Intimidation :
Aux abois, "Joseph Kabila" menace Moïse Katumbi de..."révocation"

Lambert Mende Omalanga, le très chahuté ministre de la Communication et des médias
Au cours de son point presse hebdomadaire, vendredi 9 janvier, Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et porte-parole - plus de "Joseph Kabila" - que du gouvernement central dont les réunions sont épisodiques, a "signifié" le plus solennellement du monde une "mise en garde" de révocation à Moïse Katumbi Chapwe, le gouverneur du Katanga. Deux semaines après le retour triomphal de "Moïse"à Lubumbashi, la "guerre des nerfs" continue entre celui-ci et le "raïs". Le contenu du petit speech prononcé à la Place de la poste reste imbuvable pour le successeur de Mzee et les "durs" de son entourage. Aux abois, vomi par la province du Katanga qui lui servait de fief, "Joseph Kabila" espère manifestement arracher un "démenti" par l’intimidation. Démenti de quoi? Démenti d’une part, de la fameuse parabole du "troisième faux pénalty" et d’autre part, la comparaison entre les Burkinabe et la foule lushoise.
La première réunion du Conseil des ministres du gouvernement Matata II s’est tenue le mardi 23 décembre dernier à Kinshasa. Aussitôt après, "Joseph Kabila" - dont le penchant pour la frivolité est bien connu - est allé "se reposer" dans ses fermes du Parc de Kundelungu et celle de Kashamata sur la route de Kasumbalesa au Katanga. Cela fait donc une vingtaine de jours que le chef de l’Etat congolais est absent du siège des institutions. Le Premier ministre Augustin Matata Ponyo l’a d’ailleurs rejoint, depuis mercredi 6.
Mise en garde
En dépit du fait que l’exécutif national est en "hibernation" depuis le 23 décembre, Lambert Mende Omalanga a animé, vendredi 9 janvier, son point de presse hebdomadaire. Il a annoncé notamment que le "gouvernement" a lancé une «mise en garde» au gouverneur Moïse Katumbi, suite aux «récents propos» tenus par celui-ci. Des propos perçus comme un "véritable affront"à "Joseph Kabila".
Prenant la parole, à la Place de la poste, le 23 décembre, Katumbi, qui est par ailleurs président de l’équipe de football "Tout-Puissant Mazembe" avait lancé, sous forme de parabole, le "troisième faux pénalty" qui finit par pousser le public à descendre sur le terrain. Il avait également laissé entendre que la foule venue l’accueillir représentait plus que les Burkinabe. Ces deux métaphores sont au centre d’une "guerre froide" entre "Joseph" et "Moïse".
Mende qui se croit encore à l’époque où le sort des gouverneurs de province dépendaient des humeurs du président de la République de tonner : "Il est le représentant du chef de l’État, donc s’il veut toujours être gouverneur, il a intérêt à ne pas dépasser certaines limites". Lesquelles? Silence radio.
Rien à fouetter un chat
Par paresse intellectuelle, le ministre congolais de la Communication semble ignorer qu’aux termes de l’article 3 de la loi fondamentale promulguée le 18 février 2006, les provinces et les entités décentralisées sont dotées de la personnalité juridique. La personnalité juridique signifie tout simplement que ces entités jouissent de l’aptitude d’être sujet de droit. Inutile de souligner que le gouverneur de province et son adjoint sont élus au suffrage universel indirect par des députés provinciaux. Ils sont par la suite investis et non nommés par le Président de la République. C’est ainsi que le législateur de 2005 a mis l’accent sur la "libre administration" et l’autonomie de gestion" des collectivités territoriales. Depuis février 2006, le gouvernement central ne cesse d’infantiliser les pouvoirs locaux par des interventions intempestives.
Que reproche-t-on à l’actuel gouverneur du Katanga? Selon une dépêche de l’AFP, un proche de "Joseph Kabila" non autrement identifié - Jean Marie Kassamba? - confiait, lundi 5 janvier, qu’il est "reproché"à Moïse Katumbi Chapwe et à Gabriel Kyungu wa Kumwanza, président de l’assemblée provinciale du Katanga, de s’être "désolidarisés de la majorité présidentielle par leur conduite" lors du "retour triomphal" du premier le mardi 23 décembre.
Les reproches articulés à l’encontre du duo Katumbi-Kyungu ne valent même pas la peine de fouetter un chat. Le véritable problème est ailleurs. Il s’agit de la volonté à peine voilée de "Joseph Kabila" et de ses proches de faire réviser la Constitution. Objectif : permettre au "raïs" de briguer un troisième mandat. Et pourquoi pas instaurer une sorte de "monarchie républicaine"?
La parabole de Katumbi et les propos de Kyungu invitant la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) à publier "rapidement" le "calendrier global" des élections n’ont aucun caractère séditieux.
L’article 70 de la Constitution du Congo démocratique interdit l’actuel Président - qui achève son second et dernier mandat de cinq ans - de se représenter en septembre 2016. Dans un Etat respectueux de la primauté du droit, la question n’aurait appelé aucun débat. Les "Kabilistes", eux, allèguent que le "raïs" n’a pas encore achevé la réalisation de son programme. Pourra-t-il accomplir en cinq ans ce qu’il n’a pu faire en quinze ans?
A tort ou à raison, "Moïse" est suspecté par ses "amis" de la "majorité présidentielle" de "rêver" de devenir "calife à la place du calife". Il reste que depuis plusieurs mois, le camp des anti-révisionnistes ne cessent de prendre de l’ampleur y compris dans la mouvance kabiliste.
Le "raïs" est fou furieux
Lors de la rencontre du vendredi 02 janvier entre le "raïs" et des "notables katangais" dans la ferme de Kashamata, Katumbi et Kyungu étaient les grands absents. Et ce en dépit du fait qu’ils y ont été conviés. Selon certains participants, cette situation a rendu "Joseph Kabila" fou furieux. "D’ailleurs, la causerie morale du chef de l’Etat a débuté avec deux heures de retard au programme", confie un participant. C’est ici que le "raïs" s’est cru en droit de brandir la menace d’une révocation en faisant dire à Mende que "la Constitution congolaise autorise sous certaines conditions le président de la République à relever de ses fonctions le gouverneur d’une province".
Mende devrait refaire une lecture minutieuse de la Constitution particulièrement l’article 198, tel que révisé en janvier 2011. Cette disposition prévoit un seul cas où le chef de l’Etat peut jouir d’une telle prérogative. Il faut d’abord que l’on soit confronté à une "crise politique grave et persistante". Il faut ensuite que cette crise "menace d’interrompre le fonctionnement régulier des institutions provinciales". Enfin, "le Président de la République peut, par une ordonnance délibérée en Conseil des ministres et après concertation avec les bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat, relever de ses fonctions le gouverneur d’une province". L’élection du nouveau gouverneur a lieu "dans un délai de trente jours".
Lambert Mende Omalanga est sans doute un homme intelligent. Comme tout individu intelligent, il prend le reste du monde pour de la gnognote. Voici ce que "Lambert" déclarait aux journalistes Sophie Malibeau et Philippe Dessaint de TV5 Monde. C’était le 8 mars 2014 : «Je vais vous répéter ce que le Président (Ndlr : "Joseph Kabila") nous a dit : En 2016, il y aura dans ce pays un passage de flambeau civilisé entre un président qui sort et un président qui entre». Réplique de Dessaint : «Il y a des présidents qui ont dit ça mais au dernier moment, ils ont procédé à la modification de la Constitution… ». Mende de rétorquer : «Nous, c’est la République démocratique du Congo. Joseph Kabila, c’est Joseph Kabila».
"Mulubakat à 100%"
Joseph Kabila n’a rien compris. Il n’a pas compris qu’entre lui et la province du Katanga, c’est le commencement de la fin d’une histoire avec un petit "h". Le commencement de la fin d’une imposture.
En février 2006, soit cinq mois avant l’organisation du premier tour de l’élection présidentielle, un notable très respecté au Katanga proclamait urbi et orbi ces quelques mots : «Joseph Kabila est un Mulubakat à 100% !». Il s’agit du Grand Chef Kasongo Nyembo. Celui-ci sortait d’une entrevue avec Abdoulaye Yerodia Ndombasi, alors un des vice-présidents de la République sous le régime «1+4».
Les Baluba du Nord Katanga - la communauté ethnique de feu Laurent-Désiré Kabila - venaient ainsi d’octroyer, au très énigmatique «Joseph Kabila», l’onction, mieux, «l’assise tribale» qui lui faisait défaut. En clair, le "rais" n’est qu’un "katangais d’adoption".
Rejeté par ses "frères katangais", "Joseph Kabila" use et abuse des menaces et des intimidations. Jean-Claude Muyambo, Vano Kiboko, Georges Mawine Kainde, Mukaz Tshikomb en savent quelques choses.
Des observateurs assurent que plusieurs milliers des soldats au "look rwandophone", lourdement armés, sont arrivés récemment à Lubumbashi. D’autres continueraient à atterrir à l’aéroport de la Luano. Le pouvoir ou l’apocalypse? "Cette fois, le raïs Joseph Kabila risque de se tromper énormément, commente un analyste politique. Il doit savoir que si Moïse glissait aujourd’hui sur son savon dans sa salle de bain, tous les doigts accusateurs seraient pointés sur lui. Il n’a pas d’autre choix que de dialoguer. S’il veut atteindre l’échéance 2016, il doit négocier avec les anti révisionnistes dont Moïse".
Mise en garde
En dépit du fait que l’exécutif national est en "hibernation" depuis le 23 décembre, Lambert Mende Omalanga a animé, vendredi 9 janvier, son point de presse hebdomadaire. Il a annoncé notamment que le "gouvernement" a lancé une «mise en garde» au gouverneur Moïse Katumbi, suite aux «récents propos» tenus par celui-ci. Des propos perçus comme un "véritable affront"à "Joseph Kabila".
Prenant la parole, à la Place de la poste, le 23 décembre, Katumbi, qui est par ailleurs président de l’équipe de football "Tout-Puissant Mazembe" avait lancé, sous forme de parabole, le "troisième faux pénalty" qui finit par pousser le public à descendre sur le terrain. Il avait également laissé entendre que la foule venue l’accueillir représentait plus que les Burkinabe. Ces deux métaphores sont au centre d’une "guerre froide" entre "Joseph" et "Moïse".
Mende qui se croit encore à l’époque où le sort des gouverneurs de province dépendaient des humeurs du président de la République de tonner : "Il est le représentant du chef de l’État, donc s’il veut toujours être gouverneur, il a intérêt à ne pas dépasser certaines limites". Lesquelles? Silence radio.
Rien à fouetter un chat
Par paresse intellectuelle, le ministre congolais de la Communication semble ignorer qu’aux termes de l’article 3 de la loi fondamentale promulguée le 18 février 2006, les provinces et les entités décentralisées sont dotées de la personnalité juridique. La personnalité juridique signifie tout simplement que ces entités jouissent de l’aptitude d’être sujet de droit. Inutile de souligner que le gouverneur de province et son adjoint sont élus au suffrage universel indirect par des députés provinciaux. Ils sont par la suite investis et non nommés par le Président de la République. C’est ainsi que le législateur de 2005 a mis l’accent sur la "libre administration" et l’autonomie de gestion" des collectivités territoriales. Depuis février 2006, le gouvernement central ne cesse d’infantiliser les pouvoirs locaux par des interventions intempestives.
Que reproche-t-on à l’actuel gouverneur du Katanga? Selon une dépêche de l’AFP, un proche de "Joseph Kabila" non autrement identifié - Jean Marie Kassamba? - confiait, lundi 5 janvier, qu’il est "reproché"à Moïse Katumbi Chapwe et à Gabriel Kyungu wa Kumwanza, président de l’assemblée provinciale du Katanga, de s’être "désolidarisés de la majorité présidentielle par leur conduite" lors du "retour triomphal" du premier le mardi 23 décembre.
Les reproches articulés à l’encontre du duo Katumbi-Kyungu ne valent même pas la peine de fouetter un chat. Le véritable problème est ailleurs. Il s’agit de la volonté à peine voilée de "Joseph Kabila" et de ses proches de faire réviser la Constitution. Objectif : permettre au "raïs" de briguer un troisième mandat. Et pourquoi pas instaurer une sorte de "monarchie républicaine"?
La parabole de Katumbi et les propos de Kyungu invitant la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) à publier "rapidement" le "calendrier global" des élections n’ont aucun caractère séditieux.
L’article 70 de la Constitution du Congo démocratique interdit l’actuel Président - qui achève son second et dernier mandat de cinq ans - de se représenter en septembre 2016. Dans un Etat respectueux de la primauté du droit, la question n’aurait appelé aucun débat. Les "Kabilistes", eux, allèguent que le "raïs" n’a pas encore achevé la réalisation de son programme. Pourra-t-il accomplir en cinq ans ce qu’il n’a pu faire en quinze ans?
A tort ou à raison, "Moïse" est suspecté par ses "amis" de la "majorité présidentielle" de "rêver" de devenir "calife à la place du calife". Il reste que depuis plusieurs mois, le camp des anti-révisionnistes ne cessent de prendre de l’ampleur y compris dans la mouvance kabiliste.
Le "raïs" est fou furieux
Lors de la rencontre du vendredi 02 janvier entre le "raïs" et des "notables katangais" dans la ferme de Kashamata, Katumbi et Kyungu étaient les grands absents. Et ce en dépit du fait qu’ils y ont été conviés. Selon certains participants, cette situation a rendu "Joseph Kabila" fou furieux. "D’ailleurs, la causerie morale du chef de l’Etat a débuté avec deux heures de retard au programme", confie un participant. C’est ici que le "raïs" s’est cru en droit de brandir la menace d’une révocation en faisant dire à Mende que "la Constitution congolaise autorise sous certaines conditions le président de la République à relever de ses fonctions le gouverneur d’une province".
Mende devrait refaire une lecture minutieuse de la Constitution particulièrement l’article 198, tel que révisé en janvier 2011. Cette disposition prévoit un seul cas où le chef de l’Etat peut jouir d’une telle prérogative. Il faut d’abord que l’on soit confronté à une "crise politique grave et persistante". Il faut ensuite que cette crise "menace d’interrompre le fonctionnement régulier des institutions provinciales". Enfin, "le Président de la République peut, par une ordonnance délibérée en Conseil des ministres et après concertation avec les bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat, relever de ses fonctions le gouverneur d’une province". L’élection du nouveau gouverneur a lieu "dans un délai de trente jours".
Lambert Mende Omalanga est sans doute un homme intelligent. Comme tout individu intelligent, il prend le reste du monde pour de la gnognote. Voici ce que "Lambert" déclarait aux journalistes Sophie Malibeau et Philippe Dessaint de TV5 Monde. C’était le 8 mars 2014 : «Je vais vous répéter ce que le Président (Ndlr : "Joseph Kabila") nous a dit : En 2016, il y aura dans ce pays un passage de flambeau civilisé entre un président qui sort et un président qui entre». Réplique de Dessaint : «Il y a des présidents qui ont dit ça mais au dernier moment, ils ont procédé à la modification de la Constitution… ». Mende de rétorquer : «Nous, c’est la République démocratique du Congo. Joseph Kabila, c’est Joseph Kabila».
"Mulubakat à 100%"
Joseph Kabila n’a rien compris. Il n’a pas compris qu’entre lui et la province du Katanga, c’est le commencement de la fin d’une histoire avec un petit "h". Le commencement de la fin d’une imposture.
En février 2006, soit cinq mois avant l’organisation du premier tour de l’élection présidentielle, un notable très respecté au Katanga proclamait urbi et orbi ces quelques mots : «Joseph Kabila est un Mulubakat à 100% !». Il s’agit du Grand Chef Kasongo Nyembo. Celui-ci sortait d’une entrevue avec Abdoulaye Yerodia Ndombasi, alors un des vice-présidents de la République sous le régime «1+4».
Les Baluba du Nord Katanga - la communauté ethnique de feu Laurent-Désiré Kabila - venaient ainsi d’octroyer, au très énigmatique «Joseph Kabila», l’onction, mieux, «l’assise tribale» qui lui faisait défaut. En clair, le "rais" n’est qu’un "katangais d’adoption".
Rejeté par ses "frères katangais", "Joseph Kabila" use et abuse des menaces et des intimidations. Jean-Claude Muyambo, Vano Kiboko, Georges Mawine Kainde, Mukaz Tshikomb en savent quelques choses.
Des observateurs assurent que plusieurs milliers des soldats au "look rwandophone", lourdement armés, sont arrivés récemment à Lubumbashi. D’autres continueraient à atterrir à l’aéroport de la Luano. Le pouvoir ou l’apocalypse? "Cette fois, le raïs Joseph Kabila risque de se tromper énormément, commente un analyste politique. Il doit savoir que si Moïse glissait aujourd’hui sur son savon dans sa salle de bain, tous les doigts accusateurs seraient pointés sur lui. Il n’a pas d’autre choix que de dialoguer. S’il veut atteindre l’échéance 2016, il doit négocier avec les anti révisionnistes dont Moïse".
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2015
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