action planifiée n’est entreprise en aval de l’anticipation préconisée comme cause finale, c'est-à-dire, une action qui commence aujourd’hui !
 
    Comme cette étude prospective est présentée comme une démarche pour une nouvelle planification stratégique gouvernementale, exigeant, pour être crédible, de réfléchir sur les vraies questions, y compris celles qui dérangent, ces travaux nécessitent de rester confidentiels pour conduire à l’action stratégique.  Vous avez raison d’évoquer le fait de l’inexistence de planification stratégique globale pour la RD Congo pour qu’on en parle, aujourd’hui, en termes de réforme !
 
4. Réveil-FM : Que préconisez-vous en tant que prospectiviste ?  
 
Jean Kalama-Ilunga : Il y a déjà eu, certes, quelques tentatives de planification stratégique modulaires. En revanche, concernant une planification telle qu’envisagée au travers de l’étude nationale prospective en RD Congo, tout ce que je peux dire ce qu’il n’est pas interdit de rêver debout et les yeux ouverts ! Pourquoi est-ce que je dis cela ? A titre d’exemple, avant d’être acceptée comme la 2ème puissance économique mondiale, si pas la première, en 50 ans, la Chine n’avait pas rêvé, elle avait dû passer par la révolution culturelle ! Il faut donc retenir cette variable importante et indispensable : La culture ! 
 
    Non pas celle limitée en RDC sous un petit ministère limité à la gestion de quelques formes d’art tels la musique, le théâtre, les arts plastiques… etc. ! Mais, cette culture que nous avions définie au symposium national sur la culture en juillet 1997 que j’avais d’ailleurs présidé, comme étant : « La tension intérieure de l’être humain ou de la communauté vers le haut ! » c'est-à-dire vers les progrès constants de l’être intérieur et des œuvres terrestres qui en dépendent !
 
    La culture est l’âme et l’identité d’un être humain ou d’un peuple : ce n’est qu’en retrouvant son âme et en libérant les forces qu’elle renferme qu’un homme ou un peuple parvient à développer ses capacités et à accéder au mieux-être ! D’où la corrélation force culturelle et niveau de développement ! En d’autres termes, plus la culture se déploie, plus le développement s’accroit ! Quant à mes préconisations, elles sont étalées sur les considérations que j’ai évoquées précédemment ! En tout état de cause, la planification stratégique impose la prise en compte des moyens et la confidentialité autour des actions stratégiques !
 
    Dans la mesure où l’étude nationale prospective est financée par le Programme des Nations Unies pour le Développement PNUD, une institution internationale qui n’est pas sensée participer à l’élaboration de la décision stratégique globale sur la RD Congo, toute action stratégique qui s’en suivra, perdra son utilité, et même sa crédibilité ! Au terme de l’étude, les organisateurs devront produire des recommandations stratégiques qu’ils ne manqueront pas de remettre à ceux qui ont fourni les moyens de sa réalisation : le PNUD ! 
 
    De mon point de vue, si cette étude prospective était sectorielle, par exemple sur l’alimentation ou la santé en 2035, je n’aurai pas vu d’un mauvais œil ce financement du PNUD, mais il est question ici d’une étude de l’avenir de la RD Congo à l’horizon 2035 ! Elle doit, à tout point de vue et exclusivement, n’être traité que par les congolais parce qu’il s’agit d’une réflexion incluant aussi notre système de sécurité et de défense nationale pour l’horizon indiqué ! 
 
    N’en déplaisent aux habitués de la culture de la cueillette et du ’’m’as-tu vu’’, c’est l’Etat congolais qui doit rester le seul commanditaire et pourvoyeur des ressources pour une telle étude qui exige, compte tenu de sa spécificité stratégique, un nombre restreint de personnes soumises à la stricte confidentialité ! Je considère, par ailleurs, que c’est au plus haut sommet de l’Etat que devrait s’opérer le pilotage de l’étude nationale prospective ! Sinon, à quoi servira-t-elle si, en fin de compte, il y a carence de volonté politique à ce niveau pour décider des actions stratégiques à mener en vue d’atteindre les objectifs ?
 
5. Réveil-FM : Pour terminer, vous avez cité la Chine comme modèle de réussite après 50 années de transformations et, pour vous, que représente ce pays ? Enfin, quel avis portez-vous sur les acteurs congolais au regard du projet RD Congo : vision 2035 ?
 
Jean Kalama-Ilunga : Il n’y a pas plus bel exemple dans le monde que la Chine pour servir de modèle au programme de développement de la RD Congo ! Non pas en terme quantitatif, mais plutôt qualitatif, je préfère! En effet, grâce à l’impulsion de Mao et le socialisme chinois, en dépit des contraintes de tous ordres, notamment démographiques avec plus d’un milliard d’habitants, la Chine, en cinquante ans, a pu relever le défi de sortie du sous –développement ! Cela, grâce à une planification stratégique maîtrisée, qui a placé l’homme et le mieux-être du peuple chinois au cœur de la démarche politique pour gagner la lutte contre la pauvreté !
 
    Pour preuve, aujourd’hui, le monde capitaliste, en débandade et chacun pour soi, rase les mûrs pour se rendre, furtivement, au pays de Mao, y faire des ronds de jambe en vue de glaner quelques moyens pour sortir des tourmentes économico-financières consécutives à l’usage abusif des principes capitalistes inappropriés au monde d’aujourd’hui ! Concernant les acteurs congolais au regard du projet RD Congo vision 2035, je prends l’option de me limiter à la jeunesse, l’actrice majeure de l’époque indiquée ! 
 
    Qu’en faisons-nous, aujourd’hui, pour que la RD Congo ressemble à l’image que nous rêvons tous pour l’horizon 2035 ? Rien! Pendant 18 mois, les élus pour la réflexion rémunérée sur l’avenir passeront le temps à faire des rêves sympathiques ! Tout le monde veut savoir comment sera le Congo de 2035 ? La réponse est très simple : En 2035, la RD Congo sera ce que nous faisons de sa jeunesse aujourd’hui ! 
 
    Quelle éducation ? Quelle mentalité ? Quel comportement? Quelle instruction ? Que faisons-nous pour endiguer la culture shégué ou kuluna ?
  1. Que faisons-nous, aujourd’hui, pour protéger cette jeunesse de l’état d’esprit ’’balado au col blanc’’ qui s’illustre au travers de l’incurie de la perversité sous toutes ses formes qui a contaminé la société congolaise : impunité institutionnalisée, la corruption active masquée sous forme des commissions légalisées à tous les niveaux, le banditisme politicien et le non-respect des droits des tiers ni des lois qui nous régissent tous,… ?
  2. Que faisons-nous, aujourd’hui, lorsque la loi fondamentale elle-même, autrement dit la Constitution en son article 10, entretient et protège la perversité ’’en jetant l’eau de bain avec le bébé dedans’’, notamment par l’exclusion délibérée des millions de jeunes congolais vivant à l’étranger dont la majorité sont en formation ou formés aux normes des pays les plus avancés ? Ne sont-ils pas, cyniquement, traités d’étrangers dans leur propre pays pour motifs procédant de l’obscurantisme, les accusant de disposer d’une ’’double nationalité’’ alors qu’il ne s’agit que de la citoyenneté du pays de résidence et non, de la nationalité liée à l’identité culturelle ?
  3. En définitive, Je ne désespère pas d’espérer qu’autour de cette étude nationale prospective, l’honnêteté intellectuelle aura le dessus sur l’esprit du lucre voire sur le conformisme intellectuel afin de permettre aux bonnes questions d’être posées pour une analyse structurelle indispensable à la délimitation des enjeux futurs en 2035 pour un Congo ’’prospère et plus beau qu’avant’’ !
Etude nationale prospective :
"Congo, vision 2035" ! Encore une arnaque ?
Intrerview de Freddy Mulongo à Jean Kalama-Ilunga.

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