29/12/12/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)
Le commentaire du commentaire des commentaires antérieurs sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC figure parmi les sujets qui dominent l’actualité dans les colonnes des rares journaux parus à Kinshasa ce week-end.
Est
Le Potentiel enfourche son cheval de bataille favori et titre « Le M23 renforce son administration dans l’Est ».
Il en déduit que la balkanisation de la RDC se confirme. En effet, le projet de balkanisation de la RDC que désormais personne ne peut nier, est bel est bien en marche dans l’Est du territoire national. Le M23, qui sous-traite ce projet macabre pour le compte de Kigali et Kampala, contrôle déjà deux territoires de la province du Nord-Kivu (Rutshuru et Nyiragongo). Depuis, il ne cesse de consolider son emprise sur le plan administratif en envisageant même une reprise du contrôle de la ville de Goma. Pour preuve, Le Potentiel publie une lettre datée du 24 décembre 2012 de Jean-Marie Runiga, le président du M23, adressée aux agences du système des Nations Unies opérant dans la province du Nord-Kivu. Curieusement à Kinshasa, constate le confrère, c’est l’aphonie ; motus et bouche cousue.
Dans un autre article publié toujours dans ses colonnes, Le Potentiel rapporte que pressée de toutes parts, « L’ONU travaille à la redéfinition de son rôle en RDC ». Alors que l’Est de la RDC connaît des tensions accrues, les rebelles congolais du M23 effectuant des déplacements « erratiques mais inquiétants » autour de Goma, l’ONU dit travailler à l’élaboration d’une nouvelle stratégie plus « musclée ». A la fois sur le plan politique en impliquant les pays voisins, et sur le plan militaire avec la création d’une sorte de brigade d’intervention rapide qui serait intégrée à la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco).
Il en déduit que la balkanisation de la RDC se confirme. En effet, le projet de balkanisation de la RDC que désormais personne ne peut nier, est bel est bien en marche dans l’Est du territoire national. Le M23, qui sous-traite ce projet macabre pour le compte de Kigali et Kampala, contrôle déjà deux territoires de la province du Nord-Kivu (Rutshuru et Nyiragongo). Depuis, il ne cesse de consolider son emprise sur le plan administratif en envisageant même une reprise du contrôle de la ville de Goma. Pour preuve, Le Potentiel publie une lettre datée du 24 décembre 2012 de Jean-Marie Runiga, le président du M23, adressée aux agences du système des Nations Unies opérant dans la province du Nord-Kivu. Curieusement à Kinshasa, constate le confrère, c’est l’aphonie ; motus et bouche cousue.
Dans un autre article publié toujours dans ses colonnes, Le Potentiel rapporte que pressée de toutes parts, « L’ONU travaille à la redéfinition de son rôle en RDC ». Alors que l’Est de la RDC connaît des tensions accrues, les rebelles congolais du M23 effectuant des déplacements « erratiques mais inquiétants » autour de Goma, l’ONU dit travailler à l’élaboration d’une nouvelle stratégie plus « musclée ». A la fois sur le plan politique en impliquant les pays voisins, et sur le plan militaire avec la création d’une sorte de brigade d’intervention rapide qui serait intégrée à la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco).
Note de la rédaction
La notion politique de balkanisation, est utilisé pour la première fois par un Allemand, Walther Rathenau, en septembre 1918, dans une interview publiée par le New York Times, sans pour autant renvoyer explicitement aux réalités du sud-est de l’Europe (i-e : les Balkans). Le mot rentre finalement de façon durable dans le vocabulaire politique après l’adoption des traités consécutifs à la Première Guerre mondiale, pour désigner le processus de morcellement d’unités politiques et géographiques d’une certaine étendue, qui existaient auparavant, en une multitude d’États plus petits, à la viabilité plus ou moins précaire, afin de profiter des ivisions ainsi créées pour en diminuer la puissance et les manipuler. Il est d’ailleurs un fait historique que les états balkaniques (au sens propre) ont été l’objet de menées incessantes de divers services secrets.
Ce rapprochement terminologique du processus de fragmentation politique avec les particularités de cette région de l’Europe est devenu une représentation courante.
Un fait saute aux yeux. Les faits balkaniques – au sens propre - auxquels on se réfère sont avant tout de nature politique et font appel, chez les peuples manipulés, au nationalisme, notion elle aussi politique. L’intérêt stratégique de la région (surtout au début du XX° siècle où elle était immédiatement voisine de l’URSS) est bien plus évident que son intérêt économique. Affaiblissement et manipulation se font à l’aide d’un seul et même levier : susciter et encourager particularismes et micro-nationalismes pour découper un grand ensemble en de multiples ensembles plus petits, mais ayant chacun tous les attributs d’un état.
Tout au long du XIX° siècle, au cours duquel les états nouveaux créés par découpage d’empires plurinationaux furent tous des monarchies, on alla même jusqu’à leur fournir, en hair et en os, l’un de ces attributs : le roi lui-même, en la personne de quelque rejeton désoeuvré d’une dynastie allemande (Grèce, Bulgarie).
L’exploitation, dans le même but, d’un état de grande taille mais impuissant, qui a pourtant été utilisé maintes fois par les puissances occidentales durant leur longue carrière impérialiste, coloniale ou néocoloniale, n’entre jamais en ligne de compte dans la balkanisation au sens premier du terme.
Il faut souligner que la balkanisation, au sens premier et telle qu’elle fut pratiquée dans les contrées balkaniques et plus généralement dans l’Est européen, crée certes des désordres, des guerres et facilite toutes sortes de manipulations, mais que, même créatrice de maint désordre, elle n’est pas synonyme d’anarchie. Celle-ci, en effet, signifie l’absence d’autorité, le manque d’état.
Or, dans la balkanisation, puisque l’on crée, là où il n’y avait qu’un état (en général déjà pas bien grand), une mosaïque de mini-états, il y a donc prolifération d’états, d’autorités et même concurrence et conflits violents entre eux. Chacune des pièces du « puzzle » découlant du découpage se dotera autant que possible des attributs de l’état : drapeau, gouvernement, monnaie, administration, armée. Il y aurait donc plutôt une surabondance d’états qu’un manque. Les ennuis des habitants de zones contestées viendront fondamentalement de ce que deux états (ou plus !) prétendent exercer leur autorité sur eux et recourent à la force pour imposer leur point de vue.
Diviser un grand état en plusieurs états plus petits ne fait pas disparaître les fonctions régaliennes de l’Etat, ne crée pas de zones de non-droit, livrées à la violence pure. Au Kivu se prolonge une guerre de basse intensité qui n’est que la reprise des méthode les plus sinistres de Léopold II : la terreur, que l’on fait régner par la violence, le viol et le meurtre, procure du travail gratuit qui profite à la bourgeoisie congolaise installée au pouvoir, à celle des pays voisins et, finalement, au grand capital international maître d’œuvre de cette sinistre entreprise. La guerre est nécessaire à la maximisation des profits de la bourgeoisie dont toute la classe politique congolaise fait partie au même titre que des prédateurs étrangers, lointains ou proches…
Le terme de « balkanisation » est donc extrêmement mal choisi.
Elections
La Référence + consacre sa manchette à l’élection des gouverneurs du Bas-Congo et de la Province Orientale. Ce journal rapporte à ce sujet que le ministère public se dit favorable à l’élection de Jacques Mbadu et de Bamanisa Saïdi et demande à la Cour suprême de justice (CSJ) de les déclarer élus respectivement gouverneur du Bas-Congo et de la Province Orientale. Le 1er Avocat général Bikobi a donné cet avis, vendredi 28 décembre, lors de l’audience de la CSJ, siégeant en matière de contentieux électoral suite à des requêtes introduites par la Majorité présidentielle (MP).
La Référence + consacre sa manchette à l’élection des gouverneurs du Bas-Congo et de la Province Orientale. Ce journal rapporte à ce sujet que le ministère public se dit favorable à l’élection de Jacques Mbadu et de Bamanisa Saïdi et demande à la Cour suprême de justice (CSJ) de les déclarer élus respectivement gouverneur du Bas-Congo et de la Province Orientale. Le 1er Avocat général Bikobi a donné cet avis, vendredi 28 décembre, lors de l’audience de la CSJ, siégeant en matière de contentieux électoral suite à des requêtes introduites par la Majorité présidentielle (MP).
Il faut rappeler ici que toute affaire électorale en RDC se profile sur la toile de fond des élections du 28/11/11. Elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli.
Presse et documents internationaux
"Au Kivu, on viole et massacre dans le silence"
Muhammad Ali, Yamina Benguigui, Jacques Chirac, Abdou Diouf, Valérie Trierweiler LE MONDE | 25.12.2012
Muhammad Ali, Yamina Benguigui, Jacques Chirac, Abdou Diouf, Valérie Trierweiler LE MONDE | 25.12.2012
A l'est de la République démocratique du Congo (RDC), soit au coeur de l'Afrique, cette région est l'une des plus belles du monde. Autour d'un lac, des cultures montent en terrasses jusqu'au sommet des collines. Eau, soleil, terres fertiles, le Kivu aurait tout pour vivre heureux.
Hélas pour lui, son sous-sol regorge de matières premières. Principalement la cassitérite, un minerai dont on tire l'étain. Mais aussi le coltan, autre minerai recherché. Et bientôt le pétrole, qui vient d'être découvert. Attirées par ces richesses faciles, des bandes de mercenaires et de pillards de toutes sortes écument le territoire depuis des décennies et martyrisent les populations.
De temps en temps, des voix s'élèvent. De temps en temps, le calme revient. Et puis recommence le silence. Et reprennent les viols et les massacres. Pour tenter de limiter ces atrocités, l'ONU a envoyé sur place, en 1999, une force de paix qui compte aujourd'hui dix-sept mille soldats. Rappelons que ces dix-sept mille casques bleus y sont au nom de la communauté internationale, c'est-à-dire en notre nom.
Mais, faute d'application réelle de son mandat pour intervenir, ces dix-sept mille soldats regardent et constatent. L'horreur, ces derniers jours, a franchi un nouveau degré. Des escadrons, dont le groupe baptisé M23, font des incursions à Goma et sèment la terreur dans sa périphérie. Ils portent de beaux uniformes et brandissent des armes neuves. D'où viennent-ils ? Ils ravagent et ils tuent. Et ils violent. Ils violent par centaines de milliers les femmes et les enfants pour terroriser la population. Ils violent pour détruire. Ils violent pour arracher à jamais les identités. Et les enfants qu'ils n'ont pas massacrés, ils les enrôlent de force.
Et, pendant ce temps-là, les dix-sept mille soldats de la Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco) attendent une résolution du Conseil de sécurité qui leur permettrait d'agir. Connaissez-vous le Kivu ? Un drame s'y joue. En ce moment même. Avec déjà des millions de morts et d'autres millions de vies dévastées.
Un drame que la communauté internationale pourrait arrêter. A l'instant. Il lui suffirait de donner l'ordre aux dix-sept mille soldats de faire leur métier et de remplir leur mandat. Leur métier de soldat. Et leur mission de garantir la paix et la dignité de l'espèce humaine.
De temps en temps, des voix s'élèvent. De temps en temps, le calme revient. Et puis recommence le silence. Et reprennent les viols et les massacres. Pour tenter de limiter ces atrocités, l'ONU a envoyé sur place, en 1999, une force de paix qui compte aujourd'hui dix-sept mille soldats. Rappelons que ces dix-sept mille casques bleus y sont au nom de la communauté internationale, c'est-à-dire en notre nom.
Mais, faute d'application réelle de son mandat pour intervenir, ces dix-sept mille soldats regardent et constatent. L'horreur, ces derniers jours, a franchi un nouveau degré. Des escadrons, dont le groupe baptisé M23, font des incursions à Goma et sèment la terreur dans sa périphérie. Ils portent de beaux uniformes et brandissent des armes neuves. D'où viennent-ils ? Ils ravagent et ils tuent. Et ils violent. Ils violent par centaines de milliers les femmes et les enfants pour terroriser la population. Ils violent pour détruire. Ils violent pour arracher à jamais les identités. Et les enfants qu'ils n'ont pas massacrés, ils les enrôlent de force.
Et, pendant ce temps-là, les dix-sept mille soldats de la Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco) attendent une résolution du Conseil de sécurité qui leur permettrait d'agir. Connaissez-vous le Kivu ? Un drame s'y joue. En ce moment même. Avec déjà des millions de morts et d'autres millions de vies dévastées.
Un drame que la communauté internationale pourrait arrêter. A l'instant. Il lui suffirait de donner l'ordre aux dix-sept mille soldats de faire leur métier et de remplir leur mandat. Leur métier de soldat. Et leur mission de garantir la paix et la dignité de l'espèce humaine.
Signataires : Muhammad Ali, fondateur du Muhammad Ali Center ; Robert Badinter, ancien président du Conseil Constitutionnel ; Yamina Benguigui, ministre de la Francophonie ; Jacques Chirac, ancien Président de la République Française et président de la Fondation JacquesChirac ; Rosario Dawson, comédienne ; Jonathan Demme, réalisateur ; Abdou Diouf, ancien Président de la République du Sénégal et Secrétaire Général de la Francophonie ; Eve Ensler, auteur et créatrice des V-Day ; Leymah Gbowee, prix Nobel de la paix 2011 ; Stéphane Hessel, ancien ambassadeur de France ; Angélique Kidjo, Chanteuse ; Claude Lanzmann, écrivain et réalisateur ; Federico Mayor, ancien directeur général de l'Unesco ; Denis Mukwege, gynécologue, prix des droits de l'Homme des Nations Unies ; Thandie Newton, comédienne; Erik Orsenna, écrivain,Atiq Rahimi, écrivain, Jean Christophe Ruffin, écrivain, Mahamat Saleh Haroun, réalisateur, Valérie Trierweiler, ambassadrice de la Fondation Danielle Mitterrand
LE CRI : Un appel pour le Nord Kivu - Hélène Madinda, Présidente de l’asbl CongoForum - 28/12/2012
Qui va secourir les populations du Nord Kivu ?
Avec une présidence qui surfe sur des promesses jamais tenues et face à une Communauté internationale paralysée par des tâtonnements assassins, les populations civiles du Nord Kivu sont abandonnées à leur tragique sort.
Alors que des pans entiers de territoires dans le Nord Kivu sont soumises par les armes à l’esclavage minier, Joseph Kabila, le président imposé à la RDC par la fraude électorale[1], dans son discours du 15 décembre devant le Parlement réuni en congrès, a longuement évoqué la situation sécuritaire dans le Nord Kivu pour lancer un appel à la mobilisation générale de tous les congolaises et congolais afin de contrer la menace de balkanisation qui guette le pays et sauver ce qui est le plus cher à tous les congolaises et congolais : le Congo. Et il rassura le peuple congolais en ces termes: « Désormais, au-delà de toutes nos actions pour le développement, notre priorité sera la défense de la patrie. La défense rien que la défense, avec une armée nationale apolitique et professionnelle ».
Comment ignorer que les tragiques événements de l’Est ne lui servent à rien d’autre qu’à sonner l’appel au grand rassemblement patriotique autour du drapeau. Le pouvoir compte visiblement obtenir ainsi, à la faveur d’un sentiment d’urgence, un soutien qu’il ne peut tirer d’une légitimité démocratique qui lui manque. C’est peu après les élections, alors que les commentaires négatifs tombaient de partout, que JKK a brusquement décidé un retournement des alliances. De fin 2008 à fin 2011, la thèse officielle était que le Rwanda était un allié, que tous les ennuis venaient du FDLR et que Ntaganda était indispensable à la paix. Subitement, le Rwanda devenait un ennemi et il fallait arrêter Bosco Ntaganda. Cela prenait dans le sens du poil l’opinion congolaise et la communauté internationale. Mais il ne pouvait échapper à personne que cela allait rallumer la guerre, d’autant plus qu’au lieu d’arrêter Ntaganda par surprise, on annonça à grand bruit l’intention de le faire. Le bandit n’a bien sûr pas attendu les gendarmes ! Comment ne pas en retirer l’impression que le pétard qui a éclaté à Goma a été allumé volontairement et en connaissance de cause par le pouvoir, en vue, précisément, de créer la psychose d’urgence nationale dont il s’efforce, maintenant de profiter. Il lui sera maintenant facile de prétendre que « l’opposition tient le même langage que le M23 ».
Pendant ce temps se prolonge au Kivu une guerre de basse intensité qui n’est que la reprise des méthode les plus sinistres de Léopold II : la terreur, que l’on fait régner par la violence, le viol et le meurtre, procure du travail gratuit qui profite à la bourgeoisie congolaise installée au pouvoir, à celle des pays voisins et, finalement, au grand capital international maître d’œuvre de cette sinistre entreprise.
Comment y croire alors que cette même promesse est faite en vain depuis 2006 et année après année jusqu'à ce jour !
Le 6 décembre 2006, le président déclarait : « En ce qui concerne la sécurité de l’Etat, je rassure les Congolaises et les Congolais de ma ferme volonté d’éradiquer toute forme d’insécurité et de terrorisme urbain. Ce qui se passe actuellement à l’Est du pays, avec les bandes armées qui n’ont pas encore compris que ce temps est révolu, sera ma préoccupation principale».
Le 6 décembre 2007, il affirmait devant le Parlement: « Ainsi, sur les cent quarante-cinq territoires que compte la RD Congo, seuls les territoires de Rutshuru et de Masisi au Nord-Kivu comptent encore en leur sein quelques foyers de tension. Nos frères et sœurs du Nord et du Sud Kivu ont trop souffert, victimes de viols, vols, assassinats et exactions diverses. Nous devons impérativement et urgemment mettre fin à ces souffrances. Ce sera bientôt chose faite, quoiqu’il en coûte. En attendant, nous leur devons protection, assistance et sécurité. Le gouvernement est déterminé à tout mettre en œuvre pour rétablir rapidement et durablement la paix et la sécurité dans les deux territoires encore troublés du Nord Kivu».
Le 13 décembre 2008 , iI rassurait nos compatriotes du Kivu et de la Province Orientale, en ces termes : « A vous tous, femmes, hommes, et enfants du Kivu et de la Province Orientale qui avez été forcés d’abandonner vos maisons et vos villages à cause de la guerre injuste qui nous est imposée, et à vous tous, enfants de la République victimes d’atrocités et d’injustices, où que vous soyez, je tiens à vous rassurer que la Nation congolaise ne faillira jamais à son devoir de se battre pour que justice soit faite» !
Le 7 décembre 2009 : il persistait : « je tiens à dire à ces agitateurs de troubles impénitents qu’ils n’ont aucune chance de réussir. Et à ceux des signataires des Accords de Paix du 23 mars dernier qui seraient tentés par une nouvelle aventure, je rappelle, qu’au terme de l’amnistie leur accordée, toute récidive, mettrait fin au pardon du peuple congolais ». Il mit en garde les « champions tristement célèbres en réédition perpétuelle de rébellions, en violations massives des droits de l’homme, en viols des femmes et de petites filles, ou en pillages des ressources de notre sol et sous-sol », selon ses propos, : « .... il y a un temps pour tout ; un temps pour dialoguer et un temps pour appliquer la loi. Je ne renierai pas mon serment en permettant que l’impunité devienne une règle, sous prétexte d’esprit de dialogue ou de quête de réconciliation».
Le 10 décembre 2010: Il enfonça le clou : « Le deuxième défi en importance est celui du contrôle et de la maîtrise de nos frontières terrestres, aériennes, fluviales et maritimes. A ce sujet, je tiens à rassurer aussi bien nos voisins que le peuple congolais. Aux premiers, je tiens à dire que notre taille devait être pour eux, une source d’apaisement. La RD Congo n’a aucune revendication territoriale au-delà du tracé de ses frontières héritées de la colonisation. Au peuple congolais, je réitère mon serment de veiller à ce qu’aucun centimètre carré du territoire national n’échappe jamais à sa souveraineté ».
Et pourtant les multirécidivistes ont repris du service, occupent des territoires du Nord Kivu, et ont obtenu que le gouvernement congolais soit astreint à négocier avec eux !
Le monde entier est témoin du constat que le chef suprême des Forces Armées Congolaises est dans la totale impossibilité de sévir contre "les champions tristement célèbres en réédition perpétuelle de rébellions, en violations massives des droits de l’homme" et de concrétiser sa volonté de défendre effectivement les populations civiles et l’intégrité territoriale du pays mais a choisi de se réfugier derrière de funestes atermoiements. Ou peut-être ne le veut-il pas… La guerre est nécessaire à la maximisation des profits de la bourgeoisie dont il fait partie, au même titre que toute la classe politique…
Pendant que les projecteurs sont braqués sur Goma et les absurdes et ineptes négociations de Kampala (autre moyen de perpétuer « l’insécurité » génératrice de profits, les hommes demains du grand capital (en uniforme ou non, congolais ou non) occupent des territoires du Nord Kivu dans lesquels ils continuent de faire subir l’indicible aux femmes, filles et enfants et où plus d’un million de déplacés internes vivent dans des conditions infrahumaines, loin des caméras mais tout de même en présence de l'imagerie satellitaire.
En dépit du fait que l’information sur ces drames existe et est accessible aujourd’hui et du fait que les ONG de droits humains (locales et internationales), les experts de l’ONU, la presse spécialisée en parlent, en dépit du fait que des statistiques sont publiées et que les noms des seigneurs de guerre, les carrés miniers qu’ils contrôlent, les réseaux mafieux locaux, nationaux et internationaux qui profitent du chaos pour s’enrichir soient connus, aucune sanction dissuasive ne tombe de la part des puissances mondiales et de l'UE !
Qui sauvera ces populations du Nord Kivu livrées à elles-mêmes dans la beauté sublime des eaux étincelantes de ses lacs ?
© CongoForum, le samedi 29 décembre 2012