Et si Barack Obama convoitait la présidence... du Kenya ?
03/11/2014 Par Damien Glez
Le président des États-Unis a vécu, le 4 novembre, ses dernières élections. Il lui reste deux ans pour préparer ses bagages et penser à son avenir. Voici cinq hypothèses sur une reconversion qui risque de faire couler beaucoup d'encre.
Il y a six ans, l'Obamania avait engendré une euphorie si surréaliste qu'elle avait inspiré au jury des Prix Nobel une médaille de la Paix incongrue pour le dirigeant d'un État en guerre, et ceci avant même que celui-ci accomplisse quoi que ce soit dans le domaine ciblé. L'efficacité mnémotechnique du slogan "Yes, we can" et la couleur inédite, à ce niveau de la compétition électorale, de l'épiderme de son géniteur, avait assuré au président Barack Obama un statut comparable aux stars du showbiz qu'il avait mises dans sa poche.L'enthousiasme était particulièrement patent à l'étranger, notamment en Afrique, le "noir" de la couleur de la peau présidentielle étant moins hérité d'une histoire esclavagiste bicentenaire qu'issu directement de l'hémoglobine africaine. Sur un continent où l'on est d'abord ce qu'est son père - en termes d'ethnie ou de nationalité -, le frais émoulu locataire de la Maison Blanche était donc africain.
Une deuxième présidentielle et un mandat et demi plus tard, voici venues les deuxièmes et dernières élections de mi-mandat du président métis. Si les "midterms" du 4 novembre étaient essentielles pour la constitution de majorités au Sénat et à la Chambre des représentants, elles signifiaient, pour Obama, qu'il n'aura plus à convaincre quelque suffrage que ce soit. Il lui reste alors deux options : se démotiver en commençant à préparer les cartons de son déménagement ou profiter de l’absence d’épée de Damoclès électorale pour prendre les mesures les plus courageuses de sa carrière.
Une déclaration et un dîner de gala
Certains actes posés lors du dernier quart de son passage à la présidence concerneront-ils cette Afrique qui en attendait plus que de coutume ? Rien n'est moins sûr. Pour l'heure, les Africains retiendront essentiellement de leur "frère" une déclaration et un dîner gala : la déclaration sur les "Hommes forts" moins précieux que les "Institutions fortes" ; le dîner de gala d'un festival de chefs d'État africains, en août 2014. Au pointage de l’aide au développement décrétée en faveur du continent noir, pas sûr que l'Américano-Kényan obtienne de meilleurs scores que son prédécesseur texan, un George Bush aussi impopulaire dans les têtes que généreux dans les faits.
S'il est trop tôt pour faire le bilan d'un président enfin libéré des impératifs électoraux, nul doute que celui-ci réfléchit déjà à son avenir, lui qui n'aura que 55 ans quand les "institutions fortes" des États-Unis lui indiqueront la sortie. Encore jeune pour la retraite, comment Barack Obama pourrait-il bien s'occuper ? En matière d’orientations professionnelles, les cinq idées de reconversion les plus saugrenues constituent-elles les hypothèses les moins crédibles ?
1 - Directeur de campagne de Michelle Obama. S'il est inconcevable que Madame Obama prenne la suite de son mari, rien ne l'empêche de programmer un retour des Obama comme il y eut un retour des Bush. Avec la trajectoire d'Hillary Clinton, l'élection présidentielle de 2016 lui indiquera non seulement si une femme peut atteindre enfin la fonction suprême, mais aussi si le statut d'ancienne first lady - souvent synonyme de "potiche" - est rédhibitoire pour y prétendre. Véritable incarnation du profil afro-américain, Michelle LaVaughn Obama née Robinson bénéficierait d’autant mieux du soutien de son mari qu’on ne lui connaît à aucune affaire Monica Lewinsky.
2 - Chanteur. Pour l'expérience, Barack Obama peut se targuer d'avoir déjà interprété en public "Let's Stay Together" d'Al Green et "Sweet Home Chicago" de Robert Johnson. Pour ce qui est du piston dans les méandres de l’industrie du disque, il pourra compter sur les nombreux artistes de son carnet d'adresses, notamment sur un ménage habitué de la Maison-Blanche, celui de Beyonce Knowles et Jay Z, sacré couple le plus influent du monde en 2013, par le magazine Vanity Fair.
3 - Comédien. Le 40e président des États-Unis, Ronald Reagan, venait du cinéma et l'ancien gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, y est retourné. Entre les westerns de l'un et la série des "Terminator" de l'autre, Obama pourrait commencer par interpréter son propre biopic. En dehors de sa chevelure qui a "grisonné", la physionomie de l'actuel président n'a pas bougé d'un poil, ce qui lui permettrait d'incarner avec crédibilité son ascension politique. Y pense-t-il quand il effectue des prestations humoristiques à l'annuel dîner des journalistes accrédités à la Maison Blanche ou quand il manipule des altères, comme en témoigne une récente vidéo volée dans un gymnase ? Peut-être une autre leçon de Schwarzy le culturiste. Après sa biographie filmée, l'élégant Barack aurait pu prétendre aux prochains rôles d'un James Bond qu'on annonce noir. Mais il n'a pas la chance d'être britannique comme Idris Elba...
4 - Pasteur. Dans la grande lignée des révérends noirs Martin Luther King, Jesse Jackson ou Al Sharpton, le pasteur Obama pourrait confirmer ce qu'il confiait, en 2011, lors d'un déjeuner de prière : "le pouvoir a renforcé ma foi (...) qui n'a pas toujours été une ligne droite". L'Obamania confinait déjà à la ferveur religieuse. L'ancien président, prénommé "Hussein", pourrait ainsi tordre définitivement le cou aux rumeurs qui susurrent qu’il serait secrètement musulman.
5 - Président du Kenya. Seule possibilité d'éviter la nécrologie politique : se présenter à une autre élection. Et pourquoi pas dans un autre pays ? Et de quel autre pays obtenir la nationalité, sinon celui de son père ? Pour peu qu'Uhuru Kenyatta soit malmené par la Cour pénale internationale, Barack Obama pourrait devenir le premier président kenyan de couleur... blanche.
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Par Damien Glez