Les propos, les attitudes, les initiatives, faits et gestes des opposants congolais nous portent aujourd’hui à nous intéresser au vrai statut d’un opposant. En RDC, il se trouve que, si quelqu’un est opposant ou se dit opposant, celui-ci se mette à dire des choses, à se permettre des attitudes ou actions qui toutes sont loin du vrai entendement, de l’entendement scientifique ou philosophique universellement consacré d’un opposant.
En RDC, être opposant est synonyme de disposer du monopole du bon sens, de la bonne conscience et du patriotisme. Etre opposant est synonyme d’acquisition soudaine de la sainteté, du libertinage verbal ou d’acquisition de l’exonération face à son mauvais passé. Des Congolais sorciers, prévaricateurs, canailles, magouilleurs par le passé se croient tout d’un coup devenus saints, les plus intelligents et civiques lorsqu’ils deviennent opposants.
Que dit la science politique sur l’opposant ?
Il suffit que vous perdiez les élections ou que vous ne soyez pas du pouvoir ou de la majorité au pouvoir pour que vous fassiez partie de l’opposition et être appelé opposant. Un opposant est donc le politicien qui contribue à la réalisation du programme donné par les animateurs du pouvoir. Si dans le temps fixé et les mesures données, ce programme n’est pas réalisé, l’opposant le fait remarquer et le décrie pour interpeler le pouvoir afin que la bonne réalisation de ce programme serve au bien de toute la nation. Ainsi l’opposant s’approprie le programme du pouvoir et veille à sa réalisation intégrale ou parfaite dans la mesure du possible.
L’opposant n’est donc pas celui qui, sans contribuer à la bonne marche du pays, se borne à constater les failles du pouvoir pour l’évincer ou le supplanter.
L’opposant s’oppose ainsi donc à tout ce qui ne contribue pas à la meilleure réalisation du programme donné par le pouvoir sans se faire ou devenir ennemi personnel du pouvoir.
Dans la bonne conscience, il fait remarquer les dérives du pouvoir par rapport au prescrit de la loi. Si ces dérives déterminent que le régime en place perde le pouvoir, le tout se fera selon la Constitution et non selon le vouloir de l’opposant qui veut supplanter le pouvoir au pouvoir. L’important pour l’opposant, en un mot, est le respect de la Constitution en vigueur dans le pays ainsi que la réalisation du programme donné par le pouvoir avant d’accéder au pouvoir.
L’opposant et le parti politique
Le rôle d’un parti politique est de briguer le pouvoir afin de l’exercer le plus longtemps possible. Pour briguer le pouvoir, les membres de l’opposition font usage des stratégies. Cependant l’usage de ces stratégies dépend de la conscience de ceux qui en usent. Il y en a qui utilisent n’importe quelle stratégie pourvu qu’ils accèdent au pouvoir sans se préoccuper des effets de l’usage de ces stratégies sur l’Etat. C’est ainsi que certains sont amenés à recourir à la rébellion voire aux logiques à « La fin justifie les moyens » pour arriver au pouvoir.
Même si le but d’un parti politique est tel que nous venons de le dire, l’opposant n’est pas tenu de faire usage des stratégies qui minimisent la constitutionnalité et le respect des principes de la démocratie moderne. L’opposant qui opère dans un parti politique doit, s’il veut briguer le pouvoir, procéder dans le strict respect de la Constitution et de la morale, à normalement parler ou raisonner.
Brassant plusieurs éléments, c’est-à-dire combinant la Constitution, le respect de la démocratie, de la raison et de la morale, on arrive à la conclusion que la vraie opposition, étant donné qu’opposant ou pouvoir tous visent le bien du peuple, commence dès lors que le pouvoir s’écartent de l’idéal national, du respect de la Constitution ou de principes démocratiques. Si le pouvoir applique ce que l’opposition prône, je ne vois pas comment et pourquoi l’opposition, la frange des politiciens qui n’est pas au pouvoir, combattrait le pouvoir. Bien au contraire, j’estime qu’elle doit l’appuyer.
Le vrai moment philosophique du déploiement de l’opposition intervient dès lors que se constatent les dérives et insuffisances de la part du pouvoir. La motivation des actions de l’opposition ne sont pas la mauvaise conscience, la jalousie, la haine, le tribalisme ou une incitation ou une instigation étrangère ou néocolonialiste. Qu’on se le dise !
Samy BOSONGO