by Guylain Gustave Moke Munsche Mvula |
Le gouvernement serbe a donné lundi son feu vert à l'accord en vue de normaliser les relations avec le Kosovo, paraphé le 19 avril sous l'égide de l'UE, 14 ans après la fin du conflit serbo-kosovar et cinq ans après l'indépendance proclamée par l'ancienne province serbe.![photo-1366620584276-1-0_1527991_465x348p[1]]()
![photo-1366620584276-1-0_1527991_465x348p[1]](http://guylainmoke.files.wordpress.com/2013/04/photo-1366620584276-1-0_1527991_465x348p1.jpg?w=300)
Belgrade "a accepté le premier accord sur les principes qui réglementent la normalisation des relations, qui est le résultat du dialogue avec le Kosovo à Bruxelles. Le gouvernement a ordonné aux ministères (...) de prendre les mesures nécessaires pour mettre en oeuvre l'accord et poursuivre l'application des accords déjà existants avec les représentants des institutions de Pristina", indique un communiqué du cabinet du Premier ministre serbe, Ivica Dacic.
Le parlement serbe doit également se prononcer dans la semaine sur cet accord, mais la coalition au pouvoir dispose d'une confortable majorité et ne devrait pas rencontrer d'obstacle. A Pristina, dans la nuit, le parlement a adopté une résolution affirmant "son soutien et donner son aval à l'accord sur la normalisation des relations" entre le Kosovo et la Serbie.
Ces annonces sont intervenues alors que les ministres de l'Union européenne chargés des Affaires européennes se réunissent à Luxembourg pour discuter entre autres des rapports de la Commission européenne sur la Serbie et le Kosovo. La Serbie souhaite vivement que Bruxelles lui octroie rapidement une date pour démarrer ses négociations en vue de son adhésion à l'UE, conditionnée par un accord avec son ancien ennemi.
L'accord porte sur le degré d'autonomie accordé aux 40.000 Serbes du nord de ce territoire.
L'accord porte sur le degré d'autonomie accordé aux 40.000 Serbes du nord de ce territoire.
Les 15 points du texte n'ont pas été rendus publics par l'UE, mais selon une version non-officielle publiée par la presse kosovare, les Serbes vont notamment nommer le chef de la police régionale et auront la gestion des tribunaux, là où ils sont majoritaires, tout en "fonctionnant au sein des institutions légales du Kosovo".
Des solutions satisfaisantes pour Belgrade mais inadmissibles pour les Serbes largement minoritaires du Kosovo, dont les quelque 1,8 million d'habitants sont à 90% Albanais.
Des solutions satisfaisantes pour Belgrade mais inadmissibles pour les Serbes largement minoritaires du Kosovo, dont les quelque 1,8 million d'habitants sont à 90% Albanais.
Les Serbes du nord du Kosovo vont ainsi manifester à Kosovska Mitrovica à 10H00 GMT pour protester contre cet accord et faire valoir que cette région frontalière de la Serbie, où ils sont majoritaires et qui échappe au contrôle de Pristina, "sera pour toujours une partie de la Serbie".
Samedi, le Premier ministre kosovar, Hashim Thaçi les a néanmoins encouragés "à ne pas avoir peur de l'accord et des institutions du Kosovo" et leur a promis "de nouvelles opportunités pour des investissements, développements, emplois et la création d'un environnement démocratique et multiethnique". "L'accord est dans l'intérêt du Kosovo, de la Serbie et surtout dans l'intérêt des Serbes du nord" du territoire, a-t-il assuré.
Une campagne de frappes aériennes de l'Otan au printemps 1999 a chassé les forces serbes du Kosovo et mis fin à la répression qu'elles menaient contre la guérilla et la population civile. Neuf ans plus tard, appuyé par les États-Unis et une majorité des pays de l'UE, Pristina proclamait une indépendance que Belgrade refuse toujours de reconnaître.
Les principaux acteurs au pouvoir aujourd'hui à Pristina et à Belgrade, à l'origine de l'accord arraché sous la pression de l'UE, se faisaient encore la guerre il y a 14 ans.
Les principaux acteurs au pouvoir aujourd'hui à Pristina et à Belgrade, à l'origine de l'accord arraché sous la pression de l'UE, se faisaient encore la guerre il y a 14 ans.
Le Premier ministre kosovar était le chef de la guérilla, alors que son homologue serbe était le porte-parole de l'ex-homme fort de la Serbie, Slobodan Milosevic, décédé en 2006 dans la prison du TPIY, qui le jugeait pour sa responsabilité dans les conflits ayant déchiré les Balkans dans les années 1990.
Le président serbe Tomislav Nikolic et l'actuel numéro 2 du gouvernement, le très influent Aleksandar Vucic, étaient respectivement vice-Premier ministre et ministre de l'Information de Milosevic.
Par Guylain Gustave Moke
WordPress/AFP