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Nelson Mandela est mort

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Nelson Mandela (ici en juin 2008). Le Sud-Africain resta jusqu’au bout un homme gai, plein d’huma...
( DYLAN MARTINEZ / AP)

Nelson Mandela (ici en juin 2008). Le Sud-Africain resta jusqu’au bout un homme gai, plein d’humanité, s’exprimant sans aucune violence.

Bâtisseur d’une nouvelle Afrique du Sud, symbole de non-violence, l’ancien président sud-africain était l’un des hommes les plus admirés de notre époque.
AVEC CET ARTICLE
Depuis de nombreuses années, Nelson Mandela arrivait immuablement en tête des personnalités les plus populaires de la planète. On ne compte plus le nombre de rues, de places ou d’écoles portant le nom de celui que l’archevêque anglican Desmond Tutu avait qualifié d’« icône mondiale de la réconciliation ». L’ancien président sud-africain avait même été contraint de déposer comme une marque son nom, son surnom xhosa « Madiba » et même son numéro de matricule au bagne de Robben Island.
Figure presque mythique pendant ses vingt-sept années de prison, Mandela personnifia, aux yeux de l’opinion internationale, la lutte non-violente contre le système d’oppression qu’était l’apartheid. À la fin des années 1980, plusieurs chansons qui lui étaient consacrées, dont Mandela Day, du groupe écossais Simple Minds, et Asimbonanga (« Nous ne l’avons pas vu »), du Sud-Africain Johnny Clegg, atteignirent la tête des ventes de disques à l’échelon mondial.
Des années de bagne, Mandela était sorti affecté physiquement, mais extraordinairement lucide et volontaire. Cette énergie et cet appétit de vivre lui permettront, durant sa présidence et jusqu’à la fin de son existence, de personnifier aux yeux du monde la « nouvelle Afrique du Sud » et plus largement l’esprit de réconciliation. 
Après avoir désamorcé les affrontements entre l’ANC et les Zoulous du parti Inkatha, Mandela fut le premier président noir de son pays, accomplissant la délicate transition vers un régime multiracial. Triomphalement élu lors du premier scrutin multiracial, le 27 avril 1994, Mandela affiche dès son discours d’investiture sa volonté de bâtir une « nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde ».

IL GAGNE PEU À PEU L’AFFECTION DES BLANCS MÉDUSÉS PAR SON ABSENCE D’AMERTUME

On lui doit notamment la création de la Commission vérité et réconciliation, qui inspira de nombreuses démarches similaires ailleurs sur la planète, et l’amorce du redressement économique de l’Afrique du Sud. Il gagne peu à peu l’affection de Blancs médusés par son absence d’amertume, symbolisée en 1995 par un maillot de rugby vert et or que Mandela enfile pour célébrer la victoire de la très blanche équipe nationale en Coupe du monde.
Le 1er juin 1999, au terme de son mandat, Nelson Mandela s’était promis de consacrer le temps qu’il n’avait jamais eu à ses petits-enfants et arrière-petits enfants et à Graça Machel, veuve du président mozambicain Samora Machel, épousée en 1998 le jour de ses 80 ans. « C’est un animal politique. Il ne se reposera jamais », avait alors prédit cette dernière.
De fait, un décompte effectué en 2008 révéla que l’agenda du vieil homme avait comporté 235 rendez-vous sur une période de douze mois. Cette même année, il plaisantait à propos des foules qui se pressent à chacune de ses rares apparitions, notamment lors de concerts géants organisés au profit de sa fondation. « Voir un nonagénaire en vrai doit être une tentation irrésistible ! », s’amusait cet homme au sens de l’humour réputé.
Ces années de retraite active n’épargnèrent pas le vieil homme, de plus en plus souvent appuyé sur une canne. Le 6 janvier 2005, il convoque la presse et annonce lui-même la mort d’un de ses fils des suites du sida. Makgatho Mandela faisait partie des 19 % de Sud-Africains porteurs du virus. Face à la politique de déni longtemps adoptée par son successeur Thabo Mbeki, Nelson Mandela ne s’interdira jamais de marteler ses convictions. Dès l’an 2000, il critiquait le « manque de fondement scientifique » des théories mettant en doute le lien entre sida et virus HIV, dont Thabo Mbeki se faisait alors le porte-parole.

LA FONDATION MANDELA POUR LA LUTTE CONTRE LE SIDA

Cette liberté de ton, il l’appliqua aussi, avec parcimonie, aux relations internationales. En 2003, il dit tout le mal qu’il pense de l’offensive américaine en Irak, accusant Washington de « plonger le monde dans le chaos ». Sa fidélité à l’égard de ceux qui avaient soutenu l’ANC dans sa lutte survécut aux revers de fortune des intéressés, qu’ils s’appellent Fidel Castro, Yasser Arafat ou Mouammar Kadhafi.
« Je ne pense pas que l’Histoire retiendra grand-chose à mon propos, déclarait-il en 2005. Je veux qu’on ne se souvienne de moi qu’en tant qu’élément d’un collectif », le Congrès national africain (ANC). Seul le soutien à la fondation portant son nom justifia ses dernières apparitions publiques. En juillet 2008, son 90e anniversaire fut amplement célébré en Afrique du Sud et donna lieu à un concert à Londres. 
Le matricule de Mandela à Robben Island – 46664 – fut gravé sur une série limitée de bracelets en or, en argent et en platine. La Fondation Mandela s’est fixé pour objectif d’en vendre 2,5 millions en dix ans et de récolter un milliard de rands (80 millions d’euros) pour la lutte contre le sida. C’est sans aucun doute cette cause qui perpétuera concrètement l’action de Nelson Mandela dans les années à venir. L’homme, quant à lui, est déjà entré dans l’Histoire.
Laurent d’Ersu

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