Le HuffPost | Publication: 11/02/2013 12:01 CET | Mis à jour: 11/02/2013 13:19 CET
RELIGION - Le pape Benoît XVI a annoncé ce lundi 11 février sa démission à partir du 28 février. "Le pape a annoncé qu'il renoncera à son ministère à 20h (19h GMT), le 28 février. Commencera alors la période de 'sede vacante' (siège vacant)", a précisé le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, dans une annonce quasiment sans précédent dans l'histoire de l'Eglise catholique.
"Nous devrions avoir un nouveau pape pour Pâques", a déclaré Federico Lombardi lors d'un point de presse ajoutant qu'un conclave devrait être organisé dans les 15-20 jours suivant la démission. Benoît XVI, qui est âgé de 85 ans et ne prendra pas part au conclave, devrait se retirer dans un monastère dans l'enceinte du Vatican, après avoir séjourné dans un premier temps dans la résidence d'été papale de Castel Gandolfo, près de Rome.
En septembre, le Vatican avait démenti une rumeur publiée par un journal italien, selon laquelle le pape Benoît XVI songerait à démissionner à l'occasion de son 85ème anniversaire en avril prochain. "Le pape se porte bien. Il est en train de mener à bien un voyage très intense et, du point de vue de sa santé, ce voyage est un véritable succès", avait alors démenti un haut responsable du Vatican.
Mais la décision du Saint-Père intervient manifestement pour des raisons médicales. A 85 ans, le pape Benoît XVI, né Joseph Alois Ratzinger, dit n'avoir plus "les forces" de diriger l'Eglise en raison de son âge:
Selon Radio Vatican, le pape a fait son annonce en personne ce lundi matin et en latin. Voici ses propos retranscrits et traduits par Radio Vatican.
Frères très chers,Je vous ai convoqués à ce Consistoire non seulement pour les trois canonisations, mais également pour vous communiquer une décision de grande importance pour la vie de l’Eglise. Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. Je suis bien conscient que ce ministère, de par son essence spirituelle, doit être accompli non seulement par les œuvres et par la parole, mais aussi, et pas moins, par la souffrance et par la prière. Cependant, dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié. C’est pourquoi, bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d’Evêque de Rome, Successeur de saint Pierre, qui m’a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à vingt heures, le Siège de Rome, le Siège de saint Pierre, sera vacant et le conclave pour l’élection du nouveau Souverain Pontife devra être convoqué par ceux à qui il appartient de le faire.
Le pape n'a jamais fait état publiquement de ses soucis de santé auparavant, même si les bruits d'une maladie ont longtemps alimenté les rumeurs de démission. Arrivé récemment sur Twitter, le pape y a publié son dernier message le 10 février dernier.
Ayons confiance en la puissance de la miséricorde de Dieu ! Nous sommes tous pécheurs mais sa grâce nous transforme et nous renouvelle.— Benoît XVI (@Pontifex_fr) 10 février 2013
Une démission parfaitement légale mais rarissime
La démission du pape est prévue par l'article 332 du Code du droit canonique. "S'il arrive que le Pontife Romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu'elle soit dûment manifestée, mais non pas qu'elle soit acceptée par qui que ce soit", précise l'article en question.
Mais dans les faits, cette disposition n'a que rarement été employée. Célestin V avait abdiqué de sa fonction avant d'avoir été sacré, en 1294. Il avait vécu en ermite jusqu'à sa désignation comme pape, et ne se sentait pas prêt à assumer ce rôle dans l'Eglise.
Comme le rappelle l'Encyclopaedia Universalis, la dernière démission effective d'un pape remontant à la fin du Grand Schisme (1414) et à l'abdication de Grégoire XII (Rome).
En 2010, on avait appris que Jean Paul II avait écrit une lettre de démission en cas d'empêchement majeur d'exercer sa fonction de pape. La décision finale avait été laissée à un groupe de cardinaux qui n'ont malgré tout jamais fait usage de la lettre pendant sa longue maladie.
Pour exprimer sa surprise, le doyen des cardinaux Mgr Angelo Sodano a parlé de "coup de tonnerre dans un ciel serein". Le chef du gouvernement italien démissionnaire Mario Monti s'est également dit "très secoué par cette annonce". François Hollande a jugé la décision du pape "éminemment respectable".
Toutes les réactions et dernières informations en direct, ci-dessous...
LIRE AUSSI :
La démission annoncée lundi du pape Benoît XVI a été "une grande surprise" pour l'épiscopat de Pologne, a indiqué son secrétaire, Mgr Wojciech Polak.
"Le pape Benoît XVI avait réfléchi à plusieurs reprises sur la question de savoir si, à cause de son grand âge, il avait encore assez de forces pour assumer correctement sa fonction du successeur de Saint Pierre", a-t-il déclaré.
Pour le père Adam Boniecki, proche ami du pape polonais Jean Paul II, par sa décision, "Benoît XVI a montré comment, dans la grande foi, résoudre le problème du service, de la vieillesse et de la faiblesse".
"Benoît XVI a été témoin des derniers instants du pontificat de Jean Paul II. Je pense qu'il ne voulait pas refaire ces derniers mois dramatiques quand le pape restait à son poste mais était pratiquement incapable de remplir cette fonction", a déclaré le père Boniecki sur Facebook.
Un Africain, un Italien ou peut-être même un Canadien: les bookmakers parient déjà sur le nom du successeur de Benoît XVI.
Selon l'agence de presse italienne de jeux et de paris Agipro News, les bookmakers britanniques misent sur un affrontement entre Italie et Afrique, donnés respectivement à 2,75 et 3,00 par l'agence Paddy Power.
Un tête-à-tête confirmé par la liste de noms qui circule: le cardinal nigérian Francis Arinze mène le jeu à 2,90, suivi du Ghanéen Peter Turkson à 3,25 et du Canadien Marc Ouellet (6,00). Le premier Italien est l'archevêque Angelo Scola (8,00), suivi du cardinal secrétaire d'Etat Tarcisio Berlone (actuel numéro deux du Vatican).
Les bookmakers ont également lancé des paris sur le nom du prochain pape: Pierre (5,00), Pie (6,00), Jean Paul (7,00) ou un nouveau Benoît (9,00).
Elles sont fournies par le service de presse du Vatican et datent d'aujourd'hui :



Un montage tourne déjà sur Facebook...

Un nouveau pape devrait être désigné "pour Pâques", le 31 mars, a indiqué le porte-parole du pape.
"Nous devrions avoir un nouveau pape pour Pâques", a déclaré lors d'un point de presse le père Federico Lombardi, ajoutant qu'un conclave devrait être organisé dans les 15-20 jours suivant la démission.
Le président du MoDem a salué auprès de l'AFP le "geste très courageux" du pape démissionnaire Benoît XVI, qui "va ouvrir une nouvelle époque de la vie de l'Eglise".
"L'annonce de la décision surprise de Benoît XVI de renoncer à ses responsabilités dans quelques jours a été un coup tonnerre sur toute la planète", a affirmé François Bayrou.
"C'est la première fois depuis des siècles qu'une telle décision est prise. On imagine le débat de conscience qu'a dû être celui du chef de l'Eglise catholique et les raisons, qui ne peuvent être que graves, qui l'ont amené à ce choix", a-t-il ajouté. "C'est en tout cas un geste responsable, très courageux, qui va ouvrir une nouvelle époque de la vie de l'Eglise".
Le successeur de Benoît XVI "ne sera pas plus traditionnel, mais ne comptons pas, sauf énorme surprise, sur un pape qui révolutionnera l'Eglise", a estimé le spécialiste des religions Odon Vallet, interrogé sur I-Télé.
Sur l'éventualité d'un pape non européen, Odon Vallet, avance que "ce serait un signal fort s'il s'agissait d'un pape africain. Les cardinaux africains passent une grande partie de l'année à Rome et sont tout à fait dans la ligne du Vatican".
"Je pense aussi à (la possibilité d') un cardinal latino-américain, mais ils (les cardinaux, ndlr) ne s'entendent pas entre eux. Mais on retrouve à peu près les mêmes divisions dans tous les continents", a poursuivi ce spécialiste. Même si "la question des langues est toujours très importante (dans le choix d'un pape), ce qui compte c'est la ligne théologique suivie".
"C'est une ligne conservatrice traditionnelle qu'a suivie Benoît XVI, mais avec talent, parce que c'est un grand intellectuel, et en plus un vrai littéraire", a ajouté Odon Vallet.
Berlin a exprimé son "respect" et sa "gratitude" envers le pape d'origine allemande Benoît XVI, qui a annoncé sa démission.
"Le gouvernement allemand a le plus grand respect pour le Saint-Père (...) et il mérite notre gratitude pour avoir mené l'Eglise comme il l'a fait pendant huit ans", a expliqué le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert lors d'un point presse régulier.
Depuis son élection en avril 2005, Benoît XVI a "marqué (l'Eglise) de son empreinte, en tant que penseur mais aussi en tant que pasteur", a ajouté le porte-parole, qui s'exprimait avant d'avoir pris connaissance du communiqué officiel du Vatican.
"Quelles que soient les raisons de cette décision, nous devrons bien sûr les respecter et les prendre en compte", a-t-il conclu.
La présidente du Parti chrétien-démocrate a qualifié de "choc immense, inouï" l'annonce par le pape Benoît XVI de sa démission.
"C'est un choc, un choc immense, inouï, pour les catholiques bien sûr mais aussi pour le monde entier", a déclaré Christine Boutin, interrogée par BFMTV.
"Le pape est naturellement une figure mondiale et voilà, c'est un choc très important. Pour la catholique que je suis, il y a une dimension spirituelle aussi forte, dont on ne comprend pas obligatoirement toute la portée", a dit l'ancienne ministre du Logement et de la Ville de Nicolas Sarkozy. Selon elle, la démission d'un pape est "tout sauf une décision neutre: c'est très peu fréquent".
Mais l'ancienne députée s'est dite par ailleurs "convaincue qu'il n'y aura pas de changement dans la ligne" du Vatican.
D'après elle, Benoît XVI a été un pape "parfaitement adapté à notre temps. Après Jean-Paul II, un pape médiatique, charismatique, qui a fait lever une nouvelle Eglise, Benoît XVI était plus le philosophe, le théologien, il apportait les fondamentaux à notre réflexion spirituelle".
Interrogée sur les conséquences éventuelles sur les débats en cours en France, notamment sur l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, Christine Boutin a prédit qu'il n'y en aurait "pas du tout".
Le président français a jugé la décision du pape de démissionner "éminemment respectable", en marge de l'inauguration d'un nouveau bâtiment des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine, en banlieue parisienne.
"Je n'ai pas de commentaire particulier sur cette décision qui est éminemment respectable et qui fera qu'un nouveau pape sera choisi", a déclaré François Hollande devant la presse. "La République salue le pape qui prend cette décision mais elle n'a pas à faire davantage de commentaires sur ce qui appartient d'abord à l'église", a-t-il insisté. "C'est une décision humaine et une décision liée à une volonté qui doit être respectée", a enchaîné le président.
Cliquez ici pour lire une tribune prophétique publiée en 2012 sur Le HuffPost.
Benoît XVI a annoncé ce lundi 11 février sa démission à partir du 28 février.