La posture normale, dans tout régime démocratique, est de voir l'Opposition présenter en crises d'Etat toutes ses perceptions négatives par rapport à la gouvernance institutionnelle.
Aussi, l'Opposition conçoit-elle ses propositions en plans de sortie de crise.
C'est parce que la RDC a réellement une Majorité et une Opposition issues des urnes que l'Opposition congolaise, forte de sa légitimité, voit des crises partout. C'est politiquement de bonne guerre.
L'évidence, cependant, est que ce n'est pas parce qu'une crise est décrétée par un Opposant qu'elle est fondamentalement une crise et nécessite une conférence, un conclave ou un dialogue national.
Si tel est le cas, une crise - comme celle née du rapatriement forcé des compatriotes résidant au Congo-Brazzaville - deviendrait motif à convocation d'un forum qui remettrait en cause la légitimité et la légalité des institutions en place.
Dès lors, les élections n'auront plus de sens.
Le mois de mai s'achève avec une interpellation, par le Président de la République, du corps diplomatique accrédité en RDC. Sans peut-être le savoir ni le vouloir, un parti politique a révélé le contenu des rencontres informelles qui se déroulent dans une résidence privée d'un diplomate en poste à Kinshasa. Le menu principal, à l'en croire, est fait du contentieux électoral de 2011 et des élections à venir.
Des termes, à la limite de l'injure, ponctuent ses communiqués. En toute logique, ils devraient susciter dans le chef des organisateurs une réaction conséquente. Or, cela n'est pas le cas.
Pourtant, autant la Résolution 2890 du Conseil de sécurité de l'Onu promeut "un dialogue politique transparent et sans exclusive entre toutes les parties prenantes congolaises en vue de favoriser la réconciliation et la démocratisation et encourager l’organisation d’élections provinciales et locales crédibles et transparentes" (point 14), autant l'Accord-cadre d'Addis-Abeba engage le gouvernement à "promouvoir les objectifs de réconciliation nationale, de tolérance, et de démocratisation".
C'est à quoi le Président Joseph Kabila s'est employé au travers de la tenue, en septembre et octobre 2013, des Concertations nationales.
Le samedi 31 mai 2014, le Chef de l'Etat a souligné à l'attention des diplomates la liberté démocratique exercée par certains acteurs nationaux de boycotter ces assises alors que les Concertations avaient notamment pour but "de construire la cohésion nationale face aux défis multiformes qui menaçaient la pacification du pays".
Au cours de cette réunion tenue au Palais de la Nation, les résultats du forum ont été révélés, notamment la loi d'amnistie, le recensement administratif de la population et la mise en place du Gouvernement de cohésion nationale.
A quel niveau se situe alors la crise ?
Naturellement dans la tête de ceux qui veulent qu'il y ait crise, encore qu'au niveau des institutions - dont le Président de la République est le garant du bon fonctionnement - il n'y en a pas.
Certes, l'Etat fait face à des défis de gouvernance institutionnelle comme ceux liés à la guerre de l'Est, au rapatriement forcé des Congolais de Brazzaville à l'Ouest, aux accidents de circulation, aux catastrophes naturelles, aux revendications salariales, à l'implantation des infrastructures de base, etc.
Mais, ces défis sont de la gestion normale de la Chose publique. La crise - puisqu'on s'en passionne - serait plutôt de voir l'Etat ne pas du tout s'en préoccuper.
Il est de notoriété publique que l'Etat congolais agit et réagit avec ses moyens à tous les défis qui se dressent sur son chemin. Par moments, et lorsque nécessité s'impose, il fait même appel aux mécanismes de la coopération structurelle.
On ne peut alors pas dire des rencontres informelles en cours qu'elles ont la caution de l'Etat.
Les organisateurs et les participants devraient se demander à quoi aboutiraient leurs échanges du moment que l'Etat congolais est non concerné...
Omer Nsongo die Lema