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Dédollarisation de l’économie : un saut dans le néant

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Publié le lundi 17 février 2014 07:58
 
Dédollarisation de l’économie : un saut dans le néant
La dédollarisation  exige une restructuration complète de l’économie congolaise et, surtout, une mise à niveau de la Banque centrale du Congo pour répondre à toutes les exigences qui en découleraient.
Or, avec un Institut d’émission sous capitalisé, croulant sous le poids d’un compte d’exploitation déficitaire, la dédollarisation s’apparente à un saut dans le néant.

Le franc congolais(FC), monnaie nationale de la République démocratique du Congo, peine toujours à remplir toutes ses fonctions monétaires. Attribut de la souveraineté du pays, le FC est obligé de circuler concomitamment avec d’autres devises étrangères, essentiellement le dollar américain. Au niveau du gouvernement, l’on s’est fixé désormais l’objectif d’accroitre davantage l’utilisation de la monnaie nationale dans les transactions courantes.

Une réforme a été engagée dans ce sens. Elle porte sur la dédollarisation de l’économie congolaise. Conscient des enjeux et du niveau d’enracinement des devises étrangères dans les mœurs commerciales et financières de la RDC, le gouvernement considère la dédollarisation comme une réforme longue et non coercitive qui doit être minutieusement encadrée pour ne pas créer la psychose dans le rang des opérateurs économiques.

Au niveau de l’Exécutif central,  l’on sait aussi que la bataille pour la dédollarisation implique une remise à niveau de la Banque centrale du Congo (BCC) pour répondre non seulement aux attentes du public mais surtout être en mesure de jouer pleinement le jeu dans cet environnement totalement réformé.

Que peut-on dès lors attende d’une BCC sous-capitalisée, qui peine déjà équilibrer son compte d’exploitations ? L’Institut d’émission du Congo est-il prêt à se dessaisir de toutes les commissions de change qu’il perçoit ?  C’est à ces questions et bien d’autres encore que le gouvernement doit préalablement répondre pour éviter que l’opération de dédollarisation ne soit une hécatombe pour l’ensemble de l’économie congolaise.

Malgré tout, au gouvernement, l’on ne désarme outre mesure. Bien au contraire, l’on croit avoir le contrôle de toutes les manettes nécessaires pour réussir cette opération. Pourtant, ce n’est pas la première fois que celui-ci se lance sur ce chantier. Bien avant, d’autres gouvernements, même sous la 2ème République,  se sont risqués sur ce terrain. Sans succès.

Il faut reconnaître qu’à ce jour, malgré la baisse significative de l’inflation et l’inscription dans la durée de la stabilité du taux de change, le niveau de dollarisation de l’économie congolaise demeure très élevé. L’essentiel des dépôts bancaires en RDC (89%) renseignent que les statistiques disponibles à la BCC est en devises étrangères. Il en est de même pour les crédits bancaires (95,2%), réalisés en devises étrangères.

AU COMMENCEMENT ETAIENT LES PILLAGES DES ANNEES 1990

Au commencement de la forte dollarisation de l’économie congolaise, il y a lieu de placer le double pillage de 1991 et 1992. Les décennies 1980 et 1990 ont été marquées dans l’ex-Zaïre par une crise économique multiforme. Celle-ci a conduit à la dégradation des infrastructures de base et au pillage de l’outil de production, au surendettement extérieur et à la rupture de la coopération internationale de même qu’à la dépréciation de la monnaie nationale vis-à-vis des devises étrangères (l’hyperinflation ayant atteint 9.769% en 1994).

Face aux incertitudes politiques et économiques, la préférence des opérateurs économiques et de la population s’est alors portée sur le dollar américain comme monnaie-refuge, afin de protéger leur pouvoir d’achat et de bénéficier de commodités et de discrétion dans les transactions commerciales. Ce fut alors la naissance de la «dollarisation» qui est, selon le professeur Daniel Mukoko, vice-Premier ministre, ministre du Budget, « l’usage d’une monnaie de refuge autre que la monnaie nationale dans les transactions économiques ».

C’est pour casser ce cycle infernal que le gouvernement de la République a levé l’option de limiter la circulation de la devise américaine dans des circuits prévus.

Il s’agit des banques et des grandes entreprises ainsi que lors des grandes transactions.

Pour le gouvernement, l’objectif serait que toutes les opérations commerciales se fassent en franc congolais, la devise nationale. La RDC est comptée parmi les rares pays au monde où des monnaies étrangères ont cours libératoires à côté de la monnaie nationale.

La situation est déplorée par de nombreux opérateurs économiques. Dans les villes et villages congolais, il est plutôt courant de constater que des opérations commerciales et financières sont conclues en dollars américains voire en euros ou francs CFA.

Le franc congolais, monnaie nationale, ne vient souvent que comme appoint. Gravissime situation d’autant plus que le changement prôné par le Premier ministre Matata et son équipe gouvernementale constitue un tournant décisif. Le dollar américain, une monnaie de référence et de refuge, est apprécié par les Congolais eux-mêmes ainsi que par tous ceux qui y ont élu domicile.

Le risque de dysfonctionnement est réel dans l’économie congolaise. Selon le président de la FEC, lors d’une intervention publique, plus de 16 milliards de dollars américains sont brassés hors du circuit formel. Cela s’est passé il y a quelques années déjà. Ce volume doit avoir explosé.

LES GARDE-FOUS NECESSAIRES

La solution drastique de Matata Ponyo est faisable pourvu que tout le monde en saisisse le bien-fondé et qu’il s’y mette. Ça, c’est d’un. De deux, une stratégie graduelle doit se mettre en place et se faire appliquer de manière responsable et durable.  Rien ne servirait à arrêter l’hémorragie comme par un coup de massue et obtenir à la fin un marasme certain.

La contraction de l’activité économique consécutivement à une pareille reforme pourrait conduire au suicide. Reste qu’il s’agit d’une voie obligée dont le gouvernement ne peut plus se détourner. Le saut dans le vide induit l’assurance d’un matelas prévue pour un atterrissage en douceur, sans fracas ni casse.

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