© Junior D. Kannah / AFP
Quinze jours après la remise au conseil des droits de l'homme de l'ONU d'un rapport sur la crise au Kasaï qui renvoyait tous les acteurs, gouvernement et miliciens Kamuina Nsapu dos à dos, le groupe d'études sur le Congo (GEC) publie à son tour un rapport sur cette crise dans la région des Kasaï. Un rapport qui cette fois impute l'essentiel de la responsabilité de la crise au gouvernement congolais et qui dénonce la répression menée par les forces de sécurité. Pour ce qui est des conclusions, les experts de l'ONU comme du GEC appellent à mettre fin à l'impunité pour les crimes commis au Kasaï et notent que très peu de procédures ont été lancées.
Pour les experts de l'ONU sur le Kasaï, la milice Kamuina Nsapu est un groupe armé structuré qui a organisé une attaque généralisée sur cinq provinces en six mois, malgré le déploiement de 7000 militaires.Pour le groupe d'études sur le Congo, la milice créée par le chef Kamuina Nsapu s'était déjà divisée en plusieurs groupes dès le mois de septembre 2016, un mois après la mort de son chef, et la propagation du conflit s'explique par l'existence de conflits coutumiers nés d'une politisation du rôle de chef par les autorités, la répression brutale des forces de sécurité et la marginalisation de ces provinces, réputées proches de l'opposition.
Pour l'ONU, c'est un conflit armé qui n'a rien à voir avec le processus électoral en cours. Pour le GEC, cette crise a été aggravée par le maintien de Joseph Kabila au pouvoir et l'assimilation de certains chefs coutumiers à l'opposition.
Pour l'ONU, le gouvernement a négocié avec la milice Kamuina Nsapu et son chef mais ils se sont obstinés. Pour le GEC, c'est parce que Kinshasa a choisi d'user de la force et n'a pas offert de solution négociée que l'insurrection s'est propagée sur quatre provinces. En cinq mois d'enquête, les experts de Genève n'avaient pas non plus documenté d'autres milices pro-gouvernementales que les Bana Mura.
Pour le GEC qui a disposé de plus de temps, mais de moins de moyens, le gouvernement a dès janvier 2017 cherché à coopter des factions Kamuina Nsapu et en mai 2018, avait réussi pour la plupart d'entre elles.
Les communiqués initiaux de la Monusco sur le Kasaï ont dénoncé la violence, mais dans des termes très généraux (...). Nous pointons aussi le doigt sur l'Unicef...
Jason Stearns, directeur du Groupe d'études sur le Congo