De plus en plus accusé de protéger le régime de Kagame, le Royaume-Uni suspend enfin son aide budgétaire au Rwanda
Kinshasa, 01/12/2012 / Politique
Eternel « perfide Albion », la Grande-Bretagne se l’est trop montrée dans son maléfique soutien au régime militariste et prédateur rwandais au point de ne plus résister à la pression qui s’exerce sur elle et qui vient de pousser Londres à enfin suspendre son aide budgétaire au Rwanda
La pression s’accentue sur le Rwanda. Le Royaume-Uni, allié traditionnel de Kigali et l’un des principaux contributeurs d’aide directe au budget rwandais, a annoncé hier vendredi qu’il ne verserait pas les 21 millions de livres (près de 26 millions d’euros) qui devaient l’être en décembre. Coup dur pour Kigali, mais belle moisson pour Kinshasa qui vient de remporter un franc succès sur le plan diplomatique en parvenant à rallier l’Occident à sa cause.
L’intense activité diplomatique exercée par Kinshasa pour rallier la communauté internationale à sa cause commence à porter ses fruits. Déjà la semaine dernière, les diplomates de la Grande-Bretagne, de la France et des Etats-Unis ont fait le va-et-vient de la Primature pour s’entretenir avec le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon. Le plaidoyer de Matata Ponyo semble avoir trouvé écho favorable parmi les décideurs du monde.
Grand parrain du Rwanda, la Grande-Bretagne n’a pas voulu entretenir trop longtemps l’injustice. Elle vient de franchir le Rubicon en décidant de mettre une croix sur l’aide budgétaire qu’elle octroie au Rwanda. Le président rwandais, Paul Kagame, est désormais un homme seul. Ses parrains le lâchent de plus en plus. Il paie le prix de son implication directe dans la rébellion menée dans l’Est de la RDC par les rebelles du M23.
Dans un rapport rendu public la semaine dernière, des experts de l'ONU ont accusé le Rwanda et l'Ouganda de soutenir, à des degrés divers, le M23.
Le coup fatal
Le département du Développement international a renoncé à verser au Rwanda les 21 millions de livres (26 millions d’euros) prévus pour le mois de décembre. Cette décision, motive Londres, est liée à ce que les autorités britanniques ont appelé des « informations crédibles et irréfutables » faisant état de l'implication de Kigali dans la rébellion qui sévit dans l'Est de la RDC.
Le Royaume-Uni a, par ailleurs, annoncé simultanément un versement supplémentaire de 18 millions de livres (22 millions d’euros) pour « les besoins humanitaires urgents ». Cette enveloppe est destinée à porter secours aux milliers de déplacés enregistrés après les récents affrontements dans le Nord-Kivu.
Justine Greening, la secrétaire britannique au développement international, cité par le magazine panafricain Jeune Afrique, a justifié, entre autres, cette décision par les « inquiétudes sur les rapports crédibles et convaincants d’un engagement du Rwanda [aux côtés de la rébellion du] M23 en RDC. (…) Ces preuves constituent une rupture des principes du partenariat […] et en conséquence, j’ai décidé de ne pas verser le prochain paiement de soutien au budget du Rwanda ».
En effet, le Rwanda est accusé, par un rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur la RDC publié le 15 novembre, de soutenir le M23, une rébellion essentiellement composée d’ex-militaires congolais rwandophones dans la province du Nord-Kivu, qui s’est emparée du chef-lieu, Goma, le 20 novembre.
Kigali a toujours fermement nié tout soutien à cette rébellion, accusant notamment ce groupe d’experts d’être hostile vis-à-vis de son gouvernement. « Les fausses allégations politiquement motivées contre le Rwanda servent les intérêts de ceux qui préfèrent ignorer leurs responsabilités et ne pas affronter les problèmes de gouvernance et de sécurité qui affligent la RDC depuis des décennies.
Accuser le Rwanda peut répondre à des objectifs politiques à court terme, mais au final, cela entrave la compréhension du conflit et met hors d’atteinte une solution efficace et définitive », a réagi, à la publication de ce rapport final, Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des Affaires étrangères. Dépendance vis-à-vis de l'aide internationale
Quoi qu'il en soit, cette décision du Royaume-Uni vient renforcer la pression internationale sur le Rwanda. L’Union européenne (UE) avait déjà suspendu fin septembre des projets d'aide au gouvernement rwandais, après des mesures similaires de la Suède et des Pays-Bas notamment.
Le Rwanda est dépendant pour près de la moitié de son budget de l’aide internationale (plus de 600 millions d’euros cette année) qui représente plus de 11% de son PIB. Le Royaume-Uni fait partie des trois principaux donateurs, avec la Banque mondiale et l’Union européenne.
Le ministre rwandais des Finances, John Rwangombwa, avait prévenu au début de novembre, que ces sanctions auraient des conséquences négatives sur la croissance économique du Rwanda si elles se poursuivaient au-delà de décembre.
Considéré le plus souvent comme le meilleur élève de l’Afrique (Doing Business 2013), le Rwanda prouve aujourd’hui qu’il a bâti sa prospérité sur le sang des innocents Congolais – ils sont plus de six millions déjà – tombés par la faute de son intense activité belliqueuse dans l’Est de la RDC. Aujourd’hui, la communauté internationale s’est rendue à l’évidence de l’injustice subie par la RDC, dont les efforts de développement sont maintes fois plombés par l’instabilité permanente de l’Est, délibérément entretenue par le Rwanda, et dans une certaine mesure, l’Ouganda. Paul Kagame est désormais un roi nu, jeté en pâture par ses parrains d’antan.
Cette victoire diplomatique ne doit pas être une occasion pour Kinshasa de dormir sur ses lauriers. Il doit plutôt redoubler d’ardeur pour dénuder totalement la stratégie de « victimisation » sur laquelle Kigali s’est toujours accroché pour occulter ses crimes dans l’Est de la RDC.
Faustin K./Le Potentiel
L’intense activité diplomatique exercée par Kinshasa pour rallier la communauté internationale à sa cause commence à porter ses fruits. Déjà la semaine dernière, les diplomates de la Grande-Bretagne, de la France et des Etats-Unis ont fait le va-et-vient de la Primature pour s’entretenir avec le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon. Le plaidoyer de Matata Ponyo semble avoir trouvé écho favorable parmi les décideurs du monde.
Grand parrain du Rwanda, la Grande-Bretagne n’a pas voulu entretenir trop longtemps l’injustice. Elle vient de franchir le Rubicon en décidant de mettre une croix sur l’aide budgétaire qu’elle octroie au Rwanda. Le président rwandais, Paul Kagame, est désormais un homme seul. Ses parrains le lâchent de plus en plus. Il paie le prix de son implication directe dans la rébellion menée dans l’Est de la RDC par les rebelles du M23.
Dans un rapport rendu public la semaine dernière, des experts de l'ONU ont accusé le Rwanda et l'Ouganda de soutenir, à des degrés divers, le M23.
Le coup fatal
Le département du Développement international a renoncé à verser au Rwanda les 21 millions de livres (26 millions d’euros) prévus pour le mois de décembre. Cette décision, motive Londres, est liée à ce que les autorités britanniques ont appelé des « informations crédibles et irréfutables » faisant état de l'implication de Kigali dans la rébellion qui sévit dans l'Est de la RDC.
Le Royaume-Uni a, par ailleurs, annoncé simultanément un versement supplémentaire de 18 millions de livres (22 millions d’euros) pour « les besoins humanitaires urgents ». Cette enveloppe est destinée à porter secours aux milliers de déplacés enregistrés après les récents affrontements dans le Nord-Kivu.
Justine Greening, la secrétaire britannique au développement international, cité par le magazine panafricain Jeune Afrique, a justifié, entre autres, cette décision par les « inquiétudes sur les rapports crédibles et convaincants d’un engagement du Rwanda [aux côtés de la rébellion du] M23 en RDC. (…) Ces preuves constituent une rupture des principes du partenariat […] et en conséquence, j’ai décidé de ne pas verser le prochain paiement de soutien au budget du Rwanda ».
En effet, le Rwanda est accusé, par un rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur la RDC publié le 15 novembre, de soutenir le M23, une rébellion essentiellement composée d’ex-militaires congolais rwandophones dans la province du Nord-Kivu, qui s’est emparée du chef-lieu, Goma, le 20 novembre.
Kigali a toujours fermement nié tout soutien à cette rébellion, accusant notamment ce groupe d’experts d’être hostile vis-à-vis de son gouvernement. « Les fausses allégations politiquement motivées contre le Rwanda servent les intérêts de ceux qui préfèrent ignorer leurs responsabilités et ne pas affronter les problèmes de gouvernance et de sécurité qui affligent la RDC depuis des décennies.
Accuser le Rwanda peut répondre à des objectifs politiques à court terme, mais au final, cela entrave la compréhension du conflit et met hors d’atteinte une solution efficace et définitive », a réagi, à la publication de ce rapport final, Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des Affaires étrangères. Dépendance vis-à-vis de l'aide internationale
Quoi qu'il en soit, cette décision du Royaume-Uni vient renforcer la pression internationale sur le Rwanda. L’Union européenne (UE) avait déjà suspendu fin septembre des projets d'aide au gouvernement rwandais, après des mesures similaires de la Suède et des Pays-Bas notamment.
Le Rwanda est dépendant pour près de la moitié de son budget de l’aide internationale (plus de 600 millions d’euros cette année) qui représente plus de 11% de son PIB. Le Royaume-Uni fait partie des trois principaux donateurs, avec la Banque mondiale et l’Union européenne.
Le ministre rwandais des Finances, John Rwangombwa, avait prévenu au début de novembre, que ces sanctions auraient des conséquences négatives sur la croissance économique du Rwanda si elles se poursuivaient au-delà de décembre.
Considéré le plus souvent comme le meilleur élève de l’Afrique (Doing Business 2013), le Rwanda prouve aujourd’hui qu’il a bâti sa prospérité sur le sang des innocents Congolais – ils sont plus de six millions déjà – tombés par la faute de son intense activité belliqueuse dans l’Est de la RDC. Aujourd’hui, la communauté internationale s’est rendue à l’évidence de l’injustice subie par la RDC, dont les efforts de développement sont maintes fois plombés par l’instabilité permanente de l’Est, délibérément entretenue par le Rwanda, et dans une certaine mesure, l’Ouganda. Paul Kagame est désormais un roi nu, jeté en pâture par ses parrains d’antan.
Cette victoire diplomatique ne doit pas être une occasion pour Kinshasa de dormir sur ses lauriers. Il doit plutôt redoubler d’ardeur pour dénuder totalement la stratégie de « victimisation » sur laquelle Kigali s’est toujours accroché pour occulter ses crimes dans l’Est de la RDC.
Faustin K./Le Potentiel