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Le M23, Robert Krueger, Barack Obama, les complicités de Kigali et Kinshasa. Attention à Kampala et à l’amnésie collective !

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              « L’étude de l’histoire est l’un des moyens d’éviter sa répétition. » P.D. Scott

Le mois de décembre 2012  donne l’impression d’avoir été riche en évènements pour l’avenir de la sous-région des Grands Lacs. Dans les lignes qui vont suivre, nous allons essayer d’émettre certaines hypothèses qui nous permettent d’être un peu plus attentif à ce qui se joue à l’est de notre pays. Pour rappel, notre pays  est victime d’une guerre de basse intensité orchestrée par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne   et leurs alliés depuis les années 1990. Cette guerre est menée par  Kigali (Kagme) et Kampala (Museveni) et leurs infiltrés dans les institutions et structures étatiques congolaise depuis la guerre de l’AFDL en 1996.. Le M23, après l’AFDL, le RCD,  le PPRD et le CNDP est « un cheval de Troie » dont se sert le Rwanda pour la énième fois pour infiltrer le Congo, l’affaiblir davantage et réussir son émiettement. Sa visée stratégique est de remettre la question de la légitimité du pouvoir politique  ainsi que celle la souveraineté économique, politique et culturelle de notre pays aux calendes grecques. Ce rappel fait, il est important d’être attentif aux signes des temps pour pouvoir poser certaines questions pertinentes.

Des signes de temps, parlons-en. Le 15 décembre 2012, dans une salle de conférence à l’hôtel Thon à Bruxelles en Belgique, un parti politique rwandais rend compte de son avancement et de ses objectifs à ses partisans, aux opposants au pouvoir actuel de Kigali, à ses amis et aux curieux venus nombreux pour cet évènement. Avant  que le Président du Parti pour la Démocratie au  Rwanda-Ihumure, Paul Rusesabagina, ne puisse prendre la parole, Robert Krueger (formerly U.S. Congressman, U.S. Senator, U.S. Ambassador)  l’introduit.
Que dit-il entre autres dans cette introduction ? Que Kagame et le FPR ont commis un deuxième génocide après celui de 1994 et qu’il est resté ignoré parce que le monde voulait qu’il en soit ainsi.  Robert Krueger  dit  : « The first 1994 genocide was known throughout world. The second, revenging genocide that began under Kagame, was and is still largely ignored – because the 2 outside  world does not want to acknowledge that those who had won in July 1994 were no better than  those who had lost.” Pourquoi le monde (la communauté internationale) a-t-elle ignore ce deuxième génocide? Robert Krueger répond : « To acknowledge it would mean that the UN and the outside world needed to  do something about it. » Dans son mot d’introduction, Robert Krueger  s’en prend à ceux qui, à travers le monde, croit que Kagame a arrêté le génocide au Rwanda. Pour lui, il n’en est pas question. Au Rwanda, Kagame ne vole pas tout simplement les élections, il vole aussi les vies humaines et cela depuis 1994. Et le comble est qu’il l’étend au Congo (RD) en soutenant le M23 et les autres groupes de miliciens.  Robert Krueger qualifie le pouvoir de Kagame de dictatorial, l’accuse d’avoir fraudé aux dernières élections et d’avoir contraint ses opposants au silence,  à l’exil et d’en avoir tués.
Le 18 décembre 2012, trois jours après ce texte de Robert Krueger, Barack Obama s’entretient au téléphone avec Paul Kagame. Il l’exhorte à cesser  de soutenir non seulement le M23 mais aussi les autres groupes armés déstabilisant la RDC. Il y a une certaine ressemblance de discours entre ces deux membres du Parti  Démocrate américain. Cette ressemblance de discours apparaît après que certains compatriotes et experts de l’ONU aient été parlé de  « la crise dévastatrice dans l’est de la RD Congo  » à la Chambre de la Commission des affaires étrangères (du Congrès Américain) et plus précisément au sous-comité sur l’Afrique, la Santé Mondiale et les Droits de l’homme le 11 décembre 2012.
Un ex-expert du Groupe de l’ONU ayant participé à l’élaboration du  dernier rapport  sur la guerre de l’est et publié le 21 novembre 2012 y a lu un texte dont les thèses se résument dans ce que Robert Krueger et Barack Obama ont dit de et à Kagame. Néanmoins, le texte de Steve Hege, parce que c’est de lui qu’il s’agit, soutient, avec des  preuves à l’appui, que Kigali (Kagame) travaille à l’avènement d’un Etat fédéral autonome  à l’est de notre pays. Le M23 et le CNDP ont accepté de s’adonner à l’accomplissement de cet objectif majeur.  Kigali travaille à la réalisation de cet objectif avec l’appui de Kampala (Museveni). Pour le cacher, ces deux messieurs, leurs armées et les milices qu’ils soutiennent servent aux Congolais(es) le discours qu’ils veulent entendre : ils leur parlent  du hold-up électoral, de l’imperium de Tshisekedi, de la mauvaise gouvernance, de la libération  des prisonniers politiques, du non-respect des droits de l’homme, de l’affaire Chebeya, etc.  « En outre, écrit Steve Hege, les Rwandais ont entrepris tous les efforts possibles pour dépeindre le Congo comme un  « un grand trou noir » en jouant sur les représentations coloniales de Joseph Conrad qualifiant l’Etat Congolais comme étant « le cœur des ténèbres ». » Et ce discours plaît bien aux impérialistes et aux néocolonialistes soucieux de mettre notre pays en coupes réglées.
La lecture du texte de Steve Hege est riche en révélations. Même s’il ne fait pas allusion au soutien des parrains du Rwanda à Kagame après leurs sanctions symboliques.
Donnons deux exemples. Les gouvernants (usurpateurs de Kinshasa) n’ont pas dénoncé un peu tôt l’implication de l’Ouganda dans le soutien offert au M23. Steve Hege écrit : « Le gouvernement Ougandais a reconnu officiellement lors d’une réunion avec le Groupe d’experts au début d’octobre que ce soutien a effectivement eu lieu. Un officier de police Ougandais désigné a déclaré que le gouvernement prendrait des mesures pour enquêter et arrêter  les personnes impliquées. Le gouvernement de la RDC est pleinement conscient de ce soutien par des individus au sein du gouvernement de l’Ouganda, mais a choisi de ne pas dénoncer, espérant convaincre les Ougandais qu’ils ont plus à gagner en travaillant avec Kinshasa qu’avec Kigali. »
Dans l’entre-temps, Kinshasa caresse aussi Kigali dans le sens de ses poils. Il n’est pas disposé à participer à la collecte d’informations sur le Rwanda. « Durant  les étapes initiales de la rébellion, écrit encore Steve Hege, des représentants du gouvernement Congolais ont cherché même à entraver notre accès à des informations clés sur l’implication Rwandaise, préférant traiter ces questions de façon discrète entre Kigali et eux-mêmes. »
Cette ambiguïté du pouvoir usurpateur de Kinshasa, c’est-à-dire  Joseph Kabila et son clan, est une écharde dans la chair de notre pays. L’infiltration de nos institutions étatiques  par « les clients »  de Kigali et de Kampala nous  convainc davantage que les dépeceurs de notre pays travaillent patiemment à son émiettement.  A Kinshasa, à Goma comme ailleurs dans notre pays, nous devrions être attentifs à la menace de l’amnésie collective. Le Rwanda, l’Ouganda et leurs parrains sont à la fois cyniques et patients. D’ailleurs, « certains anciens officiers du CNDP ont répété, écrit Steve Hege, que lorsque les Rwandais leur avaient convaincus de se joindre à l’armée congolaise, ils leur avaient dit de « faire preuve de patience ». Nous arriverons à l’objectif (ultime), faites-nous confiance, leur avaient-ils demandé. »  Pour qui sait que certains officiers du CNDP sont à Kananga, que certains autres homme politique de ce mouvement politico-miliaitre ont été validés comme députés à l’Assemblée nationale, nous avons, en tant que Congolais, du souci à nous faire.
Dans ce contexte, quand nos  docteurs en sciences politiques et les autres professeurs-docteurs viennent nous affirmer que le M23 peut être un début de solution à notre disparition en tant que peuple, nous avons envie de demander que tous les diplômés des universités occidentales soutenant cette thèse chez nous soient déchus de leurs titres pour avoir cédé à l’amnésie collective. Non. Le M23=l’AFDL=le RCD=le PPRD=le CNDP et peut-être, demain, il sera égale au  M25. Nous n’avons pas à nous leurrer. L’émiettement du Congo demeure l’objectif majeur des impérialistes, des colonialistes des néocolonialistes et de « leurs nègres de service » depuis la traite négrière jusqu’à ce jour. Leur rhétorique officielle est mensongère.
Cela étant, il se pourrait qu’un changement intervienne dans notre sous-région. Que Kagame soit remplacé par Paul Rusesabagina  ou par un autre. Les prises de positions de Barack Obama et de Robert Krueger peuvent être interprétées comme des signes du début de  « la fin d’une ère » au cours de laquelle Kagame et le FPR ont décidé de la pluie et du beau temps au Rwanda et dans la sous-région des Grands-Lacs. Elles témoignent que Paul Kagame a violé le droit humanitaire international. (Si nous avions un gouvernement responsable, il prendrait les parrains de Paul Kagame au mot en le traduisant devant la Cour Internationale de Justice. Ne fût-ce que de manière symbolique.) Néanmoins, pour ceux qui ont une certaine maîtrise de l’histoire du monde, il n’y a pas plusieurs exemples où les interventions US ont bénéficié aux peuples exploités et opprimés par les dictatures ayant  joui du soutien de l’élite dominante anglo-saxonne[1]. Si un changement intervenait dans la sous-région des Grands-Lacs,  il n’est pas sûr qu’il soit à l’avantage de nos peuples. N’empêche qu’il puisse entraîner Kagame et « ses chevaux de Troie » du Congo.
Nous devons rester attentifs parce que l’ennemi commun des peuples de Grands-Lacs peut capituler mais il ne se convertira jamais. Frantz Fanon nous avertissait déjà sur le modus operandi de cet ennemi en commentant l’assassinat de Lumumba en ces termes : « « Notre tort à nous, Africains,   est d’avoir oublié que l’ennemi ne recule jamais  sincèrement. Il ne comprend jamais. Il capitule, mais ne se convertit pas. Notre tort est d’avoir cru que l’ennemi avait perdu de sa combattivité et de  sa nocivité. »       
Du reste,  à partir du moment où Barack Obama a parlé à Paul Kagame (et à Kabila), les négociations de Kampala ne sont plus que des formalités sans réelles incidences sur les décisions que ces « deux nègres de service » (Kagame et Kabila) vont imposer à leurs valets. Toutes les négociations avant celles de Kampala ont suivi le même schéma[2]. Contrairement aux apparences.
Il serait aussi un fait que « ces deux nègres de service » jouent leurs dernières cartes. Mettre à nu Kagame et le FPR est une entreprise périlleuse pour les actuels et les anciens membres de ce parti politico-militaire. L’histoire pourrait nous réserver des surprises ! Le PDR-I saura-il changer la donne ? Ce n’est pas encore  très sûr. Il appartient aux patriotes et autres résistants Congolais de demeurer vigilants de façon que les changements dans notre sous-région  ne nous tombent dessus sans que nous y ayons participé comme véritables acteurs…

Mbelu Babanya Kabudi


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