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Matata Ponyo Mapon, Premier ministre de la RDC, vante les opportunités d’un pays en plein boom et en voie de pacification « Les entreprises françaises doivent se réveiller »

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Publié le lundi 17 février 2014 11:26

(La Référence Plus) L’homme de la reconstruction. C’est l’homme des réformes économiques et sociales. Ministre des Financés de 2010 à mai 2012 puis Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, 49 ans, a introduit la bancarisation des fonctionnaires, mis en place la TVA, verrouillé les régies financières et lancé les grands chantiers de reconstruction.
Des progrès qui lui valent la bienveillance de la communauté internationale. Mais ses réformes, sa lutte contre les chasses gardées ne lui ont pas apporté que des amis. Certains dignitaires du régime lui en veulent et font pression sur le chef de l’Etat pour l’évincer Ce dernier pourrait néanmoins le garder au nom de l’efficacité. Les succès militaires de l’armée congolaise contre les groupes armés à l’Est du pays offrent de nouvelles perspectives économiques à la RDC, pays de plus de 70 millions d’habitants, l’un des plus grands de l’Afrique subsaharienne.

Après la victoire contre les rebelles du M23, où en est-on avec la reconquête du territoire?
Nos soldats ont obtenu en novembre une victoire éclatante et historique contre le M23. Dernièrement, l’armée congolaise a également conquis le quartier général d’un autre groupe armé, les ADF-Nalu, et les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) ont manifesté leur intention de rentrer au Rwanda. Nous allons continuer la pacification du territoire en désarmant et en éradiquant toutes les milices encore présentes dans le pays.
Comment ces victoires ont- elles été rendues passibles?

C’est le fruit d’un long travail de reconstruction de l’armée, de la gendarmerie, de la police et des services de renseignement avec l’appui notamment de la France, des États-Unis, de la Chine et de l’Afrique du Sud. Dans la région de Coma, pour combattre le M23, nous avons par exemple déployé des troupes mieux formées, mieux équipées  et aptes au combat.

Nos soldats sont aussi motivés depuis que nous avons bancarisé leurs soldes. Autrefois, certains chefs militaires avaient la fâcheuse habitude de détourner leurs traitements qui étaient versés en cash.

Ne craignez-vous pas que les groupes armés se réorganisent dans les pays voisins?
Lors de nos opérations, on a découvert des preuves évidentes de la présence rwandaise .sur le territoire congolais, comme une jeep militaire. Nous avons aussi arrêté des combattants étrangers. Et tous les rapports de l’ONU parlent d’un double soutien du Rwanda et de l’Ouganda. Pour anticiper les risques d’une nouvelle guerre, la communauté internationale doit aider à empêcher la recomposition, la réorganisation et le rééquipement de ces combattants qui sont allés se mettre à l’abri dans ces pays. Ces derniers doivent aussi extrader les criminels de guerre.
A quelles conditions des combattants pourront-ils bénéficier de la récente loi d’amnistie?
Dans le passé, on a réintégré trop de rebelles dans l’armée, qui ont ensuite repris le maquis. Cela a été le cas avec le M23. L’objectif est aujourd’hui de former de jeunes soldats loyalistes, de mettre à la retraite ceux qui sont en âge de l’être et de réinsérer dans la vie civile les autres. Toutefois, ceux qui ont commis les crimes les plus graves devront être jugés par la justice nationale. Et les criminels de guerre ou de l’humanité sont appelés à rendre des comptes devant la Cour pénale internationale.


Ces victoires offrent-elles de nouvelles perspectives économiques?
L’Est du p.ays dispose d’un énorme potentiel que nous pouvons valoriser après avoir déjà remis l’économie nationale sur les bons rails. En 2013, nous avons obtenu un taux de croissance de 8,5?%, le plus élevé depuis 1970, l’inflation est redescendue à 1?%, le taux le plus faible de notre histoire. Le taux de change par rapport au dollar est stable. Et la planche à billets a été définitivement rangée dans la cave. Notre défi actuel est dé rendre la croissance la plus inclusive en construisant des infrastructures, en investissant dans l’éducation et la santé, en améliorant le climat des affaires (fiscalité, justice...) Les investisseurs reviennent. Un appel d’offres sera prochainement lancé pour la construction du barrage hydroélectrique d’Inga III, de 4.800 MW. La puissance installée dans le pays est de 2.500 MW, ce qui est insuffisant pour répondre aux besoins. L’Afrique du Sud s’est engagée à acheter la moitié de l’énergie produite. Le Nigeria a aussi manifesté sont intérêt.

Votre pays dispose de vastes terres arabes, d’une pluviométrie abondante et d’un climat favorable à l’agriculture. Pourtant, il importe chaque année pour plus de 1,5 milliard de dollars de produits alimentaires …

C’est pourquoi, nous lançons les parcs agro-industriels, afin de passer d’une agriculture traditionnelle à une production moderne.
Après les Occidentaux et les Asiatiques, nous voulons aussi faire notre révolution agricole. Pour les parcs, nous recherchons des partenaires. Pour les attirer, on-leur propose des baux emphytéotiques, des exonérations fiscales durant plusieurs années et un guichet unique.

Où en est le processus de restructuration du secteur minier?
Nous avons remis de l’ordre.
Il n’y a plus de contrats léonins en RD Congo. Les opérateurs doivent se conformer aux textes en vigueur et passer par des appels d’offres pour céder des actifs miniers. Nos recettes fiscales augmentent de 20 à 25?% par an. Et la production de cuivre progresse d’année en ah- née, pour atteindre 900?000 tonnes en 2013. C’est plus que les sommets atteints dans les années 1980.

Les différentes entreprises publiques (Gécamines, Miba, Okimo) sont en difficulté. Seront-elles privatisées?
Nous sommes-dans un processus de réforme des entreprises publiques pour les transformer progressivement en sociétés commerciales. L’objectif est de les rendre les plus compétitives. Cela est aussi vrai d’autres secteurs. Nous avons passé récemment un accord avec la RATP pour renforcer la société nationale des transports. Aujourd’hui des bus circulent dans Kinshasa.
Misez-vous sur les entre prises françaises?
Bien entendu, mais elles doivent se réveiller. Je l’ai dit de vive voix et même écrit au ministre de l’Economie, Pierre Moscovici. Les Sud-Africains investissent dans l’agro-industrie et une usine d’engrais. La production de phosphate devrait reprendre avant la fin de l’année. Hyundai prévoit de monter une usine d’assemblage automobile en RDC, le Américains et les Chinois se montrent très offensifs sur le barrage d’Inga...

La production pétrolière est de 25?000 barils par jour mais le potentiel est beaucoup plus important, notamment dans les Grands Lacs, où les nappes de pétrole effleurent parfois...

La nouvelle loi sur les hydrocarbures est en cours d’examen à l’Assemblée nationale. La sécurisation du territoire va nous permettre de relancer l’exploration.

Interview de Pascal Airault (à Kinshasa)
In Magazine L’Opinion du 11février 2014

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