Délégation congolaise aux Nations-Unies, New York 1960
Thomas Kanza et André Mandi vers l'Assemblée générale
LE 30 JUIN 1960
LES POLITICIENS ÉTAIENT POLITICIENS
LES SYNDICALISTES ÉTAIENT SYNDICALISTES
Mbuta cliquez "Congo-avenir" Rochereau
PRÉAMBULE
Cependant, depuis le code du travail outre-mer appliqué dès 1953 dans les territoires français, les Dirigeants de l'APIC et des deux grandes centrales syndicales aboutissement au décret du 25 janvier 1957 par lequel le "Ministre Buisseret" consacre le principe du droit d'association. Deux ans plus tard, le 20 mai 1959, un protocole social était signé à Léopoldville entre les Représentants du patronat et les Représentants des Syndicats. En même temps le gouvernement belge mettait fin définitivement au régime des sanctions pénales aux travailleurs. Par ailleurs les syndicats tentaient de faire reconnaître le principe "À travail égal, salaire égal". Source : Robert Cornevin, Histoire du Congo-Léo, le demi-siècle belge, pg 212.
I. LES POLITICIENS DES ANNÉES '60
SAVAIENT CE QU'ILS FAISAIENT
MBUTA KIASSI,
Bo-Boliko licencié en sciences
sociale de Louvain est un des
nos premiers syndicalistes 1956.
Photo du mois d'octobre 1960
"Presque tous les "politiciens" de l'époque ne comprenaient pas grand'chose de ce qu'ils faisaient. Ils confondaient facilement organisation syndicale et organisation politique. En tout cas, si les leaders congolais ne comprennent pas encoregrand'chose à ce niveau de nos jours, ne me dites pas que ceux de 1960 étaient encore mieux! Ce serait de la magie."Mastaki Bayange via Kiassi, le 18 février 2013, Congocitizen.
J'ai trouvé bon avant de répondre à votre question revisiter l'"histoire du syndicalisme congolais" en reproduisant les lies grandes lignes de son introduction en RDC et faire ensuite le profil de nos pères avec les compétences qualifiées de leur époque. L'"histoire du Syndicalisme au Congo" est très ancienne et nos parents, comme nos grands parents, savaient très bien faire le distinguo.
Néanmoins, je dois commencer par m'indigner de ces propos : "prendre nos pères pour des gens qui ne savaient pas ce qu'ils faisaient". Car, cette affirmation-là ne s'arrête pas qu'à ceux qui ont été impliqué dans le processus de la décolonisation à la "Table-Ronde", mais l'incidence du mépris s'étend à tout le Congo de l'époque, car les auditeurs de nos pères, comme acteurs impliqués dans le mouvement de l'indépendance, est vu comme une intrusion d'illettrés dans un espace des sciences politiques qui échappent à leur intelligence, leur lucidité et leur humanité. Dire que ce sont ces pères-là qui ne savaient pas ce qu'ils faisaient qui ont produit les :
- Elykia Mbokolo ;
- Pierre Kalala ;
- Makombo Mutamba ;
- Kinzonzi Zatho ;
- Idi Mane ;
- François Kandolo ;
- Toute la génération des Universitaires congolais ;
- Et nous par la suite de la descendance acquise de nos pères.
Il y a là, une méprise de haute indigestion intellectuelle qu'il faille réprimander et rendre à celui qui proféré cette insulte, une réponse qui l'oblige à se rétracter. Et s'il ne veut pas, que tous, au moins, nous lui disions notre désaveu, car nos pères ne méritent pas telle affront de quelqu'un qui n'a pas leur âge et qui n'a aucun accomplissement à exhiber que des mensonges et des injures qui dégradent notre nation. Les propos de "Mastaki" sont tout simplement ignobles, c'est un manque de respect à toute la nation, aux nôtres et aux siens comme parents et comme filiation partagée dans la République Démocratique du Congo, notre pays.
Devrai-je croire qu'Anicet Kashamura, Weregemere, Jean Mirhuho, Denis Paluku avaient été des personnalités nulles ? Car, s'il faut juger ailleurs, enRDC, le point radial de tout le début du questionnement demeure et reste le "Kivu". L'indépendance du Congo a mobilisé ces personnalités et celles-ci ont dit"Oui" pour la décolonisation sans se faire prier. Dès lors, je me demande interloqué si ce oui qui fut leur approbation pour l'indépendance du Congo n'était-là qu'une disposition d'ignorant qui engagent leur honneur et leur dignité dans une sale entreprise.
En tout cas, les pères de l'indépendance ne sont pas seulement les "Délégués à la Table-Ronde", mais ils sont aussi tous leurs contemporains qui ont soutenu la démarche des figures majeurs parties négocié la souveraineté nationale en Belgique. Pour "Mastaki Bayange", ce sont hommes ne comprenaient rien de ce qu'il faisaient et confondaient syndicat et parti politique. C'est la conclusion catégorique, liminaire et lapidaire de "Mastaki Bayange" qui présente nos pères et leurs compagnons politiques de l'époque pour des bougres. Retenez que les politiciens des années '60 savaient ce qu'ils faisaient et ne confondaient pas politique et syndicalisme, celui qui dit ça insulte nos pères.
II. HISTOIRE DU SYNDICALISME CONGOLAIS
MBUTA KIASSI,
Jason Sendwe et Kalonji Mutambayi sont
des Syndicalistes Congolais formés aux USA
dans les années '50 par AFL-CIO à N.Y.
Regardons maintenant ce qu'était le Congo syndical à l'époque de nos pères et de nos grand'pères. Le syndicalisme au Congo-Belge a commencé d'abord par couvrir le secteur de l'emploi sous la gouverne des Belges, mais les agents commis à l'administration de la médiathèque de ce mouvement étaient congolais. C'est le 20 mars 1920 que naît le premier syndicat au Congo, l'"Union Générale des Ouvriers du Congo" dont le siège administratif et la l'enregistrement corporative se fait à "Élisabethville", la ville de Lubumbashi actuelle. Les Belges qui n'étaient pas nombreux tentèrent de faire reconnaître"les Congolais" dans cette association en 1931, puis en 1940 dans l'"Association Professionnelle des Agents de l'Union Minière et filiales" (AGUFI). Le patronat belge refusa, mais la puissance de ce mouvement dérogea à cette contrainte en faisant des Congolais des travailleurs affiliés, car les efforts de guerres demandaient beaucoup d'heures de travail, soit 8 heures à 10 heures par jours.
C'est ce Syndicat qui a coopté Sendwe
Jason et Kalonji Mutambayi avec bourse
- États-Unis d'Amérique ;
- Grande Bretagne ;
- Canada et Commonwealth ;
- France-Libre (De Gaulle) ;
- Italie (libéré de Mussolini) ;
- Chine nationaliste (par incidence de la guerre du Pacifique), etc.
Alors, défiant toute contrainte du pouvoir colonial, les Belges d'Élisabethville intégrèrent les Congolais, en 1942, dans l'un de leurs syndicats qui s'élevaient au nombre vingt sept dans le Katanga entier. Ce conglomérat syndical se nommait UGEAPROF-CONGO soit Union Générale des Associations Professionnelles du Congo. Il naquit encore d'autres syndicat, rien que dans la Province du Katanga de cette époque-là dont il n'est pas nécessaire pour moi de nommer. Il reste cependant un événement dont on ne peut pas taire l'historicité, ce fait qui démontre l'antériorité du syndicalisme au Congo et qui prouve que les politiciens congolais de 1960 ne pouvaient pas confondre syndicat et parti politique.
Mineur de l'UMHK dans la galerie de Kipushi, année 1954
Cette mine est nommé à l'époque Prince Léopold, Katanga
Apeurés par cette manifestation que soutenaient aussi une frange des travailleurs blancs, les Belges rassemblèrent les travailleurs congolais en prenant soin de soustraire les Belges de cette sélection, puis les amenèrent au "Stade de football d'Élisabethville". Le Commandant militaire en poste, probablement le "Major Massart", dans la "Commune de Lubumbashi" ordonna à la troupe de la "Force Publique" de tirer sur les Manifestants que l'on invité au stade sous prétexte de signer une entente cadre. Bilan 5.000 tués. Aujourd'hui, les Belges ont modifiés le chiffre en le ramenant à 400, mais telle n'est pas la vérité. Cette histoire avait fait le tour du Congo, car les chefs coutumiers de toutes les provinces n'ont pas eu peur d'exprimer leur désapprobation de la tuerie massive des Congolais pour les obliger à travailler dans les mauvaises conditions.
Tableau dépeignant le massacre des Congolais au Stade Albert 1er
9 décembre 1941 à Élisabethville et exposé au Musée de Brooklyn
aux États-Unis, il est dans la section UMHK, signé par Tshibumba
En somme, cette déclaration diffamatoire de "Mastaki Bayange" est ignoble par son intentionnalité et son jugement sur nos parents, les Congolais d'avant nous. Il est important que je vous dise que la notion de syndicalisme au Congo est bien plus ancienne que n'importe qui va vouloir la dépeindra à sa complaisance. Le syndicalisme d'action est né à Lubumbashi, mais il a vite rejoint les autres provinces au début des années cinquante comme à Léopoldville qui a vu à son tour naître les syndicats dans les maillons des entreprises à fort concentration d'employés, à savoir :
- L'OTRACO ou Onatra aujourd'hui ;
- MARSAVCO, je ne sais plus comment elle s'appelle actuellement ;
- CHANIC et CHANIMÉTAL ;
- SAFRICAS et AUXELTRA-BETON
- Les Compagnies multiples de Kingabwa et de l'Avenue des Poids Lourds, etc ...
Lorsque ce massacre eut lieu, les rapports entre Congolais et Belges n'étaient plus les mêmes du tout. Ce qui advint, la colère prit le dessus et les Congolais. Certes, officiellement, ces derniers sont interdits d'avoir des centrales syndicales, mais sur le terrain, ce n'est pas cela qui arrive. L'homme blanc censé contrôler les mouvements d'humeurs des travailleurs se trouva très vite débordé. En avril 1942, par une action conjuguées, bien entendu avec certains belges, britanniques et américains complices qui voulaient faire avancer leurs promotions, n'hésitèrent pas de jouer aux attiseur de feu chez les Congolais. Il eut des grèves presque simultanées à "Élisabethville", à "Matadi" et à "Léopoldville". Et encore-là, la Force Publique tira dans la foule en faisant plusieurs milliers de morts congolais.
Al-Roger Kithima
ou Bin Ramazani
Malheureusement, ce syndicat mixte et les efforts de syndicaliser les Congolais arrivèrent tard. Il n'empêche que le Parlement belge accorda aux Congolais, avec ou sans syndicat, un droit raisonnable d'arrêter le travail. Ce sont les ordonnances successives du 17 mars, du 6 avril et du 20 janvier 1948 qui augurèrent le pré-syndicalisme que les Congolais devait assumer soit en s'associant aux syndicats belges soit à imaginer leur propre façon de faire, lequel demeurait une activité à risque. C'est ainsi qu'en 1955, "Patrice Emery Lumumba", après avoir reçu sa carte d'immatriculée, celle accordant plus de liberté d'action, crée le premier syndicat congolais, l'"APIC" ou "Association du Personnel Indigène de la Colonie", c'est-à-dire le Congo-Belge.
Mr. Arthur Pinzi, à côté de l'ABAKO,
le Syndicat APIC a été un de ses atouts
de campagne électorale à la Mairie de Kalamu
pour les "voix supplémentaires des Bangalas".
Kalonji Mutambayi syndicaliste
Formé en partie aux États-Unis
Dernière photo avant sa disparition
En un mot, sur ce chapitre des politiciens, en 1960, les politiciens savaient ce qu'ils voulaient faire n'eut été les ingérences extérieures qui ont dérangé les relations des politiques congolais. Le "Syndicalisme" n'était pas une étrangéité pour les Congolais de la génération de nos pères. La nature du travail auquel ils étaient exposés a faire suscitait le besoin de justice sociale dès par l'observation. Aussi, les Belges, dès les années '20, pour se sentir soutenus recouraient à la pression par les arrêts de travail négocié avec les Congolais. Prendre les politiciens de q960 pour des gens qui ne savaient pas ce qu'ils faisaient, il faut vraiment ne pas être "Congolais" pour dire ces bourdes-là, car ces hommes qui ont fait la "Table-Ronde", quels que furent nos divergences d'opinion, c'est bien là une façon ignoble de traiter nos parents grâces auxquels, nous avons ces facilités de nous mouvoir du Congo à l'étranger. Cela, c'est l'héritage de ceux qui ont négocié l'indépendance.
C'est comme cela "Mbuta Kiassi", je vous réponds sur l'attente que vous m'aviez communiqué. Seulement, au lieu que l'on nous apprenne comment "Auguste Buisseret" a implanté le "Rwandais au Congo", la réponse ne vient pas on s'en prend à Lumumba commun délinquant. Les politiciens congolais n'étaient des idiots ou des confusionnistes, ils étaient chacun sur son terrain, chacun dans son parti sans se confondre aux Délégations syndicales. Ce qui est arrivé est d'abord et surtout le résultat d'un complot bien organisé depuis l'étranger. On peut reprocher, souvent par mauvaise foi que par ojectivité, à ces hommes ce qui n'a pas marché, mais on n'a pas le droit de les ridiculiser, l'indépendance est bel et bien là, c'est à notre tour de nous battre pour la préserver et parvenir à ne pas laisser sombrer le Congo dans la balkanisation. Nos père savaient faire la part des choses et savaient établir la différence entre la politique et le syndicat. Dire le contraire c'est hideux.
(À Suivre)
Djamba Yohé
Votre frère Mbuta Kiassi,
Ottawa, le 18 février 2013,
Canada