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Kivu: le plan de paix de l’ONU attendra

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Le Carnet de Colette Braeckman
Le soir, le 30 janvier 2012

Kivu: 

le plan de paix de l’ONU attendra


Alors que le soutien au Mali a fait l’unanimité lors du dernier sommet de l’Union africaine, le Congo, déstabilisé depuis dix ans par la guerre au Kivu, a eu, si l’on peut dire, moins de chance : un accord cadre pour la paix et la sécurité, que M. Ban Ki Moon se proposait de faire ratifier par les chefs d’Etat de la région (RDC, Rwanda, Burundi, Ouganda, Angola, Congo Brazzaville, Afrique du Sud et Tanzanie) a été repoussé « sine die » autant dire aux calendes grecques.

Au cœur du problème figure évidemment la situation au Nord Kivu, dévasté par des groupes armés et confronté, à intervalles réguliers, par des rébellions militaires que Kigali appuyées à des degrés divers, par Kigali.

Depuis que la chute de Goma, le 20 novembre dernier, a démontré une fois de plus les carences de la force de maintien de la paix des Nations unies (mandat insuffisant, troupes peu motivées…) une première idée avait été retenue : créer une « force neutre » composée essentiellement de militaires issus de pays d’Afrique australe (Tanzanie, Afrique du Sud, Malawi, Angola…). Cette force aurait été chargée de surveiller la frontière entre le Rwanda et le Congo et de désarmer les « forces négatives » c’est à dire les combattants hutus rwandais (FDLR) mais aussi les soldats mutins du M23.

A côté des préparatifs militaires, les pourparlers politiques se sont avérés délicats : comment concilier le volontarisme des pays membres de la SADC (Conférence des pays d’Afrique australe) avec les ambiguïtés des pays membres de la CIRGL (Conférence sur la sécurité dans les Grands Lacs). Cette organisation est présidée par l’Ougandais Museveni et ce dernier, soupçonné par Kinshasa de faire le jeu de son allié rwandais, a cependant été promu « médiateur » de la crise. A ce titre il a réuni à Kampala –sans succès jusqu’à présent- le ministre congolais des affaires étrangères et le M23, reconnu ici comme interlocuteur valable alors qu’ailleurs ce mouvement miliaire transformé en organisation politique est défini comme une force à éliminer !

En plus de cette ambiguïté politique, le projet initial a été confronté à des difficultés financières et logistiques et il est finalement apparu plus simple de transformer la force africaine (2500 hommes environ) en une Brigade d’intervention rapide intégrée au sein de la Monusco, qui aurait fourni le transport et une bonne partie des moyens financiers, tirés de son budget de 1 milliard 400 millions de dollars par an. 

Les réticences du Rwanda ayant été vaincues, cette brigade aurait été dotée de trois drônes, loués à des prestataires privés. Cette force africaine aurait du disposer d’un mandat beaucoup plus offensif que celui des Casques bleus actuels, passivement chargés du « maintien de la paix » et une résolution du Conseil de sécurité aurait du muscler ses capacités d’intervention. Mais à Addis Abeba, au lieu d’être finalisé, le projet a –provisoirement- capoté : les pays de la SADC qui étaient prêts à fournir des troupes ont refusé que le commandement effectif de la Brigade soit confié à des officiers des Nations unies, qui, selon eux, auraient depuis dix ans démontré leur incapacité à mettre fin à la guerre. 

Mettant en cause les avantages financiers des militaires et des fonctionnaires onusiens (des primes de risque s’élevant à 1500 dollars par mois…) les militaires de la SADC auraient aussi réclamé leur « part du gâteau » c’est à dire des contrats de fourniture de matériel, de location d’hélicoptères etc… La Tanzanie, décidée à fournir 600 hommes, a exigé le commandement des troupes.

A ces tiraillements se sont ajoutés , dans le chef de l’ONU, des erreurs psychologiques, les lacunes dans l’information et, du côté des Africains, une méfiance croissante à l’égard d’une organisation jugée inefficace et peu soucieuse, depuis dix ans, de mettre réellement fin à une guerre qui rapporte tant d’avantages à certains membres de son personnel…

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