Mes allégeances rwandaises
Chers Tous,
Je suis content que le frère MASTAKI soit sincère dans sa pensée (Je n'aime pas les allégeances politiques rwandaises du frère Diatezwa, mais sincèrementqui suis-je pour juger ?) qui reflète sa probité intellectuelle. J’en profite pour informer l’opinion congolaise sur mes positions politiques dans la crise à l’Est de notre pays.
J’ai commencé la lutte politique avant la prise du pouvoir du FPR au Rwanda en Juillet 1994; pour rappel, j’ai dirigé la Fédération de l’UDPS/BENELUX dans les années 80, j’ai dirigé l’Institut pour la Démocratie au Zaïre-asbl et j’étais Vice-Président et Président a.i du Club Zaïre 2000 dans les années 90 ; j’ai participé à la rébellion de l’AFDL. Ceux qui connaissent mon parcours politique peuvent témoigner de ma constance dans mes idées et valeurs politiques. Tous les drames politiques que nous connaissons aujourd’hui ont été prédits dans différentes analyses et réflexions ; par exemple, dans le cadre des activités du Club Zaïre 2000 et de l’Institut pour la Démocratie au Zaïre, nous avons organisé des conférences-débats, des colloques, des séminaires, des ateliers sur différentes thématiques politiques et socio- économiques. Tous ces travaux sont connus et publiés dans les Cahiers de l’Institut. Quand vous lisez par exemple les Actes du Colloque organisé par notre Club le 5 Novembre 1994 à l’Université de Liège (Thème : Evolution politique au Zaïre et Environnement International) et le 1 Juillet 1995 à l’Université Libre de Bruxelles (Thème : Que faire pour sortir le Zaïre de sa crise politique ?), vous allez comprendre que ce qui nous arrive aujourd’hui n’est que le corollaire de la mauvaise gouvernance du pouvoir mobutiste. Lors du premier anniversaire de la prise du pouvoir de l’AFDL, nous avons organisé une conférence-débat à l’Université Libre de Bruxelles pour stigmatiser les dérives de ce pouvoir et les conséquences éventuelles de ses contradictions. Quelques mois après nous allons connaître la rébellion du RCD/Goma et le chaos avenant ; je n’ai pas participé à cette rébellion.
Dans l’évolution politique de notre pays et plus particulièrement la crise à l’Est du Congo, il est évident que nous ne pouvons pas avoir le même regard avec différents acteurs émergents ou inconsistants, surtout ceux qui sont à l’écoute des mensonges triomphants orchestrés par des forces extérieures ayant des objectifs inavoués mais connus. Dans la culture ne-kongo, il y a un dicton qui dis ceci : « tupeux être pauvre mais ne soit pas idiot ».
Ce qui se fait à l’Est du Congo doit nous interpeller car les conséquences ne sont pas seulement au niveau provincial mais aussi national ; dans notre souci profond pour la construction d’une communauté politique conviviale intégrée, nous devons combattre toute forme d’ostracisme ; chaque congolais doit se retrouver dans ses droits et devoirs de citoyens au Congo. Nous ne devons pas accepter qu’un congolais soit victime de violence, d’injustice ou de méprise à cause de son identité culturelle ou son facies. Hier pour contrer l’UDPS, le slogan des mobutistes était : okutani na nyoka na Muluba, boma Muluba tika nioka. Aujourd’hui, ce même slogan méprisant est utilisé allègrement pour stigmatiser la communauté banyarwanda. Si nous voulons sauver l’unité du Congo, nous devons nous approprier de la problématique banyarwanda au lieu de croire que la solution viendrait de l’extérieur ; nous devons apprendre à vivre ensemble dans le respect mutuel. N’oublions pas que nous sommes des Congolais pour avoir été des simples sujets léopoldiens ; la construction d’une communauté de destin est notre grand défi politique.
Certes, il y a des problèmes anthropologiques et historiques dans la région des Grands-Lacs, mais leur connaissance peut nous guider - et non notre irrationnel - pour des solutions humainement et politiquement acceptables. Il est inconvenant d’affirmer mes allégeances politiques rwandaises simplement parce que je milite pour une intégration communautaire ; Je comprends la colère de mes compatriotes mais chacun de nous a sa conscience politique et son background ; soyons tolérants et constructifs !
Salutations fraternelles
Basile Diatezwa