FORCES ACQUISES AU CHANGEMENT
« FAC »
DECLARATION DES FAC EN RAPPORT AVEC LE PROJET D’ACCORD-CADRE SUR LA PAIX, LA SECURITE ET LA COOPERATION POUR LA RD CONGO ET LA REGION
Point n’est besoin de rappeler que notre pays, la République Démocratique du Congo, traverse une des périodes les plus difficiles de son histoire. Malheureusement, tout porte à croire qu’il n’y a pas de réelle volonté politique, de la part du pouvoir en place, de trouver des réponses appropriées aux nombreux problèmes qui étranglent la vie de la nation, mettant celle-ci ainsi que tout le peuple congolais en danger.
Aussi, plutôt que de jouer le rôle qui lui revient dans le concert des nations comme acteur-pilier de la paix et du développement, la RD Congo, comme Etat, a failli dans ses missions régaliennes. La faiblesse de ses institutions contribue singulièrement à la persistance des cycles de violence et d’instabilité dans la partie Est de notre pays.
Sur le plan interne, il ne se dégage aucune volonté politique du pouvoir en place dans le sens de mobiliser le peuple congolais et de l’engager dans la recherche des solutions qui s’imposent.
En l’absence donc d’une initiative congolaise bien pensée, la Communauté Internationale a proposé un projet d’accord-cadre « élaboré et soutenu par elle », selon les termes de Monsieur Johnnie Carson, le Sous-Secrétaire d’Etat américain aux affaires africaines, comme « seule solution » à la crise sécuritaire qui sévit dans la partie Est de notre pays.
Cet accord-cadre, dont la signature est prévue pour le 24 février prochain, oblige notre pays, les pays de la région des grands lacs ainsi que la communauté internationale à prendre certains engagements en vue d’assurer la paix, la sécurité et la coopération dans la région.
S’agissant de notre pays, il devra :
a- S’engager à poursuivre les réformes profondes dans le secteur de la sécurité, particulièrement dans l’armée et la police ;
b- Consolider l’autorité de l’Etat particulièrement dans la partie orientale du pays et faire en sorte que les groupes armés ne puissent déstabiliser les pays voisins ;
c- Poursuivre la décentralisation ;
d- Assurer le développement économique du pays notamment par le renforcement des infrastructures et la fourniture des services sociaux de base ;
e- Opérer des réformes structurelles des institutions gouvernementales y compris des réformes financières ;
f- Faire avancer le processus de réconciliation des congolais, veiller à la tolérance, au droit à la citoyenneté pour tous les congolais et consolider la démocratie.
Ces engagements de la RD Congo appellent de notre part les observations ci-après :
a- Près de 53 ans après notre indépendance, les solutions aux problèmes congolais sont toujours l’œuvre de la Communauté internationale ;
b- Toutes les matières ci-dessus sur lesquelles le gouvernement congolais devra s’engager devant les pays de la région ainsi que devant la communauté internationale sont des matières qui relèvent de la souveraineté d’un Etat tel que posé dans l’article 1er de la Constitution de la République ;
c- Les questions liées à la formation d’une armée nationale, restructurée et intégrée, à la restauration de l’intégrité territoriale, au rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national et à la réconciliation nationale ont pourtant été consignées dans l’accord global et inclusif, signé le 17 décembre 2002 en Afrique du Sud, comme objectifs de la transition. Ceux-ci n’ont pas été réalisés par manque de volonté politique du pouvoir en place, ayant privilégié par exemple le démantèlement de 18 brigades intégrées mises en place pendant la transition ainsi que les mécanismes nébuleux de « brassage et mixage » ;
d- La question de la décentralisation est réglée par l’article 2 de la constitution, et à ce sujet, une loi portant sur les limites des provinces et une autre relative aux modalités d’installation de nouvelles provinces ont déjà été adoptées au Sénat et transmises à l’Assemblée nationale pour examen.
e- Le droit de tout congolais à la citoyenneté est une matière réglée par la Constitution et les lois de la République ;
f- En tout état de cause, comme traité de paix, cet accord-cadre devra être ratifié ou approuvé par le Parlement congolais conformément à l’article 214 de la constitution.
PROPOSITION
Autant la RD Congo a ses problèmes, autant certains de ses voisins ont les leurs. C’est ainsi par exemple que les questions de la réconciliation, de la démocratie et du respect des droits humains intéressent aussi bien la RD Congo que certains de ses voisins. Voilà pourquoi, nous proposons qu’il soit retenu, parmi les engagements à prendre par tous les pays de la région, celui de promouvoir la démocratie, la réconciliation nationale et le respect des droits humains dans leurs pays respectifs.
De ce qui précède, il y a lieu de rappeler à tous les congolais que l’avenir et le devenir de notre pays se jouent malheureusement en dehors de nos frontières et l’impasse politique actuelle fait le lit de ceux qui veulent balkaniser notre pays. Et voilà, le pays est aujourd’hui suspendu à une mise sous-tutelle formelle qui ne dit pas son nom.
C’est le lieu pour les Forces Acquises au Changement de rappeler à l’opinion tant nationale qu’internationale que la RD Congo n’est ni la Yougoslavie ni même le Soudan en ce qu’elle a ses particularités sociologiques qui n’ont rien à voir avec les réalités des pays précités.
Dans cet environnement délétère, seul un dialogue franc et sincère, que nous appelons de tous nos vœux, peut amener à une réconciliation véritable de toutes les filles et tous les fils de ce pays et ainsi créer un nouveau décor politique qui permettrait de jeter, dans la paix, les bases d’une démocratie apaisée et d’un début de développement durable du pays.
Voilà pourquoi, les Forces Acquises au Changement prient instamment les instances de l’Union Africaine et des Nations-Unies à désigner un médiateur international crédible pour entamer les consultations avec toutes les forces vives de la nation congolaise en vue de la tenue rapide de ce dialogue.
Il y va de la survie de toute une nation.
Vive la République Démocratique du Congo
Vive les Forces Acquises au Changement
Fait à Kinshasa, le 20 février 2013.
Pour les FAC
Martin M. Fayulu