Des sujets se rapportant notamment au cycle électoral en RDC font le menu des quotidiens de ce week-end. Y figure notamment la première conférence de presse du Ministre de la Communication et des medias, Lambert Mende, successeur de Mende Lambert, Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté, mais toujours Porte-parole du Gouvernement La presse étrangère s’intéresse, dans lesgrandes lignes, aux mêmes sujets.
Mende
Radio Okapi annonce: « Mende dément l’ingratitude de Kabila envers la communauté internationale ».
« Le gouvernement de cohésion nationale se met à pied d’œuvre pour réaliser les six objectifs lui assignés par le chef de l’Etat », a affirmé son porte-parole, Lambert Mende, vendredi 19 décembre à Kinshasa lors de sa première conférence de presse depuis sa reconduction à ce poste. Il a balayé les accusations d’ingratitude envers la communauté internationale portées contre le président Joseph Kabila.
Réagissant aux critiques formulées contre le chef de l’Etat accusé d’ingratitude envers la communauté internationale, le porte-parole du Gouvernement parle d’un faux problème.
«La partie de l’opinion qui reprocherait au président de la République cette soit disant ingratitude est totalement minime, si pas infinitésimale», a soutenu Lambert Mende. Il réagissait ainsi aux propos du leader de l’Union pour la nation congolais, Vital Kamerhe, qui aurait, selon lui, porté de telles accusations.
(L’ennui, c’est que la logique n’est pas une question de nombre. On peut être seul de son avis et avoir raison contre tout le monde !NdlR)
Lors de cette conférence de presse, Lambert Mende a exceptionnellement balancé un extrait d’une vieille interview du président de l’UDPS, Etienne Tshisekedi:
«Nous avons pu revisiter avec les journalistes les déclarations de l’un des plus grands responsables de l’opposition dans notre pays, Monsieur Etienne Tshisekedi, qui, en 2011, rappelait à ses compatriotes, que nous sommes, qu’il faut absolument autonomiser, qu’il faut lutter pour l’autodétermination du peuple congolais et ne pas accepter que l’étranger puisse faire la loi, décider de ce qui doit se faire en République démocratique du Congo.»
Par la suite, le porte-parole du Gouvernement a conclu: «Je sais que Monsieur Kamerhe n’est pas de cet avis. Donc, il est totalement isolé ; même au sein de l’opposition.»
Au lendemain du discours du chef de l’Etat Joseph Kabila devant les deux chambres du Parlement, le 15 décembre, le député de l’opposition Jean Lucien Busa a réagi notamment aux propos de Joseph Kabila qui a déclaré qu’il n’accepterait pas les «injonctions» extérieures au processus électoral en RDC. Pour Lucien Busa, il faudrait arrêter de considérer la communauté internationale comme un bouc émissaire de la situation qui prévaut en RDC.
(Il faudrait surtout cesser de demander alternativement une chose et son contraire ! Attendre tout de la « communauté internationale », puis se plaindre de ses interventions ne rime à rien.
Quant à savoir s’il faut croire ou non ce que dit une personne,le mieux est de se baser sur sa conduite antérieure. Que sait la communauté internationale des élections congolaises ? Elle ne peut que se rappeler que les élections de novembre-décembre 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futuresélections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire « officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi. Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus[1]. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. Malumalu, principal responsable de cette absurdité d’élections sans recensement préalable de la population, a été remis à la Présidence de la CENI, ce qui promet encore de beaux jours à l’avenir ! NdlR)
Quant à savoir s’il faut croire ou non ce que dit une personne,le mieux est de se baser sur sa conduite antérieure. Que sait la communauté internationale des élections congolaises ? Elle ne peut que se rappeler que les élections de novembre-décembre 2011 ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant. La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futuresélections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire « officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi. Les élections de 2011 avaient été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus[1]. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. Malumalu, principal responsable de cette absurdité d’élections sans recensement préalable de la population, a été remis à la Présidence de la CENI, ce qui promet encore de beaux jours à l’avenir ! NdlR)
Le Potentiel écrit : « Pour des élections apaisées, Mende : « il faut un consensus pour éviter les divergences ».
Pour ce quotidien, l’échéance 2016 hante toujours les esprits. A deux ans de la fin de l’actuelle mandature, l’on s’interroge sur la capacité voire la bonne foi de la CENI à boucler dans le délai constitutionnel le cycle électoral 2014-2016. Devant l’impasse qui prévaut à l’Assemblée nationale au sujet d’un compromis à obtenir autour du projet de révision de la loi électorale de 2011, Lambert Mende a appelé hier vendredi toutes les parties en présence à un consensus pour éviter les divergences.
Pour ce quotidien, l’échéance 2016 hante toujours les esprits. A deux ans de la fin de l’actuelle mandature, l’on s’interroge sur la capacité voire la bonne foi de la CENI à boucler dans le délai constitutionnel le cycle électoral 2014-2016. Devant l’impasse qui prévaut à l’Assemblée nationale au sujet d’un compromis à obtenir autour du projet de révision de la loi électorale de 2011, Lambert Mende a appelé hier vendredi toutes les parties en présence à un consensus pour éviter les divergences.
Divers
La République note que « en tant que citoyen congolais, Abbé Malumalu appelle au respect de la constitution ».
Dans une interview accordée à Jeune Afrique, l’abbé Malumalu, président du bureau de la CENI, a donné son avis sur le débat qui emballe depuis peu la classe politique sur une éventuelle révision constitutionnelle, poursuitLa République. Ceci, avant d’ajouter qu’en tant que citoyen congolais, il souhaite que la Constitution soit respectée. Et ce, tout en faisant noter que concernant les articles verrouillés de la Constitution, personne n’a pris jusque-là l’initiative de leur révision. Tout le reste n’est que spéculation.
La Prospérité qui se penche sur la situation qui prévaut à l’Est du pays, écrit : « Paix et sécurité à Beni, la société civile organise un dialogue social pendant trois jours ! »
Pour ce journal, la coordination provinciale de la société civile du Nord-Kivu a annoncé, le mercredi 17 décembre 2014, la tenue d’un dialogue social durant 3 jours, pour le rétablissement de la paix et la sécurité dans le territoire de Beni. Ce forum vise la participation active de tout citoyen de ce coin du pays avec l’espoir de retrouver la paix qui est devenue une denrée rare pour la population de cette contrée depuis peu, fait savoir ce quotidien.
Dans sa rubrique « dernière heure, Le Potentiel souligne que « contrairement à la date initiale, les travaux du dialogue social à Beni se clôturent ce samedi. » Suite au changement d’agenda de travail, la clôture des travaux du dialogue social à Beni intervient ce samedi 20 décembre, au lieu d’huer vendredi, comme initialement prévu, précise ce ce quotidien.
Le Potentiel, dans sa rubrique « A haute voix », titre : Lorsque le camp se vide…, Comment cherche-t-on les vivants parmi les morts ? Cette interrogation tirée de la Bible résonne comme les cloches pascales dans lesoreilles des Congolais encore lucides dans l’appréhension des tensions dans les grands lacs, écrit le tabloïd. Par référence aux les informations en provenance de l’Ouganda, Le Potentiel fait savoir que le rapatriement des éléments de l’ex-M23 se serait buté à un refus catégorique de certains parmi les anciens rebelles.
La République note que « en tant que citoyen congolais, Abbé Malumalu appelle au respect de la constitution ».
Dans une interview accordée à Jeune Afrique, l’abbé Malumalu, président du bureau de la CENI, a donné son avis sur le débat qui emballe depuis peu la classe politique sur une éventuelle révision constitutionnelle, poursuitLa République. Ceci, avant d’ajouter qu’en tant que citoyen congolais, il souhaite que la Constitution soit respectée. Et ce, tout en faisant noter que concernant les articles verrouillés de la Constitution, personne n’a pris jusque-là l’initiative de leur révision. Tout le reste n’est que spéculation.
La Prospérité qui se penche sur la situation qui prévaut à l’Est du pays, écrit : « Paix et sécurité à Beni, la société civile organise un dialogue social pendant trois jours ! »
Pour ce journal, la coordination provinciale de la société civile du Nord-Kivu a annoncé, le mercredi 17 décembre 2014, la tenue d’un dialogue social durant 3 jours, pour le rétablissement de la paix et la sécurité dans le territoire de Beni. Ce forum vise la participation active de tout citoyen de ce coin du pays avec l’espoir de retrouver la paix qui est devenue une denrée rare pour la population de cette contrée depuis peu, fait savoir ce quotidien.
Dans sa rubrique « dernière heure, Le Potentiel souligne que « contrairement à la date initiale, les travaux du dialogue social à Beni se clôturent ce samedi. » Suite au changement d’agenda de travail, la clôture des travaux du dialogue social à Beni intervient ce samedi 20 décembre, au lieu d’huer vendredi, comme initialement prévu, précise ce ce quotidien.
Le Potentiel, dans sa rubrique « A haute voix », titre : Lorsque le camp se vide…, Comment cherche-t-on les vivants parmi les morts ? Cette interrogation tirée de la Bible résonne comme les cloches pascales dans lesoreilles des Congolais encore lucides dans l’appréhension des tensions dans les grands lacs, écrit le tabloïd. Par référence aux les informations en provenance de l’Ouganda, Le Potentiel fait savoir que le rapatriement des éléments de l’ex-M23 se serait buté à un refus catégorique de certains parmi les anciens rebelles.
Presse et documents étrangers
Laurent Bigot, diplomate limogé pour avoir prédit la chute de Compaoré,prédit la chute de Kabila et Sassou car dit il le peuple chassera les pouvoirs qui ne sont pas à leur disposition.
C’était il y a deux ans, en juillet 2012 : le diplomate français Laurent Bigot a fait scandale en annonçant la chute de Blaise Compaoré. Et six mois plus tard, il a été limogé de son poste Afrique de l’Ouest au quai d’Orsay.
Aujourd’hui, il vit au Maroc et travaille comme consultant sur l’Afrique sub-saharienne. Après le Burkina Faso, y aura-t-il d’autres pays où la jeunesse se révoltera ?
L’homme qui a vu juste avant tout le monde répond aux questions de
RFI : En juillet 2012, vous étiez le monsieur Afrique de l’Ouest du quai d’Orsay. Et lors d’un colloque à l’Institut français des relations internationales (Ifri), vous avez prédit la chute du régime de Blaise Compaoré, ce qui vous a coûté votre poste d’ailleurs. Pourquoi cette analyse prémonitoire ?
Laurent Bigot : Tous les ingrédients de la chute étaient là. Blaise Compaoré était au pouvoir depuis 1987. Toute l’économie était dirigée par un clan proche du pouvoir, des indicateurs sociaux et économiques ne progressaient pas dans ce pays.
Puis surtout, il y avait un ras-le-bol généralisé. Donc il suffisait de faire une analyse assez précise de la situation pour comprendre qu’un jour ou l’autre, Blaise Compaoré tomberait et assez vite.
Peut-il y avoir d’autres Burkina Faso ?
Difficile de mesurer l’onde de choc, mais il y a une onde de choc incontestablement parce que tout le monde pensait que Blaise Compaoré était bien installé et il est tombé très vite. Puis surtout, c’est la démonstration que, quand la jeunesse décide de se prendre en main, rien ne l’arrête.
Des populations jeunes, de plus en plus urbanisées, avec une conscience politique connectée au monde. Les ingrédients sont là pour que les pouvoirs qui n’écoutent pas leur peuple se trouvent un jour ou l’autre balayés.
Y’en a marre au Sénégal, le Balai citoyen au Burkina Faso ?
Oui. Ce sont des mouvements citoyens qui, en plus, sont une mobilisation sur une base qui n’est pas du tout dogmatique, mais très pragmatique. Et ce sont des mobilisations sur des revendications très basiques, très simples qui correspondent à la vie de tous les citoyens.
En Afrique de l’Ouest il y a des pays où la gouvernance est catastrophique, où les dirigeants sont là depuis très longtemps.
Le cas du Togo nous vient immédiatement à l’esprit. Le clan Gnassingbé, ça fait près de 47 ans qu’il est au pouvoir. Il y a d’autres pays où la gouvernance pourrait aussi provoquer ce genre de mouvement populaire.
L’homme qui a vu juste avant tout le monde répond aux questions de
RFI : En juillet 2012, vous étiez le monsieur Afrique de l’Ouest du quai d’Orsay. Et lors d’un colloque à l’Institut français des relations internationales (Ifri), vous avez prédit la chute du régime de Blaise Compaoré, ce qui vous a coûté votre poste d’ailleurs. Pourquoi cette analyse prémonitoire ?
Laurent Bigot : Tous les ingrédients de la chute étaient là. Blaise Compaoré était au pouvoir depuis 1987. Toute l’économie était dirigée par un clan proche du pouvoir, des indicateurs sociaux et économiques ne progressaient pas dans ce pays.
Puis surtout, il y avait un ras-le-bol généralisé. Donc il suffisait de faire une analyse assez précise de la situation pour comprendre qu’un jour ou l’autre, Blaise Compaoré tomberait et assez vite.
Peut-il y avoir d’autres Burkina Faso ?
Difficile de mesurer l’onde de choc, mais il y a une onde de choc incontestablement parce que tout le monde pensait que Blaise Compaoré était bien installé et il est tombé très vite. Puis surtout, c’est la démonstration que, quand la jeunesse décide de se prendre en main, rien ne l’arrête.
Des populations jeunes, de plus en plus urbanisées, avec une conscience politique connectée au monde. Les ingrédients sont là pour que les pouvoirs qui n’écoutent pas leur peuple se trouvent un jour ou l’autre balayés.
Y’en a marre au Sénégal, le Balai citoyen au Burkina Faso ?
Oui. Ce sont des mouvements citoyens qui, en plus, sont une mobilisation sur une base qui n’est pas du tout dogmatique, mais très pragmatique. Et ce sont des mobilisations sur des revendications très basiques, très simples qui correspondent à la vie de tous les citoyens.
En Afrique de l’Ouest il y a des pays où la gouvernance est catastrophique, où les dirigeants sont là depuis très longtemps.
Le cas du Togo nous vient immédiatement à l’esprit. Le clan Gnassingbé, ça fait près de 47 ans qu’il est au pouvoir. Il y a d’autres pays où la gouvernance pourrait aussi provoquer ce genre de mouvement populaire.
Au Congo-Brazzaville, au Congo-Kinshasa, on prête au président en place la volonté de modifier la Constitution ou de retarder les échéances afin de se maintenir au pouvoir. Après les évènements du Burkina, est-ce que ce genre d’entreprise ne devient pas risquée ?
La modification de la Constitution en soi n’est pas un problème, puisque les constitutions peuvent évoluer pourvu qu’elles se fassent avec l’assentiment du peuple.
Le vrai problème, c’est quand on souhaite modifier la Constitution et que ça ne correspond pas aux aspirations populaires, et quand ce sont des pouvoirs qui sont en place depuis longtemps et qui ne bénéficient pas au plus grand nombre. C’est ce cocktail-là qui est explosif.
De plus en plus, le critère de longévité ne prévaudra plus, mais c’est simplement le critère de bonne gouvernance c’est-à-dire que les peuples ont probablement chassé les pouvoirs qui ne sont pas à leur disposition. Là c’est vrai qu’on a le cocktail longévité, un pouvoir qui capture les richesses nationales et la volonté de se maintenir.
Depuis la révolution du 31 octobre au Burkina, François Hollande tient des propos très fermes contre tous les bricoleurs de constitutions. Il a raison ?
Par définition, il est président donc il a raison. Le sujet une nouvelle fois, ce n’est pas de focaliser sur la Constitution. D’abord je remarque qu’on n’a rien dit à Abdelaziz Bouteflika en Algérie quand il a bricolé sa Constitution.
Donc il ne faut pas qu’il y ait deux poids, deux mesures. Le message à adresser à tous ces pouvoirs qui veulent se maintenir, c’est «travaillez au bénéfice de votre peuple et vous pourrez vous maintenir, vous aurez cette légitimité, si non vous serez balayés».
La nomination de Michaëlle Jean à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) au Sommet de Dakar, c’est un symbole, c’est un tournant ?
Ce n’est pas un tournant. Yamina Benguigui avait une formule en disant « Le Français n’appartient pas à la France». La Francophonie n’appartient à personne, elle appartient à tout le monde. Donc il n’y a pas de tournant particulier. La Francophonie appartient à tous ceux qui veulent y adhérer.
Dans une allusion transparente à François Hollande, le président ivoirien Alassane Ouattara dit qu’il faut faire attention à ne pas encourager des insurrections et que de toute façon, les Africains n’ont pas de leçon à recevoir de l’extérieur ?
Oui, il a raison. Les Africains n’ont pas de leçon à recevoir de l’extérieur. Les Africains vont donner des leçons à leurs dirigeants.
Au nom de la lutte anti-terroriste, y a t-il des régimes africains qui sont peut-être plus épargnés que d’autres par François Hollande, le défenseur des droits de l’homme et de la démocratie ?
Il y a un régime qui pose problème, c’est la Mauritanie. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a joué là-dessus. C’est une véritable rente diplomatique pour lui, la lutte contre le terrorisme.
Je vous invite à lire l’interview que l’ancien président Mohamed Ould Ely Vall a donnée à un média mauritanien. Il décrit l’Etat de la Mauritanie, c’est assez édifiant. Comme personne ne l’a attaqué en diffamation, j’imagine que ce qu’il a dit est juste.
Mais c’est assez inquiétant de voir à quel point le régime est gangrené de toute part. Et la rente de la lutte contre le terrorisme permet aussi par ailleurs des écarts considérables qu’on paye un jour ou l’autre.
Y a-t-il d’autres pays dans ce cas de figure ?
Il y a un pays le Tchad qui s’est engagé au côté de la France et qui a payé le prix du sang. Et cela, on ne peut pas le lui enlever. Ils ont de nombreux soldats qui sont tombés au champ d’honneur.
Ils ont vraiment lutté contre le terrorisme, c’est incontestable. Après on peut discuter sur la gouvernance du régime d’Idriss Déby.
Le passage de l’opération française Serval à celle de Barkhane ? Est-ce la bonne solution au Sahel ?
Le terrorisme est probablement une des nombreuses conséquences d’une profonde crise de gouvernance au Sahel et en Afrique de l’Ouest en général. Donc c’est un problème politique. Et si on n’y oppose qu’une solution militaire, on ne résoudra pas le problème.
François Hollande souhaite la création d’une force africaine de réaction rapide. Mais en attendant, est-ce que les soldats français ne sont pas condamnés à rester de longues années en Afrique ?
La question qu’il faut se poser, c’est pourquoi tous ces Etats africains n’ont jamais voulu constituer d’armée. Pour de nombreux chefs d’Etat, l’armée est un danger pour eux.
Donc ils constituent une garde prétorienne pour leur protection et pour le reste, il s’assure que l’armée ne soit pas en capacité de faire de coups d’Etat.
A partir du moment où les dirigeants seront en diapason de leur peuple, ils n’auront plus rien à craindre de leur armée, et enfin les armées pourront jouer leur rôle.
Si vous n’aviez pas été piégé en 2012 par cette vidéo à l’Ifri, est-ce que vous seriez encore aujourd’hui au quai d’Orsay ou pas ?
Avec des si, on mettrait Paris dans une bouteille.
Est-ce que Blaise Compaoré a demandé votre tête à Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères ?
Il y a eu une protestation officielle, une note verbale adressée à notre ambassade à Ouagadougou. La réponse officielle a été d’expliquer les conditions dans lesquelles j’avais pris la parole et dans lesquelles avait été diffusée cette intervention, c’est-à-dire malgré moi. Je crois que les Burkinabè ont compris.
Ils n’ont pas…
Pas à ma connaissance. Une fois la réponse à leur protestation donnée, je n’ai pas connaissance d’autre pression.
Donc le limogeage est plus à l’initiative du ministère français des Affaires étrangères ? Oui. C’est plus du franco-français que lié à des interventions africaines.
Et pourquoi dérangiez-vous à ce point ?
Allez poser la question à ceux qui ont voulu me couper la tête.
La modification de la Constitution en soi n’est pas un problème, puisque les constitutions peuvent évoluer pourvu qu’elles se fassent avec l’assentiment du peuple.
Le vrai problème, c’est quand on souhaite modifier la Constitution et que ça ne correspond pas aux aspirations populaires, et quand ce sont des pouvoirs qui sont en place depuis longtemps et qui ne bénéficient pas au plus grand nombre. C’est ce cocktail-là qui est explosif.
De plus en plus, le critère de longévité ne prévaudra plus, mais c’est simplement le critère de bonne gouvernance c’est-à-dire que les peuples ont probablement chassé les pouvoirs qui ne sont pas à leur disposition. Là c’est vrai qu’on a le cocktail longévité, un pouvoir qui capture les richesses nationales et la volonté de se maintenir.
Depuis la révolution du 31 octobre au Burkina, François Hollande tient des propos très fermes contre tous les bricoleurs de constitutions. Il a raison ?
Par définition, il est président donc il a raison. Le sujet une nouvelle fois, ce n’est pas de focaliser sur la Constitution. D’abord je remarque qu’on n’a rien dit à Abdelaziz Bouteflika en Algérie quand il a bricolé sa Constitution.
Donc il ne faut pas qu’il y ait deux poids, deux mesures. Le message à adresser à tous ces pouvoirs qui veulent se maintenir, c’est «travaillez au bénéfice de votre peuple et vous pourrez vous maintenir, vous aurez cette légitimité, si non vous serez balayés».
La nomination de Michaëlle Jean à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) au Sommet de Dakar, c’est un symbole, c’est un tournant ?
Ce n’est pas un tournant. Yamina Benguigui avait une formule en disant « Le Français n’appartient pas à la France». La Francophonie n’appartient à personne, elle appartient à tout le monde. Donc il n’y a pas de tournant particulier. La Francophonie appartient à tous ceux qui veulent y adhérer.
Dans une allusion transparente à François Hollande, le président ivoirien Alassane Ouattara dit qu’il faut faire attention à ne pas encourager des insurrections et que de toute façon, les Africains n’ont pas de leçon à recevoir de l’extérieur ?
Oui, il a raison. Les Africains n’ont pas de leçon à recevoir de l’extérieur. Les Africains vont donner des leçons à leurs dirigeants.
Au nom de la lutte anti-terroriste, y a t-il des régimes africains qui sont peut-être plus épargnés que d’autres par François Hollande, le défenseur des droits de l’homme et de la démocratie ?
Il y a un régime qui pose problème, c’est la Mauritanie. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a joué là-dessus. C’est une véritable rente diplomatique pour lui, la lutte contre le terrorisme.
Je vous invite à lire l’interview que l’ancien président Mohamed Ould Ely Vall a donnée à un média mauritanien. Il décrit l’Etat de la Mauritanie, c’est assez édifiant. Comme personne ne l’a attaqué en diffamation, j’imagine que ce qu’il a dit est juste.
Mais c’est assez inquiétant de voir à quel point le régime est gangrené de toute part. Et la rente de la lutte contre le terrorisme permet aussi par ailleurs des écarts considérables qu’on paye un jour ou l’autre.
Y a-t-il d’autres pays dans ce cas de figure ?
Il y a un pays le Tchad qui s’est engagé au côté de la France et qui a payé le prix du sang. Et cela, on ne peut pas le lui enlever. Ils ont de nombreux soldats qui sont tombés au champ d’honneur.
Ils ont vraiment lutté contre le terrorisme, c’est incontestable. Après on peut discuter sur la gouvernance du régime d’Idriss Déby.
Le passage de l’opération française Serval à celle de Barkhane ? Est-ce la bonne solution au Sahel ?
Le terrorisme est probablement une des nombreuses conséquences d’une profonde crise de gouvernance au Sahel et en Afrique de l’Ouest en général. Donc c’est un problème politique. Et si on n’y oppose qu’une solution militaire, on ne résoudra pas le problème.
François Hollande souhaite la création d’une force africaine de réaction rapide. Mais en attendant, est-ce que les soldats français ne sont pas condamnés à rester de longues années en Afrique ?
La question qu’il faut se poser, c’est pourquoi tous ces Etats africains n’ont jamais voulu constituer d’armée. Pour de nombreux chefs d’Etat, l’armée est un danger pour eux.
Donc ils constituent une garde prétorienne pour leur protection et pour le reste, il s’assure que l’armée ne soit pas en capacité de faire de coups d’Etat.
A partir du moment où les dirigeants seront en diapason de leur peuple, ils n’auront plus rien à craindre de leur armée, et enfin les armées pourront jouer leur rôle.
Si vous n’aviez pas été piégé en 2012 par cette vidéo à l’Ifri, est-ce que vous seriez encore aujourd’hui au quai d’Orsay ou pas ?
Avec des si, on mettrait Paris dans une bouteille.
Est-ce que Blaise Compaoré a demandé votre tête à Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères ?
Il y a eu une protestation officielle, une note verbale adressée à notre ambassade à Ouagadougou. La réponse officielle a été d’expliquer les conditions dans lesquelles j’avais pris la parole et dans lesquelles avait été diffusée cette intervention, c’est-à-dire malgré moi. Je crois que les Burkinabè ont compris.
Ils n’ont pas…
Pas à ma connaissance. Une fois la réponse à leur protestation donnée, je n’ai pas connaissance d’autre pression.
Donc le limogeage est plus à l’initiative du ministère français des Affaires étrangères ? Oui. C’est plus du franco-français que lié à des interventions africaines.
Et pourquoi dérangiez-vous à ce point ?
Allez poser la question à ceux qui ont voulu me couper la tête.
Joseph Kabila hausse le ton devant le Congrès AFRIKARABIA 16/12/2014
Dans son discours annuel devant les parlementaires, le président congolais a évité la question de son avenir politique et dénoncé les "injonctions de l'étranger".
Devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis ce lundi, Joseph Kabila est apparu résolument offensif sur les dossiers chauds de la politique congolaise, en réaffirmant sa volonté de maîtriser son destin. Joseph Kabila était très attendu sur le sujet des prochaines échéances électorales : locales en 2015 et présidentielle en 2016. Le président a affirmé que les élections étaient désormais devenues « incontournables pour l’accès aux plus hautes charges de l’Etat (…) Nous ne pouvons donc pas en faire l’économie quelles que soient nos difficultés« . Avant de confirmer que « toutes les élections prévues par les lois de la République seront organisées conformément aux dispositions qui seront prises par l’institution compétente (CENI)« . Si les intentions affichées sont bonnes, pas un mot cependant sur les délais des prochaines élections. Les scrutins locaux sont fixés dans 6 petits mois et aucun calendrier, ni financement complet n’ont été annoncés. Le président a cependant demandé au gouvernement de mobiliser « les ressources nécessaires pour la bonne organisation des élections« .
2016 : le suspense continue
Un certain flou a également été entretenu sur les échéances électorales avec la mise en place d’un recensement général de la population. Joseph Kabila souhaite que le gouvernement appui l’Office national d’identification de la population, « les résultats du travail de ce service public étant nécessaires pour la bonne fin du processus électoral« .
Une déclaration qui inquiète l’opposition congolaise, persuadée que le président Kabila cherche à faire « glisser » le calendrier électoral afin de se maintenir au pouvoir au-delà du délai constitutionnel de 2016. Sur son avenir politique, Joseph Kabila a également évité la question.
La Constitution lui interdisant de se représenter en 2016, l’opposition craint que le président ne veuille modifier les textes afin de pouvoir briguer un troisième mandat. Le président Kabila a encore choisi de faire durer le suspense sur ses intentions et plutôt que de clarifier la situation a décidé de contre-attaquer sur un tout autre terrain.
Une déclaration qui inquiète l’opposition congolaise, persuadée que le président Kabila cherche à faire « glisser » le calendrier électoral afin de se maintenir au pouvoir au-delà du délai constitutionnel de 2016. Sur son avenir politique, Joseph Kabila a également évité la question.
La Constitution lui interdisant de se représenter en 2016, l’opposition craint que le président ne veuille modifier les textes afin de pouvoir briguer un troisième mandat. Le président Kabila a encore choisi de faire durer le suspense sur ses intentions et plutôt que de clarifier la situation a décidé de contre-attaquer sur un tout autre terrain.
Affirmer son indépendance
La cible toute trouvée du président congolais se nomme : « l’étranger« . « De nos partenaires et pourvu que cela soit fait dans le respect de notre souveraineté, nous sommes toujours prêts à recevoir des avis, conseils et suggestions mais jamais des injonctions » a déclaré Joseph Kabila devant les parlementaires. Et de s’étonner que « certains compatriotes » en appellent « systématiquement à l’étranger pour régler les différends entre Congolais« .
Visé par cette phrase : l’américain John Kerry, qui était venu à Kinshasa en mai dernier pour demander à Joseph Kabila de respecter la Constitution et de ne pas se représenter. L’autre cible pourrait être également François Hollande, qui à Dakar avait demandé aux présidents africains « de ne pas changer l’ordre constitutionnel par intérêt personnel« .
Autre sujet qui permet à Joseph Kabila de marquer son autorité et sa volonté de s’émanciper de la tutelle internationale : la Monusco.
Selon le président, « la situation sécuritaire ne justifie plus le maintien d’un contingent de 20.000 hommes. L’heure est donc venue d’amorcer la réduction du nombre de casques bleus sur notre territoire« .
Kabila l’affranchi
La meilleure défense étant l’attaque, Joseph Kabila a décidé de ne pas se justifier devant les parlementaires et la communauté internationale. Il a volontairement éviter les questions qui fâchent et s’est contenté de marquer sa souveraineté en tentant de s’affranchir des pays occidentaux et des bailleurs de fonds donneurs de leçons. Cette fois, c’est Joseph Kabila qui fait la leçon et donne sa lecture de la situation en RDC.
En RDC, le maître du temps s’appelle Joseph Kabila et il l’a encore démontré ce lundi.
En RDC, le maître du temps s’appelle Joseph Kabila et il l’a encore démontré ce lundi.
Président, les Congolais ne sont pas de moutons !
Gaspard-Hubert Lonsi Koko © Œil d'Afrique - 16/12/2014
Le président de la République Démocratique du Congo s’est adressé à la Nation, le 15 décembre dernier à Kinshasa, à travers les deux chambres du Parlement réunies en Congrès. Son discours, lequel a consolidé davantage le scepticisme de l’opposition, s’est surtout focalisé sur les forces onusiennes, la position des pays occidentaux, la tenue des élections et le respect de la Constitution.
Les forces onusiennes
A l’occasion de son appel à la Nation congolaise, le président Joseph Kabila a manifesté son souhait relatif à la réduction de l’effectif des casques bleus car la République démocratique du Congo est « un pays où il n’y a plus de guerre classique, où la protection des civils relève désormais des opérations de police et des opérations militaires », et où « la situation militaire générale s’est améliorée au point de lui [au pays, ndlr] permettre de se porter au secours d’autres frères et sœurs en détresse ». Si la partie orientale du pays a réellement renoué avec la paix, le président de la République Démocratique du Congo aurait carrément demandé le départ de la Monusco. Si les civils n’y sont qu’en proie à une insécurité que les FARDC pourraient maîtriser à tout moment, il n’aurait pas reconnu le besoin d’un équipement spécialisé, dont disposent les forces onusiennes, par rapport à la situation sécuritaire à laquelle est confronté le pays. Le fait de se contenter d’un départ partiel des casques bleus laisse supposer que la menace de déstabilisation du territoire national n’est pas complètement éloignée.
Le maintien à tout prix ?
Pourquoi cette pressente exigence, s’agissant du nombre de casques bleus sur le territoire national, au moment où les forces négatives sont en train de se restructurer en Ouganda et dans d’autres pays limitrophes situés à l’Est ? La perspective d’une révision constitutionnelle étant de plus en plus improbable, faut-il trouver un autre subterfuge ? La dégradation de la situation dans la partie orientale pourrait-elle servir de prétexte à la prolongation du mandat présidentiel, donc de la non-tenue des élections, en s’appuyant sur la proclamation de l’état d’urgence, ou la déclaration de guerre, conformément aux articles 85 et 86 de la Constitution du 18 février 2006 ? Souhaite-t-on à tout prix se maintenir au pouvoir, en dépit du contexte populaire qui plus est défavorable aux présidences à vie ?
La position des Occidentaux
Le président de la République Démocratique du Congo a également dénoncé les « injonctions »de l’étranger relatives à la tenue des prochaines élections. Ainsi s’est-il interrogé sur « le bien-fondé de l’auto-invitation, dans ce débat, de personnalités non congolaises, aussi bien intentionnées soient-elles ». Tout Congolais ne peut qu’être réceptif à un discours patriotique, dès lors qu’il est question de la souveraineté du pays. Mais encore faut-il être en mesure d’avoir une armée aguerrie, en mesure d’assurer la sécurité et de défendre l’intégrité du territoire national, pour ne pas se retrouver avec 20 mille casques bleus sur son sol. Mais encore faut-il que le Gouvernement congolais soit doté d’un budget ne bénéficiant d’aucune aide extérieure. Comment un pays peut-il systématiquement solliciter des bailleurs de fonds pour ses besoins quotidiens et les diaboliser dès qu’ils exercent le droit de regard du fait de leur investissement ? Ne récolte-t-on pas la tempête lorsqu’on a semé le vent ?
Le partenaire qui craint pour son investissement ne ne donne plus d’avis, ni de conseils ou de suggestions, mais il fait des injonctions. « La main qui donne est toujours au dessus, et celle qui prend sans cesse en bas », dit un vieux proverbe bantou. Pis encore, la main qui offre peut toujours tout reprendre au profit que quelqu’un autre bénéficiaire. La souveraineté, nul ne l’ignore, est la résultante de l’autonomie.
Le partenaire qui craint pour son investissement ne ne donne plus d’avis, ni de conseils ou de suggestions, mais il fait des injonctions. « La main qui donne est toujours au dessus, et celle qui prend sans cesse en bas », dit un vieux proverbe bantou. Pis encore, la main qui offre peut toujours tout reprendre au profit que quelqu’un autre bénéficiaire. La souveraineté, nul ne l’ignore, est la résultante de l’autonomie.
Le respect de la Constitution
On ne peut que se réjouir de l’attachement du président de la République Démocratique du Congo à la Constitution. Encore faut-il mettre définitivement un terme aux tripatouillages circonstanciels de la Loifondamentale, au détriment de l’intérêt général, à l’approche de chaque enjeu électoral. Encore faut-il que l’on ne change plus le mode de scrutin, comme en 2011, pour se maintenir ad vitam eternam au pouvoir. Encore faut-il que l’on ne viole plus les dispositifs constitutionnels dans le but de diviser pour mieux régner.
Le génie congolais ?
Le chef de l’Etat s’est aussi interrogé sur « la tendance fort remarquée de certains compatriotes d’en appeler systématiquement à l’étranger pour régler les différends entre Congolais, comme si dans ce pays, nous n’avions pas collectivement assez de sagesse pour le faire nous-mêmes ». Comment peut-on faire confiance aux gens qui, à l’occasion des assises des concertations nationales, se sont excelés dans le clientélisme au détriment du travail ? Comment peut-on croire quelqu’un qui, à l’occasion du Cinquantenaire de l’indépendance, avait déclaré que 2010 était l’année du social alors que, presque cinq ans plus tard, la majorité de nos compatriotes patauge davantage dans la misère ? Comment peut-on suivre quelqu’un qui a été élu pour pacifier le territoire national, alors que l’insécurité perdure depuis qu’il est au pouvoir ? Comment peut-on être optimiste quand le nouveau Gouvernement Matata Ponyo hypothèque la cohésion nationale au profit de la seule redistribution des portefeuilles ministériels ?
Le président de la République a effectivement raison. « Le peuple congolais n’est pas n’importe quel peuple ». Il est connu que les descendants de Béatrice Kimpa Vita, de Simon Kimbangu, de Joseph Kasa Vubu, de Patrice Lumumba et de tant d’autres héros nationaux ne sont pas de moutons. Ils ont su mettre un terme à la colonisation belge quand ils en ont eu assez d’injustices sociales. Ils ont su lâcher le maréchal Mobutu Sese Seko quand ils ont compris qu’il conduisait le pays à la ruine. Et, le moment venu, ils sauront de nouveau changer le cours de leur Histoire pour « un Congo meilleur et davantage éclairé ».
Pretoria et Kinshasa sont sur un petit nuage
Pierre Boisselet - mardi 16 décembre 2014
Avec l'Afrique du Sud, les relations sont au beau fixe, aussi bien sur le plan commercial que politique. Et chacun a intérêt à ce que la lune de miel se prolonge.
"Un éventuel changement de Constitution devra émaner des représentants élus de ce pays. Aucun État tiers n'a voix au chapitre." Le commentaire auquel se livre Joseph Ntshikiwane Mashimbye, l'ambassadeur d'Afrique du Sud en RD Congo, dans sa résidence kinoise de la rive du fleuve Congo, devrait plaire aux conseillers du président Joseph Kabila. D'autant qu'ils ne sont guère habitués à tant de mansuétude. Les États-Unis sont ouvertement opposés à l'éventualité d'une révision constitutionnelle ; les Européens, plus discrets, n'en pensent pas moins. C'est dire si la position beaucoup plus conciliante de Pretoria est appréciée à Kinshasa...
À l'image de la longévité professionnelle de ce diplomate sud-africain (présent en RD Congo depuis mars 2010 et dont les fonctions ont été prolongées, au moins jusqu'à la fin de 2015), les relations bilatérales sont au beau fixe, et ne se limitent pas à une convergence de vues souverainiste. Sur le plan économique, les Sud-Africains sont très présents en RD Congo, de l'agro-industrie aux télécoms (Vodacom), en passant par le secteur clé des mines. Leurs groupes Randgold Resources et AngloGold Ashanti, en partenariat avec l'État, ont notamment investi une somme colossale (2,5 milliards de dollars, environ 2 milliards d'euros) dans la mine d'or de Kibali (Province-Orientale).
Les échanges commerciaux restent très déséquilibrés, à l'avantage de Pretoria. Et l'offensive des investisseurs sud-africains contraste avec la frilosité de leurs pairs occidentaux, qui s'inquiètent des risques d'instabilité politique et juridique. "Le climat des affaires est loin d'être parfait, reconnaît Mashimbye. Mais si vous attendez qu'il le devienne, vous n'entreprendrez jamais rien. Mieux vaut contribuer à résoudre les problèmes. D'ailleurs, la situation s'est nettement améliorée depuis mon arrivée à Kinshasa. Lorsque d'autres investisseurs viendront, il ne leur restera plus que les miettes du gâteau qui sera sur la table des Sud-Africains !"
Pretoria est également devenu un allié précieux sur les plans militaire et diplomatique. Pour venir à bout des rebelles de l'est du pays, l'Afrique du Sud a pesé de tout son poids en faveur de la création d'une "brigade d'intervention" au sein de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RD Congo (Monusco). Dotée d'un mandat offensif inédit, elle compte des soldats sud-africains aux côtés de Tanzaniens et de Malawites.
Sphère d'influence
Les liens entre les deux pays sont encore confortés par les relations personnelles qu'ont nouées les présidents Joseph Kabila et Jacob Zuma. Selon la presse sud-africaine, le neveu de ce dernier, Khulubuse Zuma, posséderait d'ailleurs des intérêts importants dans le pétrole du lac Albert - un sujet sur lequel notre diplomate s'abstient de tout commentaire... Quoi qu'il en soit, l'axe Pretoria-Kinshasa s'inscrit dans un cadre stratégique beaucoup plus large.
Entre provinciaux...
La coopération entre la RD Congo et l’Afrique du Sud passe aussi par les collectivités territoriales. Ainsi, en octobre 2012, les gouvernorats du Katanga (RDC) et du Gauteng (Afrique du Sud) ont signé un traité de collaboration multisectorielle.
Cette coopération bilatérale renforcée entre les deux provinces a permis de lancer des programmes conjoints dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la formation technique. Elle vise par ailleurs à développer les investissements dans l’industrie et les PME, ainsi que dans les secteurs des mines, des infrastructures, des transports, du tourisme et de l’agriculture.
Cécile Manciaux
La coopération entre la RD Congo et l’Afrique du Sud passe aussi par les collectivités territoriales. Ainsi, en octobre 2012, les gouvernorats du Katanga (RDC) et du Gauteng (Afrique du Sud) ont signé un traité de collaboration multisectorielle.
Cette coopération bilatérale renforcée entre les deux provinces a permis de lancer des programmes conjoints dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la formation technique. Elle vise par ailleurs à développer les investissements dans l’industrie et les PME, ainsi que dans les secteurs des mines, des infrastructures, des transports, du tourisme et de l’agriculture.
Cécile Manciaux
Du temps de Mobutu et de Mandela, Pretoria était déjà impliqué dans les médiations en RD Congo. Ainsi la ville sud-africaine de Sun City a-t-elle été l'hôte de la conférence du même nom, qui mit fin à la guerre en RD Congo, au début des années 2000. Et en 2011, Pretoria a assuré la logistique du scrutin qui aboutit à la réélection de Joseph Kabila. Sans cette assistance technique, il aurait été encore plus controversé. Pour les Sud-Africains, la RD Congo se situe à la frontière nord de leur sphère d'influence, celle de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). Aussi, même s'ils disent voir d'un bon oeil les contributions de tous les pays au développement économique de la RD Congo, ils se méfient du poids que pourraient y prendre certains concurrents, à commencer par le Rwanda (non membre de la SADC).
Misant sur la reconstruction de l'État congolais, l'Afrique du Sud forme des militaires, des fonctionnaires et des diplomates. Les Sud-Africains sont en outre impliqués dans le projet hydroélectrique de Grand Inga, dont la puissance potentielle (42 gigawatts, l'équivalent de plus de 20 réacteurs EPR) permettrait de fournir de l'électricité à une grande partie du continent, à commencer par leur pays, qui souffre d'un important déficit énergétique. Avec la première phase du projet, Inga III, dont les travaux pourraient être lancés en 2015, l'Afrique du Sud devrait récupérer 2 500 MW de puissance d'ici cinq à dix ans - le temps que les turbines entrent en service. De quoi cimenter une relation sur le très long terme...
Vincent Duhem, envoyé spécial de Jeune Afrique - 16/12/2014
Impulsé par la France, le Forum sur la paix et la sécurité en Afrique s'est tenu à Dakar du 15 au 16 décembre. À l'heure du bilan, voici cinq points marquants qui ressortent des échanges entre les quelque 350 participants.
Les présidents Macky Sall (Sénégal), Idriss Déby Itno (Tchad) et Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), se sont rendus à Dakar, mardi 16 décembre dans l’après-midi, pour clôturer le Forum sur la paix et la sécurité en Afrique. Pendant deux jours, près de 350 participants auront débattu des solutions à apporter aux crises qui traversent le continent.
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Une participation très francophone
Cette première édition du forum de Dakar est pour la France, qui l'a impulsée, un succès. Au ministère de la Défense, qui a accompagné sa création, sa construction puis son déroulement, on se félicite du nombre importants de participants et de la qualité des personnalités politiques, militaires, et académiques présentes. Il est vrai qu’avec 350 participants, le seuil espéré est largement dépassé.
Tous ont pu longuement échanger, soit lors des ateliers organisés soit lors des incessantes sessions bilatérales ou des entretiens informels qui ont eu lieu en marge du forum. "On ne construit pas une politique de sécurité sans une réflexion stratégique. Ce forum doit nous apporter une doctrine", explique un proche du ministre français dela Défense, Jean-Yves Le Drian.
Cependant, l’essentiel des pays représentés à Dakar sont venus de l’Afrique francophone. Des États dont le rôle dans les crises majeures du continent est essentiel, comme l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria, étaient absents. Si les enjeux et les questions abordées sont globales, difficile de définir des réponses efficaces sans les principaux concernés…
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La nécessité de s'adapter à une menace terroriste en pleine évolution
Au-delà de particularismes nationaux, les participants sont tous préoccupés par la même menace : celle du terrorisme. Le sujet n’a jamais été aussi brûlant sur le continent, dont les acteurs régionaux doivent adopter de nouvelles stratégies. Pas moins de treize groupes terroristes sont aujourd’hui actifs, au nord comme au sud du Sahara.
"La menace terroriste n’a plus de frontière, les acteurs se multiplient et profitent de la fragilité des espaces frontaliers", a résumé lundi Jean-Yves Le Drian. Pour Francesco Madeira, envoyé spécial du président de la Commission de l’Union africaine pour la coopération anti-terroriste, "l’Afrique est sur le point de devenir un lieu de transit du terrorisme. En Libye, des territoires sont occupés, des combattants de l’État islamique s’implantent et forment des cellules de recrutement".
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Prévenir les crises, une priorité
Si la menace évolue rapidement, les moyens de la combattre ne se sont pas vraiment renouvelés ces dix dernières années. Les vœux exprimés - régionalisation et mutualisation - restent pieux. Aujourd’hui, la réponse aux crises sécuritaires est d’abord militaire. "Elle permet de rattraper le temps perdu, d’en gagner pour ensuite s’occuper des problématiques socio-économiques", analyse un éminent général français.
Mais à Dakar, la grande majorité des intervenants, notamment africains, ont souhaité mettre l’accent sur la prévention. "Elle coûte moins chère en vie humaine", a déclaré Smaïl Cherghi, le commissaire Paix et sécurité de l’UA. Discours encore plus offensif de l’envoyée spéciale de l’ONU pour le Sahel, l’Éthiopienne Hiroute Gebre Selassie : "La hausse des dépenses sécuritaires se fait au détriment des besoins sociaux. C’est pourtant la précarité des développements sociaux qui pousse les jeunes à rejoindre les groupes armés. La situation de la jeunesse s’est aggravée. C’est l’une des causes profondes de l’instabilité dans le Sahel."
"Il faut aller plus loin que l’approche sécuritaire si l’on veut combattre l’idéologie et proposer une alternative politique", poursuit Francesco Madeira.
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La France, catalyseur de la coopération intra-africaine
Le Sénégal et son président, Macky Sall, ont joué un rôle central dans l’organisation du forum. Aux côtés des Sénégalais, la forte présence de hautes personnalités politiques est significative de l’intérêt suscité par le sommet. La co-organisation de l'événement par le ministère français de la Défense entre dans la logique, énoncée au sommet de l’Élysée en décembre 2013, d’appropriation par les Africains eux-mêmes des questions de sécurité collective. Voulant s’ériger en catalyseur, "la France se tient présente à un moment où les initiatives régionales ont besoin de se concrétiser", a déclaré lundi Jean-Yves Le Drian. Il faut faire de la coopération la règle et non plus l’exception.""L’approche régionale est la clef du succès", a renchéri l’envoyée spéciale de l’ONU au Sahel. Les deux jours de discussions auront eu le mérite de montrer le chemin qui reste à parcourir.
Car dans la pratique, les initiatives régionales (FAA, CARIC) sont pour la plupart dans les tiroirs. Les gouvernements africains rechignent, privilégiant l’approche bilatérale avec les États-Unis ou la France par exemple. La rivalité entre certains pays frontaliers (entre le Cameroun et le Nigeria pour Boko Haram, entre l’Algérie et le Maroc pour la crise malienne) rendent cette coopération compliquée. Ces deux contentieux ont d’ailleurs été très présents tout au long des discussions de Dakar. Des échanges auxquels le ministre algérien des Affaires étrangères, Ratmane Lamamra, n’a finalement pas participé.
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Les réticences de l’UA
L’UA était dès le début, très hostile à l’idée même de ce forum. Pour que celle-ci soit acceptée, "il a fallu de long mois de dialogue pour faire passer le message que nous ne voulions pas organiser un sommet qui concurrencerait sa retraite annuelle", explique-t-on au cabinet de Le Drian. Et si Smaïl Chergui a effectué, à contrecœur, le déplacement à Dakar, il a profité de son discours inaugural de lundi pour rappeler la position de l’UA et pour mettre en avant ses actions.
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La Coopération belge au développement mise davantage sur les PME du Sud 16 décembre 2014
Les micro, petites et moyennes entreprises seront davantage ciblées. C’est l’un des choix issus de la nouvelle stratégie d’investissement, approuvée aujourd’hui par la Société belge d'Investissement pour les Pays en Développement (BIO). Le vice-Premier ministre et ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo, en visite aujourd’hui chez BIO, s’est dit satisfait de ces choix ciblés en matière d’investissements. Le gouvernement fédéral débloquera dans les prochaines années 160 millions d’euros en faveur de BIO.
Le ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo a rendu visite aujourd’hui à la Société belge d'Investissement pour les Pays en Développement. BIO investit dans des projets privés et apporte ainsi une contribution structurelle à la croissance économique des pays en développement. Le ministre De Croo a aussi rencontré le conseil d’administration qui a approuvé aujourd’hui sa nouvelle stratégie d’investissement pour les années à venir.
Cette nouvelle approche est la traduction opérationnelle du premier contrat de gestion conclu en avril entre BIO et l’État belge. Elle s’articule autour de plusieurs choix très clairs. Ainsi, dans les prochaines années, BIO s’orientera beaucoup plus sur les micro, petites et moyennes entreprises. Ses choix se porteront surtout sur les projets qui ne peuvent pas faire appel à des sources de financement classiques. BIO réduit aussi de moitié le nombre de pays où elle sera active, le faisant passer de 100 à 52.
BIO se concentrera désormais sur cinq secteurs :
- le secteur financier, et notamment les microcrédits et l’inclusion financière comme instruments de lutte contre la pauvreté
- l’agriculture, et notamment une productivité accrue et la sécurité alimentaire
- l’énergie, et notamment les énergies durables et renouvelables
- les infrastructures, et notamment l’irrigation, les télécommunications et les transports
- les services essentiels, comme la santé, l’eau, l’éducation et le logement.
Le ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo est satisfait du ciblage stratégique clair pour les prochaines années. “Si nous voulons mettre les pays sur la voie du développement et de l’autonomie, nous avons besoin d’un secteur privé bien développé. Ces pays doivent donc disposer, tout comme la Belgique, d’un solide tissu de PME. En suivant cette politique d’investissement claire, BIO pourra y contribuer dans une large mesure dans les prochaines années. En même temps, BIO s’inscrit également dans ma stratégie de lutte contre le saupoudrage de la politique de développement belge”, a-t-il indiqué.
Alexander De Croo attend beaucoup de BIO et de la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie. “Face à ces attentes considérables, il y a aussi un engagement clair du gouvernement fédéral. Cette année, BIO a reçu 50 millions d’euros de moyens nouveaux auxquels s’ajouteront dans les quatre prochaines années, 160 millions d’euros. C’est un solide engagement, d’autant plus à un moment où les budgets de la coopération au développement sont soumis à une forte pression.”
“Je compte en outre permettre à BIO d’attirer plus de capitaux privés afin de dégager un situation de gagnant-gagnant : nous renforçons notre impact dans les pays où nous sommes actifs et nous veillons à ce que les entreprises belges accordent aussi une attention accrue à la problématique du développement dans le cadre de leur responsabilité sociétale (corporate social responsibility)”, a conclu le ministre.
Cafouillage en Ouganda… Blog de Colette Braeckman - 17 décembre 2014
oici un an, une offensive conjointe menée par les forces gouvernementales congolaises et la Brigade africaine d’intervention, intégrée au sein de la Monusco, obligeait les rebelles du M23 à franchir les frontières rwandaise et ougandaise.
Cette victoire militaire, la plus importante jamais obtenue par les FARDC, mettait fin au calvaire de 800.000 personnes déplacées au Nord Kivu et permettait à l’autorité de l’Etat de se rétablir progressivement dans la province.
A la suite de leur défaite militaire, 1678 rebelles furent installés dans un camp de cantonnement en Ouganda et 500 autres au Rwanda. Comme ces combattants avaient emporté leurs armes et leur matériel roulant, leur sort fit l’objet de longs pourparlers avec Kinshasa. Les autorités congolaises redoutaient une résurgence de la rébellion et de nouvelles attaques au départ des pays voisins, en dépit de l’accord conclu à Addis Abeba qui prévoyait un rapatriement contrôlé et l’octroi de l’amnistie à un certain nombre de combattants.
Une première étape du rapatriement volontaire vient d’avoir été organisée au départ de l’Ouganda, mais elle s’est accompagnée d’un « couac » inquiétant : quelque 120 ex-rebelles ont embarqué à Entebbe en direction de la RDCet d’après François Muamba, qui coordonne le mécanisme de suivi de l’accord d’Addis Abeba, d’autres vagues de rapatriements pourraient suivre, permettant à quelque 330 ex- combattants déjà amnistiés de regagner le Congo.
Cependant, le président du M23, Bertrand Bisimwa, a contesté le caractère volontaire de ce retour au pays, assurant que l’armée ougandaise, en accord avec une délégation congolaise, était arrivée avec des camions devant le camp de Bihanga, et que les ex rebelles auraient résisté à ce rapatriement forcé. L’opération aurait fait des blessés et peut-être des morts et surtout, elle a permis à un millier d’hommes de prendre la fuite et de se réfugier dans les collines voisines.
Selon certaines sources contactées sur le terrain, le semi fiasco de cette opération de rapatriement est du au fait que le colonel Makenga, l’un des chefs militaires du M23, aurait joué « en solo », négociant directement avec Kinshasa les conditions de son rapatriement. Il aurait obtenu l’amnistie et une réintégration dans l’armée avec son grade, laissant de côté ses alliés, le président du mouvement Bertrand Bisimwa et Innocent Kaina, dit India Queen, l’un des plus redoutables chefs militaires du mouvement, qui se sont sentis floués.
Cet éclatement de ce qui reste du M23 et la fuite d’un millier de ses éléments pourraient avoir des conséquences sur le plan régional. En effet, on s’interroge toujours sur l’identité réelle des rebelles qui sèment la terreur du côté de Beni, dans le « Grand Nord » du Kivu, procédant à des exécutions capitales et des décapitations en public.
Officiellement, ces actes de terreur sont imputés aux rebelles ougandais, les ADF Nalu, de confession musulmane, mais sur place, les observateurs dénoncent des bandes mafieuses qui s’opposent à une grande offensive des forces gouvernementales et de la Monusco. Sur le terrain, des enquêteurs ont relevé le fait que certains de ces rebelles s’exprimaient en kinyarwanda (ce qui est aussi le cas de nombreux combattants du M23 ayant été formés au Rwanda).
Par ailleurs, le calme règne toujours dans le camp abritant des ex M23 au Rwanda, mais des sources onusiennes assurent que 300 d’entre eux auraient disparu dans la nature…
Cette mobilisation des rebelles tutsis est à mettre en parallèle avec l’ultimatum qui pèse sur leurs ennemis jurés, les combattants hutus des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) qui, d’ici le 1er janvier prochain, doivent accepter le désarmement volontaire et le cantonnement. Jusqu’à présent, les combattants hutus, refusant de regagner le Rwanda ou d’être transférés à Kisangani, essaient de gagner du temps, demeurant disponibles pour toutes les aventures…
Cette victoire militaire, la plus importante jamais obtenue par les FARDC, mettait fin au calvaire de 800.000 personnes déplacées au Nord Kivu et permettait à l’autorité de l’Etat de se rétablir progressivement dans la province.
A la suite de leur défaite militaire, 1678 rebelles furent installés dans un camp de cantonnement en Ouganda et 500 autres au Rwanda. Comme ces combattants avaient emporté leurs armes et leur matériel roulant, leur sort fit l’objet de longs pourparlers avec Kinshasa. Les autorités congolaises redoutaient une résurgence de la rébellion et de nouvelles attaques au départ des pays voisins, en dépit de l’accord conclu à Addis Abeba qui prévoyait un rapatriement contrôlé et l’octroi de l’amnistie à un certain nombre de combattants.
Une première étape du rapatriement volontaire vient d’avoir été organisée au départ de l’Ouganda, mais elle s’est accompagnée d’un « couac » inquiétant : quelque 120 ex-rebelles ont embarqué à Entebbe en direction de la RDCet d’après François Muamba, qui coordonne le mécanisme de suivi de l’accord d’Addis Abeba, d’autres vagues de rapatriements pourraient suivre, permettant à quelque 330 ex- combattants déjà amnistiés de regagner le Congo.
Cependant, le président du M23, Bertrand Bisimwa, a contesté le caractère volontaire de ce retour au pays, assurant que l’armée ougandaise, en accord avec une délégation congolaise, était arrivée avec des camions devant le camp de Bihanga, et que les ex rebelles auraient résisté à ce rapatriement forcé. L’opération aurait fait des blessés et peut-être des morts et surtout, elle a permis à un millier d’hommes de prendre la fuite et de se réfugier dans les collines voisines.
Selon certaines sources contactées sur le terrain, le semi fiasco de cette opération de rapatriement est du au fait que le colonel Makenga, l’un des chefs militaires du M23, aurait joué « en solo », négociant directement avec Kinshasa les conditions de son rapatriement. Il aurait obtenu l’amnistie et une réintégration dans l’armée avec son grade, laissant de côté ses alliés, le président du mouvement Bertrand Bisimwa et Innocent Kaina, dit India Queen, l’un des plus redoutables chefs militaires du mouvement, qui se sont sentis floués.
Cet éclatement de ce qui reste du M23 et la fuite d’un millier de ses éléments pourraient avoir des conséquences sur le plan régional. En effet, on s’interroge toujours sur l’identité réelle des rebelles qui sèment la terreur du côté de Beni, dans le « Grand Nord » du Kivu, procédant à des exécutions capitales et des décapitations en public.
Officiellement, ces actes de terreur sont imputés aux rebelles ougandais, les ADF Nalu, de confession musulmane, mais sur place, les observateurs dénoncent des bandes mafieuses qui s’opposent à une grande offensive des forces gouvernementales et de la Monusco. Sur le terrain, des enquêteurs ont relevé le fait que certains de ces rebelles s’exprimaient en kinyarwanda (ce qui est aussi le cas de nombreux combattants du M23 ayant été formés au Rwanda).
Par ailleurs, le calme règne toujours dans le camp abritant des ex M23 au Rwanda, mais des sources onusiennes assurent que 300 d’entre eux auraient disparu dans la nature…
Cette mobilisation des rebelles tutsis est à mettre en parallèle avec l’ultimatum qui pèse sur leurs ennemis jurés, les combattants hutus des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) qui, d’ici le 1er janvier prochain, doivent accepter le désarmement volontaire et le cantonnement. Jusqu’à présent, les combattants hutus, refusant de regagner le Rwanda ou d’être transférés à Kisangani, essaient de gagner du temps, demeurant disponibles pour toutes les aventures…
Jeune Afrique17/12/2014
L'armée ougandaise a confirmé mardi la fuite d'un millier d'ex-combattants du Mouvement du 23-Mars (M23) qui se sont échappés de leur camp en Ouganda lors d'une opération de rapatriement vers la RDC.
Depuis quelques mois déjà, Kampala menaçait Kinshasa d'accorder l'asile politique aux ex-combattants du Mouvement du 23-Mars (M23) et à leurs chefs qui se sont réfugiés sur son sol après leur défaite militaire en novembre 2013 dans l'est de la RDC. Après des tractations de dernière minute entre les deux pays, une opération de rapatriement de ces anciens rebelles a été lancée, le 16 décembre, et devait s'achever à Noël. Mais elle s'est vite heurtée à l'opposition des éléments du M23.
"Un millier de rebelles du M23 se sont échappés" du camp de Bihanga, à quelque 300 km au sud-ouest de Kampala, "expliquant craindre pour leur sécurité s'ils étaient rapatriés en RDC", a déclaré le porte-parole de l'armée ougandaise, le lieutenant-colonel Paddy Ankunda, sur le compte Twitter de l'armée. "Le gouvernement recherche désormais les rebelles du M23 qui ont échappé au rapatriement", a-t-il ajouté.
Seuls 120 ex-rebelles sur quelque 1 300 réfugiés en Ouganda ont embarqué mardi dans un avion à l'aéroport international d'Entebbe, à une trentaine de km de la capitale ougandaise. L'avion a ensuite décollé à destination de la RDC voisine. Kinshasa espérait voir 560 ex-rebelles déjà amnistiés accepter de rentrer au pays. Mais "il y en a 120 [seulement] qui sont en route pour Kinshasa", a noté François Muamba, coordonnateur du Mécanisme national de suivi (MNS), un organisme congolais chargé du dossier.
Rapatriement forcé ou volontaire ?
"Il s'agit d'un rapatriement volontaire, a-t-il précisé. Nous avons pris [avec les autorités ougandaises] une décision qui consiste à accélérer le rapatriement des ex-combattants" du M23, a-t-il expliqué, soulignant que "tout doit être achevé au 25 [décembre]. Même son de cloche du côté de l'armée ougandaise. Son porte-parole, le lieutenant-colonel Paddy Ankunda a également souligné qu'"aucun membre du M23 n'avait été forcé à être rapatrié vers la RDC".
Mais depuis Kampala où il vit, le président du M23, Bertrand Bisimwa, a dénoncé au contraire une tentative de "rapatriement forcé". "Ce matin [16 décembre] vers 4 heures des camions [de l'armée ougandaise] sont arrivés pour embarquer de force" les ex-combattants, a-t-il dénoncé. "Ils ont refusé d'embarquer dans les camions, (...) des coups de feu sont partis" du côté de l'armée ougandaise, a ajouté Bertrand Bisimwa.
Un responsable militaire ougandais a confirmé, sous le couvert de l'anonymat, que l'opération de rapatriement avait rencontré "une résistance" et que plusieurs ex-combattants du M23 avaient été blessés par balle.
Human Rights Watch appelle désormais la CPI à à se pencher sur les récents massacres commis à Beni.
Bertrand Bisimwa parle d'une "violation des règles du droit international et des déclarations signées le 12 décembre 2013 à Nairobi" entre gouvernement de RDC et M23, qui avait mis fin au conflit. Le document signé à Nairobi prévoyait selon lui que la question du rapatriement des anciens rebelles réfugiés hors de RDC soit discutée entre l'ex-rébellion et les autorités de Kinshasa, "ce qui n'a jamais été fait".
Des ex-M23 se rallient aux ADF ?
À en croire le porte-parole de l'armée ougandaise, des ex-combattants réfractaires "semblent s'être rendus au camp de réfugiés de Rwamwanja où ils veulent être pris en charge par l'ONU". Mais le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) à Kampala a déjà indiqué que les anciens rebelles du M23 n'avaient pas de statut de réfugiés et ne pourraient être accueillis à Rwamwanja.
De l'autre côté de la frontière, dans la province congolaise voisine du Nord-Kivu, la société civile locale affirme que des ex-combattants du M23 tentent de s'infiltrer dans le territoire de Beni pour se rallier aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), soupçonnés d'être les responsables d'une série de massacres perpétrés dans la région depuis début octobre.
Pour sa part, Human Rights Watch appelle désormais la Cour pénale international (CPI) à à se pencher sur les récents massacres commis à Beni. "La procureure de la CPI devrait réunir des informations et examiner [ces crimes] en vue de déterminer si une enquête de la CPI [...] est justifiée", écrit l'organisation américaine de droits de l'Homme dans un communiqué rendu publié le 16 décembre.
Opposition républicaine ou « opposition proche du pouvoir »?
E. Ngeleka – Tam Tam Blog - 17/12/2014
Dans l’entendement général, l’on s’attend à ce que le gouvernement au pouvoir gouverne effectivement, et que l’opposition pour sa part joue son rôle de contre -pouvoir en s’opposant. Et pour que cette dernière passe « à lacuisine » et participe à la gestion du pays, il lui faudrait soit une victoire électorale, soit des accords officiels avec le gouvernement en vue de gouverner ensemble.
Lorsque la composition du gouvernement de « cohésion nationale » a été rendu publique le 7 décembre dernier, sept membres de l’opposition y ont été trouvés, dont quelques membres de la plateforme « Opposition républicaine” dirigée par Kengo wa Dondo, le président du Senat.
Au gouvernement sans victoire électorale ni accord gouvernemental
Puisqu’aucune législative n’a précédé cette entrée au gouvernement, on pourrait s’en remettre à un accord gouvernemental l’ayant précédé. Mais il n’en est rien. Lors de la réception organisée le 11 décembre en l’honneur des ministres de la plateforme nommés au gouvernement, monsieur Mokonda Bonza, ancien proche de Mobutu et modérateur de la plateforme, écrit L’Observateur, a levé le voile sur les raisons de son entree au gouvernement. « Mieux vaut tard que jamais, s’est-il écrié, avant de « remercier le chef de l’Etat d’avoir fait siennes les 679 résolutions des Concertations nationales ».
Les résolutions des Concertations nationales qui eurent lieu en octobre 2013 n’étaient pas un programme gouvernemental. Elles ne virent pas non plus les grands partis politiques de l’opposition (L’UDPS et l’UNC) y prendre part. Aussi, en adhérant au gouvernement de « cohésion nationale, » l’Opposition républicaine s’engage à appliquer le programme gouvernemental de ceux qui étaient sensés avoir gagné les législatives de novembre 2011.
Dès lors, lorsque Jeune Afrique titre au lendemain de la sortie du gouvernement que « la Majorité s’élargit et l’opposition se marginalise » n’est que vrai en partie. L’union entre Kabila (48,9% aux dernières élections) et Kengo (4,9%) certes « élargit la Majorité » à 53%, mais les points de Tshisekedi (32,3%) et Kamerhe (7,7%), un total de 40%, n’indique pas que l’opposition est « marginalisée. » Au contraire.
Même si l’entrée des opposants au gouvernement est du déjà vu en RDC (Ngunza Karli bond, Mungul Diaka, Birindwa, etc. l’ont fait auparavant sous la 2me République), il ne manque pas cependant des interrogations. Elles ne consistent pas seulement à savoir si Kengo wa Dondo et ses amis vont changer l’appellation de leur plateforme. Et les questions ne proviennent pas uniquement des observateurs indépendants.
Un syllogisme à deux vitesses
La dernière sortie de monsieur Samy Badibanga, président du groupe parlementaire UDPS et Alliés, était attendue, même si elle n’était que formelle. Cité par La Prospérité, il a déclaré le 11 décembre dernier que « l’opposition républicaine ne fait plus partie de l’opposition. »
Et le député élu du Mont Amba, à Kinshasa, de s’expliquer sur le pourquoi de l’exclusion de ses partenairespolitiques. La loi organique portant statut de l’opposition en son article 2, stipule que qu’on entend par opposition « un parti ou regroupement politique qui ne participe pas à l’exécutif et/ou ne soutient pas son programme d’action au niveau national, provincial, urbain, municipal ou local. » Et Samy de Badibanga de poursuivre : « Or le regroupement politique dénommé Opposition politique participe officiellement au gouvernement qui vient d’être formé. Donc… »
La déclaration de l’homme a beau être correcte, le syllogisme imparable, il a cependant difficile à convaincre. Elu lui-même dans la commune de Mont-Amba en novembre 2011 sur la liste de l’UDPS, il a réservé une fin de non-recevoir à la logique de son parti politique. L’UDPS ayant décrété les élections « frauduleuses et irrégulières, » siéger au Parlement issu de ces élections était contradictoire et … illogique. Et lorsque Limete a décrété que « les députés élus ne devraient pas siéger à l’Assemblée nationale, » il n’a pas obtempéré, lui et une dizaine de ses amis. Depuis, ils sont en rupture des bans avec la Direction de leur parti. De là aujourd’hui, à se transformer en donneur de leçons à Kengo…
Depuis, n’ayant pas la caution morale d’Etienne Tshisekedi, monsieur Samy Badibanga a beau occuper un poste de plus en vue, il ne pèse guère sur l’échiquier politique national et passe presque inaperçu.
Des origines de l’opposition « modérée » ?