RDC: nouvelle flambée de violences dans le Kasaï-Central

© HCR/Celine Schmitt
Au Kasaï-Central, alors que la situation semble un peu s'apaiser dans le territoire de Dibaya, territoire d'origine de l'insurrection et de son chef, le défunt Kamuina Nsapu, la localité de Gwema a été le théâtre d'affrontements meurtriers ces derniers jours. Des sources locales parlent de quelque 49 corps enterrés depuis vendredi autour de la paroisse. Le vice-gouverneur de la province met en garde contre les chiffres « fantaisistes » qui circulent, et appelle à attendre le bilan officiel des autorités. Difficile de dire avec exactitude ce qui a été à l'origine de cette poussée de violences.
Vendredi dernier, à l'aube, un groupe de miliciens dit Kamuina Nsapu aurait fait irruption dans la paroisse de Gwema. Avaient-ils pour objectif d'empêcher les enfants d'étudier pour mieux recruter ? C'est ce que pensent les autorités provinciales. Selon les experts du secteur de l'enfance, plus de la moitié de ces miliciens seraient des mineurs, une majorité de moins de 14 ans - et le plus souvent désarmés. Ce qui en fait les premières victimes de ce conflit.
« Les miliciens ont été chassés par les forces de sécurité du territoire de Dibaya et cherchent aujourd'hui refuge dans les territoires voisins », explique le vice-gouverneur. Ils auraient été interceptés dans les environs de Gwema par l'armée, samedi et dimanche. Le bilan serait extrêmement lourd, quasi exclusivement du côté des miliciens, selon des sources locales.
D'autres sources parlent d'un conflit plus politique entre des personnalités locales. En jeu, l'installation d'un centre d'enrôlement dans l'un ou l'autre des deux territoires sur lesquels se trouve Gwema. Un conflit électoral entre deux communautés, les Bindji et les Kete, qui remonte à 2006.
Samedi, l'une des premières victimes des violences était le directeur d'une école. Il a été décapité. Or, il devait prendre la direction de ce centre d'enrôlement. Cela n'a rien à voir, assurent les autorités. Pour elles, l'assassinat de cet agent de la Commission électorale nationale indépendante serait plutôt dû au fait qu'il avait dénoncé la présence des miliciens aux forces de sécurité.
Le vice-gouverneur de la province a démenti vigoureusement cette version, rappelant que l'enrôlement des électeurs n'avait pas encore commencé dans la province du Kasaï-Central. Même si les préparatifs sont bien en cours, selon la Céni.